Congo : vers la fin du mythe des leaders politiques à vie
Le parti congolais de travail (PCT) a raflé la mise au premier tour des législatives 2017 en obtenant 70 sièges sur 151 conformément au nouveau découpage électoral. Le parti au pouvoir, comparativement aux autres formations politiques traditionnelles avec des leaders à vie, est le seul qui semble s’arrimer à la culture démocratique grâce à son comité d’investiture qui choisit les candidats par rapport à leur légitimité à la base.
Le premier tour des législatives 2017 vient de dessiner la nouvelle configuration politique au Congo. Désormais, le parti au pouvoir est le seul qui continue à bénéficier de la légitimité et de la confiance des congolais. De nombreux détracteurs semblent justifier cette victoire par des considérations d’ordre politique, financier et idéologique ; mais la vérité, la vrai, n’est pas à rechercher de ce côté-là. Certes, le Pct bénéficie de nombreuses largesses du pouvoir, eu égard aux nombreux ministres, députés, sénateurs et directeurs généraux des services publiques éjectés dans l’appareil de l’état. Ce qui conforte d’ailleurs sa bonne santé financière.
En dépit de ce confort, il ne faut pas perdre de vue que dans les grandes démocraties cette logique ne tient pas debout. Une chose est vraie, le respect des principes démocratiques ou de la culture démocratique est la pierre angulaire de tout succès en politique. Et c’est cela que le Pct a su capitaliser, car étant la seule formation politique au congo où le choix des candidats ne se fait pas à l’emporte pièce. Contrairement aux autres partis traditionnels, à l’instar du Mcddi du feu Bernard Kolelas, Upads de pascal Lissouba, du Rdps du feu Thystère Tchikaya, pour ne citer que ceux-là, qui s’identifient toujours à leurs leaders actuels. Et où la voix du chef passe avant toute chose et gare aux frondeurs.
Or, comme le disait Bertrand Soubelet dans son ouvrage « Tout ce qu’il ne faut pas dire », page 1 33, édition Plon 2016, dans une démocratie le débat doit être ouvert. Un constat malheureusement voué aux calendes grecques au sein des partis politiques congolais. Ici, c’est le président du parti qui décide de tout ; du choix des candidats à un scrutin, à l’orientation politique ou idéologique du parti en passant par des alliances politiques. Souvent la base du parti n’est pas consultée lorsqu’il s’agit de décider sur l'avenir du parti. Conséquence : ceux qui jouissent de la légitimité dans l’opinion n’ont pas voix au chapitre. D’où des frustrations parfois observées.
Comment comprendre, un président d’un parti comme le Mcddi de surcroît ministre du commerce extérieur et de la consommation se faire battre dans son fief par un jeune indépendant de 26 ans venu tout droit de la diaspora ? Et un autre parti la DRD du ministre Hellot Mampouya occupant le portefeuille de la recherche scientifique courber l’échine devant un autre indépendant se réclamant de l’DDH-Yuki de Guy Brice Parfait Kolelas, ancien dissident du Mcddi et plus encore la cinglante défaite du ministre de l'équipement et des travaux publics , Emile Ouosso, dans sa citadelle imprenable de Yaya dans le département du Niari.
Cela ne surprend personne, au Congo les partis traditionnels n’ont jamais organisé des congrès pour le renouvellement des instances, c’est le règne des chefs de parti à vie même sans légitimité à la base. Seul le Pct a donné l’exemple avec la mise à l’écart par le comité d’investiture de l’actuel secrétaire général du parti, Pierre Ngolo, Hyacinthe Ingani siégeant au bureau de l’assemblée et autres caciques de ce parti. Une stratégie qui a permis l’émergence de nouvelles figures , élues dès le premier tour, susceptibles d’apporter un nouveau sang à cette machine politique.
Comme on le voit la déconfiture du Mcddi crédité de zéro député au premier tour, de l’Upads ayant obtenu 3 députés, alors que ces deux partis avaient des groupes parlementaires, soit 7 députés à législature sortante, est la preuve de la mauvaise santé de ces partis politiques traditionnels. Dans les grandes démocraties, les choix des éventuels candidats à un scrutin passent par les primaires. Et au présidentielles passées en France au Ps, on a vu valls, le premier ministre sortant s’écrouler devant Bénoît Hamon et le président Hollande refuser de se présenter aux primaires pour des raisons de légitimité au sein du parti.
Ces exemples doivent servir de leçons à la classe politique congolaise qui demandent l’alternance au sommet de l’Etat sans qu’ils ne commencent à balayer devant leur propre cour. Le temps est aussi venu pour les leaders politiques de se regrouper en fonction des courants idéologiques et non des affinités du chef de file. Aussi, le temps est révolu pour les partis politiques congolais d’être à la solde de leur leader charismatique. Des conditions doivent être créées pour que toutes les sensibilités s’expriment lorsqu’il s’agit des décisions qui concernent l’avenir du parti. Aux chefs de file du Mcddi, de l’Upads, du Rdps, du Mar, de la Drd… de ne plus évoluer en vas clos, sinon c’est la mort politique qui s’en suivra.
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