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Plus d’encadrement à la faculté ? Une vieille idée fait peau neuve

Soixante-sept universités françaises peuvent désormais mettre un nom sur une évolution qui peinait à faire surface, et lui redonnent du même coup un peu de vigueur. Depuis un an, les inscriptions post-bac sont enrichies. L’université Paris-Sud entend bien montrer que ses portes étaient déjà ouvertes à cette opportunité.

Dans sa longue quête contre l’échec scolaire, le ministère de l’Éducation nationale a joué une carte de plus, une nouvelle directive. Les destinataires sont les dirigeants des universités et lycées français, qui doivent mettre en place l’orientation active.

L’idée est simple : si l’abandon est si courant dans les premières années d’études supérieures c’est parce que les étudiants n’ont pas choisi la filière qui leur correspondait.

Une nouvelle démarche encadre donc les élèves de terminale dans le choix de leur orientation, et précède l’inscription. Elle invite le lycéen à soumettre aux universités qu’il vise un dossier plusieurs mois à l’avance. Dans celui-ci, il aura pris soin de glisser les éléments qui permettront à une commission d’orientation de formuler un avis sur son choix. Le cas échéant, celle-ci pourra conseiller l’élève sur sa décision. Un conseil qui peut la remettre en cause, l’encourager ou l’orienter. Ainsi suivi, l’élève entre mieux informé dans une première année de licence plus en adéquation avec ses préférences, ses capacités.

"Nous n’avons pas attendu le ministre, ici. Nous pratiquons l’orientation active depuis de nombreuses années !", entend rappeler Philippe Masson, doyen de la faculté des sciences d’Orsay (Paris-Sud).

Il se trouve que, depuis plusieurs années déjà, la faculté établit un lien particulier avec ses aspirants étudiants. Celui-ci se met en place très tôt : dès le mois de janvier, les futurs inscrits remplissent un dossier de pré-inscription, visé par le directeur de la formation. Ce dernier passe alors un entretien avec le candidat, à vocation d’assistance bien plus que d’évaluation. Cet échange permet au directeur de considérer les motivations et les affinités de l’élève, qui quant à lui prend connaissance du contenu du programme, de l’organisation des cours, du rythme de la formation.

Dès la première semaine de septembre, le nouvel Orséen découvre la vie sur le campus lors d’une semaine de pré-rentrée. Il est accueilli par des étudiants tuteurs (notamment l’association Welcome, créée à cet effet) qui lui présentent le lieu dans lequel ils passera sans doute plusieurs années de labeur. Une ambiance de travail et un cadre de vie encourageants.

Cet atout s’est exprimé pendant les Portes Ouvertes à Orsay l’année dernière. "Près d’un millier de visiteurs sont attendus", estime Frédérique Trouslard.

Des visiteurs de toutes origines scolaires, aussi bien élèves de lycée venus affermir leur orientation, qu’étudiants étrangers à la recherche du Master qui leur convient. Sans oublier les parents soucieux de l’avenir de leurs enfants, comme ce chercheur du CNRS, venu accompagner son fils lycéen. "Je suis moi-même un ancien étudiant d’Orsay, remarque-t-il pour l’anecdote, et ces portes ouvertes sont assez bien réalisées, on gagne du temps".

Les permanents des stands ont tous eu leur lot à séduire. Michel Menou, pour le module de Projet Professionnel (enseigné en première année), et Aurélie Lemaître, pour le SCUIO, ont été au centre du dispositif d’aide à l’orientation proposé par l’université.

Toujours en adéquation avec cette mesure nouvelle qu’est l’orientation active, l’équipe du stand de PCS0, aussi bien constituée d’anciens élèves que de professeurs, a été très occupée toute la journée. Cette année de remise à niveau pour les étudiants qui n’ont pas suivi le parcours tout tracé de la section scientifique au lycée, est un symbole de l’orientation efficace que propose l’université à ceux qui n’ont pas eu la chance de choisir leur voie du premier coup. Une motivation enthousiaste est particulièrement requise. "Ça exige des efforts, on ne peut pas le nier, mais, si on est prêt à les fournir, tout se passe très bien", rassure un professeur de la filière en s’adressant à une mère et une fille encore hésitantes.

Les jeunes qui s’interrogent sur leur orientation réfléchissent à leur parcours de plus en plus tôt. Il était courant de croiser des élèves de seconde aux Portes Ouvertes, le 10 mars. "Je suis juste venu chercher les papiers d’inscription", affirme l’un d’eux, en première S, sûr de son choix.

À ce titre, beaucoup sont attirés et confortés par l’accompagnement et le suivi que promet la faculté, par lequel elle se rapproche des filières sélectives classiques. Ainsi, les classes préparatoires n’ont plus l’exclusivité des notes de présence, des colles, des interrogations écrites régulières, des conseils de classe, des préparations aux concours.

Si cette tendance rassure, elle inquiète aussi. Car pour certains étudiants, "c’est encore un prétexte à la sélection dans un établissement qui se doit d’être ouvert à tous".

En effet, si les universités examinent les dossiers, elles sont aussi libres de refuser des élèves pourtant titulaires d’un baccalauréat scientifique qui, jusqu’ici, faisait loi. La polémique sur le chamboulement des libertés à l’université est encore vivace.

Paris-Sud, en appliquant l’orientation active "sans le savoir", est entrée très tôt dans cette dynamique au cas par cas, et entend bien affirmer son originalité dans ce domaine, d’autant plus lorsque celui-ci est mis à l’ordre du jour par une stratégie d’orientation nationale.


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Baptiste Pailleux

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