Sexe : tabou et réalité (Corée du Sud)
Le sexe est un véritable tabou en Corée du Sud. Sa culture confucianiste en est la principale raison et nombreux sont les Coréens se cachant derrière ces traditions. Mais en réalité, le sexe est omniprésent dans la société coréenne...
La Corée du Sud est un pays où le sexe est souvent considéré comme tabou. La culture veut par exemple que les époux vivent ensemble une fois mariés, pas avant. Il est donc encore très rare de voir des couples vivre en concubinage dans la péninsule. Très mal vu par les paternelles. Tout cela fait bien entendu partie de cette chère tradition confucianiste. Mais qu’en est-il de la réalité des faits ? Tout le monde sait tout, mais personne ne dit rien. Le sexe, qu’il soit conjugale ou extra-conjugale, est connu de tous et n’ébranle en rien la société coréenne.
Mais attention, il ne faut jamais se prêter au jeu des grandes déclarations sur le sujet, comme avait osé le faire le journaliste du Wall Street Journal Evan Ramstad lors d’une conférence de presse hebdomadaire du ministère des finances Yoon Jeung-Hyun le 8 mars dernier. Notant que ce jour était celui de la femme dans le monde, Evan Ramstad décida de souligner que « la Corée avait l’un des plus bas taux en termes de femmes employées et le plus grand écart de salaires entre homme et femme parmi les pays développés », avant de demander au ministre s’il pensait que « cela était dû au fait que les hommes allaient dans les « Room Salons » (karaoké où règnent alcool et jeunes filles) après le travail, décourageant pour les femmes, ou si les entreprises n’embauchaient pas de femmes car seuls les hommes étaient à même d’aller dans ces lieux ». Si Evan n’a pas été loin d’être rayé de la « carte journalistique » en Corée, le débat a rapidement tourné vers autre chose : l’éthique et l’attitude des journalistes étrangers dans la péninsule, leur frustration à communiquer avec le gouvernement, et le fort sentiment nationaliste qui va à l’encontre des médias étrangers. Bref, le tabou est là, tout le monde sait ce qu’il se passe, mais mieux vaut se taire. La société sud-coréenne a une image simple, mais dont personne ne parle : les hommes travaillent et sortent le soir entre collègues (restaurant, karaoké, bar, room salons, etc.) pour ne rentrer que très tard chez eux et repartir très tôt le matin et assurer leur rôle de bon père et/ou mari le weekend, et les femmes contrôlent le foyer et les finances et ne réagissent pas aux égards du mari tant qu’aucun fait visible ne les poussent à changer de vie.
Si les room salons sont de véritables lieux de débauches pour les hommes, un nouveau phénomène tendance existe depuis quelques années et se développe à une vitesse impressionnante ces derniers mois : les « bars à hôtes ». Le journal de Séoul s’est penché sur ces lieux de débauches pour femme cette semaine en menant une petite enquête. Une centaine de bars serait ainsi enregistré du côté de Gangnam, quartier huppé de Séoul, où plus de 10 000 clientes passeraient chaque jour quelques moments avec leurs amies pour s’amuser avec des jeunes hommes bien bâtis à qui elles glisseront quelques billets de 50,000... Si une bonne partie des rooms salons pour homme et femmes restent des lieux où l’on chante, boit et s’amuse (gentiment) avec des demoiselles qui sont plutôt là pour faire consommer les bouteilles de Whisky, il en reste une partie qui propose des services illégaux, à savoir la prostitution. Un business qui semble rapporter puisque l’industrie des « bars à hôtes et hôtesses » représenterait plus de 30 milliards de wons (25 millions de dollars), sans compter les mouvements illégaux bien entendu, et sans compter les karaokés tout autour du pays qui proposent d’appeler quelques filles pour vibrer sur les « trottes » coréennes. Du point de vue légal, les propriétaires de ces lieux sont à la base propriétaires d’un restaurant ou d’un karaoké-bars. Mais leur activité change de 22h à 2h du matin. Selon le journal, ce ne serait pas moins de 2 à 3 000 jeunes hommes entre 20 et 30 ans (voire même quelques adolescents) qui rendraient des services particuliers aux « ajummas » (femmes de plus de 40 ans souvent). Bref, un phénomène qui ne fait pas avancer le schmilblick du tabou sur le sexe en Corée, femmes et hommes y trouvant désormais leur compte.
AROSMIK - 20110121
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