La Tunisie de l’après Ben Ali
Les événements qu’a connus
L’Egypte a connu plusieurs fois des manifestations de rue aussi sanglantes et beaucoup plus importantes et pourtant le président Moubarak ne s’est pas enfui comme Ben Ali. Casablanca a vécu dans les années soixante de chaudes journées d’émeutes. Cela n’avait pas changé pour autant le destin du régime marocain.
Plus récemment encore en Algérie des manifestations succèdent les unes aux autres. Elles ont les mêmes causes et les mêmes motivations que celles de
Si le président Ben Ali est tombé c’est qu’il a été lâché par les hommes forts de son armée. Les militaires qui n’ont rien entrepris pour mater l’insurrection ont du certainement conseiller pour ne pas dire imposer au président de partir...Leurs services de renseignement ne devaient pas certes ignorer le degré d’impopularité atteint ces derniers temps par le chef de l’Etat et toutes les rumeurs qui circulaient parmi les intellectuels et les jeunes au sujet des malversations commises par la première dame de
Le régime de Ben Ali est tombé. Une partie des Tunisiens crient victoire et entrevoient l’avenir avec optimisme. Pour la jeunesse la chute du « dictateur » va ouvrir de nouveaux horizons et permettre enfin l’institution d’un régime démocratique. Pour beaucoup de Tunisiens plus prudents et surtout plus réalistes, l’avenir du pays reste très incertain. Le départ de Ben Ali va entraîner le retour sur la scène politique nationale de tous les ténors de l’opposition avec pour chacun d’eux une vision différente quant à la forme de cette IIIe République. Si Ahmed Chebbi, Moustafa Jaafar,et Ahmed Ibrahim, respectivement chefs des partis : démocratique progressiste, Forum pour le travail et la liberté et Ettajdid, ont accepté de participer au nouveau gouvernement, il n’en est pas de même pour Moncef Marzouki leader du Congrès pour
Il est donc aisé de constater qu’après moins de vingt quatre heures de sa formation le nouveau gouvernement Ghannouchi est déjà rejeté par une grande partie de la classe politique tunisienne. Cette situation laisse deviner que les prochaines élections si jamais elles sont organisées, donneront lieu à une mosaïque de petits partis politiques et groupes sociaux très difficiles à s’entendre pour former une coalition gouvernementale susceptible d’assurer une stabilité politique dans le pays.
Il est donc fort à craindre de voir le pays basculer dans une situation incontrôlable qui pourrait être exploitée par les Islamistes ou amener les militaires à s’emparer du pouvoir. Le monde entier attend avec impatience et curiosité ce qui va se passer en Tunisie au cours des prochains mois. Le temps va par conséquent nous apprendre si les Tunisiens se comporteront en peuple mûr, apte à cohabiter dans un régime démocratique ou nous montrer au contraire que leur « Intifada » n’est qu’un feu de paille, provoqué par la colère passagère d’une jeunesse désabusée par les injustices et la corruption de l’ancienne administration.
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