Grèce et drogue : comment donner des gages au système
Le mardi 6 septembre, la Grèce a décidé de dépénaliser la consommation de toutes les drogues sur son territoire alors qu’elle avait jusque-là, dit-on, la législation la plus dure d’Europe. Un rédacteur d’Agoravox a fait une analyse complaisante de cette décision et c’est ce qui me décide à écrire cet article de façon à essayer d’équilibrer le débat.
Nous entendons parler de la Grèce tous les jours depuis des mois, le pays étant au bord de la faillite. La décision de dépénalisation de la consommation de toutes les drogues peut donc sembler surprenante. Nous allons voir qu’il n’en est rien et que cela est le symptôme d’un mal bien plus profond du système. En effet, remarquons que le trafic et la consommation de drogue en occident sont en constante augmentation depuis des décennies. Aux Etats-Unis, on considère même que la quasi-totalité de la population a été, un jour ou l’autre, en contact avec la drogue et une grande majorité de jeunes y a « goûté ». Remarquons alors que dans d’autres domaines, le système a su colmater bien des brèches que certains tentaient d’ouvrir. Il en va par exemple de la liberté d’expression qui, au fil du temps, s’émousse dans nos démocraties. Posons-nous alors la question naturelle suivante : pourquoi nos Etats arrivent-ils à maîtriser certains phénomènes et pas celui de la drogue ? Il ne vient en écho qu’une seule réponse, triviale : c’est qu’il y a une volonté du laisser faire. Et s’il y a cette volonté, ce ne peut être que parce qu’il y a intérêt direct. On peut donc, via un raisonnement logique, en conclure que probablement les états occidentaux au moins, trouvent une partie de leur financement dans la complaisance avec le trafic de drogue.
A cette lumière, on comprend mieux la décision grecque.
Je discutais il y a peu avec des personnages politiques et nous avons abordé ce sujet. Certains étaient clairement en faveur de la dépénalisation et allaient même plus loin en se demandant si l’état ne devrait pas organiser la vente de ces produits pour à la fois garantir leur qualité et, bien entendu, renflouer les caisses de l’Etat tout en coupant l’herbe sous le pied des trafiquants. Je me suis vivement opposé à cette vision et, si vous me le permettez, je vais en donner quelques raisons profondes en opposition totale avec le texte publié sur Agoravox la semaine dernière.
Tout d’abord, la vie d’un drogué est un enfer que l’on ne peut souhaiter à personne. Dire que se droguer seul n’est pas être criminel est partiellement faux : le mal gagnant rapidement le malade, il faut à ce dernier des finances solides pour se procurer sa dose, ce qui l’amène dans bien des cas à basculer dans la délinquance. Par ailleurs, ce qui est le plus criminel, c’est la vente de stupéfiants qui rendra la personne dépendante et malade. Le rôle de l’Etat, rappelons-le à ceux qui l’auraient oublié, est de protéger les citoyens. Que pourrait-on dire d’un état qui vendrait, de facto, des poisons ? Il serait nécessairement criminel. Déjà, compte tenu de ce qui est dit plus haut, le laisser aller actuel dont certains profitent, est un crime dont il faudra bien un jour répondre et l’image de la démocratie apparaîtra, dans les livres d’histoire, sous un jour probablement moins blanc que ce que l’on nous vend tous les jours dans les médias.
En réalité, il y a une façon bien simple d’éradiquer la drogue et son trafic ainsi que la plupart des transactions illégales. J’ai eu l’occasion d’en faire la proposition dans mon ouvrage « Ainsi marchait l’humanité » auquel je renvoie le lecteur pour plus de détails. Le principe en est très simple : supprimer toute forme d’argent liquide et le remplacer par de l’argent électronique cours forcé, traçable pour chaque individu sur 50 ans, avec un système de transactions anonymes « ouvrables » sous décision de justice prise à la majorité de 5 juges. Un tel système permet à la fois une confidentialité totale des transactions de chacun et une possibilité fiable à 100% de retrouver le coupable en cas de trafic quelconque. Cela ne coûte presque rien à mettre en œuvre, en tous cas bien moins que ce qui existe actuellement avec de l’argent liquide. Un tel système ferait, bien entendu, tomber, par exemple, tous les paradis fiscaux, sans avoir à parader devant les caméras de télévision, mais de façon, à coup sûr efficace…
Comme expliqué plus haut, il est peu probable que ma proposition voie le jour, les états eux-mêmes étant largement complices des trafics en tous genres, le trafic de drogue en particulier. La Grèce, qui vient donc de donner des gages au système, a délibérément choisi l’intégration plutôt que la protection de sa population. C’est un honte dont, comme les autres états, elle devra répondre devant l’histoire.
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