La République du Ghana a 50 ans
Le 6 mars dernier, la République du Ghana fêtait les cinquante ans de son indépendance.
Il est bon de rappeler que ce pays est le premier d’Afrique noire à avoir obtenu son indépendance, ouvrant ainsi la voie à de nombreux autres Etats. L’économie du Ghana repose essentiellement sur l’exportation des richesses du sous-sol, comme la bauxite ou l’aluminium et sur l’agriculture, la culture du cacao principalement. L’industrie y est plus développée que dans la plupart des pays voisins et s’appuie notamment sur la métallurgie et le raffinage d’hydrocarbures. La croissance est d’environ 4 % sur les vingt dernières années et la situation du pays en matière de pauvreté s’est nettement améliorée pour un pays qui se trouvait à la traîne au débute des années 80.
Cependant, alors que l’on a mis des moyens importants pour célébrer une date essentielle dans l’histoire de ce pays et, plus généralement, dans l’histoire de l’Afrique et de sa décolonisation, des voix s’élèvent pour nuancer ce bilan. C’est le cas de Gertrude Eugenia Davidson, journaliste au Ghanaian Chronicle.
Tout d’abord, elle s’étonne que tant d’argent ait été engagé dans ce cinquantenaire, le Ghana, selon elle, ne pouvant pas se permettre de telles dépenses et devant rester dans la mesure. Elle rappelle que le niveau de vie reste faible, malgré les progrès entrevus. En moyenne, on considère que les revenus se situent autour de 450 dollars par an et par habitant. Mais si ce chiffre augmente, les prix augmentent aussi et de manière spectaculaire. L’inflation est aujourd’hui de 15 % et près d’un tiers de la population demeure démuni. 1 ghanéen sur 10 vit dans des conditions d’extrême pauvreté. Et la journaliste s’offusque alors d’une telle utilisation de l’argent qui, selon elle, devrait plutôt aller vers les plus démunis.
Gertrude Eugenia Davidson s’étonne également de certaines priorités gouvernementales et s’insurge que l’on privilégie la chasse aux moustiques dans les égouts de la capitale plutôt que de créer un centre commercial digne de ce nom pour permettre au commerce de se développer.
Enfin, elle explique que si le Ghana grandit, il ne mûrit pas pour autant. Mais ce pays peut-il vraiment mûrir ? Il ne tient que grâce à l’assistanat des pays étrangers comme le Canada qui a, entre 2000 et 2005, versé plus de 195 millions de dollars canadiens en aide publique au développement. Cet assistant n’a-t-il pas des effets pervers, ceux d’une « colonisation économique », c’est-à-dire une aide non pas destinée à permettre cette fois-ci, l’indépendance économique des pays africains mais leur exploitation et surtout l’exploitation de leur richesse ? Ne faut-il pas là aussi, quand on verse de telles sommes d’argent, vérifier l’usage de ces fonds ? Si l’on veut que l’Afrique règle à la fois ses problèmes politiques et économiques, ne faut-il pas veiller à ce que cet argent soit dirigé vers des causes plus sociales qu’une grande célébration ou que la lutte contre les moustiques de la ville, qui de toute manière reviendront tant que la situation sanitaire d’Accra sera telle qu’elle est aujourd’hui ? Tant de questions que le riche Occident doit se poser s’il veut lutter comme il le prétend contre la famine, la pauvreté et l’analphabétisme.
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