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La Norvège annule ses « dettes illégitimes » envers cinq pays du Sud, et la France ?

« L’aide au développement atteint-elle vraiment son but ? ». Tel a été le débat organisé par l’Institut  français des relations internationales (IFRI) et the Economist, le 19 octobre 2006. Et si on se réfère à la décision récente de la Norvège de renoncer à ses « dettes illégitimes » envers cinq pays du Sud, on ne peut répondre que par non.

En effet, la Norvège, classée 4e pays sur les 21 pays riches pour son engagement dans la lutte contre la pauvreté dans le monde par le Centre pour le développement mondial, vient de décider d’annuler 62 millions d’euros de dettes de cinq pays du Sud (Equateur, Egypte, Jamaïque, Pérou et Sierra Leone). Dettes qu’elle considère comme « illégitimes ».

Ces dettes ont été contractées dans le cadre de la « campagne de crédits aux exportations navales » de 1977 à 1980, un programme au cours duquel 156 navires norvégiens furent exportés au titre de l’aide au développement, pour faire face à la crise qui touchait alors l’industrie de la construction navale et pour protéger l’emploi dans cette industrie sans tenir compte de l’analyse objective des besoins de développement des pays acheteurs.

Les dettes illégitimes représentent une grande part des dettes contractées par les pays pauvres du Sud. Elles concernent les projets de développement mal conçus qui n’auraient jamais dû être financés, ou des prêts qui n’ont pas bénéficié ni à la population, ni à l’Etat débiteur (les fonds ayant servi aux dirigeants corrompus des pays débiteurs ou aux pays créanciers).

C’est la première fois qu’un pays créancier, de surcroît membre du Club de Paris[1] réunissant les dix-neuf pays créanciers les plus riches du monde, admet la notion de « dette illégitime ».

Cela confirme implicitement la responsabilité des pays riches du Nord dans le surendettement et le mal-développement des pays pauvres du Sud, et la nécessité d’annuler ces dettes.

Cette décision norvégienne pourra-t-elle faire jurisprudence pour que les autres pays créanciers reconnaissent leur responsabilité dans la crise de la dette des pays du Sud ?

Les représentants des pays créanciers du Club de Paris, réunis le 19 octobre 2006, ont décidé de recommander à leurs gouvernements une forte réduction du stock de la dette du Malawi.

Mais la France, l’un des plus importants créanciers, qui semble se préoccuper de la question du développement en cherchant des mécanismes innovants pour le financement de la lutte contre la pauvreté dans le monde (facilité internationale d’achat de médicaments, comptes-épargne codéveloppement, plan-épargne projet codéveloppement...) ne devrait-elle pas suivre l’exemple de la Norvège en annulant les dettes illégitimes bilatérales dont elle est créancière envers nos pays ?

Pour Jean-Merckaert, coordinateur de la plate-forme d’ONG françaises « Dette et développement  »[2] et membre du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) : «  Nous demanderons une commission d’enquête parlementaire à ce sujet et nous attendons des partis politiques qu’ils s’engagent sur ce point durant la campagne présidentielle. L’annulation de cette dette n’est pas une question de charité mais de justice. »[3]

D’ailleurs, selon un sondage BVA-CCFD-La Croix-EUROPE 1 publié dans La Croix du 12 octobre 2006, une majorité de Français interrogés (87%) souhaitent que l’aide aux pays pauvres figure en bonne place dans les débats de la campagne présidentielle française.



[1] Le Club de Paris s’est réuni pour la première fois en 1956. C’est un groupe informel de gouvernements créanciers des pays industrialisés. Il se réunit mensuellement à Paris avec des pays débiteurs afin de convenir avec eux d’une restructuration de leur dette.

[3] La Croix n° 37575 du 18 octobre 2006, p.18.


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22 réactions à cet article    


  • Sébastien (---.---.221.138) 20 octobre 2006 13:58

    quelle est la dette que réclame la France ? et quelle proportion d’illégitime ?


    • Romain Baudry (---.---.75.23) 20 octobre 2006 14:10

      C’est une initiative très positive de la part de la Norvège. Ca fait longtemps qu’on sait que les chiffres de l’aide au développement dont se gargarisent les pays occidentaux sont loin d’avoir l’impact qu’ils devraient.

      Cela étant dit, effacer toutes ces dettes illégitimes n’est qu’un premier pas. Le second serait bien sûr de mettre enfin en place des aides efficaces et bien planifiées.

      Ou alors de diminuer drastiquement le montant des subventions agricoles mais ce n’est pas demain la veille qu’un gouvernement français aura les tripes nécessaires.


      • (---.---.23.177) 20 octobre 2006 15:15

        Un autre probleme est que les dettes contractees par un dictateur devraient etre illegitimes. Par exemple, imaginez l’epoque ou les generaux dirigeaient un pays comme l’Argentine. Incapables de diriger leur pays correctement, ils ont emprunte sans compter. Et c’est parce qu’ils ont pu emprunter, qu’ils sont restes si longtemps. Aujourd’hui ils ne sont plus la, mais les dettes qu’ils ont contractees sont toujours presentes.


        • Darkfox (---.---.141.125) 20 octobre 2006 15:44

          Franchement , je suis contre. Nous sommes un pays endetté ( dette qui va vers la Chine et les pays Arabes) et je vois mal qui nous fera une annulation de dettes. L’annulation des dettes des pays pauvres n’a pas fait changé grand chose si ce n est perdre de l’argent.

          Je ne dit pas que l’aide consentie dans les pays pauvres nétaient pas intéressés (cité moi une personne qui ne fait rien par intérêt ? même les nones veulent acheter leur droit au paradis). Mais la gestion de l’argent a toujours été un problème !

          Pour info la Norvège peut se permettre ce luxe car elle est l’un des seuls pays européens qui est excédentaire et qui gère un fond énorme ( celui des sous du pétrole) et que depuis peu celui ci a été confié à un philosophe pour gérer son argent dans des sociétés dit déontologiquement correcte.

          Donc je dis stop un peu aux bêtises nous envoyons de l’argent aux pays pauvres parfois on est limite à nous cracher dessus ... Tout n est pas non plus dû !


          • TEO (---.---.76.217) 20 octobre 2006 16:47

            « citez moi une personne qui ne fait rien par intérêt... » Personne en effet... y compris Ben Laden. A suivre votre raisonnement le 11 septembre était parfaitement légitime, vu que ces attentats ont nécessairement été commis « par intérêt ». Voyez-vous, l’intérêt ne suffit pas à fonder la légitimité... Or ce dont il est très intelligemment question ici, c’est de « légitimité ». Lorsqu’on abuse plus faible que soi, on peut se voir opposer d’avoir « abuser de la confiance d’autrui » ou d’avoir « abuser de son pouvoir sur autrui »... En matière de dette , il en serait ainsi si nous étions dans un monde juste et non dominé par la force.

            Dans le cas de la dette des pays d’Afrique, notamment francophone, vis-à-vis de la France, chacun sait ou ne sait pas hélas, que nous sommes au comble du cynisme :prêter de l’argent à ses « amis » dictateurs, en sachant qu’ils vont le détourner en totalité, pour certes vous en reverser secrètement une partie, d’autres parties pouvant servir à se surarmer pour terroriser sa population, à qui au final on fait rembourser l’argent dont elle n’a jamais vu la couleur, sauf sous la forme de coups de bottes de soldatesques prétoriennes !!! Si ça, ce n’est pas « illégitime », alors, les mots n’ont plus de sens et on est bien couillon d’être « moral »... BRAVO à la Norvege... et honte à nos dirigeants dont l’immoralité complète explique une bonne partie des problèmes de ces pays, comme du nôtre aussi d’ailleurs.


          • Darkfox (---.---.141.125) 23 octobre 2006 11:01

            Légitimité ? le 11 septembre a été fait par intérêt, tout a fait montré qu il existait des groupes prêts à lutter contre les USA (après qu il est raison d utiliser se procéder.. c’est une autre question) enfin bref.

            Dire que l’Afrique francophone a contracté des prêts illégitimes est abhérent car c’est un pays qui contracte ce prêt. Après vous en héritez en tant que descendant c’est la même chose pour les familles ou même en france pour notre dette. Est ce que j ai choisi de payer la bibliothèque François mittérand ou le Musée de Chirac.. non est ce que je vais le payer dans mes impots ..oui.

            Donc peut être que certains veullent s’acheter une porte pour le paradis ou qu ils ont trop d’argent et qu’ils peuvent se permettre d’en donner. Mais pour ma part, je suis contre cela. Je sus contre les aides de manière générale, je pense que le développement de l’afrique par exemple doit se faire de par eux même et pas avec l exterieur. Sinon on voit ce que cela donne.

            Et c’est pas à un pays endetté de faire des cadeau sur les dettes des autres !


          • Nicolas Proix 24 octobre 2006 11:00

            « N’a pas changé grand’chose » ? (Je corrige au passge la faute de français, si c’est permis...)

            Eh bien justement ! Nous, Français, n’y voyons aucune différence, parce que ce remboursement de la dette ne pèse pas lourd dans nos revenus nationaux. UN peu plus, un peu moins, ... Par contre, mettons-nous à la place de citoyens d’un des Pays les Moins Avancés (PMA), qui voit brusquement ses dépenses extérieures diminuer de 20 à 50 %, et qui peut consacrer tout ce « manque à perdre » (! !) à des actions de développement... je ne sais pas, moi, parmi les quelques infimes priorités de ces pays : lutte contre le SIDA, le paludisme, l’analphabétisme (en particulier féminin), déminage des zones de guerre, etc. Est-il nécessaire de rappeler que ces actions qui sont vraiment un minimum de survie indispensable reviennent à un coût très bas (de l’ordre de $1 par mois pour scolariser un enfant pendant un mois, par exemple) . . . et donc que si elles n’ont pu être menées à l’heure actuelle, c’ets bien dû à un dramatique manque total d’argent. Pour quelle raison ? Elles sont nombreuses, bien sûr, et pas toutes dues à la dette. Mais enfin, puisque nous parlons de la France en particulier, et des pays les plus endettés en particulier, comment ne pas citer ce magnifique créneau d’exportation qui nous enrichit chaque année, et que notre politique africaine à contribué à affermir . . . la vente d’armes. Ou encore : puisque nous parlons de la France en particulier, et des pays les plus endettés en particulier, commetn ne pas parler (mais je répète ce qui a déjà été dit sous une autre forme) de nos subventions agricoles à l’exportation, qui ruinent l’agriculture des pays émergents. L’aviculture congolaise, pour ne citer que ce minuscule exemple, a été totalement ruinée par les poulets à prix cassés importés directement de Bretagne pour écouler le surplus énorme de la production créé par notre PAC si généreuse... et pas le moins du monde égoïste. Je ne dis pas que « tout le monde [ne] fait [pas] pareil », (Notamment, en ce qui concerne les deux domaines cités, Les Etats-Unis), mais est-ce vraiment une raison ? La Norvège a eu le courage d’annuler ces dettes justement qualifiées d’« illégitimes » (parce qu’elles ont été contractées dans de telles conditions économiques qu’elles ont déjà été remboursées 3 à 5 fois) de manière UNILATERALE. Donc, sans conditions, sans attendre de contrepartie. Et c’est bien la seule manière d’agir. Si on attendait que tous les pays du monde s’accordent pour discuter d’une éventuelle annulation, les intérêts de la dette courraient encore dans deux siècles. Effectivement, la « dette » que nous accumulons avec la Chine et le Moyen-Orient (dette qui est d’ailleurs plutôt un déficit commercial) ne nous sera pas remboursée. Est-ce que cela nous autorise, économiquement ou moralement, à se rattraper sur le dos des habitants les plus pauvres de la planète ? Je ne pense pas. Et donc j’approuve la Norvège. Et j’approuverais des deux mains si la France se décidait à faire la même chose.

            Mais ne soyons pas trop critique : des efforts ont déjà été faits, et j’ai parfois moins honte de me regarder comme Français quand je vois l’instauration de la taxe (qu’il faudra bien appeler taxe « Chirac ») sur les vols aériens, pour financer la lutte contre le SIDA.

            Continuons.


          • Darkfox (---.---.141.125) 24 octobre 2006 14:41

            « Un peu plus , un peu moins » c’est vrai qu’en partant de ce principe c’est quoi 1 ou 2 millions près on va pas chipoter.

            Quand à dire ce qu ils vont faire de l’argent de l’argent ..ils ne vont le mettre dans le développement, ni dans l’agriculture... plutot les armes etc...

            Vous souvenez de l’Etiopie, un exemple concret des plus belles conneries ! Une chanson avait été faite dessus.. des millions en don ( nourriture, médicament, etc..) Tout ces cadeaux faient fur stopper nets. Ils furent vendu contre des armes et ope une petite gueguerre...

            La population est dans certains des PMA le dernier de leur soucis. Pourquoi des personnes comme un candidat à la présidence de l’Afrique du sud est capable de dire qu il a fait l amour à une femme atteinte du sida et qu après avoir pris sa douche tout aller bien..

            Pour ma part les dirigeant de ses pays sont autant fautifs voir même plus. et c’est le peuple qui portent ses gens. C’est donc a eux de supporter leur bêtise.

            Dans certains pays d’europe tu peux contracter des prêts que tes petit fils continueront à payer et cela même si cela a été pour s acheter des conneries ( bien souvent c’est de l immobilier mais bon ..) Pour ma part cela montre a quel point parfois les gens n ont pas le sens des responsabilité et de l économie en général. Que le Mali a fait failli avec ses poulets... Comment tenons nous face aux importations Chinoise et Vietnamienne ? Pourquoi ne font ils pas des mesures pour protéger les marché intérieur comme le fait la Chine...

            Ah non c’est vrai c’est des pauvres malheureux .. il faut leur donné plus... je suis pour la suppression totale d’aide. Je pense que l’Afrique peut se reconstruire. L Amérique du Sud le montre bien. Donc stop a l assistanat ( idem en France !) Je n’ai pas honte d être francais et de me regarder dans le miroir. Mais j ai honte des gens qui pleurent qu ils sont riches .. a ceux la je leur dit aller en Inde vivez la bas un mois à leur niveau ça vous fera refléchir !


          • français au grand coeur (---.---.198.172) 4 novembre 2006 13:38

            Dîtes donc smiley, vous ne connaissez rien à l’Afrique je me trompe ? Vous devriez lire le livre « L »Afrique des Idées Reçues" publié aux éditions Belin ! Je ne suis jamais allé en Afrique, mais je me renseigne avant des débiter des imbécilités ! C’est au Congo, et non pas au Mali que l’aviculture à fait fallite. Pour vous ces pays sont tous pareils apparemment. smiley smiley Vous parlez de l’Ethiopie, c’est comme si on prenait l’exemple de Milosevic pour dire que toute l’Europe est pourrie ! Tous les pays Africains ne sont pas instables ! Vous ne devez pas savoir que les pays d’Afrique Anglophone sont plus avancés en moyenne que ceux Francophones ! L’APD (aide publique au développement) ne consiste pas qu’en des dons mais aussi en prêts. Et les chiffres donnés par la France sont bidonnés, ils comprennent des dépense du genre « acceuil des étudiants étrangers ». Aussi quand il y a une annulation d’une partie de la dette d’un pays, c’est compté dans la somme... Quand aux barrières douanières, le FMI demande aux pays de libéraliser leur économie, sinon, ils ne leur donnent plus d’aide. De nombreux pays d’Afrique subventionnaient le riz par exemple, mais on leur a demandés d’arrêter ! L’Amérique du Sud touche aussi de l’aide au développement ! Pareil pour l’Asie, la Chine reçoit des aides ! Voilà une liste des pays qui touchent l’APD, il y a des pays d’Europe parmi eux !! http://www.oecd.org/document/56/0,2340,fr_2649_34447_35832696_1_1_1_1,00.ht ml

            Voilà un peu de lecture ! "En Tanzanie, alors que 14 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, durant les années 1993-94, le gouvernement a dépensé 155 millions de dollars pour rembourser sa dette extérieure, soit deux foix plus que les sommes dédiées à l’amélioration de l’accès à l’eau potable.

            En Zambie, le gouvernement est obligé de consacrer au remboursement de sa dette dix foix ce qu’il destine à l’éducation primaire.

            Le Mozambique, en 1995, a dépensé 3,3% de son budget pour la santé, 7,9% pour l’éducation et 33% pour le service de la dette.

            Le problème de la dette conduit à une aberration dans les relations Nord-Sud : contrairement à l’idée selon laquelle les pays pauvres seraient bénéficiaires nets de l’aide pays riches, c’est exactment l’inverse qui se produit. En 1996, pour 100 francs reçus via l’aide au développement, l’Afrique subsaharienne a remboursé 131 francs au titre de sa dette.

            [...]

            Dans les années 60, pour financer leur développement, les nouveaux Etats indépendants d’Afrique empruntent aux pays riches. Il s’agit alors d’une dette publique bilatérale, avec des taux d’intérêts bas, remboursable à long terme.

            Dans les années 70, le financement du déficit budgétaire américain par un recours à la création monétaire, conduit à l’abandon de la parité dollar/or. Les taux d’intérêtes fixes deviennent flottants, au même titre que l’ensemble des monnaies, et tendent à augmenter.

            En 1973, c’est le premier choc pétrolier, les prix de l’or noir sont multipliés par 4. Les énormes bénéfices réalisés par les pays de l’OPEP (les pétrodollars) sont placés dans des banques internationales privées qui font fructifier cet argent en offrant aux pays du Sud des prêts colossaux. La Banque mondiale suit cette tendance. De 1968 à 1973, elle multiplie ses prêts par 10 et plus encore pendant les 5 années suivantes. Face à la crise dans les économies du Nord, les pays riches poussent les pays du Sud “à la consommation” : en prêtant aux pays en développement, ils espèrent trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits. Les pays du Sud s’endettent massivement et leur dette est multipliée par 12 entre 1970 et 1980. Très peu de contrôle s’exerce alors sur ces prêts, d’autant que, dans le contexte de guerre froide, les pays du Nord poursuivent leurs propres intérêts économiques et politiques.

            Dans le même temps, les prix des matières premières agricoles (café, thé, cacao...) exportées par les pays du Sud baissent, tandis que le coût du remboursement des prêts, libellé en devises occidentales, augmente. Cette chute des termes de l’échange conduit à une diminution de la solvabilité de ces pays.

            Dans les années 80, les États-Unis inaugurent une politique monétariste et relèvent très fortement leurs taux d’intérêt. Pour les pays emprunteurs qui sont mis devant le fait accompli, la charge des intérêts est multipliée par 3. Ils sont ainsi contraints d’emprunter pour rembourser. C’est le début d’une spirale infernale qui débouchera sur la crise de la dette.

            En 1982, le Mexique annonce qu’il ne peut plus honorer sa dette. Les banques commerciales vont s’efforcer de diminuer leur engagement notamment grâce au système des dotations aux provisions qui permet une baisse d’imposition fiscale. Depuis cette crise, les dettes bilatérales et multilatérales, augmentent tandis que les dettes privées* diminuent. En réponse, la Banque mondiale et le FMI conçoivent des programmes d’ajustement structurel* ayant pour but d’assainir les finances publiques des pays endettés et tenter de rétablir leur solvabilité. La bonne réalisation de ces plans devient une condition sine qua non à l’octroi de nouvelles aides.

            Une dette trop souvent injuste et illégitime

            Les taux d’intérêt auxquels ont été souscrits ces emprunts par des pays aux abois, notamment dans les années 80, ne correspondent absolument pas à ce que peut espérer, pouvoir rembourser un pays en développement. Ces pays payent aujourd’hui, au prix fort, les politiques monétaires du Nord, et le manque de soutien de la part des pays riches. Le PNUD estime que dans les années 80, les taux d’intérêts appliqués aux pays pauvres étaient quatre fois supérieurs à ceux accordés aux pays riches. L’histoire montre que les responsabilités sont partagées entre les emprunteurs et les prêteurs. Du côté des emprunteurs, certaines dépenses ont servi pour des réalisations surdimensionnées ou de pur prestige, qui n’ont pas contribué au développement des pays bénéficiaires, et on estime qu’environ 20 % de cette dette a été détournée à des fins personnelles par des régimes corrompus. En 1986, d’après le Wall Street Journal , le président Zaïrois Mobutu possédait dans les banques occidentales 5 milliards de dollars, soit exactement le montant de la dette publique de son pays. Les prêteurs ont, de leur côté, poussé les gouvernants des pays du Sud à s’endetter massivement, parfois dans des projets à la rentabilité douteuse, mais qui permettaient à leurs maîtres d’oeuvre, les entreprises du Nord, de s’enrichir. Aujourd’hui se pose la question du soutien à la démocratie : alors que des prêts colossaux ont été accordés, les yeux fermés, à des dictateurs, ces mêmes pays, essayant de construire un système démocratique, se trouvent obligés de rembourser des dettes qui n’ont pas servi à leur développement. Obliger ces États à rembourser, signifie réduire leur budget utile, donc accroître la pauvreté et déstabiliser la démocratie en suscitant le mécontentement populaire. Les pays riches sont souvent réticents à annuler purement et simplement la dette des pays du Sud, car celle-ci est un instrument de domination sur ces pays. Les pays créanciers peuvent s’en servir pour faire pression sur les gouvernements débiteurs pour des marchés publics ou pour obtenir leur soutien au niveau régional ou international. Le contrôle des pays du Sud par le Nord est ainsi renforcé.

            Un exemple de dette odieuse : l’Afrique du Sud Malgré l’embargo qui frappait l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid, plusieurs banques (en particulier allemandes et suisses) ont soutenu le régime à travers leurs financements. Alors que la majorité noire a enfin accédé au pouvoir, celle-ci doit rembourser les emprunts qui ont servi à l’opprimer. Cette dette inique fragilise le régime démocratique, qui doit faire face à d’énormes besoins sociaux. 90% des 41 milliards de dollars de la dette sud-africaine sont détenus par les banques des États-Unis, de l’Allemagne, de la Suisse et du Royaume-Uni. Cette situation est d’autant plus injuste que la plupart des pays très endettés ont déjà remboursé l’équivalent du principal de leur dette. Aujourd’hui ces pays, pris dans le cercle vicieux de l’endettement, empruntent pour pouvoir rembourser leurs dettes. Cela ne fait qu’accroître leur stock de dettes, sans permettre que cet argent soit investi dans le développement. En 1996, alors que l’Afrique a déjà remboursé l’équivalent de deux fois le montant de sa dette extérieure de 1980, elle se trouve, au final, trois fois plus endettée."

            Source : http://www.dette2000.org/data/File/comprendreleproblemedeladette_pfdd1999.p df
            — 

            Vous avez des pays qui dépensent la *majorité* de leur budget à rembourser leur dette ! Et le FMI et la Banque Mondiale leur ordonnent (en plus de la libéralisation économique) de baisser leurs dépenses budgétaires en santé et en éducation ! Pas étonnant qu’ils ne se développent pas ! Ces politiques du FMI et de la BM ont provoquées la crise financière en Asie du Sud-Est ! Renseignez vous sur les politiques d’ajustement structurels.


          • faxtronic (---.---.127.45) 20 octobre 2006 17:11

            Ah bon, la norvege annule la dette de la France ?

            Je suis contre l’aide au developpement. Chacun pour sa pomme.


            • LABESSE (---.---.150.53) 22 octobre 2006 18:58

              Toujours contre les aides au développement Faxtronic smiley


            • Ocelot à oslo (---.---.64.135) 20 octobre 2006 17:32

              Si la norvege annule ses dettes ,c’est qu’elle n’a plus de pétroles pour négocier les avantages de l’europe sans y entrer !


              • pedro38 (---.---.120.173) 20 octobre 2006 17:34

                On en entend de bonnes ici !

                Tout d’abord, l’idée que les dettes contractées par un « dictateur » soient forcément illégitimes. Pourquoi ? Si les Chinois empruntent pour construire des infrastructures, c’est illégitime, par exemple ??

                Ensuite, être contre l’aide au développement parce que « chacun pour sa pomme ». C’est contradictoire : si tu ne veux pas que d’autres types viennent la manger, ta pomme (parce qu’ils n’auront pas le choix, et rien à perdre), tu ferais bien de réfléchir globalement.

                Enfin, il serait temps de reconnaître qu’une bonne partie de ces dettes sont effectivement illégitimes : quand on achète un chef d’état pour qu’il s’endette à notre profit, ou qu’on le contraint à des choix économiques auxquels il ne peut se soustraire et qui le conduisent à s’endetter à notre profit, c’est injuste, et c’est le peuple qui trinque.

                Donc, faisons le tri entre ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas (tout n’est pas illégitime quand même !), et annulons enfin ce qui est abusif...


                • ZEN zen 20 octobre 2006 20:55

                  Un petit détour nécessaire pour approfondir le problème :

                  http://www.france.attac.org/article.php3?id_article=309


                  • Amand Bonaldi (---.---.57.25) 22 octobre 2006 15:33

                    Excellent lien, Zen. Merci.

                    Le livre « L’Empire de la honte » de Jean ZIEGLER proposé par Mickey Mouse est très interessant à lire.

                    Bien à vous

                    A.B.


                  • Darkfox (---.---.141.125) 23 octobre 2006 17:36

                    le rapport oublie sans doute les quelques problèmes pour s implanter en Afrique ... Car le risque d implatation y est important. La Cote d’Ivoire en est un exemple.


                  • Mickey Mouse (---.---.43.59) 20 octobre 2006 21:41

                    Bonne article ! Merci ! Et à ce propos je ne saurais que conseiller la lecture de l’EXCELLENT livre « L’Empire de la honte » de JEAN ZIEGLER - Edition Fayard, Paris, 2005, 323 pages, 20 euros.

                    http://www.amazon.fr/Lempire-h...

                    Biographie de l’auteur : Jean Ziegler est rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels La Suisse lave plus blanc (1990), La Suisse, l’or et les morts (1997), Les Nouveaux maîtres du monde (2002).

                    Présentation de l’éditeur : Nous assistons aujourd’hui à un formidable mouvement de reféodalisation du monde. C’est que le 11 septembre n’a pas seulement été l’occasion pour George W. Bush d’étendre l’emprise des Etats-Unis sur le monde, l’événement a frappé les trois coups de la mise en coupe réglée des peuples de l’hémisphère Sud par les grandes sociétés transcontinentales. Pour parvenir à imposer ce régime inédit de soumission des peuples aux intérêts des grandes compagnies privées, il est deux armes de destruction massive dont les maîtres de l’empire de la honte savent admirablement jouer : la dette et la faim. Par l’endettement, les Etats abdiquent leur souveraineté ; par la faim qui en découle, les peuples agonisent et renoncent à la liberté. Cette formidable machine à broyer et à soumettre ne supporte plus aucune des limitations que le droit international prétendait traditionnellement imposer aux rapport entre les États et entre les peuples. Du coup, c’est le régime de la violence structurelle et permanente qui, partout, gagne du terrain au Sud, tandis que le droit international agonise. Mais qui sont donc ces cosmocrates qui, peu à peu, privatisent jusqu’à l’eau que les peuples doivent désormais leur acheter ? Ce livre traque leurs méthodes les plus sournoises : ici on brevète le vivant, là on casse les résistances syndicales, ailleurs on impose la culture des OGM par la force. Oui, c’est bien l’empire de la honte qui s’est mis subrepticement en place sur la planète. Mais c’est précisément sur la honte qu’est fondé le ressort révolutionnaire, comme nous l’ont appris les insurgés de 1789. Cette révolution, elle est en marche : insurrections des consciences ici, insurrections de la faim là-bas. Elle seule peut conduire à la refondation du droit à la recherche du bonheur, cette vieille affaire du XVIIIe siècle. Jean Ziegler, qui témoigne ici d’une connaissance exceptionnelle du terrain, y appelle sans réserve en conclusion.


                    • caturia (---.---.3.198) 21 octobre 2006 16:07

                      Pour être à même d’abandonner des dettes ou de les rembouser c’est très simple. La Norvège qui engrangera cette année bien plus que 65 milliards de $ est capable de faire ce geste. Quand à la Russie par exemple, ses rentrées pétrolières lui permet de rembourser de manière accélérée toutes ses dettes et d’éliminer ainsi toute pression jugée innoportune.

                      Quant à la France, qui n’a ni un Parlement, ni une véritable justice respectée pour le bon motif qu’elle n’est pas respectable, elle n’a ausurplus plus le sou. Alors le bavardage ....


                      • Amand Bonaldi (---.---.57.25) 22 octobre 2006 15:28

                        @ TSAKADI,

                        Très bon article et bravo pour la Norvège.

                        J’espère que cette démarche, non moins inattendue de la part d’un pays comme la Norvège, puisse faire des adeptes au sein du Club des pays riches...

                        Annuler la dette d’un pays pauvre est-ce un geste suffisant pour l’aider tout en cautionnant le « Roitelet usurpateur » imposé pour servir des « douteux intérêts » au détriment du bien être de son peuple et de tout éveil démocratique ?

                        Cordialement.

                        A.B.


                        • Jojo2 (---.---.218.131) 22 octobre 2006 18:44

                          Vu ce qu’on paye à la Norvège...alors qu’elle n’y est pour rien si elle a du gaz et du pétrole...

                          « La politique norvégienne vise à maintenir le prix du pétrole à un niveau stable et raisonnablement élevé »

                          Je me dis qu’on participe un peu...


                          • Josh (---.---.246.172) 23 octobre 2006 09:06

                            L’endettement massif des pays africain n’est qu’une consequence de la politique ultra-liberale de Jean-Pierre Raffarin et de sarkozy le toutou de bush qui veulent privatiser la SNCF et l’éducation nationale.


                            • Darkfox (---.---.141.125) 23 octobre 2006 17:34

                              Ben voyons.. et les extraterrestres aussi il ont modifié la trajectoire de la planète pour que tu paies moins d impots. Tu fumes quoi le matin ? Il n y a rien à voir entre Raffarin , EDF SNCF et la dette des pays africains ..

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