Pour Moubarak, les Cairotes sont cuites
Ça y est enfin, après Ben Ali, Mubarak s’est décidé à quitter le pouvoir qu’il détenait sans partage depuis 30 ans.
On se demande maintenant : à qui le tour ?
Et ce départ nous apporte une autre information : il n’est pas besoin d’attendre une échéance électorale pour dire à un autocrate : « casse toi pov’con »
Ça faisait 18 jours que les démocrates égyptiens réclamaient ce départ.
L’addition a été lourde, plus d’une centaine de morts.
Mohammed Hosni Moubarak, commandant de l’armée de l’air, avait pris le pouvoir en octobre 81, après l’attentat contre Sadate, et depuis près de 30 ans il tenait l’Egypte d’une main de fer, obtenant à chaque élection des scores de plus de 80%.
Quelques épisodes cocasses émaillent sa carrière militaire, comme le jour où, suite à la chute de son avion, il se fait capturer dans le désert marocain, révélant ainsi la participation de l’Egypte à cette guerre, celle des sables, qui opposait le Maroc et l’Algérie.
Sur cette vidéo, les derniers moments de la révolution égyptienne.
La place Tahrir a été rebaptisée « place de la libération ».
Tout a commencé le mardi 25 janvier 2011, une date qui restera gravée dans la mémoire des démocraties pour longtemps.
Le 28 janvier, après la mort de 4 manifestants le premier jour de la révolte, les égyptiens déclare « le jour de colère ».
Malgré le couvre feu, et l’armée appelée en renfort, les manifestants tiennent la place Tahrir, et l’armée finit par fraterniser avec le peuple.
Ce soir là, Moubarak annonce la démission du gouvernement, ce qui ne calme pas les révolutionnaires.
La police de Moubarak va assassiner 17 personnes et c’est le début de la fin pour le dictateur, car le peuple s’est installé durablement sur la Place Tahrir.
Malgré les contrefeux allumés par le despote qui ira jusqu’à payer des mercenaires 50 EGP, et les lâcher à cheval ou même sur le dos de chameaux, sur la foule, tentant par une dernière parade de faire croire à « un clan pro-Moubarak », la détermination des manifestants ne faiblira pas.
Moubarak est à la tête d’une immense fortune qu’il a amassé en 40 ans : on évoque une somme entre 30 et 50 milliards d’euros, qui d’après le journal algérien el Khabar, serait dans des banques suisses et britanniques, ou investie une peu partout dans le monde, de Londres à New York en passant par la France, l’Allemagne, et Dubaï. lien
Mais au soir du 10 février, Moubarak, après avoir laissé planer le doute, annonce qu’il reste, provoquant la colère de la foule.
Et le 11 février 2011, à 17h04 on apprend enfin par la voie du vice-président Omar Souleimane que Moubarak a démissionné, et qu’il est parti avec sa famille, à Charm El-Cheikh, en laissant à l’armée le soin de gérer la situation, provoquant une explosion de joie sur la Place Tahrir, du Caire. lien
Le Maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du conseil suprême de l’armée à déclaré qu’elle était prête à lever l’état d’urgence en vigueur depuis 30 ans, et à garantir des élections libres.
Tantaoui avait été promu au poste de vice premier ministre le 29 janvier 2011. lien
D’autre part, le commandant Ahmed Ali Shouman « a annoncé à la foule qu’il avait remis son arme et se joignait à ceux qui réclament la démission de Moubarak : « nos objectifs et ceux du peuple sont les mêmes (…) ce qui nous pousse à rejoindre la révolution du peuple est le serment d’allégeance que nous avons tous prêté en rejoignant l’armée : protéger la nation ».
Mohamed ElBaradei s’est exclamé « c’est le plus beau jour de ma vie » lien
Les égyptiens nous offrent pour la première fois le film de ce qui a dû se passer en 1789 dans notre pays.
Maintenant que va-t-il se passer dans le reste de l’Afrique du Nord ? L’Algérie, malgré l’interdiction a maintenu sa manifestation du 12 février.
Au Maroc, l’agitation n’est pas vraiment retombée.
Mais au-delà de ces pays, ces révolutions pourraient-elles faire tache d’encre de l’autre coté de la méditerranée, car la situation de la Grèce, du Portugal, de l’Italie, et même de la France ne sont dans le fond pas si éloignée.
Le chômage des jeunes, la misère durablement installée, les sans logis, l’injustice ont passé les limites de l’acceptable, face à l’autisme gouvernemental pourraient-il déclencher d’autres révoltes, voire d’autres révolutions.
Car comme dit mon vieil ami africain :
« Certains hommes sont comme les nuages, quand ils s’en vont, on peut espérer une bonne journée ».
L’image illustrant l’article provient de « planetenonviolence.org »
60 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON