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Si l’Arménie et la Turquie intégraient l’UE en 2020...

Depuis plus de dix ans, l’Union Européenne envisage sérieusement d’intégrer la Turquie parmi ses pays membres. Rarement négociations ont été si longues et laborieuses. Pour sortir de cette impasse, je propose que l’Union Européenne accepte l’adhésion de la Turquie avec une nouvelle condition : l’adhésion commune de l’Arménie.

Il s’agit donc de proposer à la Turquie une phase de « test » d’ouverture des frontières avec l’Arménie. Les relations diplomatiques tendent à se rapprocher, mais il faut un geste fort, et qui mieux que l’Union Européenne peut le porter ? Ce test comprenant le libre échange et la libre circulation entre ces deux pays nous permettrait d’avoir une idée de l’ouverture et de la modernité de la Turquie. L’objectif est qu’à l’horizon 2020 la Turquie, et l’Arménie, soient intégrés à l’Union Européenne.

Faut-il rappeler le conflit historique séparant ces deux pays ? L’Arménie, ancien pays soviétique devenue République en 2001, est une économie de 3 millions de personnes. Certes, nombreux sont les Arméniens à travers le Monde. Et cela s’explique par des événements tragiques, le premier génocide du XXe siècle. Dès 1915, le gouvernement des Jeunes-Turcs a ordonné la déportation des Arméniens, dans la volonté d’exterminer cette population présente sur ce sol depuis l’Antiquité. Dès lors, les survivants se sont dispersés aux quatre coins du Monde. Si la France a reconnu le génocide en 2001, et que l’Union Européenne en a fait de même dès 1987, la Turquie a toujours une position stricte sur la question du génocide. Le code pénal turc condamne toujours les citoyens s’exprimant sur les “événements” de 1915, considérant cela comme une insulte à l’identité turque. Même le prix Nobel de littérature, Orhan Pamuk, avait été poursuivi à ce motif, avant d’être relaxé.

La reconnaissance du génocide arménien est évidemment une des conditions de l’adhésion de la Turquie à l’Union, et les relations entre ces deux pays tendent à se nouer, avec l’arrivée récente de deux nouveaux Présidents : Abdullah Gul et Serge Sargsian. Ils se sont même rencontrés lors d’une rencontre de football entre ces deux pays voisins, en octobre dernier. Il faut se rappeler que les Turcs et les Arméniens ont vécu une éternité ensemble. Ce passé douloureux de 1915 ne doit pas rester comme une finalité, et l’idée d’une zone de partenariat comprenant l’Arménie, peuplée de chrétiens orthodoxes dans l’extrême majorité, et la Turquie, elle peuplée de musulmans dans son extrême majorité, serait un signal fort au Monde qui aujourd’hui note trop souvent les clivages entre les différentes communautés religieuses.

Après tout, les Allemands et les Français se sont entretués dans la première partie du XXe siècle (et auparavant), alors que la France et l’Allemagne forment aujourd’hui un couple uni qui mène l’Union Européenne. Alors, pourquoi pas le couple Turquie-Arménie au XXIe siècle, pour relancer une Europe essouflée ? Ce partenariat privilégié serait une chance formidable pour l’Europe de demain, une opportunité sans précédent de surmonter tous les clivages, toutes les mémoires, toutes les croyances religieuses, grâce à une volonté de (re)vivre-ensemble plus forte que n’importe lequel des différends. La mise en application de cette proposition déboucherait sur un nouvel esprit de Tolède. En effet, les juifs, les musulmans et les chrétiens ont cohabité en Espagne, au XIIe siècle, dans une ère si créative.

Pourquoi l’Union Européenne ne ferait-elle donc pas d’une pierre deux coups en proposant à la Turquie un partenariat privilégié, instaurant un libre échange, mais l’élargissant également à l’Arménie. Nous connaissons tout l’intérêt pour ce pays d’intégrer une institution supranationale comme l’UE, mais aussi celle de l’Union d’élargir son champ à ce pays en plein développement, dont de nombreux ressortissants vivent dans les pays déjà membres. Dans ces conditions, la Turquie réglerait certainement ses problèmes avec ses minorités, notamment les Kurdes, et le conflit sur la mémoire du génocide arménien, et la jeune Arménie développerait son économie. Après un test de 10 ans, si la situation s’avère améliorée, les pays compris dans ce partenariat privilégié, la Turquie et l’Arménie, serait intégrés à l’Union Européenne, en 2020.

De plus, ce serait l’opportunité de nouer des partenariats durables entre ces deux pays qui ont bien davantage en commun qu’on vous le fait entendre. La libre circulation des biens et des personnes, dans un premier temps, puis la monnaie unique (l’euro) dans un second temps, permettraient un développement économique pour cette région du Monde, sans oublier le jumelage de villes, de groupes scolaires ou encore de musées et de bibliothèques. Toute sorte de partenariat deviendra possible car ces populations seront protégées au sein de l’Europe des peuples.

Dans cette semaine qui verra les élections européennes s’organiser dans 27 pays, ce sont de nombreux candidats à des postes de députés européens qui soutiennent cette proposition, ainsi que des citoyens Turcs, Arméniens et Européens. Car c’est avec des projets et des idées comme celles-ci que l’Union sera enfin une force de paix et de prospérité, une Europe des nations. Faisons de nos faiblesses des forces, voilà le message que, jeune citoyen, je souhaite lancer à nos responsables politiques.
 

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16 réactions à cet article    


  • Yvance77 3 juin 2009 10:56

    Bonjour,

    Que vous soyez pour la l’entrée de ce pays pourquoi pas. Mais puique vous désirez envoyer un signal fort car ce pays est peuplé de musulmans alors là je dis bonne chance.

    C’est ce qui posera toujours problème.

    Quand je vois un Sarko qui a tout fait pour monter en tête d’épingle le « communautarisme » je dis chapeau l’artiste c’est réussi.

    Là ou il y a 20 and encore on pouvait jouer au foot sur les places de villages toutes communautés confondues, aujourd’hui c’est de défiance qu’il s’agit.

    Pour la France c’est bien simple et pas besoin de se mettre en biais pour ch*er droit. La quota de musulmans dans notre pays est atteint, le trop plein aussi diront certains. Il y a une limite qu’il ne faut pas dépasser pour une intégration réussie et heureuse.

    La seule évocation « musulman » hérisse le poil et fait même peur à tort le plus souvent j’en conviens. Mais la nature humaine et souvent difficilement sondable.

    Alors avant d’aller chercher à en intégrer d’autres autant déjà se pencher sur ceux qui sont laissés-pour-compte et présents sur les divers territoire, afin de trouver des solutions pour qu’ils soient respecter dans leur intégrité. A eux aussi de respecter les règles dans les pays ou ils se trouvent.

    L’Europe est issue du monde Judéo-Chrétien ; elle s’est construite comme telle, rien ne pourra balayer d’un revers de main ces siècles qui nous unissent ... pas même les guerres qui nous ont coupées dans nos chairs dans des temps pas si lointains.

    A peluche


    • Traroth Traroth 4 juin 2009 10:47

      Tout est dans le « le plus souvent j’en conviens ». Si la plupart des musulmans ne posent pas de problème, ça veut bien dire que quand des musulmans posent problème, ça n’est pas parce qu’ils sont musulmans. C’est de la simple logique. On donne des explications communautariste à des problèmes sociaux. C’est le fond de commerce de la droite depuis ces 20 dernières années !


    • stephanemot stephanemot 3 juin 2009 12:22

      vous cachez votre verbiage raciste (y compris envers des citoyens francais) derriere un pseudo germanisant signifiant « isolement » ou « seclusion ».

      je ne sais pas si c’est un hommage aux camps de concentration dont vous etes sans nul doute un grand nostalgique, ou un echo aux abominables dystopies neonazies fondees sur une pretendue « race europeenne pure ».

      votre effarante betise vous condamne a la seclusion a perpetuite.


    • Stéphane Bouleaux 3 juin 2009 16:33

      @ stephanemot

      votre islamophilie , par contre, ne se cache pas.

      Pourquoi ne partez vous pas en algerie ou en iran, si ca vous plait tant ?


    • Stéphane Bouleaux 3 juin 2009 14:41

      On ne veut ni de l’armenie, ni de la turquie.
      Et surtout pas pour faire mousser des députés europeens.


      • Gazi BORAT 4 juin 2009 07:33

        @ SEB59

        « On ne veut ni de l’armenie, ni de la turquie. »

        Documentez-vous.. Les Arméniens sont rarement Musulmans..

        gAZi bORAt


      • Stéphane Bouleaux 4 juin 2009 10:20

        Aucun rapport.
        Je ne suis pas pour l’europe à 27 , ni à 50.
        L’europe partait d’un concept d’un groupe reduit de nations voisines, de meme culture et d’echanges commerciaux courants.

        Je ne considere pas l’armenie,la croatie ou la pologne comme un pays voisin... donc ces pays n’ont rien à faire dans « l’europe ». Ou alors , il faut appeler ca « monde » et rajouter le japon etc...


      • Aurélien Roulland 5 juin 2009 11:24

        Si, en Turquie il y a les deux : arméniens musulmans et chrétiens. Mais vous avez raison, en Arménie, on reconnait officiellement toutes les sectes chrétiennes mais on ne veut pas celles de l’islam ou du judaisme. Super ouvert comme pays, non ?


      • harpe harpe 24 octobre 2009 11:50

        lors du genocide de 1915 perpetre par le gouvernement Jeune Turc , les armeniens avaient le « choix » entre etre déportés et l’islamisation forcé.

        Certains armeniens ont donc été islamisé de force sinon c’était la deportation .


      • deniz 3 juin 2009 18:52

        il y a des malades qui laissent des commentaires racistes

        mais que fait la modération ?


        • Stéphane Bouleaux 4 juin 2009 10:21

          Morice fait partie de la modération je crois.


        • Sinbuck Sinbuck 3 juin 2009 18:54

          @ l’auteur,

          l’idée est bonne car les deux pays doivent faire preuve preuves pour intégrer l’UE. Mais dans ce cas là, pourquoi ne pas intégrer tout le Caucase du sud (Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan) ?

          Non, c’est pas possible, l’Azerbaïdjan est un pays totalitaire (je le connais bien pour y être l’an dernier pendant deux semaines en vacances). La Géorgie manque un peu de rigueur et son attachement (politique mais pas le peuple) aux USA est un problème !

          Par contre c’est vrai que l’Arménie est un candidat sérieux tant les efforts dont fait preuve le peuple et le gouvernement est louable. Problème géopolitique : ses liens directs avec l’Iran et la Russie.

          La Turquie, pose (c’est vrai) un problème avec les « valeurs fondamentales de liberté » puisque depuis une dizaine d’années, on peut remarquer un recul de la laïcité. Mais les turcs, sont des musulmans modérés, c’est à dire qu’ils manifestent beaucoup de solidarité et de générosité envers tout un chacun (je parle des zones rurales de ce beau pays). Cela est même impressionnant ! N’en déplaise aux « occidentaux cérébraux » qui non jamais étaient sur place.

          Discuter seulement de religion pour intégrer ou pas la Turquie, c’est un peu faible et limité à la vision séparatiste d’un mental concret non éveillé à la conscience de groupe !

          Le destin de l’Europe n’est-il pas d’établir des justes relations humaines entre l’orient et l’occident ?


          • PhilVite PhilVite 3 juin 2009 18:58

            L’UE est un drôle d’engin qui marche sur trois pattes. Tant qu’elle ne tournera pas rond, je pense qu’il est inutile et dangereux de vouloir encore l’étendre. C’est le meilleur moyen de la détruire, ou à tout le moins de la rendre totalement inopérante. Quelle que soit la nature des candidats, ils n’ont aucun intérêt à rejoindre une structure bringuebalante. A moins qu’on ne parle finalement là que du fameux « grand marché », auquel cas on pourra sûrement envisager un jour d’y faire entrer la Chine ! Mais si on parle d’un espace où nous partageons notamment valeurs et lois, alors prenons le temps de « bétonner » tout ça avant que ça ne s’effondre. Si nous en sommes capables. Ce dont, de plus en plus, je doute.
            Quant à faire de nos faiblesses notre force, je rapelle à toutes fins utiles qu’on ne vit pas dans le monde à Babar, mais dans un monde où chacun dès qu’il le peut tire la couverture à lui et qu’imaginer réaliser de belles structures politiques en oubliant la nature particulière de la brique de base qu’est l’être humain nous expose à de méchantes désillusions.


            • xray 3 juin 2009 21:52

               

              La Turquie fait partie de l’OTAN (L’OTAN que la France vient de réintégrer). 
              La Turquie est présente dans l’EUROCORPS 

              Aujourd’hui, l’ensemble des pays de l’Union européenne sont militairement asservi à L’OTAN. 
              Si l’Europe politique pose quelques problèmes,  en revanche l’Europe militaire est bien en place. (L’OTAN est dans une logique Américaine aux ordres du Vatican.) Bon courage ! 

              Par sa disparité d’intérêts nationaux,  l’Europe politique est ingérable. 
              On peut même affirmer inconstructible. 
              Pour ceux qui détiennent le pouvoir, la seule échappatoire est de pourrir la vie du plus grand nombre. On peut compter sur les élus européens pour s’y employer. 


              Le Grand Guignol politique
               
              http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/ 



              • franck2009 3 juin 2009 23:14

                Et pourquoi pas la Syrie, le Liban, Israël, l’Egypte, la Lybie, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc..... ?

                Moi je suis anti-européen, alors plus vite l’Europe intègre et plus vite elle est désintégrée !!!


                • Aurélien Roulland 5 juin 2009 11:32

                  Mon cher Maxime, je suis comme tu le sais POUR l’intégration de l’Arménie et celle de la Turquie.

                  En revanche, faire de l’adhésion de l’un une condition à l’adhésion de l’autre est à mon sens assez dangereux. D’une part parce que tu risques, en forcant les choses, de raviver les sentiments nationalistes des deux pays. D’autre part parce qu’il y a des règles simples et claires et que l’UE n’est pas un marchandage : les accords de Cophague. J’aimerais donc que ces règles restent inchangées pour tout le monde dans un soucis d’égalité d’adhésion des uns et des autres afin de ne pas attiser les sentiments nationalistes une fois au sein de l’UE. Pour finir et pour être clair, l’adhésion de la Turquie se fera bien avant celle de l’Arménie, essentiellement pour des raisons de respect de la démocratie (notamment le droit des femmes...) et économiques. Je suis aussi pour le réchauffement des relations arméno-turques qui a commencé ces derniers temps au grand damn des diasporas nationalistes des deux pays. Néanmoins ce serait encore faire une erreur contre productive de faire croire que les relations sont froides entre les deux pays uniquement à cause de la Turquie. L’Arménie, comme tu le sais, à sa part de responsabilité avec la question azeri.
                  Sinon à part ça ne les bouscule pas trop ! Ils vont péter les plombs à voir un originaire d’Arménie pour l’adhésion de la Turquie.

                  Amitiés,

                  Aurel

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