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Balade en eaux troubles en mer d’Alafin

Quel peut être le lien étroit qui n’apparait nulle part et qui lie pourtant visiblement les journalistes aux forces de l’ordre, ou le show-business au monde politique ? Pourquoi ces fonctions sans liens communs se fondent-elles ainsi presque en un seul feuilleton qui noircit les pages des pipole-story à grand tirage et des magazines à scandales audiovisuels quotidiens ? Auraient-elles des intérêts communs, besoin les unes des autres pour vivre, ou se bousculent-elles sous le feu des mêmes caméras pour aller se faire voir ? Quel peut bien être ce fil conducteur qui rassemble ces métiers distincts en un seul méli mélo dramatique.

D’abord, comment un journaliste au petit matin programme le plan de l’agenda de ses journées libres et sans rendez vous ? en écoutant la radio et lisant les journaux ? Les journaux, c’est lui, et la radio locale n’existe plus. Comment fait-il pour organiser sa journée libre et sa quête vitale d’infos à remonter dans ses filets ? Il se dirige droit vers le premier café ouvert où il rencontre immanquablement le commissaire de police qui va y boire un café avant son service, et plus tard, ses préposés après le leur. C’est pour le journaliste local d’investigation, la meilleure source de renseignements diverse et variée.

Ce système est même tellement bien ficelé et les mailles du filet étendu au travers du territoire si fines, que celui-ci tient debout tout seul. Les journalistes ont besoin des forces de l’ordre devenant le catalyseur de leur métier, mais se doivent en retour d’honorer quelques services annexes non déclarés. Ce n’est pas Yves Bertrand, ancien patron de la DGSE qui vous dira le contraire. Lui qui « n’a jamais été mis en cause par la presse durant l’instruction de l’affaire Clearstream », sait très bien pourquoi, et eux, bien que « Distribués à une soixantaine d’avocats présents au procès, les carnets ont été immanquablement redistribués à un paquet de journalistes » dont aucun n’a pipé mot. Non seulement le lien est étroit entre les forces de l’ordre et le monde de l’information quotidienne, mais étrangement solidaire en matière de tenue du secret.

Pire, le filtre appliqué à sélectionner les informations destinées au grand public est si pingre, si congru, si menu, si avare, que tous se jettent en même temps sur la même comme la famine sur le tiers monde. La foire d’empoigne en devient désolante de misère comme dans certains cas célèbres d’affaires totalement échouées, par harcèlement journalistique. Tous ces professionnels se jetant sur un modeste fait divers, et l’épluchant jusqu’à la moelle pour le lapider en public, fabriquent l’addiction des lecteurs et participent à l’intoxication d’un public assoiffé de sang frais.

Derrière ce manège infernal, les vraies infos digne de sens et intéressant vraiment le quotidien des français disparaissent comme une aiguille dans une botte de foin, dans les petites lignes secondaires. Et pendant ce temps précieux, le monde entier focalise sur la rumeur d’instabilité qui survole notre présidence française. Tous les sites internet censés être libres en font la une avec des quantités de liens vers des sources différentes mais sur la même information, au grand bonheur des élites qui tirent les ficelles et qui ainsi peuvent admirer de là-haut, leur immense pouvoir sur l’individu commun, qui dans ce cas, ne fait plus qu’un...imbécile heureux.

Personne n’est innocent dans ce système puisque la première affaire est lancée au loin comme pour éloigner les chiens qui courent se ruer dessus, juste afin que la caravane du journal officiel puisse passer tranquillement. Le délit d’initié est difficile à détecter en cas de tremblement de terre dont personne n’est censé savoir s’il n’aura pas lieu, doublé d’un énorme tsunami, la veille du mariage de sa majesté avec son futur mari le prince. Mais il devient flagrant quand le fait divers, qui mobilise tous les médias sans exceptions, est destiné à en cacher une autre bien plus grave et d’échelle nationale voire même internationale. Et particulièrement quand celui-ci s’éteint tout seul, le lendemain même du verdict de la première, le délit d’initié devient alors enfin presque visible et la ficelle se voit dans le dos de la marionnette, mais seulement après reconstitution des évènements.

Le journalisme audiovisuel fait de plus en plus usage d’outils destinés auparavant aux services secrets, les caméras cachées, et les utilise malgré tout en cas de désaccord avec les parties filmées. En effet, la prolifération de ces petits appareils espions donne des ailes à la profession qui parfois, frise la limite de la légalité et empiète sur le terrain de la police. Le émissions les plus sérieuses qui traitent de sujets les plus graves de notre société, utilisent cet argument pour entrer en illégalité et ainsi se faire pardonner. Ce procédé, pratiqué et mis au point par les fameux paparazzis, les mêmes qui ont été accusés d’avoir indirectement entrainé la mort de Lady Di, est devenu monnaie courante pour un certain public accro qui en redemande.

Au nom de celui-ci, toute les professions déjà citées, journalistes, flics, stars et politiques, se fourvoient tous les jours dans un spectacle indigne sauf...pour les scénaristes de Hollywood. En effet, inutile de se voiler la face, ce sont leurs agences qui décident des faits divers pouvant constituer leur pain croustillant quotidien, et qui choisissent les scénarios les plus convaincants pour leurs futurs best sellers et autres films champions du box office étasuniens. Ce sont eux qui tirent les ficelles de chaque épisode quotidien de tous nos divertissements, scénarios, séries et produits dérivés, enfin toute la panoplie des faits divers montés en épingle qui est à notre disposition. Engagez vous qu’ils disaient, hé bien, abonnez vous maintenant...

« Nous ne sommes qu’une variable de cet ajustement-là. Heureusement, le ramassis d’escrocs, d’imposteurs, d’industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l’heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu’ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle "victoire" dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manœuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d’autres termes : la situation est excellente. Ce n’est pas le moment de perdre courage. » Ce sont les paroles de Julien Coupat.

En résumé, ne pouvant tous devenir des stars du paf, il ne nous reste qu’à rester éternellement fanatiques de certains et suivre leur séries quotidiennes télévisées, et leurs faisceaux de pubs annexes, ou alors connaître un journaliste, qui connait un commissaire, qui fréquente un homme politique, qui drague une star. Mais, dans tous les cas, ce n’est pas parce que tout ce monde là est dans la pure comédie, du matin jusqu’au soir jusqu’au bout des doigts, que les caméras vont se jeter sur vous, sauf évidemment, les cachées...Le lien qui relie ces métiers pourtant distincts est que les présents ne sont, avant tout que les vrais carriéristes, mais aussi de purs skizo-comédiens. Les journalistes qui taisent, les policiers obligés au secret, les politiques pris en off, et les stars qui jouent, ne montrent que la partie émergente de leur iceberg personnel. Le problème actuel est que celui-ci est en train de couler dans cette mer d’Alafin...

 

Le chef de l’État a déposé plainte. C’est le suivi des informations qui manque le plus à tout média y compris le net via gogol.

 

Richissime entrevue de Julien Coupat

Verdict affaire clearstream

Le pire usage de la caméra h/f

 


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2 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 12 avril 2010 13:10

    J’étais partagé sur le titre : Baladant nos troubles, emmerdes à la fin... 


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 13 avril 2010 01:16

      Je me permet d’ajouter un post de " 

      Macbeth le 11/04 à 07h46 sur lepost.fr
      Tout à fait d’accord pour reprendre les termes de cet extrait suivant lesquels, pour Mélenchon, la précarité des contrats de travail peut être pour beaucoup dans la dérive journalistique de certains (pas tous) jeunes journalistes.
      Hier, je me suis connecté à plusieurs médias d’information télévisuel, (LCI, BFM, i-Télé) après l’annonce du décès du président polonais et je ne voyais là (week-end oblige, sûrement) que de jeunes présentateurs journalistes qui accumulaient les uns après les autres et sur chacune de ses chaînes, quelques bévues... L’un annonçait la mort du président russe, tandis que leur « envoyée spéciale à Moscou » ne prenait même pas la peine de le reprendre tandis que les commentaires de "l’envoyée spéciale" étaient repris sur cette chaîne info tout au long de la matinée sans qu’il soit précisé qu’elle n’était plus en directe et qu’il s’agissait d’une intervention de sa part qui datait de quelques heures... Bonjour l’amateurisme et l’imprécision !
      Dans l’après-midi, sur une autre de ces trois chaînes infos, la présence d’un invité plutôt éclairé sur les questions politiques en Pologne ne donnait pas lieu de la part de la journaliste en charge de la présentation du journal à des questions bien pertinentes, voir même réellement « intéressées »... Manque de culture et de connaissance, à mon avis. Un journaliste devrait posséder, à la façon des bons traducteurs et interprètes, une culture la plus large possible et des connaissances géo-politiques très élevées. A quoi bon une formation journalistique autrement ?!? Or, il me semble que ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut.
      Mais pour reprendre la réflexion sur l’absence de contrat de travail « solide » et/ou de conditions de travail acceptables, il est également évident que ce travail journalistique peu ou pas encadré par des plus anciens ne peut être qu’à la source de nombreuses dérives de la part des plus jeunes...

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