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Quel bilan pour Lula ?

Après deux mandats de quatre ans, Luiz Inácio Lula da Silva dit « Lula » va quitter la présidence du Brésil, laissant probablement place à son chef de cabinet Dilma Rousseff. De ce président atypique, ancien ouvrier à Volkswagen né dans la favela de Vila Carioca à Sao Paulo, on retiendra entre autre l’image de cet homme pleurant de joie à l’annonce de la désignation de Rio de Janeiro comme hôte des JO 2016. Lors de la cérémonie d’ouverture, nul doute que plus d’un pensera alors à Lula, qui a beaucoup oeuvré pour que le Brésil accueille les JO, en plus de la coupe du monde de football 2014. Aujourd’hui, Lula peut se targuer de bénéficier d’environ 75% d’opinions favorables : après deux mandatures, c’est un exploit. Pourtant, ne souhaitant pas mettre en danger la jeune démocratie brésilienne, il a refusé d’amender la constitution pour prolonger son bail de quatre ans au Palácio da Alvorada. Et ambitionne déjà de succéder à Ban Ki-Moon au secrétariat général des Nations Unies... Une belle récompense pour ce président qui aura marqué sa décennie...pour quel bilan au fait ?

La croissance par le bas

Dans le pays le plus inégalitaire du monde, la priorité de Lula à son arrivée était évidemment de réduire les fossés qui existent au sein de la société brésilienne. Le président en a lui même fait les frais. Elevé dans une favela, il quitte l’école dès 14 ans et alterne les petits boulots : cireur de chaussures, blanchisseur puis vendeur ambulant. Engagé dans une unité d’assemblage Volkswagen, où il perd son auriculaire gauche, il découvre le syndicalisme et s’engage activement.

Depuis son élection, le Brésil affiche des taux de croissance aux alentours de 5% par an et se classe désormais au neuvième rang des puissances mondiales, derrière la France et devant l’Italie ou le Mexique. En facilitant l’accès au crédit, Lula a permis de stimuler la croissance intérieure et de favoriser l’émergence d’une classe moyenne. En combinant à cela l’électrification de l’ensemble du territoire brésilien, il a permis de doper l’achat de réfrigérateurs, de téléviseurs etc.... Grâce à cette politique, le Brésil est devenu le troisième marché informatique du globe. La croissance vers le bas, telle a été la ligne directrice de ses deux mandats.

Ainsi, depuis 2005, 20 millions de brésiliens ont rejoints la classe moyenne et beaucoup sont devenus propriétaires grâce à des avantages fiscaux et des taux d’intérêts bas. Le taux de pauvreté est passé de 38 à 24%, grâce à une politique sociale qui a porté ses fruits.

Une politique sociale ambitieuse

favela.jpgLe ministère du Développement Social et du Combat contre la Faim a vu son budget doubler sous les deux présidences de Lula. Le programme Bolsa Familia en est le symbole. Il permet à toutes les familles précaires de bénéficier d’une aide d’environ trente euros par mois conditionnée à la scolarisation des enfants et à leur vaccination. Cet audacieux programme aujourd’hui reconnu comme modèle bénéficierait à environ 25% de la population, a déjà permis une nette régression de la mortalité infantile et une chute de 74% de la malnutrition infantile.

Le salaire minimum a été nettement revalorisé : de 200 reais en 2002 il est passé à environ 500 reais aujourd’hui (néanmoins, en tenant compte de l’inflation, cette augmentation doit être quelque peu tempérée). Cet effort a été accompagné de la création d’une assurance chômage. En parallèle de Bolsa Familia, le gouvernement a également mis en place une série de mesures visant à favoriser l’emploi de jeunes issus de familles défavorisées et leur offrir des formations afin de ne pas donner libre cours aux accusations d’assistanat. Néanmoins, Lula ne s’est pas borné dans un socialisme catégorique : ainsi, début 2003, il repousse de cinq ans l’âge de la retraite afin de bénéficier d’un prêt du FMI.

Un président vert pâle

46% de l’énergie brésilienne provient de sources renouvelables et de ce fait, le président Lula s’est posé comme un ardent défenseur de l’environnement. Ainsi, durant son premier mandat, la surface victime de la déforestation en Amazonie a reculé de 10,2%. Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples. Ce n’est pas par hasard que l’ancienne ministre de l’environnement Marina Silva se présentera contre Dilma Rousseff aux élections présidentielles. Le parti ne s’est pas montré capable de saisir le sens de la lutte environnementale. Il est incompréhensible qu’en plein XXIe siècle au milieu d’une crise écologique sans précédent le parti continue de défendre un modèle de développement pour le développement, de croissance pour la croissance a-t-elle déclaré.

En effet, pour Lula, il est clair que la croissance économique prime sur l’excellence environnementale. De plus, si la moitié de l’énergie brésilienne provient de sources renouvelables, elle ne garantit pas forcément le respect de l’environnement : les immenses projets de barrages hydroélectriques en Amazonie n’ont fait qu’aggraver le problème de la déforestation et endommager le territoire de tribus indigènes, qui ont manifesté leur colère cet été en prenant en otage plusieurs ouvriers sur le chantier du barrage de Dardenelos. La politique de recherche et d’intensification des cultures OGM a également décontenancé les écologistes, qui ont claqué la porte du cabinet de Lula en 2009.

Les affaires l’ont épargné

lulal.jpgBénéficiant certainement du Bolsa Familia et de la sous-éducation de certaines zones défavorisées, Lula est parvenu à maintenir une côté de popularité défiant toute concurrence, et ce, tout au long de son mandat. Pourtant, de nombreuses affaires auraient pu bousculer le leader du PT...mais Lula a toujours trouvé la parade idéale.

Lorsqu’en 2004, son conseiller Waldomiro Diniz est pris en flagrant délit de marchandage avec un membre éminent de la mafia des casinos, Lula réagit en interdisant les établissements de bingo. Un an plus tard, éclate le scandale du Mensalao : des députés du PT achetaient au Parlement des voix de députés indépendants. Lula réagit en s’excusant, et en affirmant avoir été trahi : le potentiel coupable devient la victime. Les magouilles financières plus que douteuses du ministre des finances Antonio Palocci avaient également défrayé la chronique en 2006.

 

Retrouvez ce billet sur http://offensif.net, mon blog ainsi que prochainement, un billet consacré uniquement au bilan de la politique étrangère de Lula. 


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2 réactions à cet article    


  • Redrogers 9 septembre 2010 10:12

    "En effet, pour Lula, il est clair que la croissance économique prime sur l’excellence environnementale. De plus, si la moitié de l’énergie brésilienne provient de sources renouvelables, elle ne garantit pas forcément le respect de l’environnement : les immenses projets de barrages hydroélectriques en Amazonie n’ont fait qu’aggraver le problème de la déforestation et endommager le territoire de tribus indigènes, qui ont manifesté leur colère cet été en prenant en otage plusieurs ouvriers sur le chantier du barrage de Dardenelos. La politique de recherche et d’intensification des cultures OGM a également décontenancé les écologistes, qui ont claqué la porte du cabinet de Lula en 2009.« 

    Le voilà le bilan de Lula ! Lui qui s’était fait élire par les sans-terre et sur la sauvegarde de la fôret, il les a bien niqu... ! Et je serais étonné que les chiffres sur les ventes de four micro ondes, d’ordi ou de ce que vous voulez (+ la malnutrition et les vaccins) concerne les »campagnes". Ce pays avait tout pour essayer de construire un modèle exemplaire de par sa population, sa taille et ses incroyables trésors naturels qui sont sacrifiés. Vive le progrés, amen !

    Donc l’image que je garderai de Lula ne sera certainement pas celle du gentil monsieur ému qui verse sa petite larme pour les JO...


    • Dzan 9 septembre 2010 11:13

      M... alors, et les Rafaux que Sa Petitude certifiait avoir vendu à Lula ?

      Quant à ses promesses, elles valent celles de tout candidat à une élection : Votez pour moi, le reste, je m’en occupe.

      Déforestation, extermination des tribus génantes, y compris avec l’aide de « missionnaires »

      Même si la planète doit en crever ( l’Amazonie est le poumon du monde) ; les sociétés capitalistes n’ont aucun état d’âme. Profit immédiat.

      Et pourtant notre Immense Lumière qu’est ce qu’elle est tellement brillante que le soleil palit à côté d’Elle, nous a t’elle pas affirmé avoir terrassé le dragon du Capitalisme.

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AJ


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