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La tragi-comédie européenne dérisoire et révélatrice sur les budgets

Ces dernières semaines, les capitales européennes n’ont pas cessé de débattre de leur budget et de celui des pays voisins. Les nouvelles règles européennes (six pack, two pack et le TSCG) ont révolutionné la façon de préparer cet élément fondamental de notre vie commune qu’est le budget d’une nation.

Règles et relativité
 
Comme au début des années 2000, quand Berlin et Paris avaient délibérément ignoré les règles du Pacte de Stabilité, les règles européennes semblent être faites pour ne pas être respectées. Cela a déjà été le cas pour la plupart des pays qui ont eu recours à « l’aide » européenne pendant la crise des dettes souveraines. L’Espagne était sensée atteindre 6% du PIB de déficit en 2012, 4,5% en 2013 et 3% en 2014. Elle sera à 5,7% cette année. Idem pour la Grèce ou le Portugal. Mais depuis 2013, la contagion touche désormais les pays qui ne sont pas passés sous les fourches caudines de la redoutable troïka. Les objectifs ne cessent d’être repoussés à Paris, à Rome, à Vienne et ailleurs.
 
La France est un des cas les plus frappants puisque Pierre Moscovici avait annoncé un déficit à 3% du PIB en 2013 à son arrivée à Bercy. Un an plus tard, il a reconnu qu’il faudrait attendre 2015, et un an plus tard, Michel Sapin a encore repoussé l’objectif de deux ans. De manière effarante et ironique, c’est Pierre Moscovici, l’architecte de l’échec financier de la France, qui est devenu le très improbable Commissaire Européen à l’économie. Quel meilleur signe de l’irresponsabilité et de l’inconséquence de l’UE ? Tout ceci pose un gros dilemme à l’UE : que faire face au non-respect par Paris de ses objectifs ? Cette semaine, Michel Sapin a lâché 3,6 milliards pour éviter toute sanction.
 
Un système fou

Le système actuel a démontré son échec, exactement comme les opposants à l’austérité, dont j’ai fait partie dès le début, l’avaient anticipé. Fin 2009, j’écrivais, sur la Grèce, que « la déflation compétitive (…) serait extrêmement brutale et aurait sans doute des conséquences sociales violentes  » et en mai 2010 que le plan « ne fait que repousser les problèmes à plus tard en les aggravant  ». C’est le paradoxe de cette situation où les politiques de réduction des déficits demandées par l’Europe provoquent une déprime économique qui empêche directement l’atteinte des objectifs définis par ces mêmes politiques ! C’est sans doute pour cela que les écarts finissent par être admis car ils sont généralisés.

Ce faisant, tout le monde est perdant. L’UE, parce que presque personne ne respecte ses objectifs, la faisant apparaître comme l’avocate d’une austérité sans cœur, inefficace et impossible à respecter. Mais cela lui permet aussi de gagner de nouveaux pouvoirs, même si elle rechigne parfois à les utiliser. Les pays parce qu’ils apparaissent comme des mauvais élèves et qu’ils ont cédé une partie de leur autorité. Et les peuples européens souffrent depuis 2008, ne parvenant pas à sortir d’une crise dont l’origine leur est étrangère mais qui y restent de manière bien spécifique.
 
Tout ceci a pour seul mérite de montrer que l’Europe politique n’a pas de sens étant donnée l’hétérogénéité des situations. Elle ne fait que créer une complexité dysfonctionnelle et déresponsabilité pour les dirigeants nationaux et européens, qui en viennent à torturer leur propre population.

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5 réactions à cet article    


  • lsga lsga 5 novembre 2014 12:54

    Il n’existe aucune politique contre-cyclique efficace.


    Depuis 150 ans, les crises du Capitalisme n’ont pas été corrigées par des politiques Bismarkiennes/Keynésiennes (augmentation des impôts, subventionnement de la demande et de l’Offre), ni par les politiques d’austérités. L’État n’a jamais relancé l’économie, ni en augmentant ni en baissant les impôts.

    Ce sont les révolutions technologiques, avec les transformations de la structure économique qui l’accompagne, qui ont fait reculer les crises (et les conquêtes impérialistes). Par exemple : la pétrochimie et l’automobile pour les 30 glorieuses ; ou encore, la révolution Internet depuis les années 2000 (les NTIC ont créé beaucoup plus d’emplois en 15 ans que n’importe quelle politique d’État)



    Voilà pourquoi nous végétons dans cette crise : nous refusons d’acter la mort des bureaucraties publiques (l’État) et privées (les Banques).



    • GrandGuignol GrandGuignol 5 novembre 2014 13:46

      L’UE n’est qu’un jeu...pour certains de nos dirigeants :

      GTE 5

      • lloreen 5 novembre 2014 19:33

        Message d’ un dissident de l’ ex URSS.

         https://www.youtube.com/watch?v=-5bdhn0IKKU


        • BA 6 novembre 2014 08:28

          Le scandale de l’année 2014 : ce matin, des révélations explosives sur le Luxembourg sont publiées par 40 grands médias :

          Evasion fiscale : tout sur les secrets du Luxembourg.
          Des milliards d’euros de recettes fiscales évaporées grâce à des accords fiscaux secrets. Plus de 300 multinationales concernées, parmi lesquelles des stars de l’économie comme Apple, Amazon, Heinz, Pepsi, Ikea, Deutsche Bank… Dans une enquête réalisée en partenariat avec le consortium de journalisme d’investigation américain ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists) et quarante médias étrangers (The Guardian au Royaume-Uni, le Süddeutsche Zeitung en Allemagne, la télévision publique canadienneCanadian Broadcasting Corporation, l’Asahi Shimbun au Japon, etc.), Le Monde révèle les dessous du système fiscal luxembourgeois.

          http://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2014/11/05/evasion-fiscale-tout-sur-les-secrets-du-luxembourg_4518895_1656941.html

          Rappel :

          De janvier 1995 à décembre 2013, le Luxembourg a été dirigé par Jean-Claude Juncker.

          Aujourd’hui, Jean-Claude Juncker doit s’expliquer sur ces accords fiscaux secrets qui ont fait perdre des milliards d’euros de rentrées fiscales à la France, à l’Allemagne, etc.

          Aujourd’hui, Jean-Claude Juncker doit s’expliquer sur cet énorme scandale.


          • Daniel Roux Daniel Roux 6 novembre 2014 10:27

            Il est remarquable que les pires déficit soit 7,5% et 7% soit inscrit au bilan de Sarkozy et que ce soit Hollande que l’on accable alors qu’il rame à contre courrant pour gagner quelques dixièmes de pour cents.

            Les révélations sur le Luxembourg, paradis fiscal et haut lieu du blanchissage de l’argent sale bien connu, ne font que confirmer ce que l’on savait déjà.

            L’Etat et les médias aux ordres de l’oligarchie attaquent les faibles revenus des chômeurs et des retraités mais jamais les multinationales qui dictent leurs lois de Bruxelles à Washington.

            La lutte contre la corruption, seul crédit que l’on puisse accorder à la politique de Hollande, ne semble pas aller jusqu’à remettre en cause les sources de revenus de l’oligarchie, c’est à dire des riches actionnaires des multinationales, premiers sponsors des politicards.

            Lorsqu’un péquin triche et cache ses revenus, on l’impose d’office sur sa richesse apparente, mais lorsqu’une multinationale triche, l’Etat semble incapable d’évaluer un chiffre d’affaire et un revenu malgré la pléthore d’énarques qui contrôle Bercy. Il faut les comprendre, où iraient pantoufler les crapules, s’ils faisaient leur boulot ?

            http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-pantouflage-cause-de-la-crise-137217

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