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Arnaud Lagardère fait son deuil du pôle défense et devient le vrai patron d’un groupe plurimédias

 Arnaud Lagardère sort de son deuil et décide de se faire un prénom dans les médias. En mai dernier, il demande à son ami Jean-Paul Gut, vice-président d’EADS, de bien vouloir licencier le corbeau Gergorin, dix jours avant sa mise en examen. Le 15 juin, il remercie Noël Forgeard qui vient d’encaisser 2,5 millions d’euros en vendant des options avant l’annonce des retards de livraison d’Airbus. Le 25 juin, il demande à Gérald de Roquemaurel, président de Hachette Philipacchi, de signifier le départ d’Alain Genestar, patron de Paris Match. Le 13 septembre, il nomme Didier Quillot, PDG démissionnaire de l’opérateur Orange, à la tête d’un pôle média élargi du groupe Lagardère en évinçant M. de Roquemaurel.

L’affaire Clearstream

Depuis la relance médiatique de l’affaire Clearstream et les perquisitions chez EADS en début d’année, avec un fer devenu incandescent au moment des déclarations de Nicolas Sarkozy à l’encontre du premier ministre, une crise des plus graves touche EADS, le pôle défense du groupe Lagardère.

Arnaud Lagardère, l’héritier fidèle aux compagnons de son père, va improviser une stratégie pour atteindre ses objectifs originels au rythme des crises médiatiques : inscrire son nom sur la petite liste des groupes plurimédias internationaux et créer un centre d’entraînement omnisports au niveau le plus élevé.

Après les aveux de Gergorin, Jean-Paul Gut, vice-président et ami d’Arnaud, engage une procédure de licenciement à l’encontre du corbeau, le 19 mai, dix jours avant sa mise en examen. Arnaud ferme derrière lui la porte du cimetière en chassant celui qui prétendait que son père avait été empoisonné par une mafia russe.

Le scandale Airbus

Après l’annonce médiatisée des retards de livraison d’Airbus, le 15 juin, Arnaud Lagardère est soupçonné par les médias de délit d’initié comme le patron d’EADS. Le 15 mars, Noël Forgeard avait exercé une option sur 162 000 actions, dont la revente immédiate lui avait rapporté quelque 2,5 millions d’euros de plus-values. Entre le 15 et le 17 mars, ses trois enfants ont fait de même, empochant chacun 1,4 million d’euros. Le directeur général délégué, le responsable de la division Espace, celui de la division Défense et Sécurité et le directeur des ressources humaines avaient, eux aussi, vendu massivement des actions au cours de cette période. Arnaud déclare dans une interview au Monde publiée le 15 juin : "Si nous avions été malhonnêtes, ce n’est pas 7,5 % du capital que nous aurions vendu, mais la totalité. J’ai le choix de passer pour quelqu’un de malhonnête ou d’incompétent, qui ne sait pas ce qui se passe dans ses usines. J’assume cette deuxième version". L’audit réalisé durant l’été semble confirmer sa thèse. Mais le gouvernement français, qui sort de la crise du CPE, fait l’objet de toutes les critiques de l’opposition et des médias sur ce dossier. C’est l’occasion pour Arnaud de lâcher prise sur EADS en nommant le 3 juillet le très populaire Louis Gallois en lieu et place de Noël Forgeard. L’arrivée à la tête d’EADS d’un patron étranger à l’aéronautique est également un camouflet pour les directeurs généraux d’EADS qui font, eux aussi, les frais des soupçons de délit d’initié.

La revanche contre Paris Match

Très proche ami de Nicolas Sarkozy, qui vient de retrouver - pour de bon - son épouse Cécilia à la fin du mois de mai, Arnaud demande à Gérald de Roquemaurel, président de Hachette Philipacchi Média, d’écarter Alain Génestar de la direction de Paris Match. Un communiqué de l’AFP confirmera cette rumeur le 25 juin. Elle a provoqué la première grève du personnel depuis Mai 68.

La naissance d’un groupe plurimédias

Le 13 septembre, à l’occasion de l’annonce des résultats semestriels de son groupe, Arnaud annonce le remplacement de G. de Roquemaurel par Didier Quillot, PDG démissionnaire de l’opérateur Orange. Lagardère veut un professionnel du Web pour Hachette. Si tout le monde connaît les relations difficiles entre Arnaud et Gérald de Roquemaurel, la rumeur s’amplifie, affirme La Tribune dans son édition de mercredi. Le quotidien souligne que l’entourage d’Arnaud confirme officieusement que des décisions importantes vont être prises concernant la direction de sa filiale presse écrite. "Soit le patron de HFM accepte de partager la gestion de la filiale avec une personne compétente dans le numérique, soit il fait ses valises", écrit notamment La Tribune qui souligne qu’Arnaud lui reproche notamment "le retard pris par le groupe dans le Web". Didier Quillot va prendre la tête d’un pôle média élargi du groupe Lagardère, regroupant les filiales HFM et Lagardère Active (qui regroupe les actifs Internet, télévision payante, radio et production audiovisuelle. Voila sans doute une réponse à la question que mon dernier article posait : L’Institut Montaigne propose onze solutions pour sauver la presse quotidienne d’information..

La création de contenus sportifs

Depuis qu’Arnaud a tissé des liens étroits avec le maire de Paris lors de la défaite de la candidature de la capitale aux jeux olympiques, il vient aussi d’obtenir le 1er septembre la gestion de la Croix-Catelan, au coeur du bois de Boulogne. Parc sportif de 6,5 hectares, la Croix-Catelan dispose d’une piste d’athlétisme, de 49 courts de tennis, de 4 terrains de volley, de 2 piscines dont une de 50 mètres, d’un parcours de décathlon et d’une salle de musculation. Les dirigeants historiques du Racing Club de France devraient réactualiser leur CV au plus vite.

Sur les traces de son père, passionné de voitures et de chevaux de course ainsi que de football, Arnaud va pouvoir créer la grande école des élites sportives avec les meilleurs entraîneurs arrachés aux fédérations. Il pourra ainsi détenir les droits d’image des futures étoiles sur tous les médias : télévision, radio et presse écrite. C’est-à-dire aussi sur le méta-média : Internet. Arnaud va pouvoir contrer le déploiement européen des médias industriels allemands, australiens ou américains.


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7 réactions à cet article    


  • jrf (---.---.49.67) 15 septembre 2006 17:54

    Erreur, Louis Gallois fut président de SNECMA puis président d’Aerospatial, avant que celà ne devienne EADS. Louis Gallois est un vrai spécialiste aéronautique, son passage au train fut lui atypique.


    • dussauge dussauge 18 septembre 2006 10:07

      Bonne remarque. Merci !


    • Forest Ent Forest Ent 15 septembre 2006 22:26

      On ne peut pas non plus dire que Lagardère fait son deuil d’EADS, parce qu’il n’y tenait pas non plus. Il s’était juste engagé à garder ses parts dix ans, il y a dix ans, pour faire plaisir à Chirac. Il était prévisible qu’il revende aujourd’hui, et il en avait toujours annoncé l’intention.

      Ces petites inexactitudes n’entâchent pas l’intérêt général de cet article.

      Il est clair que le secteur des médias n’a pas fini de valser.

      Mais j’aimerais bien savoir à qui appartient vraiment le groupe Lagardère, parce qu’Arnaud n’en a que 9%.


      • dussauge dussauge 18 septembre 2006 10:14

        Merci pour votre commentaire. Mon titre voulait faire une allusion au deuil de son père, Jean-Luc, batisseur du groupe de défense. Arnaud n’avait opéré aucune réorganisation majeure dans les prises de participations de Lagardère. En 2006, Arnaud prend réellement les rênes de ses ambitions.


      • V.Pouchet (---.---.247.173) 16 septembre 2006 17:32

        On peut parler de Lagardère mais on doit aussi observer l’évolution du monde des médias plus largement. Tout change et quelque part, silencieusement, les investisseurs et les grands groupes de communications internationaux prennent le pouvoir. Les medias ne forment plus un domaine protégé. Les liens entre intérêts politiques, médiatiques et économiques semblent des plus troubles, le besoin de faire le clair sur ces questions apparaît plus qu’urgent. Pour comprendre les mécanismes et les enjeux des bouleversements sans précédent qui se préparent dans ce domaine dit « pas comme les autres », pris dans l’engrenage de la révolution technologique, je recommande grandement la lecture de « MEDIABUSINESS, le Nouvel Eldorado » (Fayard) de Danièle Granet et Catherine Lamour.

        Ce livre qui vient de paraître et dont j’achève tout juste la lecture est une enquête captivante, très précise et incisive sur la presse, la télévision, la radio, et les télécommunications pris dans le défi et les contradictions liés au choc entre les intérêts nationaux et le capitalisme mondialisé. Compte tenu de la place toujours grandissante que tous les médias occupent dans nos vies quotidiennes, je crois qu’on ne peut pas ignorer cette révolution silencieuse, qui change profondément le fonctionnement des médias. Les medias sont devenus à notre insu un secteur économique comme les autres et « MEDIABUSINESS » (Fayard) décrypte très clairement ce nouveau business mondial, et, je dois dire, m’a ouvert les yeux sur l’ampleur de ce mouvement.


        • PAUHL (---.---.200.208) 6 mars 2007 14:32

          Arnaud LAGARDERE,contrairement à ce qui est écrit, n’est pas un passionné de chevaux. D’ailleurs, il a revendu l’écurie « Casaque grise, toque rose » que son père avait patiemment mise sur pied durant de très nombreuses années, au Prince Karim Aga Khan. L’empire est en train de sombrer petit à petit, à cause de la mégalomanie de cet enfant gâté. Force est de reconnaître, à sa décharge, qu’il n’est toutefois pas facile aux glands de pousser à l’ombre des grands chênes.

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