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Accueil du site > Actualités > Médias > Infocapitalistes et pronétaires : collaboration possible... et fructueuse (...)

Infocapitalistes et pronétaires : collaboration possible... et fructueuse !

Dans leur nouveau livre, La révolte du pronétariat et dans le blog associé, Joël de Rosnay et Carlo Revelli évoquent la nouvelle lutte de classes entre infocapitalistes (= médias traditionnels) et pronétaires (= membres de la blogosphère et acteurs du Web 2.0 - " bichonnés" stratégiquement par Yahoo).

Ainsi, J. de Rosnay dit, dans cet interview :

  • ... Ces nouvelles pratiques mettent désormais en cause les modèles traditionnels industriels et commerciaux de production et de distribution
  • ..... La création collaborative et la distribution d’informations de personne à personne confèrent de nouveaux pouvoirs aux utilisateurs, jadis relégués au rang de simples consommateurs...
  • ....Je voudrais donc témoigner aujourd’hui de cette nouvelle lutte des classes, entre ceux que j’appelle les « infocapitalistes » détenteurs des contenus et des réseaux de distribution, et les « proNétaires », nouveaux producteurs et acheteurs de biens et services produits par eux-mêmes en ligne sur les réseaux..."
Dans mon billet sur le blog www.pronetariat.com, je défends plutôt l’idée que la solution ultime pour les deux parties est une collaboration harmonieuse fondée sur un équilibre sain :
  • ...il existe pour moi une autre vision : celle de la cohabitation, voire de la collaboration, plutôt que celle de l’opposition...
  • ...les journaux vont trouver enfin, avec le Web2.0 qui émerge, la bonne réponse à leur quête incessante depuis leur genèse des moyens les plus efficaces pour dialoguer avec leurs lecteurs !
Je me sens actuellement un peu isolé avec cette théorie ;-) au moins, Guillaume Champeau partage mon point de vue. Ouf, on se sent moins seul !

Et, puis, la Neue Zürcher Zeitung vient d’illuster, par des exemples concrets que la collaboration entre infocapitalistes et pronétaires peut exister :

  • La rédaction du journal de Saarbrück permet depuis janvier à ses lecteurs de lui faire parvenir des emails, sms, mms, fax d’alertes sur des informations locales. Ils sont ensuite directement intégrés dans les systèmes rédactionnels pour être - pour les meilleurs d’entre eux - publiés sur Internet ou dans le titre papier.
  • le journal VG (Verdens Gang) d’Oslo, qui fait partie du groupe Schibsted (qui publie aussi 20Min dans plusieurs villes de France) est clairement le pionnier. Cela fait deux ans qu’il utilise les forces de ses pronétaires locaux pour fabriquer un meilleur journal : ceux-ci lui envoient plus de 5000 informations, sous forme multimédia, par mois, dont 20% sont réutilisables pour publication dans le titre papier, tiré à 380 000 ex., ou sur le site Web. L’exemple (tristement) fameux de VG est qu’il a été le tout premier en Norvège à pouvoir publier des photos du tsunami de Noël 2004 : ses lecteurs en vacances sur place l’ont instantanément alimenté en contenu exclusif !
Vu son propre modèle de fonctionnement à but lucratif, VG adopte une démarche réaliste : il paie les citoyens pronétaires qui collaborent avec lui.

De 20 euros pour une alerte de base, on peut aller jusqu’à 2400 euros pour le scoop de grande envergure ! VG paie au total environ 150 000 euros par an pour obtenir ce contenu exclusif via ses lecteurs. C’est finalement une toute petite somme, quand on considère l’esprit de communauté et la fidélité qu’une telle approche génère parmi les lecteurs.

Pour conclure, je reprendrai la vision de Dan Gilmor, l’ex-chroniqueur du San Jose Mercury News, devenu évangéliste du journalisme citoyen :

"Cette nouvelle forme de journalisme fait son chemin, un journalisme participatif dans lequel des non-journalistes ajoutent ce qu’ils savent à propos d’un sujet pour qu’ensuite les journalistes et les autres y creusent de quoi reconstruire la réalité. C’est un changement majeur, c’est ce qui m’intéresse, la complémentarité entre journalisme professionnel et journalisme citoyen : il vaut mieux plusieurs voix qu’une seule, et la technologie permet cela."

Laissons juste un peu de temps au temps pour que les pièces du puzzle actuel finissent par trouver comment s’assembler entre elles. Il y aura, bien sûr, à limer les quelques contours encore trop anguleux !


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7 réactions à cet article    


  • badr (---.---.218.143) 17 janvier 2006 22:13

    « la solution ultime pour les deux parties est une collaboration harmonieuse fondée sur un équilibre sain »

    Vous pensez qu’avec cette « collaboration harmonieuse » les dérives journalistiques cesseront ? Que par exemple, l’appropriation de médias par des groupes vivant de commandes de l’état, comme les marchands d’armes, sera enfin dénoncée ? Que la marchandisation de l’information cessera ? Que la promotion du social-libéralisme comme solution unique finira ?

    Cette « collaboration harmonieuse » n’est-elle pas un artifice pour améliorer l’image des médias dominants, d’acheter à bas prix le travail de Monsieur tout le monde et de récupérer les « dissidents » ? L’appât du gain ne fera-il pas intégrer les contraintes de l’« infocapitalisme » aux « pronétaires » ? De quel pouvoirs disposent les « pronétaires » pour contre-balancer la censure des « infocapitalistes », s’ils décident de l’appliquer ?

    Heureusement, que vous êtes « actuellement un peu isolé avec cette théorie » smiley

    Dernière remarque : Internet est un outil de communication accesible à des couches aisées qui disposent des moins d’acquérir la technologie nécessaire pour surfer. La majorité de la « France d’en bas » est exclue de ce mode de « dialogue ».


    • Didier Durand Didier Durand 18 janvier 2006 06:38

      Bonjour Badr,

      Ma vision personnelle sur vos commentaires

      a) dérives : oui, je pense que l’intégration de la blogosphère dans les média traditionnels va les atténuer fortement car un journaliste qui dérive sera contré rapidement et efficacement par les citoyens. Si le média bloque ces contres en direct, ils seront émis et lus depuis les blogs. Tous les outils technologiques (Technorat) sont là pour avoir des conversations vues de tous depuis des lieux hors du contrôle des média traditionnels

      Un exemple : E. Jordan, patron des news de CNN a perdu son job à cause d’une telle dérive démontée par la blogosphère . Voir http://media-tech.blogspot.com/2005/05/puissance-des-blogs-aprs-cnn.htm

      b) acheter le travail à bas prix : quand on fait ce travail « pour le fun » et pour alimenter des disucssions en ligne, on le choisit ! C’est mon cas. Quand j’en aurai assez du fun, je me limiterai à mon blog ou j’essaierai de me faire payer ou je stopperai ou ... selon l’humeur du moment smiley Je pense que c’est pareil pour les autres journalistes citoyens.

      Je pense que c’est bien d’avoir une tribune d’expression et je suis encore ok pour l’utiliser sans contrepartie pécunière. Juste pour discuter....

      Je sais que les grands média peuvent en tirer des profits. Tant que la démarche est consciente de mon côté, tant mieux pour eux ! Il y a plein d’autres choses que nous faisons tous qui rapportent beaucoup à ces mêmes média : notre écoute PASSIVE de la TV par ex.

      c) Il y tous les moyens de contrer la censure : voir plus haut !

      d) France d’en bas : pas d’accord avec vous. consultez les derniers chiffres de la pénétration Internet : Mr Tout le Monde (ou presque) est connecté ou le sera très bientôt. Ensuite, pour participer à ce « jeu » : c’est 100% gratuit. Il faut juste investir son temps.

      De plus le livre, la TV, la radio, le téléphone ont tous été des outils de « gens aisés » avant d’entrer dans la vie de chacun : cela a été le cas de l’Internet mais - à mon avis - le cap élitiste est passé !

      PS : ma vie de reclus dans les montagnes du Jura me laisse croire que dans cette dernière remarque vous vous en prenez à certains microcosmes parisiens dont je ne fais pas partie smiley


    • Joël de Rosnay (---.---.46.121) 18 janvier 2006 18:12

      Dans un chapitre du livre intitulé : « l’Empire contre-attaque... ou collabore », j’envisage, bien entendu, la complémentarité, plutôt que l’opposition systématique entre « majors » et « pronétaires » ! Voici quelques extraits de ce chapitre :

      « C’est peut-être par l’intermédiaire de la Web Tv nouvelle formule, que l’« Empire » des Majors entrera peut être dans un cycle vertueux de complémentarité avec le pronétariat, inventant ainsi, collectivement, le futur des média de masse... » (...) « Une coopération possible entre infocapitalistes et pronétaires est en train de s’amorcer avec l’initiative lancée par Jeremy Allaire, un jeune millionnaire du Net, grâce à sa start-up BrightCove.com, qui sera opérationnelle en janvier 2005. Brightcove utilise le pouvoir d’Internet pour transformer le média télévision en permettant aux producteurs de vidéo, autant les grands groupes que les pronétaires, de proposer leurs programmes en ligne et à haut débit, contre une rémunération, soit directe, soit par l’intermédiaire de la publicité. Ainsi, chaque producteur de vidéos pourra proposer son œuvre sur Internet (grâce au pack logiciel proposé par BrightCove) et gagner de l’argent si quelqu’un la regarde. Allaire s’inspire ainsi du modèle de Google qui génère des revenus grâce aux annonces publicitaires placées sur les sites de ses clients. BrightCove, prévoit de laisser une place importante aux clip vidéo de courte durée analogues à ceux qui prolifèrent déjà sur le Net. Le modèle est simple, il suffit de placer la pub de 30 secondes en tête de la vidéo. Les annonceurs acceptent déjà de payer 25$ pour mille spectateurs, plus que ce qu’il payent pour la télévision classique. Il existe aujourd’hui plus d’un million de clips vidéos sur Internet et qui peuvent être vus sans attente grâce au « streaming », (flux continu) ou qui peuvent être téléchargés pour visualisation ultérieure. L’entreprise de marketing, Forrester Research, estime que la moitié de la population des internautes regardent des vidéos en ligne. BrightCove n’est plus seul : viennent la rejoindre dans ce nouveau marché, d’autres start-ups comme Blinks, Akimbo, ou ThePlatform. Les grands de la communication comme Viacom, cherchent désormais à collaborer avec ces jeunes entreprises qui inventent une nouvelle façon de faire de la télévision. Les entreprises de communication qui ne possèdent pas de réseaux câblés, se tournent vers le haut débit sur Internet pour diffuser leurs programmes. » Joël de Rosnay


      • Joël de Rosnay (---.---.46.121) 18 janvier 2006 18:19

        Petite correction : il faut lire au sujet de Brightcove.com : « opérationnelle depuis janvier 2005 ». La correction a été faite sur les épreuves définitives ! Désolé pour ce copier/coller, fait à partir de mon propre manuscrit


        • Didier Durand Didier Durand 19 janvier 2006 16:26

          Bonjour Joel,

          Merci de votre commentaire !

          Je lirai donc le livre avec intérêt dès qu’il sera disponible pour y voir les autres arguments que vous développez en faveur de la collaboration pronétaires <-> infocapitalistes.

          didier

          Media & Tech


        • Manuel Ivens (---.---.76.127) 20 février 2006 18:47

          Porquoi pas une AgoraVox en langage portuguaise ? Et porquoi pas la tradution du livre « La revòlte des pronetariat » ... à bientôt !

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