Le « Mégaman »
Nous avons une copine vénézuélienne qui vit en France depuis plusieurs années. Mais dès qu'elle le peut, que l'occasion se présente, elle s'envole vers son beau pays, ne serait-ce que pour y retrouver sa famille.
Depuis début juillet elle profite, et elle a bien raison, des plages caribéennes et du soleil dictateur... mais pas seulement ! Car nous lui avons confié une mission : de nous faire part de l'ampleur de la campagne présidentielle, où Hugo Chavez est candidat à sa réélection en octobre prochain.
Les choses semblent limpides encore une fois, à la question : "Que pensez-vous de Chavez ?", toutes les réponses sont les mêmes, et ce où qu'elle aille : "Chavez est le président du peuple !" lui affirment ses compatriotes avec ferveur. D'ailleurs, elle reste stupéfaite par la passion toujours intacte dont bénéficie le candidat pléthorique, malgré les années, les remous, la maladie... Hugo est increvable, il est un "mégaman" comme elle dit ! Une sorte de "surhomme" donc, pour employer la syntaxe nietzschéenne mieux appropriée.
D'autres le qualifieraient plutôt de "mégaloman", ne voyant dans ses discours qu'excès d'égo exacerbé... Certes, il parle, et beaucoup, où qu'il soit, où qu'il se déplace, dans un village ou à la télévision, mais il suffit d'écouter pour comprendre que sa parole aisée n'a d'autre but que d'expliquer tout le travail mis en oeuvre, et de convaincre du bien fondé de la révolution bolivarienne en cours... Il est évident que ses méthodes sont à l’opposé de celles de nos politiques corrompues relayées par la propagande de nos médias formatés, mais comment pourrait-il en être autrement ? Que serait un révolutionnaire qui emprunterait aux sournois leur langue de bois ? Ainsi, tel Zarathoustra descendant de la montagne, Chavez ne parle que pour enflammer les consciences de ses frères, rien de plus, mais surtout rien de moins !
Mais ce n'est pas tout, il y a les autres, l'opposition, les grosses chaînes de télé, les freluquets comme aime à les appeler le président populaire, et toute cette jeunesse dépravée par le modèle américain qui clame qu'au contraire : Chavez est un dictateur, et que la violence est à cause de lui !
Il est vrai que l'insécurité existe et qu’elle touche essentiellement les couches les plus pauvres, mais il faut laisser le temps aux réformes sociales de produire leurs effets en profondeur (entre 2001 et 2010, le pourcentage de pauvres est passé de 48,6% à 27,8% et dans les onze dernières années, le gouvernement d'Hugo Chavez a investi près de 400 milliards de dollars en dépenses sociales destinée à améliorer les conditions de vie des secteurs les plus modestes). Et d'ailleurs, on a du mal à voir ce que l'opposition propose pour remédier à cela, elle qui eut le pouvoir pendant des décennies et qui par la même est responsable de la pauvreté structurelle du pays, de l'analphabétisme de masse, de la privatisation des ressources naturelles... avec l'approbation officielle des États-Unis, seuls prescripteur du respectable label démocratique.
Donc "l'insécurité" à laquelle font face les bons bourgeois de Caracas est toute relative, ils ont perdu leur hégémonie politique ça c'est sûr, mais ils ont conservé leurs magots et leurs villas et les coffres, tout en bénéficiant des diverses pensions qu’alloue le gouvernement Chavez à tous depuis ses réformes sociales... Alors en attendant, ce n'est pas avec leurs chaînes de télé remplies de programmes à la con, tels que séries hyper violentes, films de guerre Hollywoodien, et divertissements abrutissants, qu'ils vont remédier au problème. La propagande n'est pas dévastatrice que chez nous !
Alors on comprend mieux le choix de la grande majorité du peuple vénézuélien, au-delà des insultes et des sabotages de l’empire. Chavez de nouveau président, plus qu’une probabilité, une nécessité !
Cédric Bernelas & Yohan De Doncker
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