Obama est-il en danger ?
Quelque chose de sombre se lit sur le visage de Barack Obama depuis qu’il peine à enfiler les habits du va-t-en-guerre sous la pression bien perceptible des faucons américains. Ces derniers lui en voudraient énormément d’avoir cédé sur la Syrie. Ils lui reprochent également de ne pas être assez offensif contre Vladimir Poutine sur le dossier ukrainien. D’où des craintes bien réelles pour sa sécurité personnelle que révèle Funian Cunningham sur la plate-forme en ligne FSC. En effet, depuis quelques temps, le quotidien américain le Washington Post distille des révélations sur les failles dans le dispositif de sécurité du président américain, et des incidents gravissimes.
L’homme le plus protégé du monde ?
Dernier incident en date, le mardi 16 septembre 2014 à Atlanta dans l’Etat de Géorgie. Au cours d’un déplacement du président américain, un individu a réussi à s’infiltrer au milieu des gardes du corps d’Obama et à prendre l’ascenseur avec l’ensemble du groupe. Jusque-là, rien d’alarmant. Sauf que l’individu, qui, en plus, a des antécédents judiciaires[1], avait à sa possession une arme à feu. Obama n’apprendra l’information que plusieurs jours plus tard, en lisant les journaux. Il n’en avait même pas été informé par ses propres services. La goute de trop qui a contraint à la démission la directrice de sécurité du président, Julia Person, après plusieurs bévues jusqu’alors tolérées. Trois jours seulement après cette embarrassante affaire, le 19 septembre, un autre manquement majeur à la sécurité était survenu à la Maison Blanche. Un homme armé d’un couteau avait réussi à escalader la clôture du périmètre et à entrer par le portique nord avant d’être finalement appréhendé. Il a été présenté sous l’identité d’Omar Gonzalez, 42 ans, un vétéran de la guerre d’Irak, souffrant de troubles psychologiques.
Un incident plus grave s’était produit trois ans plus tôt. Une fusillade avait éclaté à la Maison Blanche en novembre 2011. Un homme, armé d’un fusil semi-automatique, avait pulvérisé l’étage supérieur de la résidence présidentielle avec au moins sept balles, brisant une fenêtre à seulement quelques pas de la salle de séjour de la famille du président. Au moment de la fusillade, la plus jeune fille d’Obama, Sasha, se trouvait dans la résidence en compagnie de sa grand-mère, la mère de Michelle. Obama aurait été furieux et aurait exigé un changement radical dans les procédures. D’autant plus que le tireur, aussi incroyable que cela puisse paraître, avait réussi à s’en aller librement de la Maison Blanche. Il ne sera interpellé que quelques jours plus tard.
Il s’agit là de quelques cas révélés par le Washington Post qui semble vouloir démontrer la vulnérabilité de Barack Obama, dont on apprend qu’il subit trois fois plus de menaces sur sa vie que ses prédécesseurs. Bien sûr, le fait d’être le premier président noir fait de lui une cible toute désignée d’ennemis de tous bords. La première dame, Michelle Obama, avait déjà publiquement exprimé les craintes d’une attaque à caractère racial sur son mari. Des craintes que Barack Obama lui-même aurait avoué ressentir.
Il était une fois, John Kennedy…
Selon l’ancien analyste de la CIA Ray McGovern, Obama a déjà eu à confier à son entourage que sa sécurité personnelle pourrait être un jour mise en péril par des ennemis politiques au sein même de son propre gouvernement. Dans l’esprit d’Obama, complétant les craintes de sa femme Michelle, la menace ne viendrait pas forcement de l’individu qui appuierait sur la gâchette et des motivations racistes ou politiques qui l’animeraient. La menace viendrait du fait que les gens supposés devoir le protéger le laisseraient délibérément vulnérable et à la merci d’une menace certaine.
Mais pourquoi sommes-nous en train de nous interroger sur la sécurité de Barack Obama ? En effet, si des failles se produisent dans le dispositif de sécurité du président américain, qui a vraiment intérêt à mettre ces informations sur la place publique ?
Funian Cunningham croit savoir que le Washington Post, en porte-parole des « forces secrètes », distille ces informations pour faire comprendre à Obama qu’il a intérêt à ne pas compromettre l’agenda militaire du « gouvernement secret » des Etats-Unis au Moyen-Orient et en Ukraine. « Des gens puissants » seraient en train de lui envoyer un avertissement sinistre. Selon James W. Douglass et d’autres biographes du président Kennedy, dans les semaines qui ont précédé son assassinat à Dallas, le 22 novembre 1963, on a estimé que son propre service secret complotait contre lui. Kennedy savait bien que le Pentagone avait une dent contre lui à cause de son opposition à l’invasion de Cuba et de sa politique de détente vis-à-vis de l’Union soviétique.
La paix est mauvaise pour les affaires
Il faut toujours garder à l’esprit le fait que l’intervention militaire américaine en Irak et en Syrie, de même que la confrontation croissante avec la Russie, sur fond du dossier ukrainien, sont entrées dans une phase critique. Le complexe militaro-industriel américain fait pression pour obtenir une escalade militaire totale contre la Russie et une intervention tous azimuts des Américains au Moyen-Orient. Des milliards de dollars de vente d’armes sont en jeu. On a relevé que les valeurs boursières des géants américaines d’armement comme Lockheed Martin, Northrop Grumman et Raytheon montent en flèche. Chaque sortie d’avion de combat en Irak et en Syrie, chaque missile lancé, chaque navire de guerre déployé dans la mer Noire, mobilise de prodigieux bénéfices pour ces entreprises. L’action des principales entreprises américaines d’armement a augmenté de 19 % depuis le début de l’année. Les ventes futures de matériels militaire du Pentagone aux alliés arabes des Etats-Unis (Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Qatar) représentent une opportunité d’affaires que l’attitude conciliante d’Obama pourrait faire perdre aux investisseurs du complexe militaro-industriel américain.
Depuis l’assassinat du président Kennedy, tous les présidents américains savent qu’ils doivent leur survie aux « forces de l’ombre » qui parrainent la carrière de bien des dirigeants de premier plan et qui sont liées aux intérêts du puissant complexe militaro-industriel. Obama semble en avoir pris conscience, mais tout porte à croire qu’il n’est pas en mesure de donner entière satisfaction aux tenants d’une escalade militaire totale. A deux ans seulement de son départ de la Maison Blanche, le « Prix Nobel de la paix 2009 » ne peut pas ne pas envisager son avenir à l’image d’un Jimmy Carter, un rêve irréalisable s’il devait être l’homme par qui le déluge s’abattit sur la planète. Il est donc probable qu’il tienne bon et prenne le risque de ne pas céder à la tentation d’un bellicisme déraisonnable face à un adversaire aussi dangereux que la Russie. En effet, Vladimir Poutine, réputé pour son sang-froid, semble, lui aussi, assez accablé par la pression des va-t’en-guerre occidentaux. Le président russe a récemment évoqué, à demi-mot, le potentiel nucléaire russe alors qu’il traitait des pressions que subit la Russie de la part de l’Occident.
Boniface MUSAVULI
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