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Les compétences à l’école ... et l’Europe

Les compétences … c'est à la mode ! Essayons d'y voir un peu plus clair !Cette notion de compétences s'est d'abord implantée en collège via le livret de compétences. Les professeurs doivent se référer à des grilles de compétences et à partir de celles-ci évaluer chaque élève . Une grille , c'est généralement un tableau à plusieurs colonnes : items , explication des items , indications pour l'évaluation . Que lit-on, pour donner quelques exemples, dans la colonne « items » ?

**Dire : S’exprimer clairement à l’oral en utilisant un vocabulaire approprié, dire de mémoire quelques textes en prose ou poèmes courts

**Lire : Lire seul, à haute voix, un texte comprenant des mots connus et inconnus....

compétences {JPEG} Ces deux exemples suffisent à montrer que cette notion de compétence semble au premier abord séduisante et pour un enseignant qui a le souci de faire réussir ses élèves cela peut sembler être une méthode d'évaluation miracle.

Du collège, l'évaluation par compétences s'est propagée en lycée. En physique-chimie, pour prendre l'exemple d'une discipline que je connais bien on peut lire dans les grilles d'évaluation : Analyser, réaliser, communiquer, 3 compétences à évaluer pour un candidat au baccalauréat lorsqu'il passe les épreuves expérimentales (ECE). Un professeur de physique ne peut qu'adhérer à ce genre de démarche qui va permettre de tester les capacités d'analyse, de savoir et savoir-faire de l'élève. Là encore l'enseignant peut y voir une aide dans l'évaluation de ses élèves.

Au fond, il ne s'agit pas de tout jeter à la poubelle, « jeter le bébé et l'eau du bain », la notion de compétence n'est pas à proscrire systématiquement . Malheureusement elle est devenue une véritable usine à gaz, l'Inspection Générale et l'Inspection Académique se délectent manifestement de cette grande trouvaille... allant jusqu'à demander à des professeurs (sic) de corriger leurs copies avec, à côté d'eux, un tableau Excel de façon à évaluer ces prétendues compétences. Cette usine à gaz a été dénoncée par le Snalc et d'autres syndicats, à juste titre. Ceux-ci ont été partiellement entendus, car en collège le livret de compétences initial a cédé la place à un livret de compétences simplifié. Le ministre Vincent Peillon est convenu lui-même (Huffigton Post (1)) que le livret de compétences était « un casse tête » et « trop complexe » ! Il n'est pas vain d'ajouter que ce livret est totalement illisible par des parents d'élèves qui ne sont pas de la partie. Plus grave, d'autres voient dans l'évaluation par compétences un moyen de supprimer les notes qui, paraît-il, traumatiseraient les élèves. Jean Rémi Girard , professeur de français, secrétaire à la pédagogie au Snalc, écrit sur son blog (2) « Quiconque se penche sur le livret de compétences s'aperçoit qu'on oublie vite les connaissances pour s'intéresser aux attitudes » Convenons en , cette tarte à la crème contribue largement à la dégradation de notre système éducatif. Ses disciples, dans la droite ligne des pédagogo, n'hésiteront pas, comme à l'habitude, à affirmer dans leurs certitudes que l'on n'en fait pas assez !

Cette maladie nous vient en fait des Etats-Unis et l'Europe (3) a pris le relais. Elle s'inscrit dans la logique d'une meilleure réponse au marché du travail, faisant passer au second plan l'instruction de la jeunesse. Pendant ce temps là, dans les pays asiatiques , les élèves apprennent ! Il n'y a pas lieu d'être surpris du mauvais positionnement de notre pays dans le classement Pisa !

Jean Paul Brighelli n'y va pas par quatre chemins lorsqu'il dénonce le rôle négatif de l'Europe dans l'évolution de notre système éducatif (4) !

(1)http://www.huffingtonpost.fr/2012/09/07/le-livret-personnel-de-competences-casse-tete-vincent-peillon_n_1863690.html?view=print

(2)http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/06/05/01016-20120605ARTFIG00623-les-limites-de-l-evaluation-des-competences.php

(3)http://www.skolo.org/IMG/pdf/APC_Mystification.pdf

(4)http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-le-cauchemar-de-l-ecole-europeenne-07-04-2014-1809737_1886.php

 


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5 réactions à cet article    


  • taktak 26 avril 2014 16:37

    Bonjour, merci pour cet article

    Pour lui faire écho je vous propose de lire cet article qui examine également la question :

    PISA 2012 – Le socle, ça ne fonctionne pas… Donc on continue ?

    "l’OCDE n’œuvre pas dans un esprit de progrès mais de manière à former des adultes efficaces et productifs et performants du point de vue des grandes entreprises…

    Dans un pays où le chômage de masse est durablement installé avec plus de 10% de la population active et le double chez les moins de 25 ans, est-il réellement gênant en termes d’ « employabilité » que 22% des élèves soient alors sous le niveau 2 (les textes officiels de l’UE fixent l’objectif à atteindre à 15%) ?

    D’autant que le niveau des « élites » se maintient et que bonus supplémentaires ceux-ci sont maintenant quasi-exclusivement issus des milieux favorisés…

    On le voit, derrière les cris d’orfraie, se cache une politique de Gribouille parfaitement assumée d’autant que cette politique à un nom : la stratégie de Lisbonne décidée en sommet européen en 2000 par l’ensemble des gouvernements d’Europe[1].

    C’est à cette stratégie que l’on doit :

    • La réforme L.M.D dans le supérieur
    • La loi L.R.U qui a atomisé nos universités, aggravée par la récente Loi Fioraso…
    • La loi Fillon et le « socle commun de connaissances et de compétences ».

    Cette stratégie vise accroitre la « rentabilité » de l’enseignement en Europe pat :

    • La réduction de l’enseignement à des compétences définies en termes de compétences dans le cadre d’un marché du travail flexibilisé et le développement systématique de « l’esprit d’entreprise », sans souci excessif de la neutralité politique supposée de l’école laïque, et en partenariat officiel avec le MEDEF.
    • L’accroissement de la dépense privée des ménages pour contraindre les étudiants à suivre des études économiquement utiles, c’est-à-dire répondant aux besoins du marché.
    • Atomisation des financements des lieux de formation (en langage politiquement correct = « autonomie »), pour les faire dépendre d’échelons locaux et contraindre les lieux de formations à répondre aux besoins économiques locaux des « entreprises », ou plutôt, dans la réalité, des employeurs (politique des bassins emploi-formation).
    Alors qu’ Eluard écrivait « Liberté » sur ses cahiers d’écolier, les nouveaux « apprenants » du socle commun, devront-ils un jour écrire sur leurs tablettes : « l’U.E m’à tuer… » ?"

    • Abou Antoun Abou Antoun 26 avril 2014 18:33

      Cette évaluation des compétences instaure la confusion entre ’savoir’ et ’savoir faire’, le premier impliquant presque le second à l’aide de travaux pratiques, le second n’impliquant pas le premier. Le savoir c’est l’intégration de connaissances, le savoir-faire c’est l’imitation de comportements.
      Les compétences, c’est le savoir ’en miettes’ totalement déstructuré.
      En somme il faut apprendre le français (par exemple) comme un tout au moyen de méthodes soit globales (la lecture) soit analytiques (grammaire orthographe) les deux étant complémentaires. Il en résultera qu’on saura conjuguer les verbes, accorder les participes, orthographier les noms communs, etc...


      • Richard Schneider Richard Schneider 27 avril 2014 10:14

        Très bonne réaction, Abou Antoun.


      • zygzornifle zygzornifle 27 avril 2014 09:39

        Avec les magnifiques compétences de nos politiques UMPS avocats, énarques docteurs etc et les compétences de nos Euro députés tous anciens « bidule truc muche choses » on devrait baigner dans le bien être travaillant pour un salaire décent réévalué constamment mais non on s’enfonce dans une crise qui finira certainement très très mal pour tout le monde .....


        • 1871-paris 1871-paris 28 avril 2014 11:41

          de l’enfumage, des outils pour enfumer le monsieur et madame tout le monde, voila comment est utilisé ce gerne d’outil.
          On focalise sur la forme pour mieux detruire le fond !

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