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Congo-Brazza – RD Congo – Rwanda : A quoi joue Sassou-Nguesso ?

Lorsque se produit un malheur dans la maison d’un être cher, et qu’on aurait pu le prévenir, on s’en veut pour longtemps de ne pas l’avoir fait. Le Congo-Brazza et ses chaleureux habitants ont toujours été pour les Congolais de la RDC une seconde patrie, une terre de répit durant les moments difficiles, trop fréquents au Congo de Lumumba. Mais tout ceci risque de devenir du passé en mesure que se renforcent les relations entre Denis Sassou-Nguesso, Président du Congo-Brazza et Paul Kagamé, Président du Rwanda. Pour tous ceux qui ont été témoins de la succession des évènements dans l’Est du Congo au cours des deux dernières décennies, où un havre de paix, le Kivu, a été transformé en gigantesque abattoir, il n’y a rigoureusement rien de rassurant dans le rapprochement entre Brazzaville et Kigali. On est peut-être à la veille d’une nouvelle catastrophe en Afrique centrale, et l’analyse des premiers indices n’est guère rassurante.

Une ligne aérienne Kigali-Brazzaville

Un accord de coopération entre Kigali et Brazzaville a été conclu, et un premier vol, un cargo, a décollé de l’aéroport rwandais vers Brazzaville le 06 mai 2013 avec à bord 30 tonnes de marchandises[1]. Selon le ministre rwandais du commerce et de l’industrie, François Kanimba, l’avion transportait essentiellement des produits agricoles comme la viande, le haricot et de petits poissons séchés.

Il est prévu qu’un appareil effectue chaque semaine un vol avec à bord des produits agricoles comme les farines de manioc et de maïs, le haricot, la viande, les fruits, et les légumes. Une information officielle qui devrait mettre la puce à l’oreille.

Mobiliser un avion pour transporter 30 tonnes de légumes, de fruits, de farine de manioc,… d’un pays comme le Rwanda qui manque d’espace agricole (419 hab./km²) vers un pays comme le Congo-Brazza disposant de vastes terres inexploitées (13 hab./km²)

Par ailleurs, on voit mal une compagnie aérienne rester longtemps rentable en convoyant des légumes vers un pays couvert au 2/3 de forêt équatoriale, et qui en produit déjà presqu’en excès. Et des petits poissons séchés du Rwanda vers un Congo-Brazza qui dispose de 169 km de littoral sur l’Océan Atlantique[2], où il suffit de jeter les filets dans l’eau pour « ramasser » du poisson en abondance. 

On peine à croire qu’une telle information officielle a pu passer sans susciter des interrogations. On comprendrait plutôt que des denrées alimentaires partent du Congo vers un Rwanda surpeuplé et privé de terres agricoles.

Qui croit toujours que des avions vont amener, chaque semaine, à Brazzaville, trente tonnes de légumes, de farines de manioc et de petits poissons,… ?

Menace sur les réfugiés hutus

Une petite communauté des Hutus rwandais est installée au Congo Brazzaville depuis 1997. On leur a demandé de rentrer au Rwanda avant le 30 juin dernier sous peine de perdre leur statut de réfugiés[3]. Les 8.000 Rwandais ont fait la sourde oreille et ont donc, officiellement, perdu leur statut, un choix difficile mais assumé, et il y a lieu d’éprouver de la compréhension à leur égard.

En effet, ces hommes et ces femmes sont les survivants, voire les rescapés de la Première Guerre du Congo (1996-97)[4]. Nombreux ont quitté le Rwanda à pied pour se réfugier dans l’Est de la République Démocratique du Congo en juillet 1994, après la prise du pouvoir par les rebelles tutsis du FPR, le mouvement de l’actuel Président rwandais Paul Kagamé.

Devoir de mémoire

Certains Hutus seraient même originaires du Nord du Rwanda qu’ils ont dû quitter, poussés vers Kigali par les combattants du FPR, Kigali qu’ils vont devoir quitter, à nouveau pour se réfugier dans l’Est du Zaïre, l’actuelle RDC, en 1994. Mais en 1996, l’armée rwandaise envahit l’Est du Congo et bombarde les camps du HCR où étaient massés les réfugiés hutus.

C’est le début d’un massacre à grande échelle que vont subir les Hutus qui tentent de fuir dans la forêt, à l’Ouest. Ils vont devoir traverser toute la République Démocratique du Congo, à pied, sur une distance quasiment entre Moscou et Paris (plus de 2.710 km). Le rapport du Projet Mapping d’août 2010 doit être lu et relu avec attention dans les familles des survivants hutus du Congo-Brazzaville. Difficile pour ces rescapés des massacres dans les forêts du Congo, de percevoir avec sérénité le rapprochement entre Brazzaville et Kigali.

Les autorités de Kigali, qui commencent à perdre du prestige sur le plan international, suite à l’affaire du M23, craignent, manifestement, que Brazzaville puisse éventuellement servir de point de concertation des opposants rwandais en exil. Kinshasa est trop infiltré par les agents du régime de Paul Kagamé. En effet, à la suite de négociations secrètes entre Joseph Kabila et Paul Kagamé, de nombreux agents rwandais ont été placés dans les hautes instances des institutions de la RDC. Cela transparait, par exemple, dans l’affaire Bosco Ntaganda, telle qu’elle a été commentée par le général rwandais en exil Patrick Karegeya[5].

Pour les opposants à Paul Kagamé, la RDC n’est pas un pays sûr. Le Congo-Brazza, en revanche, proche de Paris, aurait pu être un point d’ancrage dans la lutte contre la dictature rwandaise. Nous sommes donc plus proches d’une coopération destinée à démanteler la résistance rwandaise que d’une coopération économique entre le Rwanda de Paul Kagamé et le Congo de Sassou-Nguesso.

L’affaire de trente tonnes de légumes et de petits poissons rwandais devient dès lors un habillage assez grotesque.

L’ambassadrice britannique à Brazzaville

Et dans ce contexte où se mêlent intrigues et fausses apparences, on entend parler un haut diplomate britannique. La nouvelle ambassadrice de la Grande Bretagne à Brazzaville a consacré sa première déclaration à un sujet assez curieux, lorsqu’on se situe du côté du Congo-Brazza. En effet, le 07 août dernier, Madame Diane Corner a déclaré que son pays va travailler avec le Président Sassou-Nguesso « dans la recherche des solutions pour la stabilité et la paix durable dans la région des Grands Lacs »[6]. On s’attend à ce qu’un diplomate étranger à Brazzaville parle de la Centrafrique, du Gabon, ou de tout autre pays avec lequel le Président congolais a des affinités « naturelles » du fait de la proximité culturelle des peuples du Golfe de Guinée. Le Congo-Brazzaville n’a pas d’expertise dans les conflits de la Région des Grands-Lacs.

Si les Britanniques parviennent à convaincre Denis Sassou-Nguesso de s’impliquer dans la crise de la région des Grands-Lacs, il faut s’attendre à ce que le Président congolais devienne essentiellement un simple « pion » des Anglo-Saxons qui lui dicteront ce qu’il aura à faire, parce qu’il ne maitrise pas le sujet.

Sachant que ce sont les Britanniques et les Américains qui parrainent Paul Kagamé dans sa sanglante campagne visant à détruire la Patrie de Lumumba, depuis près de deux décennies, Denis Sassou-Nguesso deviendrait un des leurs. Il s’afficherait officiellement comme un médiateur de bonne foi, mais, officieusement, il jouerait, malgré lui, le jeu de Londres et Washington à l’origine de l’interminable tragédie de l’Est du Congo : plus de six millions de morts[7].

Les Congolais du Congo-Brazza ont une histoire millénaire de fraternité sans tâche avec leurs cousins de l’autre rive du fleuve Congo. Ils devraient rappeler à leur Président qu’il est au point de mettre le doigt dans un engrenage qui risque de broyer son peuple comme les Congolais du Kivu sont aujourd’hui en train d’être broyés.

Gouverner, c’est prévoir, et pour prévoir, il faut savoir méditer les expériences du passé, surtout les plus douloureuses.

Boniface MUSAVULI

 


 


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13 réactions à cet article    


  • cedricx cedricx 17 août 2013 20:48

    Il serait temps que Sassou dégage lui aussi avant que le peuple ne l’y oblige.


    • Bertrand Loubard 17 août 2013 21:17

      Tous les moyens sont bons pour l’intox. La propagande, le lobbying, les « relations » publiques et les infiltrations sont les différents instruments de ce "gouvernement invisible" dont Edwards Bernays parlait déjà en 1928 et dont Kagamé est un des princes.

      Infiltrer tous les milieux des institutions aux universités, des organisations aux médias, des réseaux économiques et financiers aux mouvements sociaux, de la société civile, militaire et religieuse à tous les secteurs de la vie en commun : telle est la stratégie pour créer une image d’Epinal, une icône cohérente et rassurante, celle qui confirme Kagamé dans une position de légitimité incontestable.

      Comment la famine pourrait-elle vraiment sévir dans un pays exportateur de denrées élémentaires, de première nécessité, jusqu’au Congo Brazza ? Quand on fait vacciner toutes les petites filles avant leur premier rapport sexuel, contre le cancer du col de l’utérus, n’est-on pas un pays à la pointe d’une politique de santé publique exemplaire ? Un bon indicateur du redressement économique et du développement du Rwanda n’est-t-il pas l’importance de sa flotte aérienne civile nationale ? Comment dire que les libertés politiques ne sont pas respectées au Rwanda alors que le Parti Vert vient d’être « agréé » en "bonnes et dues formes" ? Comment croire que les droits de l’homme ne sont pas respectés au Rwanda alors que le LIPRODHOR vient de connaître un aggiornamento rendant cette ONG encore plus crédible ?

      Les chiffres de la Banques Mondiale, de l’OMS, de la FAO, de la CEE, et des autres organismes non impartiaux sont en fait tous « techniqués », comme tout un chacun devrait le savoir depuis longtemps.....mais si vous osez dire cette vérité (qui n’est que la pointe de l’iceberg de l’horreur que représente l’histoire véridique et cachée du Rwanda depuis 1990)….alors fuse, du chœur de tous les apôtres de Kagamé, la question : “where were those human rights groups criticizing Rwanda today when Hutus were slaughtering Tutsis"
      - « Où étiez-vous » : Bill Clinton (BBC 13/08/2013 ). Mais lui-même n’a-t-il pas refusé que le mot « G » soit prononcé, alors que les troupes U.S. étaient pré - positionnées, dès avant l’attentat du 6 avril 94, à Bujumbura en stand by (de quoi) ? Kagamé n’a-t-il pas refusé l’intervention internationale militaire disponible pour faire cesser le carnage. Kagamé n’a-t-il pas (comme les Soviets devant Varsovie écrasée par les Nazis) attendu de « prendre » Kigali que ses infiltrés, sous fausses bannières, aient eu le temps de terminer le travail ?

      Le principe des cinq W peut aussi être appliqué à l’analyse des stratégies de positionnement que Kagamé adopte pour le moment : " Who did what, where and when, and why". (Roy W. Howard). Who : Kagame. What : la guerre. Where  : en Afrique Centrale. When : depuis 23 ans. Why : pour le pouvoir, tout le pouvoir, rien que le pouvoir.


      • Emmanuel Cattier 18 août 2013 09:39
        Cette brillante analyse oublie deux faits majeurs :
        • Le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda
        • Le refus (ou l’impossibilité) des auteurs du rapport mapping de l’ONU de chiffrer le nombre de victimes de 1993 à 2003 au Zaïre-RDC

        En ce qui concerne le génocide, la justice rwandaise a traité environ un million et demi de dossiers de présumés génocidaires. Environ 20 % d’entre eux furent acquittés. Même si l’on considère qu’il y a nécessairement eu des erreurs judiciaires, comme dans toute justice, et que certains innocents furent condamnés et certains coupables furent innocentés, on mesure quand même l’ampleur du nombre de génocidaires qui n’avaient plus la conscience tranquille lorsque le pouvoir bascula au Rwanda en juillet 1994. Cela entraîna une fuite massive au Zaïre.

        En ce qui concerne le rapport mapping, je vous cite un chapitre de sa page 49 et sa note 87 :

        « Ces dix années ont, en effet, été marquées par une série de crises politiques majeures, des guerres ainsi que de nombreux conflits ethniques et régionaux qui ont provoqué la mort de centaines de milliers, voire de millions de personnes 87 »
        « Note 87 : L’International Rescue Committee (IRC) a mené quatre études sur la mortalité en RDC entre 1998 et 2004. Selon l’IRC, depuis le début de la deuxième guerre en août 1998 jusqu’à la fin du mois d’avril 2004, environ 3,8 millions de personnes auraient péri, victimes directes ou indirectes de la guerre et des conflits armés. Il est à noter cependant que la méthodologie retenue par l’IRC pour déterminer le nombre de morts indirects repose sur des études épidémiologiques et des estimations de croissance démographique qui ont pu être contestées. Compte tenu de son mandat, il ne revenait pas au Projet Mapping de se prononcer sur le nombre total de personnes mortes ou tuées du fait de la situation en RDC au cours de la période considérée. »

        Par ailleurs trois démographes de l’Union européenne on aidé la RDC à établir ses listes électorales et deux d’entre eux ont publié une conclusion selon laquelle il n’y aurait eu « que » 183 000 morts (cent quatre vingt trois mille) lors de la deuxième guerre du Congo, sinon la RDC serait curieusement passée d’une espérance de vie de 42 ans à plus de 60 ans en période de guerre. Si on inclut les deux guerres de Congo, on mesure donc que quelque part il y a des gens qui se trompent entre deux à quatre cent mille morts et 8 millions de morts. On comprend dès lors l’embarras des auteurs du rapport mapping à véritablement chiffrer le nombre de morts, car beaucoup de décisions internationales ont été prises sur les bases d’un nombre de victimes désormais contestables.

        Mais par honnêteté ces auteurs du rapport mapping auraient quand même pu donner un ordre de grandeur crédible en fonction de leurs enquêtes, même en faisant des réserves par prudence, et non laisser les les chiffres varier d’un facteur de l’ordre de 20 à 40 selon ce que l’on compte dans les médias ! Cela montre aussi qu’ils n’avaient pas une entière confiance dans les témoignages qu’ils ont « mappés » ou que leur intention était autre que de faire toute la lumière sur les faits. Quand à traiter cela dans une petite note, c’était vraiment se foutre du monde.

        Toutes les références de ce que j’avance sont sur cette page :


        • MUSAVULI MUSAVULI 18 août 2013 15:18
          Emmanuel Cattier,
          - La difficulté des auteurs du rapport mapping tient au contexte. Il ne sera possible de mener librement d’enquêtes sur les crimes du régime actuel du Rwanda que lorsque celui-ci ne sera pas en situation d’exercer des pressions, en recourant à ses tentacules américaines et britanniques sur les enquêteurs. Il faut saluer les auteurs du rapport Mapping parce qu’ils ont réussi à produire un rapport dans des conditions qui n’ont rien à voir avec celles des « chercheurs » qui reviennent sur le génocide des 1994. Ici les enquêtes sont autorisées, encouragées et les conclusions parfois dictées d’avance. 
          - Au sujet des jugements rendus par la justice rwandaise contre les personnes accusées de génocide, je ne peux me prononcer. Le Rwanda étant une dictature, il faut un grand effort pour prendre au sérieux les décisions judiciaires qui y sont rendues. L’affaire Victoire Ingabire et la tentative d’assassinat des opposants à l’étranger résument assez bien la terreur qui doit tenailler les juges, les magistrats (certains ont fui le pays) et les avocats quand ils « ouvrent la bouche » dans ce pays. je ne dis pas que les condamnés étaient nécessairement innocents. Je dis juste qu’on est en face d’une dictature qui pratique la justice des vainqueurs. C’est un constat, pas une opinion. 
          - Quant au rapport des démographes européens qui ont minoré de façon spectaculaire le bilan des morts du Congo, il a été, par la suite, démontré qu’ils avaient intérêt autre que scientifique à « minorer les chiffres ». Dès lors, leur rapport a été, lui aussi, contesté. Dans cette affaire des « millions de morts » au Congo, on aurait souhaité que l’ONU ou des institutions comme l’Union européenne mènent des enquêtes pour établir l’ampleur de l’hécatombe et les circonstances de la mort massive des Congolais. Si ces institutions se sont dérobé à ce qu’on doit qualifier de « leur mission », c’est qu’elles ne veulent pas gêner le régime de Paul Kagamé. Donc un dictateur capable d’imposer le silence à des institutions et des Etats dont on attend qu’ils agissent face aux millions de morts d’innocents. Si l’Union européenne et les Etats européens sont à ce point tétanisés par le risque d’embarrasser Kagamé, qu’en est-il de deux « modestes » démographes qui savent qu’ils risquent gros s’ils font parler les faits ?
          En définitive, et je reviens sur le cas Bosco Ntaganda, seuls les Américains peuvent faire face à Kagamé. A Kigali, si Ntaganda s’était réfugié dans une ambassade d’un pays européen, il aurait été rendu aux autorités de Kigali. Dès lors, seuls les travaux des Américains contre le régime de Kagamé sont à prendre au sérieux (IRC, Human Rights Watch). 
          Le travail des démographes européens ne vaut « que » ce qu’il vaut dans un contexte de « peur » généralisé d’un régime capable de tout.

        • Innsa 18 août 2013 09:55

          En lisant votre texte, on a l’impression que les opposants à Kagamé sont des victimes. vous occultez totalement le fait qu’il ont participé au génocide de 1994.

          Vous oubliez totalement de parler du rôle de la France dans ces 2 pays : complice de génocide dans l’un, financier de guerre civile via Elf dans l’autre.

          Pour la guerre au Kivu, vous oubliez de dire qu’il s’agit d’un guerre financée par les multinationales occidentales pour exploiter le coltan à moindre coût.

          Enfin, pour Sassou, dictateur arrivé au pouvoir grace aux finances de l’entreprise française Elf, il n’a aucune légitimité : il est là pour piller les caisses de l’état et s’acheter des appartements et des maisons de luxes en France.

          Les relations entre la RDC, le Congo et le Rwanda sont un jeux de domination entre les USA et la France : à qui profitera les ressources de la RDC et du Congo !


          • MUSAVULI MUSAVULI 18 août 2013 15:43

            Innsa,

            Vous écrivez :  « on a l’impression que les opposants à Kagamé sont des victimes. vous occultez totalement le fait qu’il ont participé au génocide de 1994. »
            Ah bon ?
            Je croyais que les « génocidaires » avaient été identifiés, arrêtés et traduits devant le TPIR. Ça m’étonnerait qu’il en reste autant dans le monde, parce que le TPIR ferme ses portes fin 2014. Je croyais aussi qu’on avait le droit de s’opposer de façon argumentée au régime rwandais sans risquer d’être considéré comme un « génocidaire ». Ou alors tout le monde se tait. On ne s’oppose plus, on ne dit plus rien contre le régime. Vive le Dictateur !... God bless our Dictator !
            Quant à la guerre du Congo, c’est trop facile d’accuser les Français et les Américains. Dans le Kivu, ce sont les Rwandais qui se déchaînent contre la population congolaise, massacrent des innocents, pillent les mines et les biens et violent les femmes. Je doute fort que ça soit Obama ou Hollande qui leur dictent d’aller infliger ces souffrances à des Africains comme eux, en plus n’ont rien à se reprocher. Ils sont juste chez eux, et voient leurs « voisins » venir les agresser avec une cruauté inimaginable. Vous croyez toujours que nous devons continuer à accuser les Américains et les Français lorsque « nos propres frères » se livrent à des comportements barbares de cette nature ?

          • Jean-Marie Mutobola Jean-Marie Mutobola 19 août 2013 16:17

            Cher compatriote,
            De la meme maniere qu’il est penible de constater les souffrances et les desolations de nos populations au Kivu et ailleurs et, cela depuis bientot 20ans, il serait facheux de prendre a la legere ce qu’a subi les populations rwndaises en 1994.Tu es d’accord avec moi - je pense - que ce ne sont pas les 55 noms cites a Arusha qui ont assassines ces milliers de personnes en 1994,Nombreux de tueurs qualifies d’executants pour la cour courrent toujours. Tu ferais mieux d’aller faire un tour a Brazza pour t’en convaincre,

            Notre probleme ,notre vrai probleme est le regime pourri qui est au pouvoir a Kin qui ne maitrise rien ou ne veut rien apprendre. Moi, Kagame me rappelle curieusement Mobutu que l’occident a fait jouer un role dans le sanglant conflit angolais -de 1975 a 1990-, Mais les angolais,eux ont tenu bon avec un president dynamique- et ont pu en sortit vainqueurs. Les populations angolaises nous ont aussi maudit comme les populations congolaises le font aujourd’hui avec le pauvre peuple rwandais qui ne controlent r.ien et depuis toujours..


          • MUSAVULI MUSAVULI 19 août 2013 17:31

            Cher Mutobola,

            La référence au peuple angolais m’intéresse beaucoup. Je crois d’ailleurs que nous devrions nous inspirer de ce brave peuple qui est aujourd’hui, certainement, l’un des peuples les plus sûrs de leur avenir du Continent. Pour ce qui est des Rwandais en exil, je ne peux, malheureusement pas suivre votre raisonnement. J’ai vu des Hutus honnête souffrir terriblement alors qu’ils n’ont jamais été mêlés, ni de près, ni de loin au génocide de 1994. Nous devons faire très attention à ne pas continuer à accuser une population entière pourtant innocente. Les génocidaires étaient des gens connus. On les a identifiés et condamnés à Arusha et même au Rwanda (voire les Gachacha). Si on aime le Rwanda, on doit réclamer que les génocidaires identifiés soient poursuivis et enfermés à vie (en respectant, bien sûr, les normes internationales en matière de prison) mais que tous les autres Rwandais jouissent des libertés telles qu’on peut en jouir à Kinshasa, à Brazzaville, à Nairobi, à Johannesburg, en Europe, aux Etats-Unis. Si cette garantie n’est pas donnée aux Rwandais en exil, alors nous n’avons rien compris au génocide contre les Tutsis de 1994. Les Tutsis avaient été chassés du pays et bannis dans les années 60. Ils sont revenus avec les armes. Aujourd’hui, des Hutus naissent en exil, et ne sont pas sûrs de revoir un jour le pays de leurs parents qui, pourtant, n’ont pas été mêlés au génocide. Victoire Ingabire (revenue des Pays-Bas) est en train de devenir le symbole d’un pouvoir qui est allé trop loin dans la répression des Hutus. On peut aussi faire la sourde oreille et ne pas voir ce qu’on voit. Ce régime-là (de Kagamé) est en train de faire du tort aux victimes du génocide de 1994. Croyez-vous vraiment que c’est une situation rassurante pour l’avenir du Rwanda ? 

          • Jean-Marie Mutobola Jean-Marie Mutobola 21 août 2013 12:39


            C’est bien de pondre chaque semaine un article sur le Congo, mais cette fois-ci tu t’es trop lache et tu risques t’entacher la cause congolaise qui est, elle, JUSTE avec des considerations ethnico-nationalistes qui brouillent clairement la vue politique dans cette region des grands lacs longtemps meurtrie par ce genre d’approche sujette a caution. Courage


          • MUSAVULI MUSAVULI 21 août 2013 21:58

            Mutobola,

            Dans mon article, je crois avoir fait l’effort de clarté. Si vous relevez un passage contestable sur le fond, je vous apporterai les précisions à ma disposition. Ce que vous appelez « considérations ethnico-nationalistes », je ne sais pas exactement ce que vous vouliez en dire.

          • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 18 août 2013 11:38

            Prendre parti pour les génocidaires... il fallait oser. C’est fait.
            Berk !


            • MUSAVULI MUSAVULI 19 août 2013 14:30

              Bareq, 

              Combien reste-t-il de génocidaires dans le ventre des femmes hutues ? Je croyais que les génocidaires sont les rwandais hutus qui étaient en âge de se battre en 1994, si on pousse la définition à l’extrême. Nous sommes en 2013, c’est-à-dire près de 20 ans après. Ces adolescents hutus de Brazzaville ou de Paris, sont-ils, eux aussi, des génocidaires ? Donc leurs petits-frères aussi, et les bébés que leurs mamans vont mettre au monde. Avec un raisonnement comme celui-là, on est sûr d’avoir des génocidaires jusqu’à la fin du monde.

              • Jean-Marie Mutobola Jean-Marie Mutobola 19 août 2013 15:55

                Excusez-moi, mais il ya trop d’amalgame historique dans vos ecrits.

                 Oui, le Congo-Brazza en depit de ses forets tropicales importe des denrees alimentaires depuis des lustres. Vous n’avez qu’a faire un tour au beach N’gobila, le port de Kinshasa chaque matin, pour vous rendre compte que meme les piments rouges et tomates partent vers Brazza pour la consommation locale.

                Cette situation decoule et persiste du desastre laisse par la collectivisation de leur economie sous les precedents regimes marxistes. Que Kagame essaie une ouverture de son regime vers Brazza en ce temps ou il donne l’air de ne pas avoir le vent en poupe n’est que legitime et intelligent de sa part. Et que Sassou y reponde favorablement, lui que l’on n’a que trop vu au pouvoir est aussi normal.

                Je ne suis pas assez naif pour ne pas croire qu’l ne s’approcherait aussi pour savoir et surveiller un peu plus ces hutus , residus des anciennes forces genocidaires de 1994 -pas tous- qui resident au Congo-Brazza. N-a-il-pas raison de veiller ?.

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