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Chili : Le come-back des pingouins

Avril 2006, nous sommes dans les premiers mois de la présidence de Michèle Bachelet. Ils sont 600 000 lycéens, âgés de 15 à 17 ans, à défiler dans les rues du Chili. Fringués de leurs uniformes scolaires, qui leur donnera le surnom de "pingouins", ils crient leur colère. Sans le savoir, ils constituent le terreau fertile du mouvement étudiant chilien de 2011.

"Vashele, querimos mejor educashion !" scandent-ils à l'unisson. Tout démarre fin avril 2006 quand le ministre de l'éducation (* MinEduc) a comme projet la rénovation du transport public chilien, le TranSantiago. Les lycéens descendent dans les rues car ils veulent que le gouvernement , fraichement élu, planche sur le problème éducatif. Ils réclament quatre choses : l'octroi par les autorités du billet scolaire gratuit, la gratuité de l'examen d'entrée à l'université (*PSU) , la révision du système de la "journée scolaire complète" (*JCE). Et surtout, ils veulent l'abrogation de la LOCE (Loi Organique Constitutionnelle de l'Education). Celle-ci fut l'une des dernières lois votées sous la dictature et prévoit le transfère de la gestion des écoles de l'Etat aux municipalités. Cette loi leur octroie l'autorisation de la création d'établissements privés, largement financés par les familles aisées. Quant aux établissements publics, ils sont gérés par un membre de la municipalité n'ayant pas accès à deux choses : a) le financement de la famille. b) le droit de refuser un élève n'étant pas de religion catholique. De plus, il n'existe pas de contrôle quant à l'enseignement qui y est prodigué. Résultat, la différence de qualité d'enseignement se fait ressentir et l'avenir d'un élève dépend des moyens financiers de sa famille. Chaque formation, chaque titre a une valeur marchande. L'hebdomadaire anglais, The Economist, a reconnu en 2006 que le Chili était une "démocratie imparfaite".

La révolution des pingouins, qui s'étendra d'avril à septembre 2006, aura plusieurs caractéristiques. La plus grande étant l'utilisation de la non-violence. Cette jeunesse, née à la fin de la dictature de Pinochet, utilise des moyens démocratiques pour protester : il y a des assemblées, des débats, des forums sur l'éducation. Les marches pacifistes sont convoquées par la ACES (Assemblée de Coordination des Etudiants du Secondaire- crée en 2001) via msn et sms. Les lycéens manient le rôle des médias pour faire pression sur le gouvernement chilien. Ce dernier, bien que de gauche, est dépassé par les événements et tarde à réagir. Les lycéens sont rejoints par les étudiants car "le conflit lycéen a dérivé sur des sujets structuraux de l'éducation". Avec l'aide de la FECH (Fédération des Etudiants Chiliens), ils aboutissent à l'organisation de deux grèves nationales. L'organisation des pingouins se définit dans six zones géographiques du Chili : le Nord, le Sud, l'Est , l'Ouest, la région métropolitaine de la capitale, Santiago. Le gouvernement Bachelet prend comme première mesure la perquisition des lycées afin d'y déloger, par la force, les lycéens en grève. Ils auront la tête de trois ministres : ceux de l'éducation, de l'interieur et de l'économie.

La révolution dite des pingouins est la principale référence pour expliquer le mouvement étudiant chilien 2011. Outre l'utilisation de la non-violence, sa particularité fut l'émergence de revendications intergénérationnelles sur l'éducation au Chili. Le mouvement lycéen s'est essoufflé plus vite que celui de 2011, qui dure toujours après six mois. On peut y voir trois causes : D'abord, le lien trop étroit entre l'ancien président de la FECH, Nicolas Grau et la présidence, car sa mère était la propre secrétaire de Bachelet. Ensuite, l'infiltration des membres leaders du mouvement qui conduisit à une rupture entre les étudiants du secondaire, modérés et les radicaux. Enfin, les lycéens n'ont pas pu faire partie de la Commission Présidentielle sur l'Education , convoquée par Michèle Bachelet. Ce qui a permis l'explosion de la révolte des lycéens fut aussi la difficulté des candidats à la présidentielle du Chili (NDLR : Michèle Bachelet et Sebastian Pinera) ) de se positionner sur le sujet de l'éducation. Ainsi que l'indifférence du ministre de l'éducation de l'époque vis-à-vis des revendications des lycéens. Les ados qui avaient 15-17 ans en 2006 ont maintenant plus de 20 ans et sont à l'Université. Ce sont eux qui chantent : "Elle va tomber l'éducation de Pinochet !".

 

Sources :

Articles sur la Réforme Educative au Chili

 http://biblioteca.universia.net/html_bura/ficha/params/title/genesis-revolucion-pinguinos-incidencia-reforma-educativa-chile/id/49571718.html

http://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education-2001-1-page-104.htm

Articles à propos de la "Révoltes des Pingouins" (2006)

http://quebec.indymedia.org/es/node/24594

http://www.solidarites.ch/journal/index.php3?action=2&id=2511&num=89&db_version=2


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3 réactions à cet article    


  • Ariane Walter Ariane Walter 7 novembre 2011 22:21

    Très intéressant. merci.


    • chuppa 8 novembre 2011 06:57

      Bel exemple pour la jeunesse européenne


      • Anémone C. HUBERT 9 novembre 2011 11:24

        24 h - infos (décalage horaire) :

        Aujourd’hui, au Chili, le parlement doit voter une loi pour trouver une solution au conflit étudiant. Camila Vallejo, la présidente de la FECH (Fédération des Etudiants Chiliens) a rappelé la responsabilité des politiques pour l’avenir du pays :

        http://www.larepublica.pe/08-11-2011/consensos-politicos-representan-cualquier-interes-menos-el-de-la-ciudadania

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