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Oeuvres très contemporaines pour le tramway de Paris

Si l’approche de l’art contemporain par le grand public est toujours une chose difficile, il est à craindre un simple rejet lorsque cet art lui est imposé.

Art "libre et gratuit", enfin presque

Dans le cadre des travaux d’aménagement du futur tramway de Paris, 4 millions d’euros sont réservés à la mise en place de plusieurs oeuvres d’art. Si le montant de cette enveloppe peut sembler au quidam faramineux, il est à relativiser : le coût global du projet dépasse 300 millions d’euros, qui, là, semblent plus simplement pharaoniques. Bref, 4 millions, soit légèrement plus que les 1% Malraux. Du point de vue des dépenses publics, ces 4 millions d’euros s’effacent donc totalement devant le seul débat qui perdurera longtemps : celui de l’utilité d’une dépense à plus de 300 millions d’euros.

Mais à budget fixé, les possibilités sont multiples pour faire partager l’art tout en respectant l’esprit de l’initiateur de "la culture pour tous", André Malraux : mise en valeur du patrimoine architectural, distillation de l’art dans le mobilier urbain, multiplication des installations artistiques ou... achats d’oeuvres à vil prix. Il semble que ce soit vers cette dernière solution qu’ont préféré se tourner les grands pontes de l’Hôtel de Ville.

Alors qu’une multitude d’artistes éprouvent d’énormes difficultés pour voir leur oeuvres exposées et pour enregistrer des commandes, ne serait-ce que pour vivre, le budget de l’accompagnement artistique se verra réparti entre neuf oeuvres seulement, contre une quinzaine annoncées initialement. Le budget moyen d’une oeuvre (coût de l’installation comprise) s’élève désormais à plus de 440 000 euros. Les simples habitants des Maréchaux doivent avoir quelques difficultés à se représenter le train de vie d’un artiste de renommée mondiale.... Car le choix fut délibérément de sélectionner les plus grands artistes contemporains. Et cette grandeur ne se mesure pas en centimètres mais en euros. Motif évoqué : les boulevards des Maréchaux méritent ce qu’il y a de mieux. Reste que l’appréciation du mieux est souvent subjective.

Des oeuvres très contemporaines...

Et le mieux étant souvent l’ennemi du bien, on imagine la vie radicalement changée des promeneurs du Parc Montsouris qui, par mégarde, s’assiéront sur l’oeuvre Murmures. Dans un style de coussin péteur, les bancs équipés d’un haut-parleur détecteront le surpoids créé par le postérieur du bedeau, et lui insuffleront alors des mots d’amour. Et si l’art, tout comme l’amour, n’a pas de prix, le haut-parleur, lui, en a un puisque il reviendra à 13 000 euros... Dix haut-parleurs, soit 130 000 euros, seront installés dans l’allée du Parc Montsouris parallèle au boulevard Brune.

L’envolée lyrique continue lorsque sont évoquées les installations de tôle sur un bâtiment attenant à l’ancien aqueduc : les reflets des multiples plans métalliques mobiles évoqueront l’eau, source de vie, jadis passant dans l’ouvrage. Côté Est, à l’instar des jeux de cascades de lumières rouges du Monoprix, Porte de Châtillon (œuvre non financée par les deniers publics, mais dont il serait intéressant de connaître le prix), les œuvres sélectionnées porteront sur des installations lumineuses : cubes apposés sur la façade de l’IPP ou hémisphère de graphismes projetés de façon variable représentant la multi-ethnicité du Quartier Politique de la Ville à la frontière 14e/15e. Pour ces trois dernières œuvres, malgré une demande explicite en Conseil d’arrondissement sur le montant de chacun de ces marchés, le prix n’a pas été rendu public. Donc, supposons-le de l’ordre de 450 000 euros.

Si l’approche de l’art contemporain est souvent difficile pour le commun des mortels, la critique est chose encore plus ardue. Pour peu que cela soit un art officiel, issu de commande publique, la critique devient alors interdite, car celui qui s’y risque est instamment, même à mots couverts, taxé de fasciste : « Nous savons quel type de régime émet de tels propos sur l’art », lança l’adjointe à la culture à l’opposition UMP qui l’interrogea sur le bien-fondé d’une telle dépense. Moins vertement attaqué, le groupe écologiste, toujours dans la majorité municipale, manifesta lui aussi son faible entrain pour ces projets, en regrettant les seules présentations « simplistes et enfantines » faites par les adjointes à la culture et à la voirie, et le manque d’information sur les œuvres en question.

Et pour cause, malgré une réponse orale de B.Delanoë (a), les réponses écrites de nos élus du 14e(b), les engagements initiaux sur l’information et la concertation avec les arrondissements(c), le choix de ces œuvres est resté réservé à un cénacle sans qu’aucune information ne soit donnée. Soulagement : mercredi 5 juillet, 18h30, à la mairie du 14e arrondissement, elles seront enfin dévoilées aux habitants. Bizarrement ce sera également la première présentation aux élus des œuvres pour lesquelles il leur était demandé de voter l’octroi d’un million d’euros.

(a) Compte rendu de mandat du 12 décembre 2005 au gymnase Mouchotte

(b) Réponse au conseil de quartier Didot Porte de Vanves - Septembre 2005

(c) Conseil d’arrondissement d’avril 2005


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1 réactions à cet article    


  • Gil (---.---.93.79) 5 juillet 2006 00:40

    Où comment foutre toujours plus d’argent public en l’air... Enfin, ça retombe forcément dans certaines poches...

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