Quelle Europe après le 25 mai ?
Les élections européennes n’auront pas passionné les foules en France et dans les autres pays de l’Union Européenne. L’abstention sera sûrement élevée et les partis « eurosceptiques » feront de bons scores dans un certains nombre de pays. L’on peut donc légitimement s’interroger sur l’avenir institutionnel de Bruxelles.
Première question, y aura-t-il une majorité simple à l’assemblée ? Ce n’est pas si certain que cela. Si les partis défavorables à l’Union Européenne sous sa forme actuelle font de bons scores, ils peuvent obliger éventuellement le PSE et les 2 groupes du centre-droit (ALDE) et de la droite (PPE) à faire une grande alliance pour s’entendre sur le Président de la Commission.
Car c’est une nouveauté (relative) du traité de Lisbonne de 2009, le Président de la Commission est toujours proposé par les Chefs d’Etats et de gouvernement mais ils doivent tenir compte de la couleur politique du parlement et ce dernier devra l’élire à la majorité de ses membres.
Deuxième question : quel avenir au long terme ?
Il est clair à l’heure actuelle que l’élargissement à l’Est a été trop rapide, les divergences de niveau de vie sont trop importants, même aujourd’hui, pour que l’on puisse mener non seulement une politique unique pour tous (pour l’Euro comme pour le reste), mais aussi des politiques communes.
Quant à l’approfondissement, l’on arrive là-aussi à la limite du système : le grand saut vers le fédéralisme n’est pas pour demain. Les allemands et les pays nordiques ne veulent pas entendre parler d’un budget européen représentant 8 à 10 % du PIB des Etats membres. Quant aux normes croissantes dans tous les domaines, elles ne font que braquer encore plus les Etats membres et leurs populations…
Dernière interrogation forte : les frontières de l’Union Européenne ne sont pas stables. Si certains rêvent d’étendre à nouveau l’Europe vers l’Est, à savoir la Turquie et l’Ukraine, la réalité risque d’être fort différente. La Catalogne rêve d’un référendum sur l’indépendance qui lui ferait quitter l’Espagne. Mais pour adhérer à l’Union Européenne, ce nouvel état indépendant devrait alors avoir l’accord de Madrid puisqu’il faut l’unanimité des Etats membres pour une nouvelle adhésion.
D’autre part, la montée des eurosceptiques en Grande-Bretagne est telle que le premier ministre Cameron a promis un référendum sur la sortie de l’Europe s’il est réélu en 2017 (alors même qu’un référendum est aussi prévu sur l’Indépendance de l’Ecosse). La sortie d’un des grand pays de l’Union Européenne remettrait fortement en cause les équilibres actuels.
La solution à ces problèmes réside sûrement à terme dans un changement de stratégie dans la façon dont se construit l’Union Européenne. Un système plus souple et fondé sur la coopération dans l’indépendance devient des plus nécessaire. Trop d’Europe risque bien de tuer l’Europe. La monté de l’abstention et des partis eurosceptiques dans tous les pays est à cet égard très clair, l’avertissement devrait être pris au sérieux !
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