Une opération d’infiltration conduit à la libération d’Ingrid Betancourt
Après six années de captivité, l’otage franco-colombienne des Farc Ingrid Betancourt a été libérée mercredi 2 juillet au cours d’une opération conduite par l’armée colombienne dans la province de Guaviare, dans le sud-est du pays. Trois otages américains ainsi que onze militaires colombiens également détenus ont été libérés.
L’annonce de cette libération a été faite depuis Bogotá par le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, vers 21 h 20 heures française.
Les conditions de cette libération
On sait maintenant que cette libération a été permise par une opération d’infiltration lancée il y a plusieurs mois. Le ministre de la Défense l’a d’ailleurs reconnu : "Les otages ont été libérés lors d’une opération de l’armée au cours de laquelle il a été possible d’infiltrer le premier cercle des Farc, celui qui a surveillé pendant les dernières années un important groupe d’otages. Grâce à plusieurs processus, nous avons réussi à infiltrer le secrétariat des Farc".
D’après un recoupement des premiers éléments fournis par les médias ainsi que des déclarations du ministre de la Défense colombien et d’Ingrid Betancourt, il apparaît que l’armée colombienne s’est appuyée sur un agent infiltré au sein du secrétariat général des Farc, l’organe de direction de la guérilla. Cet agent aurait transmis au Front numéro 1, qui détenait les otages, un faux ordre supposé d’Alfonso Cano, le chef des Farc. Cet ordre exigeait que trois groupes d’otages soient regroupés afin d’être transférés en hélicoptère jusqu’à un lieu pour y rencontrer Alfonso Cano. Dans la journée du mercredi 2 juillet, deux hélicoptères d’apparence civile occupés par des hommes se présentant comme les membres d’une ONG, en fait des membres des forces spéciales colombiennes, ont embarqué les otages ainsi que deux membres des Farc chargés de leur surveillance. Une fois à bord, les deux hommes ont été neutralisés sans coups de feux et les otages ont pu apprendre leur libération.
Quelles conséquences pour les Farc et Uribe ?
Cette libération intervient alors que deux négociateurs français et suisse cherchaient depuis plusieurs jours à prendre contact avec la direction des Farc en vue d’une libération d’otages. Pour autant, cette libération est uniquement imputable à l’opération de l’armée colombienne dans un contexte d’affaiblissement de la guérilla. C’est une défaite psychologique pour les Farc, mais c’est aussi la perte d’un précieux capital politique alors que s’annonçaient des négociations dans lesquelles la guérilla aurait pu marchander les otages.
Le président colombien, Álvaro Uribe, apparaît comme le grand vainqueur de cette libération. Son approche contre-insurrectionnelle et sa volonté de combattre coûte que coûte les Farc semble renforcée, alors que la famille d’Ingrid Betancourt et l’Elysée lui reprochaient de mettre en danger la vie des otages en encourageant les opérations militaires au détriment de la négociation. D’autre part, Uribe démontre sa capacité à libérer les otages sans médiation vénézuélienne, mais par le biais d’une opération extrêmement bien conduite, intelligente, et qui n’a fait aucun mort. Son opinion publique en sort par ailleurs renforcée alors que doit se tenir prochainement un référendum sur l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle, la validité de sa réélection en 2006 ayant été contestée par la Cour suprême.
21 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON