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Maripa Soula : Les Amérindiens l’ont Amer ces Indiens là !

Les Amérindiens l’ont amer ces indiens là !

Le 7 de chaque mois devant la poste de Maripa Soula un rassemblement de 400 à 600 personnes (sur une population de 4.000) avec en majorité des Amérindiens. Ce n’est pas une manif anti-orpailleurs, mais la collecte du RSA pour ces gens du fleuve.

Je ne vais pas donner dans le passéisme et blablater sur le « c’était vraiment mieux avant », mais concernant cette population, on peut dire que l’obsession franchouille de vouloir tout égaliser, tout contrôler, j’veux voir qu’une tête, tourne au fiasco complet ; Ce qui a pour effet nocif la création d’un gouffre générationnel entre les grands parents dépositaires du savoir faire et des coutumes et une jeunesse qui n’est plus vraiment des enfants du fleuve et qui n’est qu’en apparence des djeunes de cheux nous. Résultats ; un taux d’alcoolisation élevé, des jeunes filles faisant des choses avec des grands à un âge où elles devraient encore sauter à la corde et un taux de suicide anormalement haut. Mais Paris est content, car, « ils » sont maintenant des membres complets de notre belle société citoyenne et tout ça et tout ça…

Pourquoi Paris a voulu cela ? Il y a une trentaine d’années, les villages changeaient de nom et en plus changeaient d’emplacement. Imaginez le casse tête pour nos fonctionnaires tête de veaux des ministères ! Pourquoi ces « mauvaises habitudes » de vouloir nomadiser les villages ? Tout simplement et c’était la coutume qu’à chaque nouveau chef élu, nommé « capitaine » femme ou homme d’ailleurs, le village prenait son patronyme. Mais surtout, il y a une réalité naturelle pour que les villages se « délocalisent ». Un village Amérindien doit être construit au bord du fleuve, la population vit principalement de la pêche et se déplace en pirogue. Dans l’arrière-cour il doit y avoir « l’abattis » - le potager, taillé par le feu dans la jungle touffue. Ce potager - abattis fournit des légumes, principalement le manioc nommé ici couac et des fruits, des bananes, des ananas, des citrons à ses habitants, le seul problème c’est que l’abattis ne peut donner que 3 ou 4 ans, car avec 4 mètres de chute de pluie à l’année, le sol sera rapidement lessivé. Il faut laisser ensuite la terre se reposer entre 10 et 15 ans. Déplacer l’abattis plus loin c’est aussi tailler dans une forêt inhospitalière où se déplacer de quelques centaines de mètres représente une vraie performance physique ; tout cela a un nom : l’agriculture itinérante sur brulis. Donc, il est plus simple de faire descendre le village plus loin et de tailler un abattis juste derrière.



 

Nos zénarques et autres cranes de têtes d’œufs comme d’hab eurent l’idée qui ménage la chèvre et qui tombe dans les choux. Ca avait l’air vachement humanitaire et en même temps permettait de contrôler les populations du fleuve. Construire dans presque chaque village des bâtiments en dur. Des écoles, postes de gendarmerie, mairies, dispensaires et amener une station d’épuration afin que les habitants puissent bénéficier d’un robinet pour tout le village distribuant de l’eau potable. Et voili et voilou, dans le baba les amers Indiens devenus sédentaires et obligés maintenant de présenter une carte d’identité (si si c’est vrai et cocasse lorsque la maréchaussée demande « vos papiers ! »), obligés de résider dans un village qui ne bouge pas, les abattis ont presque disparus car, il faudrait aller trop loin, d’autant qu’il faut une pirogue à moteur, ce qui veut dire mettre de l’essence, ce qui veut dire qu’il faut des pépettes pour la gazolina… En plus, il suffit à Maripa Soula de venir acheter dans les magasins ce qui poussait il n’y a pas si longtemps dans l’arrière cour. Et le fin du fin, et je l’ai vue personnellement ; pas plus tard que 8 heures du matin picoler des petits verres de rhum blanc agricole à 1 euro. La bonne vie RSA quoi !

Les poissons carnivores, donc les plus gros et les plus faciles à attraper sont bourrés jusqu’aux ouïes de mercure. Ils sont 4 ces poissons carnivores : l’Huluwi, l’Aïmara, le Mitala et le Piraï. Le mercure une fois absorbé : les sels de mercure sont susceptibles de s’accumuler dans certains organes : le foie, les globules rouges, la moelle osseuse, les reins, la rate, les intestins, les poumons, la peau et le système nerveux central. Mais, là, Paris ne veut pas trop en parler… Et agir. Pourtant il y a un précédant célèbre made in Japan : La maladie de Minamata. Et pour couronner tout ça ; il y a les orpailleurs, généralement venus du Brésil qui pourrissent la vie de ces populations paisibles. Populations qui commencent à s’armer de fusils pour répondre aux provocations des orpailleurs, qui ne trouvent rien de mieux que de tirer en direction du village lorsqu’ils passent sur le fleuve afin d’entretenir une certaine terreur ; Assis dans leurs embarcation chargées de compresseurs et autres outils pour extraire l’or du fleuve les orpailleurs tirent un coup de feu ou deux. Ambiance…

Bon, tout n’est pas si angélique. Les Capitaines des Villages d’Elahé et Kayodé, (il y a aussi les villages de Twenké, et d’Antécumé Pata soit environ un total général de 1500 Amérindiens tous de la tribu des Awana avec quelques membres du peuple Apalaï) Ces deux villages avaient pactisés avec le diable en demandant une taxe payable en or aux orpailleurs venant et passant par chez eux pour se rendre aux sites d’orpaillage clandestins. Bien sûr ça a vite dégénéré et au final, les orpailleurs se sentent chez eux car ils ont payés l’octroi, et les Amérindiens se sentent envahis… Ambiance.

Que d’oublis entre la notion de liens entre les hommes, les esprits et la nature rassemblés sous le Maluwana, le carbet communautaire et le consumérisme rampant qui commence à pointer chez les plus jeunes. Comme prof d’élèves de cette communauté j’ai pu voir ces Amérindiens, casquette à l’envers, jean qui découvre le caleçon et MP3 sur la tête… Ah modernité, ah mondialisation Ahah !!! La mère Indien, et la mère Denis qui lave + blanc…

Pendant deux mois j’ai apprécié et en garderai un souvenir émus de ces jeunes Amérindiens, élèves studieux, respectueux et attentifs. Avec des caractères souriants et aimables. Au début il fallait les « toucher », à savoir se faire accepter. Mais aussi sec qu’ils se sentirent appréciés, c’était gagné. J’aurai dû accepter un poste dans un de ces villages, je pense que j’y aurais été heureux comparé à ce que j’ai vécu à Maripa Soula

Pourtant, pendant ces cours je me disais : que vont-ils devenir en ce monde absolument pas taillé pour eux, un monde où le « je » domine tant et où le « nous » n’est que lettre morte, que vont-ils devenir ?

Je vous souhaite beaucoup de courage chers enfants des petits villages que sans nul doute vous possédez, mais aussi je crains ce grand désespoir qui vous pousse bien souvent à des gestes extrêmes. COURAGE chers Amérindiens !

 

Georges Zeter/Décembre 2012

 

  • Les Wayana : nom donné à un des sept peuples Amérindiens vivant en Guyane, sur les rives des fleuves Tampock, Marouini et Maroni. Ces Amérindiens, autrefois aussi appelés Roucouyennes, vivent au bord de l'eau en communautés villageoises.
  • La cérémonie du Maraké, où le moment le plus intense est la marche devant tout le village de se faire piquer ou dévorer par des guêpes ou des fourmis. C’est très douloureux et prouve son courage. C’est une cérémonie de « passage » pour les hommes et les femmes qui est en voie de disparition, car, trop chère à organiser et surtout lors de cette initiation il faut savoir créer certains costumes ou pièces artisanales que seul un infime petit groupe d’anciens peut encore réaliser.
  • Je connais enfin la bonne orthographe pour Maripa Soula ; pas Maripasoula, pas Mari-Pasoula mais – MARIPA SOULA

 

Pour aider les peuples Amérindiens : http://www.survivalfrance.org/

Agissez maintenant pour aider les Amérindiens de Guyane

• Ecrivez au président de la République française François Hollande (Palais de l’Elysée, 55 rue du Faubourg Saint-honoré 75008 Paris) et au président du Surinam Désiré Delano Bouterse (Place de l’Indépendance, Paramaribo, Surinam) en leur faisant part des revendications des Amérindiens de Guyane française.
• Signez notre pétition en ligne pour la ratification par la France de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail, le seul instrument international contraignant de protection des droits des peuples indigènes.


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6 réactions à cet article    


  • easy easy 28 décembre 2012 14:07


    Vous nous racontez la suite logique de Tristes tropiques.


    **** que vont-ils devenir en ce monde absolument pas taillé pour eux, un monde où le « je » domine tant et où le « nous » n’est que lettre morte, que vont-ils devenir ? ****

    C’est surtout que nos Je et Nous ne sont pas les mêmes que les leur. La ruse de l’un n’est pas comprise par l’autre.

    Quand un sauvage dit ’’Je construis une maison" cela veut dire qu’il la construit vraiment lui-même de son propre et seul chef.

    Quand un Parisien dit la même phrase, ça veut dire soit la même chose, soit qu’il construit aux ordres de quelqu’un, soit qu’il fait construire par quelqu’un sous ses ordres.

    Le Je parisien est une anguille



    Pour un sauvage, Nous c’est les personnes de notre groupe, tous nous connaissant bien les uns les autres. C’est un nous défini et qui engage donc de manière certaine ce groupe

    Pour un Parisien, Nous peut vouloir dire la même chose ou n’importe quoi d’autre. Nous peut même désigner tous les hommes du monde. Il ne définit pas et n’engage personne.

    Le Nous parisien est fumée




    • Agoranymous42 29 décembre 2012 07:50

      Hey Ami easy,


      t’aurais 2 sec aujourd’hui pour reparler de tes théories sur le Nono(s) ( smiley ) ?

    • niblabla 28 décembre 2012 16:39


      On ne peut tout de meme pas en faire un zoo ou les les bobo du monde entier viendrait voir les techniques ancestrales de ces sauvages. style : « voyage en terre inconnue ». Emission que je déteste dans le principe.

      Ce n’est donc pas la modernité qui doit être montré du doigt. Mais la disparition de la culture locale. On peut tres bien avoir un MP3 et écouter la musique traditionnelle. De plus le simple fait de leur apprendre à lire constitue une modification radicale de leur milieu de vie.

      Là ou je vous suis, c’est que partout ou l’état s’occupe de quelques choses cela manque beaucoup de finesse et de réflexion. Et que les bonnes (ou pas si bonnes) intentions font parfois plus de mal que les problemes d’origines. 


      • Pierre Sarramagnan-Souchier Pierre Sarramagnan-Souchier 29 décembre 2012 12:35

        Bel article !

        Merci de votre témoignage.

        À noter :
        Un sité dédié à une pétition présidentielle depuis 2010 pour sauver les 1500 derniers Amérindiens Wayana et Teko de Guyane française : http://wayana.new.fr

        et pour signer directement en ligne : 

        Avec ma solidarité.

        Courtoisement.
        Pierre


        Voir aussi d’autres infos sur ce sujet :
        Lettre ouverte à la ministre de la justice 
après le rapatriement des 107 kilos d’or de Guyane française

        Premier bilan de la pétition pour sauver les derniers Amérindiens Wayana et Teko de Guyane française


        • Pierre Sarramagnan-Souchier Pierre Sarramagnan-Souchier 29 décembre 2012 12:54

          À propos de l’initiation des jeunes Amérindiens aux piqûres de guêpes et fourmis… Lire le dernier ouvrage d’un écrivain Amérindiens sur le sujet :


          « Amigolo, chaman des abeilles »


           Le récit... : Un livre sur l’initiation d’un jeune Amérindien Teko guyanais sur la piste des Émérillons de Guyane. Le jeune Amigolo devra traverser plusieurs épreuves entre orpaillage clandestin, et traditions séculaires et apprendre dans la forêt ce que ses ancêtres ont toujours connus. Ce livre instructif vous fera découvrir la vie quotidienne ignorée d’un enfant de la forêt amazonienne… http://elpediteur.wordpress.com/2012/12/12/amigolo-chaman-des-abeilles-le-recit-guyanais-de-nicolas-hibon/ »


          • Pierre Sarramagnan-Souchier Pierre Sarramagnan-Souchier 4 janvier 2013 12:16

            À SIGNALER : Une association, présidée par M. Jean Pierre Havard, qui œuvre depuis plusieurs décennies pour la reconnaissance des Amérindiens Wayana et Teko de Guyane : ASG / Solidarité Guyane : http://www.solidarite-guyane.org ([email protected]). Cette association a effectué de nombreux relevés de cheveux pour tester le taux de mercure prouvant les dégâts irrémédiables sur la santé des Amérindiens à la suite de l’orpaillage clandestin dans cette région… Les autorités françaises tardent à reconnaître cette évidence pour de nombreuses raisons difficilement justifiables…


            Je vous indique à cette occasion, que j’ai mis un lien vers votre article « Maripa Soula : Les Amérindiens l’ont Amer ces Indiens là ! » , à la fin de ma lettre ouverte « Lettre ouverte au Président Français, suite à ses vœux pour 2013 » :

            http://pierre.souchier.free.fr/revoltons_nous/page.revoltons-nous.32.html


            Avec ma solidarité !

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