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Accueil du site > Actualités > International > Mondialisme, unipolarité et délire messianique

Mondialisme, unipolarité et délire messianique

« La liberté aujourd'hui se transforme en tyrannie et le désir de progrès en esprit decroisade »  Tzvetan Todorov

Ce début du XXIème siècle se caractérise par un paradoxe à première vue insurmontable. Face à un mondialisme prétendument unificateur, rejaillissent dans tous les coins du globe les fondamentalismes les plus obscurantistes et les plus belliqueux. Intégristes juifs, chrétiens et islamiques investissent l'espace politique et social et nous replongent dans les temps immémoriaux. Ce délire identitaire religieux généralisé prend la forme d'une hystérie collective. La peur, mère de toutes les folies, suscitée par des actes terroristes savamment orchestrés et amplifiés par les médias, crée à travers la planète une atmosphère de psychose collective pleine de menaces.

 L'histoire est ponctuée d'épisodes souvent douloureux de folie collective. Les chroniques médiévales sont pleines de récits tragiques dûs pour l'essentiel à l'action de sectes religieuses déviantes. En 1692, l'histoire extraordinaire des "Sorcières de Salem" offre un exemple ahurissant de ce type d'hystérie. Elle illustre à quel point des hommes habités par la peur, finissent par se retourner contre les leurs, accusant les plus démunis de sorcellerie et se transforment subitement en monstres sanguinaires dénués de tout entendement et de tout sentiment. Plus proche de nous, dans l'entre deux guerres, l'Europe occidentale, rongée par la crise économique, affolée par le péril rouge, plonge la tête la première dans la démence fasciste. Cette fois-ci la psychose ne se limite plus à un groupe restreint ou à une secte mais ébranle des nations entières. La classe politique asservie par le grand capital se meut en gourou surdimensionné poussant la majorité de la population à la haine raciale et au déni de la démocratie. Cependant, il importe de souligner que les horreurs nazies commises par Hitler et ses adeptes ne sont en fait que l'aboutissement Paroxystique des thèses racistes, malthusianistes et eugénistes développées et appliquées depuis longtemps par l'Occident colonial. Tant que l'Allemagne se donnait pour tâche de détruire la Russie communiste on laissait faire... Pour leur malheur, les nazis ont échoué... et le monde découvre soudain et de la manière la plus hypocrite l'horreur des crimes commis à l'encontre des Tziganes, des handicapés et des juifs. La faute des Nazis a été d'avoir enfreint la règle de l'extermination "utilitaire" considérée comme légitime lorsqu'elle s'applique à l' Amérique et à l'Afrique et d'avoir procédé au génocide "gratuit" visant des blancs européens. Les nazis auraient, en quelque sorte, porté à un degré extrême leur obsession de la pureté raciale, transgressant ainsi la hiérarchie ethno-raciale globale.

 Une fois l'Allemagne vaincue, la monstruosité des génocides nazis scandalisèrent le monde entier . Par contre, les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagazaki participaient, elles, du génocide "utilitaire", c'était donc de bonne guerre et peut-être même nécessaire à la survie de l'espèce. En vérité les États-Unis ont réussi là où Hitler a échoué. Ils démantèlent en un tour de main les deux empires coloniaux français et britannique et se consacrent ensuite à l'URSS qu'ils finiront par lui faire mordre la poussière quarante ans après. Le Führer ressuscité, en serait tombé raide mort de voir ainsi son rêve confisqué. Si on ajoutait à tout cela la disparition de l'empire ottoman à la fin de la première guerre mondiale, on ne peut que baver d'admiration en présence de tels exploits. Le secret d'une pareille réussite tient probablement d'une démarche politique inspirée de certains arts martiaux asiatiques. Elle consiste à retourner la force de l'adversaire contre lui-même, de l'épuiser jusqu'à l'écroulement et de le ramasser comme qui cueillerait un fruit mûr.

Après le camouflet essuyé pendant la guerre du Vietnam, la stratégie américaine a préféré médiatiser de manière encore plus radicale ses interventions. Il s'agit de jouer sur les contradictions internes de l'ennemi, de les exacerber ou même de les susciter et d'attendre tranquillement la fin des massacres. Pendant la guerre froide, les États-Unis n'ont pas hésité à recourir aux frères musulmans pour déstabiliser les nationalistes baathistes et nassériens. Au milieu des années soixante dix, partout dans les pays arabes et asiatiques, poussent comme par magie des groupes salafistes. Étasuniens et saoudiens sont en plein préparatifs de la guerre sainte contre les mécréants communistes. L'union Soviétique au bord de la faillite se laisse prendre au piège afghan savamment dressé par les USA. Venant de tous les pays musulmans, des jeunes fanatisés par l'endoctrinement wahhabite et par la propagande occidentale déferlent sur l'Afghanistan au secours de l'islam menacé. Un vrai coup de maître ! La manipulation mentale testée déjà au Liban en 1975 s'avère encore plus redoutable que les drones et les Tomahawk. En 1979, la passivité de la Maison Blanche face à la révolution islamique iranienne obéit elle aussi à la même logique. Depuis cette époque, la politique étasunienne n'a cessé d'appliquer la même stratégie  : l'excitation et l'instrumentalisation des fanatismes religieux. Le Moyen-Orient s'est transformé alors en vraie poudrière où sunnites et chiites, fondamentalistes et nationaliste arabes, musulmans et chrétiens n'arrêtent plus de s'entredéchirer.

L'empire soviétique démantelé, les néo-conservateurs ont cru que le moment était venu d'étendre leur hégémonie sur l'ensemble de la planète. L'empire unipolaire projette d'accaparer pour les cent ans à venir tout l'espace séparant l'atlantique de la mer Caspienne et d'asphyxier du même coup la Chine et la Russie. Le rêve néolibéral d'un monde homogénéisé et fluide, sans frontières, complètement ouvert à la libre circulation des capitaux ne souffre nul obstacle. Après l'extinction des empires voilà qu'est venu le tour des États-Nations. Il faut tout de même préciser que cette fureur mondialiste ne date pas d'hier. Tout au long de l’histoire des États-Unis, la politique américaine s'est toujours inspirée du l'utopie protestante d'un peuple « idéal, pur et parfait » et d'un « nouveau monde », terre vierge, Terre promise dégagée des dépravations qui minaient la vieille Europe du XVII ème siècle. Cela a fini par conduire à un messianisme mégalomaniaque qui a souvent ponctué le discours politique étasunien. Wilson, président américain de 1913 à 1921, affirmait : « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde […] L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde […] Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice ». Quant à George W. Bush, il répétait à qui voulait l'entendre : « les États-Unis sont une nation élue par le Créateur, investie d’une mission de libération, et ils doivent la remplir en prenant la tête du camp du Bien contre l’Axe du Mal ». C'est en vertu de ce messianisme politico-religieux que les étasuniens se croient investis d'une mission universelle. Au messianisme américain vient se greffer le messianisme juif que semble concrétiser la création de l'état sioniste. Pour les sionistes, la création d'Israël annonce l'arrivée imminente du Messie. Le Mashia'h hébreu, issu de la lignée du Roi David, amènera dans le monde à venir, une ère de paix et de bonheur éternels. Cependant la venue du Mashia'h ne peut avoir lieu qu'une fois la Terre purifiée. "Le peuple élu" se doit de livrer bataille aux hordes barbares de « Gog et Magog », un combat cosmologique du bien contre le mal. C'est seulement après que régnera la paix et la prospérité sur un monde unifié sous la bannière israélite. Cet idéal messianique constitue aujourd'hui un leitmotiv dans le discours d'une bonne partie de l'intelligentsia occidentale. Quelqu'un comme Jacques Attali n'hésite pas à avancer qu’une gouvernance mondiale verrait bien comme capitale planétaire « Jérusalem ».

Cette obsession eschatologique qui s'empare du monde constitue le nouveau masque idéologique du néo-libéralisme qui ne trouve rien de mieux que d'exacerber les fanatismes religieux pour répondre au vide existentiel d'une société en crise et pour avancer en catimini ses pions. Si l'idée de libéralisme et de démocratie avait besoin du communisme et du goulag pour prendre tout son sens, dans la représentation messianique, l'idée du Bien ne signifie pleinement que par le Mal qui la menace et la valorise. C'est à partir de là que l'islam a été désigné pour jouer le rôle infâme de l'Antéchrist. Après de longues années de mise en scène, le monde arabo-musulman finit petit à petit par être assimilé en Occident aux hordes païennes de « Gog et Magog » . Tout commence avec la guerre d'Afghanistan. L'URSS n'avait pas besoin de cette guerre pour imploser car son économie était déjà en pleine débâcle. En réalité, l'objectif de ce conflit planifié par les États-Unis était avant toute chose l'embrigadement de milliers de moujahidines sunnites recrutés essentiellement dans les pays arabes. Ces derniers fanatisés après des années d'endoctrinement wahhabite financé par les étasuniens et les saoudiens, finissent par se transformer en kamikaze. C'est seulement après l'implosion de l'empire soviétique que les "moujahidines" devenus subitement des "terroristes" vont remplir leur vrai rôle, celui auquel ils ont été préparés : diaboliser l'islam et répandre une atmosphère de psychose collective en Occident. Des actes terroristes commis par des fanatiques endoctrinés et armés par l'empire vont jeter l'opprobre sur l'ensemble des musulmans qui ne manquent pas de réagir. Bien entendu les médias asservis cultivent l'amalgame et ne ratent aucune occasion pour éclabousser l'Islam. Cette atmosphère empoisonnée conduit immanquablement à des dérapages horribles. Au mois de mars dernier en Afghanistan, le sergent américain Robert Bales tue de sang froid 16 personnes dont des femmes et des enfants et brûle ensuite leurs cadavres. Anders Behring Breivik, un militant d’extrême-droite, massacre 77 personnes à Oslo en Norvège. Un homme sain d'esprit affirment les médecins. A l'ouverture de son procès, le lundi 17 avril, Breivik entre au tribunal d’Oslo, adresse à l'assistance le salut fasciste, bras droit tendu, poing sérré bravant ainsi les familles des victimes. Le malheur est que des extrémistes, pris dans le piège de la guerre des civilisations, épousent de plus en plus ces thèses de fragmentation universelle. Pourtant, cette hystérie islamophobe alimentée et entretenue par les médias relève moins de faits réels que d'une propagande tout azimut . En effet, dans le Rapport Europol 2010 sur le terrorisme, l’Office européen de police précise que Sur 498 actions terroristes, 424 étaient en lien avec des mouvements séparatistes essentiellement corse et basque, 55 menées par des mouvements d'extrême-gauche ou anarchistes, un seul était le fait d’islamistes. Bien entendu, probablement déçus par un tel rapport, les médias européens l'ont presque totalement ignoré. Il ne faut surtout pas ébranler l'édifice si péniblement échafaudé. L'extraordinaire est que juste après la publication du dit rapport et comme pour le démentir survient juste avant les élections françaises le massacre de Toulouse. Mais voila que Mohamed Merah, ce symétrique génocidaire de Breivik que la police s'est empressé de liquider, serait un informateur de la DGSE. Une affaire louche, une de plus, comme la plupart des attentats perpétrés depuis les années quatre vingt dix par Al-Qaïda. L'attentat du 11 septembre 2001, ce nouveau Pearl Harbor que les néo-conservateurs n'ont cessé d'appeler de leurs vœux demeure une vraie énigme. Mais qu'importe tous ces détails ! Le décor est déjà planté et bien planté !

Le troisième acte de la tragédie met en scène la subite métamorphose des combattants d'Al Quaïda qui d'ennemis jurés de l'Occident, les voila transformés en légion étrangère aux ordres de l'oncle Sam et de ses vassaux français et britanniques. Mais me diriez-vous : Al Quaïda a-t-elle jamais été autre chose que le bras occulte de l'Empire au service du choc des civilisations ! Lorsqu'on sait que les combattants de cette organisation jihadiste n'ont jamais tiré un seul coup de feu contre la soldatesque sioniste mais qu'ils n'hésitent pas à massacrer des irakiens, des libyens, des syriens...les choses deviennent on ne peut plus limpides. Dans un article paru dans michelcollon.info*, Jérôme, Français, Habitant de Homs et marié à une Syrienne chrétienne, témoigne : « ...A échappé à la mort un bon ami à nous (...) Il rentrait chez lui, a été arrêté par un barrage de révolutionnaires armés. Il les a suppliés de le laisser partir. Ils l'ont menacé en mettant leur fusils sur sa tempe et lui ont dit " Prouve-nous que tu es chrétien !". Il a récité le "Notre Père", ils l'ont laissé partir... » En fait, les chrétiens arabes et occidentaux sont plus ciblés par la campagne islamophobe des médias que par les armes des terroristes qui préfèrent plutôt tuer des musulmans. Drapé de démocratie et de droit-de-l'hommisme, le messianisme sioniste et protestant pousse dans l'arène les islamistes qui n'en reviennent pas. Ces derniers ne s'attendent pas à se retrouver propulsés avec cette facilité à la tête de pays comme la Tunisie, l'Egypte ou encore la Libye... et le "printemps arabe" n'en finit pas de fleurir ! Trop contents de se trouver au pouvoir, les intégristes musulmans semblent confondre volonté divine et volonté impériale. Se rendent-ils compte que pour les fanatiques de l'autre rive, ils ne sont que la main de satan sensée transformer en magma incandescent l'ensemble du monde arabe ? Ne comprennent-ils pas que ces apprentis sorciers les destinent à être l'instrument du chaos ?

 Maintenant que le gouffre s'est creusé et qu'Islam et Occident se dressent l'un face à l'autre prêts à l'affrontement mythique, l'empire unipolaire profite de cet enfumage pour poursuivre son oeuvre d'unité planétaire. Il est toutefois utile de préciser qu'une gouvernance mondiale n'est réalisable que par la destruction préalable des États-nations. Le soutien apporté par les États-unis aux revendications ethno-régionalistes en Europe est un choix stratégique et la partition de la Yougoslavie l'illustre parfaitement. Cette volonté de dissoudre les nations dans un grand magma ethnique et confessionnel constitue la base de la stratégie mondialiste des néo-conservateurs. L'application de la carte du "Nouveau Moyen-Orient" et l'instauration d'une politique du chaos visant la fragmentation du monde arabo-musulman s'accélère surtout avec l'avènement du "printemps arabe". Les européens, victimes de la propagande islamophobe, adhèrent à cette stratégie de la dislocation mais oublient que leur proximité les expose au pires dangers. Cependant, cette politique de démantèlement ne concerne pas que le Moyen-Orient. En effet, depuis sa création l'UE n'a cessé d'encourager la promotion de l’ethnicisme et du régionalisme. Les États diminués à la fois par l’autorité supranationale de Bruxelles et par la montée en puissance des pouvoirs régionaux tombent graduellement en déliquescence. La crise belge illustre bien l'accélération de cette tendance. Bart de Wever, chef du mouvement indépendantiste flamand n'hésite pas à avancer : « La Belgique finira par s’évaporer entre l’Europe et les régions ». C'est dans cet ordre d'idées que s'inscrit la stratégie mondialiste qui en privilégiant l'ethnicisme, le régionalisme et le confessionnalisme tente de décomposer les sociétés et de réduire à néant toute velléité de résistance face à la déferlante néo-libérale et à l'hégémonie unipolaire. Si en Europe la désintégration se fait relativement en douceur au moyen de pressions financières, en Afrique et au Moyen-Orient l'Empire préfère forcer le destin en instaurant le chaos.

Le processus d'expansion coloniale moderne, né avec la renaissance, prend selon l'époque des colorations idéologiques différentes. Au XVI ème siècle, les conquêtes espagnoles et portugaises étaient légitimées par l'église catholique. Les bulles papales partageaient le monde entre les deux puissances, autorisaient la traite des noirs ou même l'extermination des amérindiens. Au XIX ème siècle, l'homme nouveau, pur produit du cartésianisme, s'étant débarrassé de l'idéologie du droit divin, s'en va claironnant sa mégalomanie et ses valeurs humanistes si vitales à la survie de l'espèce. Il s'est fait alors un devoir d'aller les imposer au reste de l'humanité. Aujourd'hui, le mondialisme, héritier des deux idéologies précédentes, s'appuie paradoxalement à la fois sur l'intégrisme religieux et la déification de l'humain. Aux États-Unis, Sionistes chrétiens, en particulier des protestants fondamentalistes, et sionistes juifs croient que la création de l'État d'Israël en 1948 est en accord avec les prophéties bibliques. Les chrétiens sionistes considèrent comme un commandement divin d'aimer Israël et de soutenir le peuple élu. Pour eux, la judaïsation de la Palestine historique, couvrant l'actuel État d'Israël et les territoires palestiniens, est une obligation divine qui ramènera Jésus sur terre, le fera reconnaître comme Messie par les juifs et assurera le triomphe de Dieu sur les forces du mal, ce qui permettra à l'humanité de vivre mille ans de paix et de prospérité avant l'apocalypse. Les sionistes juifs sont d'accord sur tous les points sauf que le Messie ne sera pas Jésus et que les maîtres du monde pendant le millénium seront les juifs. Mais pour le moment il s'agit de parer au plus urgent. Il faut d'abord éliminer les forces du mal hostiles à Israël pour ensuite unifier l'humanité. Oui, mais alors sous quelle bannière ? Là est la question. Pour l'instant, l'obstacle majeur à la réalisation de la prophétie est le monde arabo-musulman. Le fait de projeter les djihadistes islamistes au devant de la scène sert principalement à diaboliser l'Islam, à le grimer en Antéchrist. et à légitimer ainsi la destruction des nations qui aux yeux du messianisme juif et chrétien incarnent le mal. Alors un monde nouveau naîtra, un monde cosmopolite, croyant au même dieu, parlant la même langue, ayant la même culture, obéissant au même maître. Des philosophes sionistes qui tiennent le haut du pavé médiatique font de plus en plus écho à cette vision du monde. Alain Finkielkraut considère que l'essence de l'homme post-moderne « c’est d’être cosmopolite, et de partir en guerre contre l’esprit de clocher ». Et Bernard-Henri Lévy d'ajouter : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, bourrées, binious, bref franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux ». Ce totalitarisme asservissant l'humanité au nom d'une religion est relayé par une spiritualité sans dieu tout aussi liberticide. Elle croit en l'homme nouveau, indifférencié, sans attaches, universel et maître du monde. Mais cet anthropocentrisme délirant a vite fait de dégénérer en élitisme qui atteint aujourd'hui un stade paroxystique. Nous assistons impuissants à une multiplication de sociétés secrètes ésotériques et de groupes d'influence à l'image du fameux Bilderberg. Franc-maçonnerie et lobbying s'emparent du pouvoir mondial alors que la démocratie se délite même dans les pays dits libéraux. Une élite intellectuelle et entrepreneuriale enivrée par sa puissance en veut encore plus et tente d'imposer à la planète le pire des totalitarismes.

Peupler le monde de clones pris dans un tourbillon mimétique, tel est l'univers que tous ces adeptes du mondialisme veulent imposer à l'humanité, un univers orwellien déshumanisé gisant sous la botte d'une élite au service de l'empire unipolaire. Voila qu'encore une fois, le rêve cauchemardesque babélien vient perturber l'ordre du monde. La nouvelle réplique de Nemrod, succombant à son tour à la démesure de l'orgueil ne peut s'empêcher de défier le ciel. Mais les humains, Blanchis sous le harnais, ne se laisseront plus prendre au piège. Riches de leur diversité, ils se soulèveront contre toutes les formes d'homogénéisation, d'indifférenciation, de mort encéphalique...

Fethi GHARBI


* http://www.michelcollon.info/Prouve-nous-que-tu-es-chretien.html
 


Moyenne des avis sur cet article :  4.06/5   (17 votes)




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13 réactions à cet article    


  • Fethi GHARBI 27 avril 2012 00:19

    C’est moi qui vous remercie


  • J-J-R 26 avril 2012 13:43

    Aujourd’hui quel courant politique s’incarne le mieux dans cette universalisme uniformitaire et conquérant si ce n’est le Front de Gauche en France. Le FN ? Non. L’UMPS ? A la marge. La philosophie communiste de Engels, Marx, Lénine, Trotski, de grands intellectuels qui ont tous compris le parti qu’ils pourraient tirer de l’hystérie collective pour asseoir le messianisme juif, pour l’avènement d’un ordre nouveau. 


    • Fethi GHARBI 26 avril 2012 14:15

      Toutes les formes d’universalisme sentent d’une manière ou d’une autre le messianisme et dégénèrent inéluctablement en totalitarisme.


    • epicure 26 avril 2012 17:11

      L’aboutissement de l’universalisme c’est l’égalité des droits, donc l’universalité du droit et donc la justice , et la démocratie, l’universalité des choix politiques.

      Le totalitarisme est un faux universalisme, puisque seul une poignée de personne décide pour les autre, donc ce n’est pas un régime universaliste.

      Le vrai universalisme, ce n’est pas l’uniformité décidée par quelques uns (choix no universel donc ), mais le pluralisme, qui s’oppose aux multiuniformités des communautarismes et autres formes de différentialismes.


    • epicure 26 avril 2012 17:25

      @J-J-R

      L’uniformisation n’est pas la fille de l’universalisme, puisque dans la majorité des communautés anti-universalistes, les gens sont faits identiques à l’intérieur de la même communauté : même habits, même religion, même nourriture préparée selon des rites propres à la communauté, même musique,
      Dans la logique particulariste, les femmes de chaque communauté se voit assignée une coiffe particulière les assignant à la fois comme femme et membres de la communauté particulière, alors que dans une culture universaliste, les femmes mettent ce qu’elles veulent sur la tête, et donc rien si elles n’en n’ont pas envie.

      Alors que dans notre société moderne, où dominent la culture universaliste, qu’observe t on ?
      des gens habillés de façon différente, sans chercher à se réduire à une communauté, tradition, religion ou autre, sauf certains, des gens qui ont des goûts et pratiques culturelles différentes, qui ne sont pas uniquement celles copiées sur les parents etc...
      Cela on ne l’observe pas dans des sociétés non universalistes.

      Donc l’universalisme, ce n’est aps l’uniformité.


    • J-J-R 26 avril 2012 17:43

      @epicure explique nous comment on peut aller vers un progrès social et démocratique dans l’uniformisation de la culture, des modes de consommation, la perte de repère par la destruction des identités nationales, la disparition des traditions locales ou ethnico-religieuses....
      Quand sera-t-il de la démocratie dans un ordre nouveau imposé par le haut sans démocratie « participative » des peuples ? C’est cela un monde meilleur selon toi ?


    • Fethi GHARBI 26 avril 2012 23:28

      A epicure

      Le vrai universalisme, ce n’est pas l’uniformité décidée par quelques uns (choix no universel donc ), mais le pluralisme, qui s’oppose aux multiuniformités des communautarismes et autres formes de différentialismes.

      que veut dire le pluralisme, qui s’oppose aux multiuniformités ?

      Vous allez me répondre que ça ne veut strictement rien dire et que c’est juste pour défendre comme on peut le mondialisme.


    • epicure 27 avril 2012 02:58

      @Par Fethi GHARBI (xxx.xxx.xxx.150) 26 avril 23:28


      Je ne te réponds pas que cela ne veut rien dire, c’est toi qui l’affirme faute de chercher à penser par toi même, et donc sortir des catégories préfabriqués.

      Je ne défend pas le mondialisme, mais l’universalisme contre vos propagandes mensongères. D’ailleurs le mondialisme a tendance, malgré les apparences à favoriser le clivage culturel, hormis certains produits culturels qui sont vendus à tous. La mondialisation pousse à la régionalisation de l’Europe. la mondialisation remet au goût du jours les clivages religieux etc.... Bref la mondialisation, favorise le différentialisme des peuples , diviser pour mieux régner, il n’a rien à faire d’une approche universelle de al culture, sauf si ça se vend.

      Donc oui le pluralisme culturel s’oppose aux multiuniformité, que nombre de personnes appellent diversité culturelle. Le pluralisme culturel s’oppose à tout forme d’uniformisation, et repose sur l’universalisme. Le pluralisme culturel, c’est la coexistence des sources culturelles, l’universalité de la culture, , chacun peut s’approprier une part d’une culture, sans que cela soit réservé à un type de personne. Avec le pluralisme culturel, chacun est différent, mais peut partager des points communs avec des personnes très différentes.

      Cela s’oppose donc à ce qui est appelé diversité, mais qui est en fait la juxtaposition de multiuniformité.

      C’est à dire la mise côte à côte d’uniformité qui ne se mélangent pas. Les communautarismes sont un bon exemple de multuiuniformité.

      Les communautés sont visiblement différentes les unes des autres, mais les gens à l’intérieur de la communauté sont uniformes, ou du moins sont poussés à avoir des comportmeent uniformes propres à la communauté, ils sont soumis aux mêmes règles culturelles, religieuses etc... sans trop de possibilité de pouvoir s’en échapper. Et les discours antiuniversalistes, favorisent l’enfermement des personnes dans ces uniformités différenciées. Comme si certaines personnes n’étaient pas capable de voir la diversité dans les nuances personnelles, mais ne peuvent voir que les différences clairement affichées et distinguables d’un seul coup d’œil.

      Les tords qu’ils attribuent à l’universalisme, ne sont pas intrinsèque à l’universalisme, mais au manque de largesse de vision par ses critiques, qui ne veulent pas voir les nuances, et veulent voir les gens enfermés dans des catégories bien distinctes, binaires : homme/femme, noirs/blancs, musulmans/chrétiens, bretons/corses etc....

      Alors que la vrai diversité est dans les nuances individuelles, qui unissent et différencient à la fois les individus.

      Le vrai pluralisme culturel ne peut pas intéresser la mondialisation, puisque cela rend les marchés culturels illisibles, et que cela s’oppose au matraquage uniformisant.

      Le pluralisme culturel s’oppose à la fois à la mode et à la tradition, puisque ce sont deux modalités d’uniformisation.


    • Fethi GHARBI 27 avril 2012 14:01

      @ epicure

      Je ne te réponds pas 

      On ne tutoie pas les gens qu’on ne connais pas. C’est ce qu’on nous apprend lorsqu’on est petit, non ?

      Je ne défend pas le mondialisme, mais l’universalisme contre vos propagandes mensongères. 

      Merci du compliment, c’est d’une grande politesse...

      Si votre propos n’est pas le mondialisme que vous semblez critiquer, en quoi alors ce que je développe est-il mensonger ?!

      A vous entendre parler ainsi de l’universalisme vous semblez patauger en plein idéalisme. Alors que le monde est sur le point de prendre feu, des gens se permettent de rêver et de nous faire rêver pour mieux nous endormir..Ce discours universaliste n’est en fait que la facette idéologique du mondialisme et du messianisme. Ou alors quelle sera l’origine de vos valeurs universelles ? L’eurocentrisme ? Ou peut-être « la république » de Platon ? Pour y faire adhérer toute l’humanité faut-il découper tout ce qui dépasse aux ciseaux ?

      Vous dites que le mondialisme( que vous confondez avec la mondialisation) développe moins l’unité planétaire que les antagonismes. Ce que vous omettez de dire est que l’excitation des clivages confessionnels, ethniques et régionaux constitue la première étape et l’arme secrète de la stratégie de la désintégration. C’est seulement après que naitra l’homme nouveau, universel, uniforme et soumis tant rêvé par les néo-libéraux et le messianisme juif et chrétien.


    • chems eddine Chitour 26 avril 2012 18:57

      Belle synthèse monsieur Gharbi


      On peut penser aussi en complément de ce combat ,les prémices appelées de ses voeux d’un certain Samuel Huntington, voir aussi d’un Bernard Lewis qui ne sont pas particulièrement tendres avec l’Islam.
      Monsieur Fethi Gharbi vous n’incriminez pas le grand capital qui fait fi des identités et des espérances, car en fait nous ne sommes pas dans une bataille opposant des spiritualités - Il faut savoir, par exemple, qu’après la parousie du Christ, les Juifs devront se convertir au christianisme sinon ils devront être éliminés- La finalité est en fait l’avènement du money-thésime ce Dieu de l’argent contre le monothéisme. 
      Si l’islam sert de variable d’ajustement, c’est tout bénef pour ceux qui sont encore croisés et qui appellent de leurs voeux la fin des temps. 
      L’article termine sur un questionnement : Quel sera le futur de l’humanité dans une Terre de plus en plus invivable ? Allons nous inexorablement après avoir démoli l’Islam vers d’autres guerres -entre eux- ? Ce sera à non point douter la guerre de tous contre tous dont parle Hobbes

      Pr. Chems Eddine Chitour

      • Fethi GHARBI 27 avril 2012 00:13

        eAu Pr. Chems Eddine Chitour

        Heureux de vous retrouver ici et merci pour ce commentaire enrichissant.

        Vous dites :
        vous n’incriminez pas le grand capital qui fait fi des identités et des espérances, car en fait nous ne sommes pas dans une bataille opposant des spiritualités

        Au contraire, tout au long de l’article je n’ai cessé d’insister sur l’instrumentalisation des spiritualités par le politique. Si je me suis attardé sur le messianisme juif et chrétien c’est pour mettre à nu tout le montage idéologique à coloration extrémiste religieuse dont use et abuse le néo-libéralisme.

        Je termine mon article sur une note d’espoir car ces Tartuffe finiront bien par être démasqué un jour et les spiritualités monothéistes et autres désabusées reprendront leur places d’honneur dans le respect des différences.


      • insomnia 26 avril 2012 21:29

        @ Fethi Gharbi,

        Merci à l’auteur, votre article est excellent et documenté. Il reflète la vision de ce monde à la dérive où les peuples sont divisés pour un contrôle planétaire total !

        "...Peupler le monde de clones pris dans un tourbillon mimétique, tel est l’univers que tous ces adeptes du mondialisme veulent imposer à l’humanité, un univers orwellien déshumanisé gisant sous la botte d’une élite au service de l’empire unipolaire..." 

        Je n’ai rien à rajouter.


        • Fethi GHARBI 27 avril 2012 00:37

          @ insomnia

          Merci
           
          Mais citation pour citation je tiens à vous répondre avec celle-ci :

          ...La nouvelle réplique de Nemrod, succombant à son tour à la démesure de l’orgueil ne peut s’empêcher de défier le ciel. Mais les humains, Blanchis sous le harnais, ne se laisseront plus prendre au piège. Riches de leur diversité, ils se soulèveront contre toutes les formes d’homogénéisation, d’indifférenciation, de mort encéphalique...

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