La « révolution » en Amérique Latine : l’exemple vénézuélien
L'Amérique Latine change tous azimuts et la mort d'Hugo Chavez ne modifiera pas fondamentalement la donne pour le court terme.
1998 a marqué pour l'Amérique Latine un grand tournant vers des pouvoirs nouveaux, des gouvernements étiquetés à gauche selon la vieille et dépassée terminologie française.
1998 c'est l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez au Vénézuéla et d'autres pays vont lui emboiter le pas.
Dans ces pays ce sont les années 90 d'un néolibéralisme débridé, puis les crises économiques qui s'ensuivent qui ont précipité les changements politiques par le biais des élections.
Après l'installation des nouveaux pouvoirs les votes intermédiaires ont été des votes de reconnaissance avec des progrès sociaux et une croissance économique indéniable.
Cristina Kirchner en Argentine, Evo Moralès en Bolivie, Rafael Correa en Equateur, Chavez ont bénéficié de cette croissance qu'ils ont su accompagner et amplifier .
Les effets des transformations sont là, basés sur le boom des extractions dans les années 2000.
Le baril de pétrole vénézuélien par exemple est passé de 10 dollars à 100 dollars.
Le modèle extractiviste conduit à mettre en place des projets sociaux pour lutter contre la pauvreté.Une politique volontaire en faveur des laissés- pour- compte du néolibéralisme effrené.
Il est vrai que, lorsque les industries extractives sont nationalisées, les marges fiscales de l'état permettent de mettre en place des" missions" pour le logement, la santé, l'éducation.
Le gouvernement Chavez a créé 23 universités,a construit des logements,a mis en place un système de soins pour le plus grand nombre.
Mais on ne peut parler de véritable rupture irréversible avec le régime précédent même pour le Vénézuéla du défunt président.
La politique se trouve certes réhabilitée aux yeux des plus pauvres ; le retour de l'état est bien là.
Des agences de régulation ont été mises en place.
La politique sociale par des transferts importants de richesses est ciblée sur les plus pauvres.
Mais il n'y a pas de changement fondamental en matière de politique fiscale par la faute entre autre cause de la faiblesse de l'état et de ses organismes institutionnels. Il n'y a pas de véritable politique fiscale de redistribution pour l'ensemble de la population.
La part du privé dans le PIB reste sensiblement la même.Les entreprises privées apportent leur part à la richesse nationale.
Les inégalités baissent sans être drastiquement éradiquées.
Les résultats sont, malgré ces réserves, positifs : au Vénézuela en 1998, 48 à 50% de la population étaient sous le seuil de pauvreté ; en 2012 seulement 23 à 26% des vénézuéliens sont recensés sous le seuil de pauvreté.
Sur le long terme on peut se demander si les transformations ne risquent pas d'être remises en cause par le fait que les infrastructures vénézuéliennes n'ont pas évolué dans les grandes dimensions, qu'il n'y a pas de véritable modernisation de l'appareil productif,qu'il n'y a pas de diversification des productions (80% des produits alimentaires sont importés des Etats Unis).
La dette publique augmente (le Vénézuéla a des crédits chinois). Et l'insécurité est à son comble dans les grandes villes.
La population défavorisée reste, malgré les incertitudes de l'avenir, favorable au gouvernement en place et au dauphin du président Chavez, Nicolas Maduro Moros.
Hugo Chavez avait 7 millions 300 000 voix en 2006 et à la dernière élection il culminait à 8 millions 200 000.
La participation aux élections était de 30% entre 1958 et 1998, et pour la présidentielle de 2012 elle atteignait 80%, la démocratie participative locale encadrée ou pas expliquant sans doute cette situation.
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