Quand la CIA brûle les preuves
La CIA brûle ce qui pourrait être des preuves vidéos de tortures infligées à des présumés terroristes. Polémique.
Guantanamo, Abou
Grahib... Depuis les divers scandales, l’administration américaine
s’est faite plus que discrète sur le sujet, étouffant
le plus possible les affaires de tortures, sévices et autres
atteintes aux droits fondamentaux et à la dignité
humaine. Pourtant, aujourd’hui, le scandale refait surface : la CIA a
avoué avoir détruit des vidéos
« d’interrogatoires musclés ».

C’est
le quotidien The New York Times qui a révélé
l’information, celle-ci rapidement relayée par toute la presse
internationale.
Cette affaire ne date pas d’aujourd’hui : les
enregistrements seraient datés de 2002 et auraient été
détruits en 2005. On peut donc rapidement se poser la question
: « Pourquoi en parler maintenant et remettre
l’administration Bush et sa gestion de l’intervention dans le
collimateur de l’opinion publique ? ». La réponse
est fort simple et n’étonnera personne : apprenant que
l’information allait être divulguée par le journal new-yorkais, Michaeal Hayden, directeur de l’agence s’est empressé
de la rendre publique et, au passage, d’envoyer un courrier
interne à tous les membres de l’agence pour déclarer
que : « Les vidéos ont été détruites
pour une question de sécurité. Si elles avaient été
diffusées au grand public, elles auraient exposé les
agents et leur famille aux représailles d’al-Qaïda » [1]. La raison invoquée par les démocrates, les ONG et
diverses associations de défense des droits de l’homme est que
ces vidéos prouvent l’utilisation de la torture sur des
terroristes présumés. Ainsi, Amnesty International
déclare : « Si les cassettes contenaient des
preuves de comportement criminel, elles auraient exposé ceux
qui étaient impliqués à des poursuites
pénales » [2].
Dans l’opposition, camp
démocrate, c’est le sénateur Dick Durbin qui élève
la voix et déclare : « Je ne sais pas ce qu’il y
avait sur ces bandes. C’était de toute évidence quelque
chose de très perturbant, sinon ils ne les auraient pas
détruites » [2]. De même, il appelle une
nouvelle fois le ministre de la Justice, Michael Mukasey, à
mener une enquête sur cette « probable
obstruction à la justice ». D’ailleurs, Mark
Agrast du Center For American Progress déclare à
Al-Jazeera : « La date est assez dérangeante
puisque les cassettes apparaissent comme avoir été
détruites précisément à l’époque
de sortie des photographies d’Abu Grahib et quand les témoignages
d’interrogatoires musclés sont devenus
connus » [3].

L’administration Bush se retrouve donc une nouvelle fois sous le feu des projecteurs et tente de sauver la face en déclarant que les enregistrements « n’avaient plus aucune valeur de renseignement et ne relevaient d’aucune enquête interne, législative ou judiciaire » [4]. Elle nie toujours en bloc l’utilisation de torture quelconque, waterboating, ou encore de privation de sommeil et bien d’autres.
Cette « boulette » de la CIA fait écho dans la presse depuis que les parlementaires ont décidé mercredi que « toutes les autorités américaines devaient se plier aux mêmes lois que les militaires ». Comme le déclare Le Monde, "Une majorité est tombée d’accord que nous ne devions plus avoir deux systèmes, un pour les interrogatoires de la CIA et un pour les militaires (...). L’existence d’un système séparé et secret, fût-il bien intentionné, fait le jeu de nos ennemis" [4], dixit le président de la commission du renseignement du Sénat. Mais la loi n’a toujours pas été acceptée et G. W. Bush dispose de son droit de veto.
Cette affaire remet donc beaucoup de questions sur le tapis alors que Bush et les républicains tentent de faire oublier leur « frasques » en Irak en organisant Annapolis et en prônant le « dialogue de la réconciliation ». Il est grand temps que tous les problèmes récurrents mis en lumière lors de cette intervention en territoire irakien soient résolus, en particulier tous ceux qui touchent les droits de l’homme, la convention de Genève et, en réalité dans l’ensemble, le droit international et la facilité qu’a le gouvernement américain d’en faire fi dans sa « croisade contre l’axe du mal ».
Sources :
[1] Le Figaro
[2] TV5
[3]
Al-Jazeera
[4] Le Monde
* Retrouvez plus d’infos et d’analyses sur le Proche et le Moyen-Orient sur mon blog
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