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Révoltes en Tunisie, en Egypte et dans le monde arabe : la démocratie au risque de l’islamisme !

« On est libre, on n’a pas peur ! » disait un avocat tunisien au milieu d’une manifestation dans un reportage repris sur plusieurs chaînes de télévision, à la veille d’une dernière manœuvre de Ben Ali avant de s’enfuir. Mais de quelle liberté parle-t-on ici ? Dans les manifestations, pas une seule banderole pour exprimer autre chose que « Dégage Ben Ali ! ». Après la Tunisie, l’Egypte vient de franchir le pas. Un second homme fort du monde arabe qui en garantissait, quoi que l’on pense du régime qui le permettait, la stabilité politique, rempart à l’islamisme, laisse la place à l’aventure politique. Dans ce contexte, on considère dans l’ordre de la liberté la possibilité pour les islamistes de former des partis politiques, dont le seul projet était jusqu’alors tout, sauf la démocratie.

S’il faut en croire Laurent Joffrin, de Libération, et Sylvie Pierre-Brossolette, du Point, sur France-infos au lendemain du départ de Ben Ali, le risque de l’islamisme serait, en regard de la Tunisie, un mythe qui fut mis au seul service du « dictateur » déchu. Dans le même moment, dans un sujet du JT de 20 h sur France 2 le 24 janvier, on choisit de montrer une cour d’école où pour la première fois on voit un voile, jusque-là interdit, dont la jeune fille qui le porte le présente comme le symbole d’un renouveau des libertés. Le même jour, à l’émission Mots croisés animé par Yves Calvi, Cécile Duflot (les verts) et Laurent Fabius (PS) de concert considèrent qu’ils n’ont rien à opposer au fait que la Tunisie se donne des partis islamistes. Radhia Nasraoui, avocate de la ligue internationale des droits de l’homme y explique, qu’il doit il y avoir de la place pour tout le monde dans la politique tunisienne, par allusion aux partis islamiques. De Libération à l’Humanité en passant par l’Express, les photos pour accompagner la nouvelle liberté des Tunisiens ont pour sujet des femmes voilées !
 
La moindre critique ou recherche de recul dans ce contexte est prise comme une réaction postcoloniale voire, teintée de racisme ou d’ « islamophobie ». En attendant, partout les islamistes se mettent sur les rangs. En Tunisie, en Egypte, en Algérie, en Jordanie, à Bahreïn…, ils prennent place au milieu de ceux qui manifestent. Le monde arabe en révolte est présenté, dans ce contexte par les grands médias, comme un mouvement irrépressible vers le progrès des libertés et la modernité. Est-ce si sûr ?
 
La démocratie comme demande autochtone et identitaire, légitimée par Obama
 
Dans les colonnes du journal le Monde du 14 février dernier, on découvre une analyse du politologue et spécialiste de l’islam, Olivier Roy, qui voudrait nous faire prendre les islamistes pour des lampistes. Qu’est-ce à dire ? Il ne voit dans ce qui se passe en Tunisie, en Egypte et par-delà, dans tout le monde arabe, une nouvelle période s’écrivant en dehors des clichés de l’Occident qui voit le mal partout, celui des islamistes derrière les révoltes actuelles. Celles-ci seraient simplement le fait d’une jeunesse libérale en recherche de partage des richesses, dont la vertu viendrait de sa maîtrise de la technologie moderne et surtout d’Internet. Une situation ayant pour toile de fond une identité arabo-musulmane assumée et inscrite dans la nature des évolutions actuelles, comme référence incontournable d’un nouveau monde arabe en train de se dessiner dont chacun n’aurait rien à craindre.
 
Les valeurs universalistes seraient avec la démocratie demandées, mais ne pourrait plus relever d’un « modèle d’importation ». Il s’agirait d’une « demande autochtone » avec sa dimension identitaire que permettrait de laisser s’exprimer, en toute légitimité, l’Administration Obama.
 
S’agit-il ici de cette conception d’un monde arabe identifié au retour en grand de l’islam contre la logique de la nation et de la laïcité, défendue par Obama dans son discours du Caire, sous cette idéologie de l’Amérique qui fait de la liberté religieuse la première dans l’ordre des libertés ? C’est au nom de celle-ci que ce pays a encouragé, depuis le soutien à la résistance afghane tribale contre les soviétiques qui a produit les Talibans, à l’Irak fracturée entre chiites et sunnites en guerre civile permanente, une islamisation radicale du monde arabe depuis trente à quarante ans. Le 11 septembre n’a pas suffit à faire réfléchir les Etats-Unis sur les rapports entre religion et société, opposant l’islamisme radical qui serait l’auteur de ce terrible attentat à un islamisme modéré respectable, qu’il faudrait encourager.
 
Obama est dans la continuité de cette Amérique religieuse et conservatrice qui fabrique une société divisée sur une base raciale et ethnique sous prétexte de reconnaissance des identités ! Il a encouragé le départ de Moubarak tout en ne mettant aucune réserve à la constitution de partis religieux que réclament les Frères musulmans. N’est-ce pas une fois de plus laisser l’Amérique à ce jeu de l’éléphant dans le magasin de porcelaine ? N’aurait-il pas fallu pondérer ce rôle par celui d’une France au sein de l’Europe, susceptible par sa voix, comme ce fut le cas lors de la seconde guerre du Golfe, de faire entendre une autre lecture des événements ? Ceci, en faisant valoir son expérience inscrite dans son modèle laïque, concernant les dangers de l’immixtion du religieux dans le politique, qui conduit toujours à une oppression des libertés ? Ce ne sont pas les déclarations de Nicolas Sarkozy, cet « ami » inconditionnel de l’Amérique, qui il est vrai y prédisposaient, assénant cette idée selon laquelle « C’est peut-être dans le religieux que ce qu’il y a d’universel dans les civilisations est le plus fort ». 
 
L’islamisme est bien le danger
 
Le fait que les seules forces politiques organisées soient les islamistes n’inquiète pas Olivier Roy, car il les voit comme ayant évolué, n’usant plus du politique pour imposer leurs vues. Pour lui, la réislamisation du voile aurait banalisé l’islam et donné lieu à sa dépolitisation, la religion étant devenue un lieu commun adossé à une recherche individuelle. Pourtant, le niveau quasi général de soutien au Hamas ou la popularité du président de l’Iran dans les populations arabes, suffisent pour réduire cette analyse à une pure construction intellectuelle, peut-être rassurante, mais à quel prix !
 
Ainsi, selon le politologue, les Frères musulmans eux-mêmes auraient changé et seraient devenus raisonnables et fréquentables, parce que « conscients » que la prise du pouvoir après une révolution ne conduirait qu’à la guerre civile ou à la dictature, ce à quoi rechigneraient ces chantres du pire conservatisme religieux avec charia à la clé ! Encore ici, Olivier Roy est-il totalement aveugle ? Ces nouveaux mouvements de révolte qui partent de groupes de jeunes et réclament une société plus libérales, sont comme un cheval de Troie que les islamistes n’ont qu’à laisser faire pour ensuite ramasser la mise. Ils savent par leur propagande pouvoir jouer sur un sentiment de rejet de l’Occident identifié à une forme de liberté considérée comme blasphématoire, permettant la mise place d’un régime usant de la démocratie pour justifier la promotion de l’islamisme d’Etat, avec un retour en arrière des droits et libertés particulièrement tragique pour les femmes.
 
Tariq Ramadan illustre parfaitement cette méthode (le Monde du 12.02.11). Il critique l’attitude de l’ONU, des Etats-Unis, de l’Europe et d’Israël, qui ont voulu des élections libres dans les territoires palestiniens ayant porté le Hamas au pouvoir « pour ensuite punir et étouffer le peuple palestinien » rendu « responsable de cette erreur politique »… Il met ainsi en garde ces institutions et pays, par rapport aux futurs choix politiques de la Tunisie et de l’Egypte, à ce qu’ils laissent faire cette œuvre de la démocratie instrumentalisée par des partis qui prêchent l’islamisme radical dont le programme est une resucée du fascisme ordinaire. On voit le danger une fois de plus de la banalisation de l’islamisme politique comme piège pour la démocratie.
 
La question n’est plus de savoir aujourd’hui, selon Olivier Roy si, « les dictatures sont le meilleur rempart contre l’islamisme ou non. Les islamistes sont devenus » affirme-t-il sans réserves « des acteurs du jeu démocratique ». On sait pourtant les dangers du mélange entre religion et politique, encore plus particulièrement pour des sociétés dont les institutions ignorent l’inaliénabilité des libertés et droits individuelles, les libertés publiques et la démocratie, tel que c’est le cas des pays arabes.
 
Emmanuel Todd : l’Iran et le chiisme pour modèle !
 
Lors de l’émission Ce soir ou jamais, de Frédéric Taddeï, du 1er février dernier consacrée à la crise Egyptienne, Emmanuel Todd devait tenter de minimiser les risques d’islamisation de ces pays en les présentant comme « modernes » à l’appui d’un taux d’alphabétisation qui atteindrait 95% en Tunisie, l’Egypte se rapprochant selon lui de ce chiffre. Respectivement, en réalité, on évalue ce taux à 74,3% et à 71,4% montrant combien les choses sont moins tranchées sans compter avec les différences qu’ils cachent. Si en Tunisie, l’alphabétisation concerne deux femmes sur trois, pour l’Egypte, elle ne concerne qu’un peu plus d’une femme sur deux au lieu de quatre hommes sur cinq. Les enjeux concernant l’Egypte, pays clé dans le jeu politique de la région et même du monde arabe, en regard d’équilibres fragiles, mériteraient décidément, d’autres approfondissements.
 
Par exemple, la Tunisie laïque a fait une place plus égale aux femmes que dans tout le monde arabe, alors qu’en Egypte la charia, cette abjection moyenâgeuse, est déclarée « source principale du droit » ! Un pays qui pratique encore l’excision que subissent, et là le chiffre est bon, 96% des femmes mariées de ce pays, dont régulièrement des fillettes décèdent, malgré une loi qui l’interdit sans qu’on cherche à l’appliquer. Une véritable barbarie avec un des taux les plus forts des 28 pays africains qui, de la Somalie au Sénégal, en ont la pratique sous différentes formes. Des mutilations génitales qui devraient être déclarées « crime contre l’humanité » ! Qu’en sera-t-il avec des islamistes au pouvoir ?
 
Sur le risque d’islamisation de la Tunisie et particulièrement de l’Egypte, Emmanuel Todd réagit en disant qu’« Il faut aborder les choses de façon non-crispée », prenant l’Iran en exemple : « Le chiisme est » dit-il « un peu comme le protestantisme, plus porteur d’émergence démocratique spontanément que le catholicisme. Je n’ose pas dire que le chiisme est une religion de gauche, mais qui pense que le monde est injuste, est plus porteur… (…) L’un des problèmes que l’on a avec l’Iran et qui fait que l’on en est arrivée à une polarisation, c’est que l’on a refusé de voir l’évidence, à savoir que le chiisme, la religion, avait porté une émergence démocratique » On croit rêver !
 
L’Iran, précisément, dont son triste président ultra conservateur, Mahmoud Ahmadinejad, s’est rendu responsable de dizaines de morts et de milliers d’arrestations lors de la « Vague verte » née des manifestations électorales de l’été 2009. Il n’a cessé dans cette période de fustiger Moubarak pour faire oublier la torture systématique de ses opposants, la lapidation qui y a cours, comme le cas désespéré de Sakineh l’évoque officiellement et que, malgré un moratoire depuis 2002 sur ce sujet, elle reste pratiquée dans le privé avec tolérance par le pouvoir, la censure quotidienne des médias, le blocage d’Internet et le brouillage des émissions venues de l’Occident.
 
Encore ces jours-ci, des manifestations de l’opposition ont été réprimées avec des morts et des centaines d’arrestations. Effectivement, il y a de quoi se crisper à entendre Monsieur Todd, perçu comme un intellectuel de gauche, défendre le modèle iranien comme porteur d’émancipations démocratiques, exemple pour le monde arabe. Une analyse qui fait écho à des mouvements qui partout dans le monde arabe voient dans le chiisme une nouvelle voie à l’islam, contre un sunnisme qui y est souvent au pouvoir et fréquemment allié à l’Occident. Associé à l’objectif de rayer de la carte Israël, il se profile le risque que cet islam vertueux ne cherche l’enfermement qui conduit au conflit, à la guerre.
 
On voit ici les dégâts du désenchantement de certains intellectuels de gauche, après la fin du communisme dont ils ont jeté le bébé avec l’eau du bain, que la haine de l’Amérique conduit à cet aveuglement de voir dans des dictatures religieuses comme celle de l’Iran, une résistance au capitalisme sinon une alternative, alors qu’elles ne remettent nullement en cause le marché et ont dans leurs gènes la destruction de la démocratie et des libertés.
 
Le cas turc est aussi évoqué comme modèle d’alliage entre religion et démocratie, qui n’est qu’un trompe l’œil. Car le parti islamiste de M. Erdogan prône un islam conservateur qui n’est modéré que par une armée qui détient encore le pouvoir dans ce pays et aussi des forces laïques importantes qui continuent de peser. Mais le poison de la religion d’Etat fait son chemin avec la complicité d’une intelligencia occidentale qui croit voir dans l’islam le légitime retour à une identité opprimée par l’histoire coloniale, dont le voile, symbole de soumission, serait le point d’honneur. Bien au contraire, les contradictions liées à cette histoire devraient être dépassées par l’adoption du principe universel de la liberté pour tous et non de la religion dans le politique, qui est liberticide.

La démocratie venue de l’Occident :
Un principe d’émancipation, propriété de l’humanité, pour changer la vie.
 
Yassine Belattar, humoriste et Animateur, au côté d’Emmanuel Todd, le paraphrasait : « Qu’est-ce que la démocratie moderne ? Pourquoi cette grille de lecture (sous-entendu de l’Occident) devrait être imposée à tout le monde ? » A quelle autre forme de société libre se réfère-t-il ? On ne le saura pas. De la démocratie, c’est ainsi, on en connaît une définition et une seule. C’est le pouvoir du peuple pour le peuple par le peuple, évinçant tout pouvoir dogmatique et arbitraire et donc religieux. C’est le principe du gouvernement libre des hommes par les hommes. Les pays démocratiques sont ceux où on peut exprimer librement ses idées et jurer contre dieu sans craindre la prison ou la mort. Il n’y a pas d’exemple de démocratie promue par la religion mais des cas d’espèces où la religion se sert de la démocratie pour avancer masquée. Le fait que la démocratie provienne d’une histoire de l’Occident, aux racines de la Grèce ancienne, ne lui a pas moins donné un caractère universel, propriété de l’humanité.
 
En France, cette logique religieuse à caractère identitaire tournée contre cette dimension universelle, sous prétexte qu’elle provienne de l’Occident, est extrêmement dangereuse pour notre vivre ensemble, car elle encourage le rejet de l’intégration. Quelle méprise en regard de la laïcité, cette modernité des rapports sociaux qui sépare le politique du religieux, garantissant ainsi sans intermédiaire communautaire l’accès de tous à ce bien commun qu’est la liberté. C’est l’unique chemin de la cohésion, de la fraternité et de la paix.
 
Ceci étant, on nous a fait précisément oublier, autour de ces débats sur la démocratie l’enjeu politique qu’elle sous-tend : la souveraineté du peuple à se donner des dirigeants susceptibles de mener une politique résolvant les problèmes économiques à l’origine des soulèvements. Sans que la démocratie serve à remettre en cause la logique qui a créé cette situation et qui ne tient pas seulement à des autocrates, mais à une mondialisation fondée sur des injustices de classes, demain, le chaos risque d’être au rendez-vous, avec l’islamisme en embuscade. Ceux qui en rêvent savent que le temps joue pour eux.
 
Ici, comme là-bas, l’enjeu essentiel est le même : une transformation sociale qui donne aux besoins de liberté et de satisfaction des conditions sociales des peuples, la primeur sur la domination de l’argent-roi.
 
Guylain Chevrier, historien.

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4 réactions à cet article    


  • frugeky 18 février 2011 11:18

    Un pays qui pratique encore l’excision que subissent, et là le chiffre est bon, 96% des femmes mariées de ce pays,

    et là le chiffre est bon

    96% de femmes excisées en Egypte !

    bin vingt dieux (au moins), faut oser pour sortir des conneries pareilles.
    Vous croyez convaincre qui ? Les illettrés ?
    Propagande débile ! 


    • paul 18 février 2011 11:21

      On ne peut qu’être d’accord avec une partie de l’article concernant les droits universels ,
      la séparation de la religion et de l’État , ect .....
      Mais toute mise en garde contre le danger de l’islamisme est clairement une reprise du discours ambiant dans les médias qui ne cessent d’agiter cette menace.
      M. l’historien sait sans doute au profit de qui .


      • hdelafonte 18 février 2011 16:17

        Comment peut-on se présenter comme historien et ignorer que la démocratie telle qu’on la connait en France a du s’adapter, justement pour ne pas mettre le peuple au pouvoir :
        - droit de vote censitaire
        - création de la chambre du Sénat, qui n’est pas composée d’élus
        - plus récemment, création du conseil constitutionnel.

        Tout ce travail reste à faire en tunisie et en égypte. L’histoire de France permet de mettre en évidence des dérives démocratiques possibles (napoléon 1er dictateur populaire, pétain incarnation de la nation, voire de gaulle et son « passage en force » pour faire avaliser la 5ième république par referendum), mais ces garde fous sont du ressort du droit constitutionnel , en clair de quelle constitution ces deux états se doteront.

        votre discours alarmiste me semble donc aller à contre-courant du but recherché. Si vous souhaitez réellement pour ces pays une démocratie, insistez sur le volet constiututionnel, de grace nous avons connu en europe des courants de démocratie chrétienne, pourquoi l’islam ne suivrait pas la même voie ?


        • oumrane 18 février 2011 19:13

          une question cruciale au debut de l’article a été posé
          « Mais de quelle liberté parle-t-on ici ? »
          aprés la lecture de l’article , c’est toujours la meme question qui s’impose ,
          l’occident peut il se liberer de sa démocratie , cette chose mirage qui profite à un establishment de gerer les troupeaux ?
          cet occident qui a inventé « l’islamisme » : courant étrange dans sa propre sphere, et qui ses philosophies et valeurs prennent une légitimité naturelle par la logique de la force  ; son acharnement a dépolitiser l’islam est une tache contre nature.
           

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