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Le centenaire de John F. Kennedy

« Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ! » (JFK, le 20 janvier 1961, à sa prise de fonction).

Les citoyens américains célèbrent ce lundi 29 mai 2017 le 100e anniversaire de la naissance de John Fitzgerald Kennedy, leur 35e Président devenu mythique. Au-delà de sa famille, de sa jeunesse et de sa modernité, son assassinat, le 22 novembre 1963 à Dallas, bien avant la fin de son premier mandat, a profondément choqué le peuple américain, sans savoir d’ailleurs répondre à la question cruciale : qui a voulut tuer Kennedy ? Plus de cinquante ans plus tard, le peuple américain a élu Donald Trump au même poste.

En France, la figure de John F. Kennedy a été récemment évoquée lors de l’élection d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République française. Jeune, moderne, rompant avec beaucoup d’usages politiques, déplaçant les lignes, Emmanuel Macron, à 39 ans, a suscité la sympathie et le bénéfice du doute dans la nouveauté.

John Kennedy aussi a suscité de la sympathie et, par audace, il s’était opposé au dauphine "prévu" du grand général Dwight Eisenhower. Au moment de son élection et de sa prise de fonction, Kennedy avait 43 ans, le plus jeune Président des États-Unis élu, pas le plus jeune en fonction puisque Theodore Roosevelt, Vice-Président, a succédé, à l’âge de 42 ans, à William MacKinley le 14 septembre 1901 après l’assassinat de ce dernier (il n’a été élu que le 8 novembre 1904).

Mais il faut arrêter là la comparaison entre Kennedy et Emmanuel Macron, il faut la limiter seulement à l’âge, la modernité et peut-être au charisme.

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Car John Kennedy n’était pas un novice de la vie politique américaine. À son élection, il avait déjà quatorze ans d’expérience de parlementaire des États-Unis, élu dans le Massachusetts : député de 1947 à 1953 (il fut élu à l’âge de 29 ans), puis sénateur de 1953 à 1960. De plus, il était le candidat officiel des Démocrates, l’un des deux grands partis au pouvoir aux États-Unis, celui de Franklin Delano Roosevelt et de Harry Truman, qui avait gouverné encore huit ans avant cette élection.

Pour ses élections et réélections parlementaires (cinq en tout : 1946, 1948, 1950, 1952 et 1956), et en particulier pour conquérir le siège de sénateur à un sénateur républicain sortant, JFK a bénéficié de tout son clan familial et en particulier, de la volonté de son père Joseph Patrick Kennedy de mettre l’un de ses fils à la Maison-Blanche.

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Joseph Patrick Kennedy, millionnaire, s’était enrichi dans les années 1920 en initiant des bulles spéculatives. Il fut descendant d’émigrés irlandais, le gendre du maire de Boston où il a vécu, il apporta un soutien économique à son ami Franklin Delano Roosevelt qui l’a nommé ambassadeur des États-Unis à Londres du 17 janvier 1938 au 22 octobre 1940. Il comptait même se présenter à la succession de Franklin D. Roosevelt avant la guerre, mais il fut discrédité pour son isolationnisme et son souhait de négocier avec Hitler. Sa démission est devenue inévitable quand Franklin Roosevelt a fait entrer en guerre les États-Unis.

Deux de ses fils furent candidats à l’élection présidentielle, Jack (John) et Bob (Robert) et les deux furent assassinés. Ted (Edward), bien plus jeune, a eu des velléités de candidature durant les années 1970 et 1980 (mais rattrapé par une affaire sordide). Pourtant, c’était le fils aîné, Joseph Jr, qui avait été programmé pour cette élection, qui avait suivi de brillantes et coûteuses études à Harvard et qui avait déjà été désigné, en 1940, comme délégué du Massachusetts pour la Convention démocrate qui allait élire pour la troisième fois Franklin Roosevelt à la candidature démocrate. Sa mort prématurée le 12 août 1944 au cours d’une mission d’aviation militaire transforma alors le destin tracé de journaliste du deuxième fils, John.

Cela n’a donc rien à voir avec Emmanuel Macron qui n’était pas dans une famille qui voulait, depuis une génération, conquérir la magistrature suprême. Un point de comparaison néanmoins peut être évoqué avec l’activité bancaire et boursière de Joseph Kennedy (le père) qui, bien que spéculateur, fut nommé en 1934 par Franklin Roosevelt le premier président de la Securities and Exchange Commission, en d’autres termes, l’organisme de régulation des marchés, le "gendarme de la bourse", dans le cadre de son New Deal.

Ce fut une surprise lorsque John F. Kennedy s’est déclaré candidat le 2 janvier 1960. En moins d’un an, il remporta les primaires démocrates (face à Hubert Humphrey, Adlai Steveson et Lyndon B. Johnson, qui devint son colistier), puis l’élection elle-même face au candidat républicain Richard Nixon. Ses débats télévisés ont conforté l’image d’un Kennedy jeune et charismatique face à un Nixon mal rasé, fébrile et peu habitué à la caméra (Nixon était pourtant à peine plus âgé que Kennedy, 47 ans au moment de l’élection).

Le jour de son investiture comme Président des États-Unis, Kennedy a prononcé un fameux discours, comme la phrase en tête de cet article adressé aux citoyens américains, et qu’il compléta aussi à l’adresse du monde entier : « Vous qui, comme moi, êtes citoyens du monde, ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour le monde, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le monde. ».

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En plus de ses qualités personnelles, John Kennedy s’est fait élire aussi sur un programme politique novateur, avec une capacité de faire rêver les Américains, comme se donner l’objectif de faire marcher l’homme sur la Lune.

C’est probablement cela qui a été le résultat le plus concret de sa courte présidence (moins de trois ans), avec une double motivation, le défi technologique avec des retombées nombreuses dans d’autres secteurs industriels que le spatial, et la compétition avec l’Union Soviétique qui avait réalisé le premier vol habité dans l’Espace le 12 avril 1961 (Youri Gagarine).

Il faut aussi rappeler que ce mois d’avril 1961 fut une double humiliation pour les Américains face aux Soviétiques, moins de trois mois après la prise de fonction de Kennedy : humiliation spatiale avec Gagarine mais aussi humiliation politique après l’échec lamentable du débarquement de la Baie des Cochons pour renverser Fidel Castro du pouvoir à Cuba (du 17 au 19 avril 1961), jetant ainsi le dictateur barbu dans les bras des communistes.

Le programme Apollo a été lancé par Kennedy le 25 mai 1961 devant le Congrès américain : « Notre nation doit s’engager à faire atterrir l’homme sur la Lune et à le ramener sur Terre sain et sauf avant la fin de la décennie. ». Le 12 septembre 1962 à Houston, il a confirmé le programme : « Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile. Parce que cet objectif servira à organiser et à offrir le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que c’est le défi que nous sommes prêts à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter, tout comme les autres. ».

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L’objectif a été atteint en moins de dix ans : les deux premiers hommes à avoir marché sur la Lune furent Neil Armstrong et Buzz Aldrin le 21 juillet 1969 (Apollo XI). C’était trop tard pour JFK et son frère, assassinés entre temps, mais ce fut juste avant la mort du patriarche Joseph Kennedy Sr (le 18 novembre 1969).

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C’est peut-être une illustration de ce qu’est un grand politique : à la fois pragmatique, réagissant à des événements en lançant d’autres événements, ce qui est moralement pas très élevé (ce serait celui qui aurait la plus "grosse"), et aussi visionnaire, capable de se convaincre qu’il n’y a pas de grand pays sans grande ambition. À l’origine, Kennedy n’était d’ailleurs pas un chaud partisan du programme spatial mais avait trouvé cette idée (dictée par Lyndon Johnson) excellente pour redorer l’image des États-Unis.

Sur le plan international, il a dû faire face à la construction du mur de Berlin le 13 août 1961 et à la crise des missiles soviétiques à Cuba du 16 au 28 octobre 1962. L’un de ses discours les plus marquants fut à Berlin, près de la Porte de Brandebourg, le 26 juin 1963, à la fois provocateur et visionnaire : « Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste. Qu’ils viennent à Berlin ! (…) Lass sie nach Berlin kommen ! (…) Nous n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur (…) pour empêcher notre peuple de s’enfuir. (…) Il y a deux mille ans, la plus grande marque d’orgueil était de dire civis romanus sum. Aujourd’hui, dans le monde libre, la plus grande marque d’orgueil est de dire Ich bin ein Berliner ! ».

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Le mois d’avril 1961 a été fondateur dans le mandat de John Kennedy. Le 27 avril 1961, il a prononcé devant la presse un discours qui résonne étrangement dans l’actualité récente, avec d’autres ennemis, le terrorisme islamiste : « Notre mode de vie est attaqué. Ceux qui se font notre ennemi s’avancent autour du globe. La survie de nos amis est en danger. Et pourtant, on n’a déclaré aucune guerre (…). Aucune guerre n’a jamais posé une menace plus grande à notre sécurité. (…) Le danger n’a jamais été plus clair et sa présence n’a jamais été plus imminente. Cela exige un changement de perspective, un changement de tactique, un changement de missions, par le gouvernement, par le peuple, par chaque homme d’affaires, chaque leader de travail et par chaque journal. Car nous sommes confrontés, dans le monde entier, à une conspiration monolithique et impitoyable qui compte principalement sur des moyens secrets pour étendre sa sphère d’influence par l’infiltration plutôt que l’invasion, la subversion plutôt que les élections et l’intimidation au lieu du libre-arbitre. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (29 mai 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Zbigniew Brzezinski.
JFK, avant tout pragmatique et visionnaire.
La nouvelle frontière de John F. Kennedy.
Ted Kennedy.
Incompréhensions américaines.
La dernière navette spatiale (avril 2011).
Les premiers pas de Donald Trump.
Obama termine européen.
Cassandre ?
Donald Trump, 45e Président des États-Unis.
La doxa contre la vérité.
Peuple et populismes.
Issue incertaine du match Hillary vs Donald.
Donald Trump, candidat en 2016.
Match Hillary vs Donald : 1 partout.
Hillary Clinton en 2016.
Hillary Clinton en 2008.
Donald Trump et Fidel Castro ?
La trumpisation de la vie politique américaine.
Mode d’emploi des élections présidentielles américaines.
Idées reçues sur les élections américaines.
Malcolm X.
Le 11 septembre 2001.
Honneur aux soldats américains en 1944.
Hommage à George Stinney.
Obama et le "shutdown".
Troy Davis.
Les 1234 exécutés aux États-Unis entre 1976 et 2010.
La peine de mort selon Barack Obama.
Barack Obama réélu en 2012.
Ronald Reagan.
Gerald Ford.
Jimmy Carter.
Al Gore.
Sarah Palin.
John MacCain.
George MacGovern.
Mario Cuomo.

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3 réactions à cet article    


  • François Vesin François Vesin 29 mai 2017 11:08

    « Car nous sommes confrontés, dans le monde entier, à une conspiration monolithique et impitoyable qui compte principalement sur des moyens secrets pour étendre sa sphère d’influence par l’infiltration plutôt que l’invasion, la subversion plutôt que les élections et l’intimidation au lieu du libre-arbitre. »


    Il suffit juste de remplacer le début de la phrase de JFK par :
    « nous allons mettre en place une conspiration...etc »
    et le tour est joué on se retrouve servilement macronisé !!!


    • zygzornifle zygzornifle 29 mai 2017 14:20

      rien a foute du centenaire de Keneedy ou du bazar autour de de Gaulle , ils appartiennent au crétacé et ce ne sont pas leur mémoire qui fait bouillir ma marmite de sans dents .... 


      • ZenZoe ZenZoe 31 mai 2017 09:44

        L’homme derrière le mythe était bien moins lumineux que sa légende. Obsédé sexuel, drogué jusqu’aux yeux et mafia-compatible entre autres. D’ailleurs, toute la famille était un peu louche.
        Il faut aussi oublier les comparaisons, à quoi ça peut bien rimer ? JFK c’est JFK, et Macron c’est Macron.

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