Depuis 15 mois qu’il est arrivé à la tête du Japon, Shinzo Abe a révolutionné la politique de son pays, pour le sortir de la déflation et de la langueur dans laquelle il est enfermé depuis plus de 20 ans. Les annonces de hausses de salaires dans les grandes entreprises annoncent-elles son succès ?
Un pas dans la bonne direction
Après une année 2013 aux résultats démultipliés par la baisse du yen, qui a considérablement fait progresser leurs profits, les grandes entreprises exportatrices abordaient l’année 2014 avec des marges de manœuvre pour répondre aux demandes du premier ministre d’une augmentation des salaires pour cette année.
Toyota a ainsi annoncé une augmentation globale de 7,6% cette année, la plus forte depuis la bagatelle de 21 ans ! L’entreprise n’est pas la seule puisque Nissan, Honda, Panasonic et Hitachi ont déjà annoncé qu’elles allaient suivre la même politique.
Une politique globale cohérente
Ce qui est passionnant avec la politique économique menée par Shinzo Abe est sa cohérence absolue. Le pays souffre de symptômes déflationnistes depuis plus de deux décennies, avec des prix et des salaires au mieux stables ou légèrement à la baisse. Ce faisant, il n’y a plus de croissance, les déficits restent élevés et la dette ne cesse de progresser. Après plusieurs essais de politiques alternatives qui avaient échoué dans le passé, Shinzo Abe a proposé un ensemble cohérent et fort : accélération du programme de soutien de la Banque du Japon, assurant le financement de la dette et poussant le yen à la baisse, donnant un coup de fouet de compétitivité aux entreprises japonaises qui exportent.
Mais il y a aussi ajouté un plan surprise de relance budgétaire pour soutenir la demande interne. Mieux, le premier ministre veut absolument pousser les prix à la hausse pour casser la logique de déflation. La baisse du yen, et donc l’augmentation du prix des produits importés, contribuent à une remontée de l’inflation. La hausse de la TVA va également soutenir la hausse des prix, tout comme les demandes de hausses de salaires. Bref, tous les éléments de son plan économique semblent conçus d’une manière parfaitement complémentaire, ce qui pousse à l’optimisme pour les résultats à venir.
Bien sûr, la trajectoire du Japon n’est pas encore certaine. Le pays souffre de l’arrêt de ses centrales nucléaires et de l’envolée des importations d’hydrocarbures. Et le pari des hausses des salaires n’est pas encore gagné. Malgré tout, comment ne pas admirer le volontarisme d’un gouvernement qui ose remettre en cause les idées préconçues pour essayer d’améliorer la vie de ses concitoyens ?