Il était une fois le nucléaire iranien !
L’introduction de la technologie nucléaire en Iran a commencé à la fin des années 1950 avec le programme américain « Atomes pour la Paix ».
C’est lors de l’ouverture de l’exposition « Atomes pour la Paix », à Téhéran, en 1957, que le Shah d’Iran annonce la signature d’un accord de coopération, proposé par les États-Unis, pour la recherche sur les utilisations pacifiques de la technologie nucléaire.
En 1959, le Shah donne l’ordre de créer un centre de recherche nucléaire à l’Université de Téhéran. Ceci fut suivi par l’achat auprès des Américains d’un réacteur de recherche de 5 MW, ainsi que de l’uranium enrichi et de nombreuses "cellules chaudes" en 1960. Un cellule chaude est une enceinte destinée au traitement de matières radioactives, équipée d’éléments permettant la télémanipulation d’objets irradiants pour analyse et expérimentation.
À cette époque, les États-Unis accordaient une subvention de 350 000 dollars à tous les pays qui voulaient se procurer un tel type de réacteur, pour les inciter à participer à leur programme « Atomes pour la Paix ». La seule contrepartie était l’engagement des pays participants à ne pas utiliser cette technologie à des fins militaires.
En mars 1966, le Commissariat à l’énergie atomique, (créé en octobre 1945 par le général de Gaulle ) décroche un contrat de maintenance avec l’Iran pour le réacteur de recherche iranien.
Par ailleurs, lors du voyage officiel du shah à Paris, en juin 1974, le président Giscard d’Estaing et le souverain iranien annoncent que leurs pays s’engagent dans une vaste coopération nucléaire. C’est ainsi qu’en décembre 1974, lors du voyage officiel de Jacques Chirac en Iran, le Premier ministre français et son homologue iranien signent l’accord Eurodif.
Ainsi, la France, l’Italie, la Belgique, l’Espagne et l’Iran se regroupent en 1975 dans Eurodif pour construire en France, à Tricastin, une usine de séparation isotopique utilisant le procédé de diffusion gazeuse.
L’Iran acquiert de ce fait le droit d’enlever 10 % de la production de l’usine. Il prête 1 milliard de dollars à la France, par le canal du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Le remboursement de cette somme doit commencer l’année de la mise en service d’Eurodif, en 1981.
Après la mise en service de l’usine Eurodif à la date prévue, l’Iran des ayatollahs réclame le respect de l’accord nucléaire passé avec le shah avant la révolution islamique, et l’uranium enrichi auquel ils ont contractuellement droit. Mais la France s’y refuse.
Dans son livre Affaires atomiques, Dominique Lorentz soutient avec force la thèse d’un incroyable chantage exercé par l’Iran dans le but de régler le contentieux Eurodif : les attentats de 1984 à 1990 et les prises d’otages de journalistes français et américains par le Hezbollah libanais au service des Iraniens, sans oublier l’assassinat de Georges Besse, fondateur d’Eurodif et du CEA.
Au bout du compte, la France cède, et Mitterrand conclut un accord avec l’Iran en décembre 1991. A la suite de cet accord franco-iranien, le 29 décembre 1991, l’Iran est pleinement rétabli dans son statut d’actionnaire d’Eurodif, avec les droits afférents, notamment celui de prélever 10 % de l’uranium enrichi par le consortium.
Aujourd’hui, l’Iran, disposant de plusieurs réacteurs, est toujours actionnaire d’Eurodif, et a le droit d’enlever sa part d’uranium enrichi.
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