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Accueil du site > Actualités > International > Les révolutions arabes : le cas particulier de l’Algérie

Les révolutions arabes : le cas particulier de l’Algérie

 Les uns après les autres et semaine après semaine, des régimes arabes s’effondrent et s’effritent sous la ruée de leurs peuples affamés de liberté et décidés plus que jamais à briser ce joug honteux et inacceptable qui les asservit à la volonté et aux caprices d’un führer, despote et dominateur. Le mérite revient aux Tunisiens qui, les premiers, ont décide de secouer les puces. La révolution égyptienne ne tarda pas à suivre. Bien entendu ce ne fut pas facile. Des « présidents-rois », inamovibles étaient prêts à tout entreprendre pour ne pas céder aux pressions populaires et pour perpétuer un pouvoir devenu indispensable à leur existence. Le libyen Mouammar Kadhafi ou encore le yéménite Abdullah Salah offrent les meilleurs exemples de l’obstination de ces hommes politiques qui refusent de comprendre et encore moins d’admettre qu’ils sont là pour un temps et par la volonté de leurs peuples

 Si dans les Etats arabes les conjonctures politiques et sociales diffèrent d’un pays à l’autre, il n’en reste pas moins qu’ils ont un point commun à savoir que leurs présidents se considèrent presque tous comme étant des surhommes, des surdoués, bref les seuls citoyens compétents, clairvoyants et aptes à gouverner. Le fait qu’ils sont venus au pouvoir, pour la plupart, à la suite d’un coup d’Etat militaire, semble leur conférer -du moins ils le croient- un certain droit de propriété et de jouissance, une légitimité à vie et une hypothèque sur le territoire et sur les hommes. Certains parmi eux espéraient même léguer le commandement à leurs héritiers : Moubarak à son aîné Jamal et Kadhafi à Sayf al Islam à l’instar du syrien Hafid al Asad à son fils Bachar. On comprend dans ces conditions l’acharnement du président libyen à s’accrocher à son « ROYAUME » et son refus absolu de se démettre de ses fonctions, quitte à mourir et à laisser derrière lui une terre brûlée et des milliers de morts.

 En Algérie le problème est beaucoup plus sérieux et plus compliqué encore. Après une colonisation de cent trente ans par la France, le pays accède à l’indépendance. Le FLN parti politique unique et sa branche militaire l’ALN se considèrent comme étant les seuls et uniques artisans de la libération. Le pouvoir algérien pense par conséquent incarner aujourd’hui le peuple entier et notamment le million de moujahidines tombés au champ d’honneur pour la décolonisation du pays. La première formation gouvernementale (15 septembre 1963-19 juin 1965), présidée par Ahmed Ben Bella a connu l’assassinat d’un ministre (Mohamed Khemesti), la destitution de deux autres membres du gouvernement (Ahmed Francis, Mohamed Khobzi) et la démission de Moussa Hassani (Postes et télécommunication) et Mohamed hadj Hamou (Information). Cette période d’hésitation et d’instabilité a pris fin à la suite du coup d’Etat mené par le colonel Houari Boumediene qui devint à partir du 19 juin 1965 et jusqu’à sa mort en 1978 à la fois : président de la République, premier ministre et ministre de la défense.

 En réalité il s’agissait tout simplement d’une prise du pouvoir par l’armée algérienne laquelle, depuis cette date, exerce sans partage une dictature absolue sur le pays, avec une domination totale sur toute la vie publique, une autorité directe sur les organes de décision et une mainmise sur les richesses nationales. Après la mort de Boumediene c’est toujours l’armée qui fait et défait les présidents de la république dont la conduite et les décisions restent dictées et contrôlées par la junte militaire, un groupe de généraux de la génération de l’indépendance qui détiennent le pouvoir réel en Algérie. Tous les chefs d’Etat qui se sont succédés depuis 1965 l’ont été avec l’aval de l’armée. Les deux présidents qui ont essayé de s’écarter quelque peu de la ligne de conduite tracée par la junte ont été l’un destitué ou contraint de démissionner (Chadli Bendjedid), et un autre carrément assassiné (Mohamed Boudiaf).  

 Les quelques partis politiques d’opposition tolérés en Algérie ne le sont que pour le décor d’un régime autocratique qui veut se donner une vision démocratique. En réalité aucune liberté d’action de grande envergure n’est permise pour ces formations politiques qui sont piégées, pénétrées et bâillonnées par les services de sécurité de l’Etat lesquels constituent la grande force et les piliers du gouvernement algérien.

 Il est vrai que le paysage politique, ethnique et religieux exige des responsables d’Alger le besoin de s’appuyer sur un tel dispositif de sécurité pour le maintien d’un certain équilibre entre les différentes composantes de cette société algérienne hétérogène : Arabes et Berbères, Touaregs et Kabyles, laïcs et islamistes, modernistes et traditionalistes. Cette junte militaire est peut être aussi pour les Occidentaux un rempart contre les adeptes de la Qaïda. D’ailleurs le président Sarkozy ne s’est pas empêché de dire qu’il vaut mieux un régime à la Bouteflika qu’un gouvernement taliban. Mais Mr le président français oublie que les Islamistes trouvent justement toute leur légitimité et tout l’appui populaire qui leur est accordé dans le fait qu’ils luttent pour débarrasser les Algériens de la dictature d’une poignée de militaires qui les étouffent et piétinent leurs droits les plus élémentaires. Je précise ici qu’il n’est pas dit que les dirigeants de la Qaïda vont être plus démocratiques que les généraux de l’armée algérienne. Mais le dernier mot doit rester au peuple qui a seul le droit de choisir librement ses gouvernants.

 C’est cette liberté et ce droit que réclament et exigent aujourd’hui les jeunes algériens qui ont essayé ces derniers jours de braver les forces de l’ordre pour manifester leur colère contre le régime en place. Dans France Observateur du 19/2/11 http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110219.OBS8341/la-police-repousse-les-manifestants-dans-un-alger-quadrille.html

 Il est écrit :

- Tout le monde réclame une rupture définitive avec le régime.

- La police repousse les manifestants dans un Alger quadrillé.

- Les Algériens ont tenté de réinvestir la rue pour réclamer le changement du système, mais ont été accueillis par un important dispositif policier.

 Bien entendu ces manifestants n’appartiennent pas tous à des organisations islamiques. La plupart sont des jeunes universitaires ou des mécontents des conditions de vie qui leur sont imposées. Alors jusqu’à quand cette dictature ? Certes le cas algérien est bien particulier puisqu’il ne s’agit pas d’un homme fort qui détient le pouvoir mais d’une armée bien soudée et super équipée qui tient le pays d’une main de fer. Mais pendant combien de temps encore Mr Bouteflika et ses patrons militaires pourront-ils continuer à voiler la vérité, à étouffer la voix d’un peuple privé de liberté ? Pourquoi ne pas tirer une leçon de ce qui s’est passé en Tunisie, en Egypte et demain en Libye et au Yémen ?


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12 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 22 mars 2011 09:50

    En Algérie, le pouvoir ne changera pas, aussi longtemps que l’armée lui restera fidèle. Et, au vu de son encadrement par les services de sécurité, cela n’est pas prêt de changer. Cela n’a jamais gêné les militaires de tirer sur les manifestants, ou de les enfermer et torturer.
    Les premiers régimes à tomber étaient les plus caricaturaux et ceux dont le pouvoir était le moins assuré d’une main de fer.
    Tout nouvel acte de révolte populaire dans le Maghreb va devenir de plus en plus difficile et sanglant . On le voit en Libye.

    Alors, les généraux septuagénaires et ventripotents pourraient bien continuer de régner encore quelques temps sur l’Algérie.


    • papi 22 mars 2011 11:06

      @l’auteur

      Pourvu que le gouvernement algérien ne tire pas sur la foule , car nous serions obligés d’aller
      bombarder Alger !! , il y a aussi beaucoup de pétrole et de gaz en Algérie, ça vaudrait encore le coup d’aller délivrer la population opprimée !! En France on a pas de pétrole mais on a des idées
      ..Vive la liberté des peuples ...


      • ELCHETORIX 22 mars 2011 18:25

        avec les pointillés je remarque que tu n’es pas sincère sur le cas du peuple Algérien et pourtant si la richesse de son sous-sol était équitablement répartie la population de ce pays resterait chez elle et au contraire ce serait les jeunes de chez nous en l’Hexagone qui émigreraient en ALGERIE .
        Si d’ordinaire , le peuple Algérien se débarrassait de cette oligarchie militaire
        tu constaterais que le problème de l’immigration en l’Hexagone serait résolu séance tenante , hein papi le nationaliste !
        Je parle en connaissance de cause , car j’ai une proche originaire de ce pays que je connais un peu du coté d’ORAN !
        Vive l’Algérie libérée de ses tyrans .
        Et qu’ici en France on est enfin une vraie République démocratique et socialiste !
        RA .


      • papi 22 mars 2011 21:14

        @ elchetorix

        Va pour nationaliste, je l’accepte et n’en ai pas honte , mais je pense que vous n’avez pas
        extrait de mon propos la substantielle moelle, Je connais aussi l’Algérie par plusieurs de mes amis dont ils sont originaires, Je n’ai aucune passion pour la gouvernance Algérienne issue
        directement du FLN, dont on connait les us et coutumes, ma comparaison en quelques sorte
         ne faisait que faire ressortir l’ambiguïté de certaine situation, que nous vivons en ce moment même , donc vous ne m’avez pas compris..
        En ce qui concerne les richesses de ce pays , je ne peux que vous donner raison, les gisements de pétroles et de gaz D’Assi méssaoud, le potentiel minéralier , la capacité agricole font de
        l’Algérie un des pays les plus riche du Maghreb, avec la Libye ( je vous met sur la voie)
        Oui si les richesses profitaient à tout le monde les jeunes resteraient chez eux , et si vous me traitez de nationaliste, c’est que vous contestez le fait que je ne souhaite pas que nous accueillons une immigration de masse à qui la France n’a plus rien à offrir que ses propres problèmes.. voilà j’espère monsieur avoir répondu à vos attentes cordialement ..


      • ELCHETORIX 23 mars 2011 01:40

        merci pour votre éclaicissement , figurez-vous que moi aussi j’aime mon pays la FRANCE, je suis donc patriote , nationaliste , un peu, sans excès , mais surtout lorsque les valeurs de la République sont mises à mal par une oligarchie que sert notre « guide » national , le va-t-en guerre , Sarkofou !
        Comme j’aime mon pays je suis respectueux des autres pays donc de leurs ressortissants tout aussi respectueux dans leurs possibilités et connaissances, mes ennemis sont l’oligarchie où qu’elle se trouve , pas les citoyens qui comme nous subissent l’iniquité de leurs dirigeants !
        RA .


      • kitamissa kitamissa 22 mars 2011 18:41

        très rapidement ...le nombre plus réaliste de rebelles du FLN et ALN morts est d’environ 650000 tués ou disparus ..


        le nombre de 1 million avait été donné pour la propagande par Ben Bella !

        • kitamissa kitamissa 22 mars 2011 22:20

          pour vous des héros et pour moi des rebelles ! chacun son camp !


        • machiavelle machiavelle 22 mars 2011 20:46

          Ne surtout pas se fier aux apparences trompeuses ni aux manipulations médiatiques des propos de Khadafi sortis de leurs contexte...

          La pire des dictatures n’est pas celle de Khadafi qui est visible par tous, mais bien au contraire celle qui se cache derrière les mots « Démocratie » et « Droit d’ingérence », mais qui surtout décide selon des interêts obscures, quand une « insurrection populaire de masse » doit médiatiquement rester une « simple émeute » (Grêce, Algérie) ou bien devenir « une révolution » (Tunisie, Egytpe, Lybie) auprès d’une opinion publique totalement embrigadé que l’ont informe pas, mais que dont ont fabrique en permanence le consentement..

          La pire des dictatures est également celle qui ne pouvant plus utliser la menace « d’armes de destruction massive » (Irak) pour justifier l’invasion d’un pays et le pillage de ses ressources, utilise désormais l’insurrection de quelques factions tribales dissendentes (et que Khadafi avait lui même pacifiés et unifiés à d’ autres tribus pour constituer la Lybie), pour justifier « démocratiquement » sa prochaine guerre de conquéte dans l’objectif d’instaurer un « Grand Moyen Orient » ou « Une union pour la Méditerranée » dont les ressources seraient disponibles en permanence grâce à la circulation libre et non entravé des marchandises dans des pays qui comme l’Iran seront bientôt les prochaines cibles d’une dictature fondé sur la guerre économique marchande libre et non entravé, la fabrique permanente du consentement et la manipulation médiatique des masses.


          La pire des dictatures est également celle qui le 11 sept 2001 n’a pas hésité à sacrifié la vie de plus de 5000 de ses citoyens, dans le seul et unique but de justifier la suppression de quelques unes de leurs libertés individuelles (patriot act) tout en légitimant un vaste programme d’occupation du moyen orient dont étrangement Israël est épargné malgré les atrocités commises depuis des décennies sur la population civile Palestinienne.

          La pire des dictatures est également celle qui partout dans le monde tente de contrôler les populations en contrôlant leurs alimentation au travers des OGM et des Nanotechs, et ce alors qu’une majorité d’individus y sont farouchements opposés. Elle est également celle qui malgré le rejet de la constitution européenne par les peuples, à ratifié le traité Lisbonne qui en reprend les grands principes.


          la pire des dictatures est également celle qui brandit les mots « terrorisme » et « armes de destruction massives » afin d’effrayer une population qui ignore que ce sont leurs propres dirigeants qui financent aujourd’hui un terrorisme qui étrangement ne profite jamais à leurs auteurs directs. Populations qui ignorent également que d’autres en Angleterre et aux Etats Unis financèrent tour à tour, le Bolchevisme, l’accession au pouvoir du parti Nazi, puis l’armée Allié.

          La pire des dictatures est également celle qui instrumentalisa politiquement l’identité culturelle des peuples dans ce que l’ont nomme le Nationalisme, mais elle est également celle qui aujourd’hui tente d’instrumentaliser politiquement le refus de la guerre entre les peuples dans ce que l’ont nomme « Le Nouvel Ordre Mondiale », qui n’est rien d’autres qu’une guerre technologique et scientifique totale contre l’ensemble du vivant dans globalité.


          Avant d’affirmer avec certitude et empréssement que le régime démocratique "serait la pire des dictatures après toutes les autres...et seulement après toutes les autres", nous ferions bien d’attendre quelques décennies pour voir si en réalité et après l’instauration d’une Gouvernance Mondiale tant désiré par ses idéologues du Groupe Bilderberg, du CFR et de la Trilatérale, elle ne sera finalement pas considéré par les adeptes du prosélythisme démocratique, comme la plus insidieuse et la plus machiavelique de toutes les ditatures ayants jamais existés sur terre... autrement dit celle qui créa elle même les conditions d’un chaos planétaire lui permettant de jouer les indispensables « sauveurs », autrement dit le pire des tyrans et la pire des Tyrannie !

          Quant au Peuple Lybien, les dirigeants occidentaux s’en soucient bien moins que Khadafi lui même, car combien de fois n’ont ils pas démontrés leurs mépris à l’égard de tout individu qui les interpelles sur des questions précises. et en l’occurence qu’est ce qu’un Peuple sinon une grand nombre d’individus méprisés en tant qu’individus, mais adulés et idôlatrés en tant que Peuple ?

          Quoi qu’il arrive, restons sur nos gardes.. car pour ces pourritures qui nous dirigent, nous mentent et nous manipules, non seulement "plus le mensonge est gros, plus il passe« , mais pour eux également »la fin justifie toujours les moyens"


          • moebius 22 mars 2011 22:30

             Ne sommes nous responsables de rien ?


            • moebius 22 mars 2011 22:39

               Si nous le sommes c’est que nous avons complétement intégré un statut de dominé social et d’aliénation mentall et si nous en parlons avec autant de véhémence c’est qu’il subsite encore et malgré tout une possibilité d’ y échapper que nous allons nous empresser de boucher combien méme on nous en empéchera car ce que nous voulons le plus au monde c’est d’en finir avec notre liberté


              • machiavelle machiavelle 22 mars 2011 22:44


                beau discours rhétorique, mais hélas totalement creux et vide face aux faits..


              • moebius 22 mars 2011 22:40

                pour n’etre que le jouet du complot

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