Lance Armstrong
Lance Armstrong a finalement rendu les armes. Après une décennie de déni, le septuple vainqueur du Tour a enfin admis devant Oprah Winfrey avoir eu recours au dopage durant ses années de gloire sur son vélo. Mais ses aveux ô combien tardifs semblent être davantage dictés par le souhait d’une réduction de peine que par une soudaine exigence de vérité.
Il n’a que 41 ans, mais a déjà derrière lui une biographie aussi longue et tourmentée qu’un personnage d’un roman de Victor Hugo. Ca tombe bien, Lance Armstrong est désormais aux yeux du monde un misérable. Il faut dire que l’ancien cycliste a tout fait pour acquérir ce statut, en mentant ostensiblement à la terre entière tout au long de sa carrière, et en avouant finalement sa faute bien trop tard, et par intérêts qui plus est.
En optant, pour son grand déballage, pour la grande prêtresse de l’audiovisuel américain, à savoir Oprah Winfrey, Armstrong avait choisi de mettre tous les atouts de son côté avant de passer à table. Même si le monde entier fut loin d’être rassasié par ce mea culpa pour le moins téléphoné…
Born in the USADA
Il faut dire que le Texan a, avant toute chose, cherché à ménager la chèvre et le chou durant cette interview dite vérité. S’il a, certes, enfin avoué avoir eu recours à la drogue en général, et à l’EPO en particulier, durant ses tours de France victorieux, il n’a en revanche pas décrit avec précision le système mis en place autour de lui afin qu’il parvienne à ses fins.
Il a ainsi épargné les hommes qui ont contribué à faire de lui le meilleur cycliste des années 2000, et surtout le recordman des victoires sur le Tour de France. Johann Bruynnel, directeur sportif de Lance durant ses sept glorieuses, a en particulier été totalement éludé de la conversation, alors que celui-ci fut le principal metteur en scène du mythe Armstrong post-cancer.
Cependant, même si les révélations n’ont pas viré au grand déballage, l’ex-fusée d’Austin a dû se résoudre à admettre les choses essentielles quant à son mode de vie sportif durant la majeure partie de sa carrière. Il a ainsi rendu les armes, devant le rapport implacable de l’USADA publié en juin dernier. En décidant ne pas contester les allégations avancées par l’Agence Américaine Antidopage, le Texan avait d’ailleurs commencé à creuser son tombeau l’été dernier, y laissant au passage ses 7 titres glanés sur le Tour.
Texas Instrument
Pour ceux qui connaissent un minimum les rouages de la communication américaine, cette mise en scène ne pouvait cependant faire office que d’illusion. Car il ne faut pas se leurrer quant aux raisons de ce passage aux aveux de l’ancien « boss » du peloton. Ils interviennent en effet seulement dans un cadre purement judiciaire, et dans le seul et unique espoir d’une remise de peine. Armstrong caresse en effet le doux rêve de pouvoir de nouveau un jour pratiquer le sport de haut niveau en compétition, en l’occurrence le triathlon. Pour cela, il espère que sa condamnation passe de la perpétuité à huit ans, le minimum envisageable. Mais à 50 ans, l’ancien rouleur aura-t-il encore la force de partir à la conquête de nouveaux défis ?
Eternel compétiteur, à la recherche du temps perdu même quand il avait quelques minutes d’avance, Lance Armstrong a pour la première fois de sa vie enfin accepté de se retrouver en queue de peloton. Mais cela n’a guère d’importance lorsqu’on a d’ors-et-déjà une place de choix dans la voiture-balai…
Gwendal Plougastel
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