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Les sondages, une addiction française

Malgré le choc du second tour de l’élection présidentielle en 2002, comme à chaque période préélectorale, les sondages continent de rythmer les débats et d’être repris en flux continu par les médias. Pourquoi cet engouement ? Et quel crédit faut-il accorder aux enquêtes d’opinion ?

A quelques semaines seulement de l’élection présidentielle, la litanie des sondages se poursuit. Dernier en date : selon un sondage IFOP, réalisé le 12 février et relayé par Le Monde, 75 % des Français jugent que le meeting de Mme Royal à Villepinte est « réussi ». On pourrait en citer d’autres sans effort. Notre pays détient, avec près de deux sondages publiés par jour ouvrable, le record du monde de la publicisation des sondages à caractère politique ou non.

Et pourtant, les techniques de sondage sont loin de faire l’unanimité et font régulièrement l’objet de critiques. Comme le fait observer Alain Garrigou, auteur en 2006 de L’ivresse des sondages et professeur à l’Université de Nanterre, "les fiches techniques des sondages font sourire au regard d’exigences méthodologiques scientifiques. Une technique standardisée d’interrogation tous azimuts n’a pas beaucoup d’intérêt pour la connaissance." Bref : la rigueur des méthodes employées par les sondeurs est bien loin d’être irréprochable. Et pour cause : les instituts de sondages ont développé une méthode d’investigation de l’opinion, la méthode des quotas, qui s’est substituée peu à peu à la méthode aléatoire. Cette dernière, plus précise, possède un défaut rédhibitoire pour les commanditaires : elle s’avère beaucoup plus coûteuse. Pour cette raison, les sondeurs ont mis au point des formules de sondages probabilistes moins rigoureux. En outre, la majorité des enquêtes publiées reposent sur un échantillon de 1000 personnes. Or pour 1000 personnes interrogées, la marge d’erreur est de plus ou moins 3,2% (écart possible de 6,4%). D’où la surprise d’avril 2002. Ce qu’oublient de rappeler aujourd’hui encore la plupart des commentateurs avisés.

Au-delà des méthodes de sondages, comme le souligne le professeur Dominique Carré dans Le Mensuel de l’Université, ce qui pose question est leur place que ces derniers occupent dans le débat démocratique et leur influence sur la formation d’une opinion publique : "Nous sommes aujourd’hui à une croisée des chemins. La fonction des sondages est passée de l’information et de l’aide à la décision politique à une fonction marketing." Désormais les sondages sont de plus en plus employés pour orienter l’opinion publique, promouvoir une image, une idée, un candidat et non pour obtenir une vision représentative de l’opinion publique.

C’est là sans doute que le recours aux sondages, qui fait parfois penser à une addiction, peut s’avérer dangereux pour la démocratie et la qualité du débat public. Faut-il encore corriger la loi de juillet 1977, déjà modifiée en 2002 ? Faut-il allonger la période précédant les élections au cours de laquelle aucun sondage ne peut être publié ? Ce sera à la prochaine législature, sans doute, de le dire.


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8 réactions à cet article    


  • (---.---.185.253) 22 février 2007 12:14

    Toujours est il que les sondages permettent de voir une tendance. Tant que l’ecart-type (ou la marge d’erreur) est donnee, les sondages sont utiles pour l’elaboration d’une strategie.

    En 2002, les sondages donnaient jospin a 19% et le pen a 16% avec 3% d’erreur, ce qui etait finalement correct.

    Hier, les sondages ont donnes, pour l’un, Segolene avec 1pt d’avance et pour l’autre Sarkozy avec 7pts. En l’occurence on depasse la marge d’erreur a 95%, 1 sondage sur 20 peut avoir des ecarts enormes.

    Pour conclure, un sondage (avec la methode des quotas) n’est pas representatif mais 10 sondages le sont.


    • chiffo (---.---.86.34) 23 février 2007 14:39

      « 1 sondage n’est pas représentatif, 10 le sont ». Tout faux.

      Les sondages actuels sont tous fabriqués de la même façon (méthode des quotas sexe/CS/âge/région sur 1000 sondés interrogés au téléphone et redressement par un expert). Ils sont peut-être juste ou bien peut-être faux. Mais le fait qu’il y en ait 10 à trouver le même résultat ne les renforce absolument pas.

      Lorsqu’on reproduit 10 fois la même expérience avec le même protocole mais avec de mauvaises hypothèses de départ on arrive à un même résultat sans pour cela que celui-ci devienne bon.

      Si vous lancez 10 fois un dé pipé et qu’il retombe à chaque sur le 6 (le sondage), peut on en déduire qu’en lançant un dé non-pipé (l’élection) on tombera sur un 6 ?


    • mcm (---.---.121.69) 22 février 2007 16:23

      Sondage ou coloscopie ?


      • Dyck (---.---.124.190) 22 février 2007 17:09

        Les sondages, c’est un peu comme le reste, la télé, tiens : on peut aussi bien choisir de ne pas la regarder (c’est d’ailleurs ce que je fais, je n’en ai pas). Ne pas répondre aux sondages et ne pas les lire ou ne leur accorder qu’un regard indifférent quand ils sont publiés, c’est une solution envisageable si on les trouve, comme c’est mon cas, dérisoires et suspects.


        • Bill Bill 22 février 2007 17:20

          Il y a quelques temps, un excellent article d’un directeur de l’IFOP a paru dans le figaro, dans les pages opinions, et cet homme racontait que les indécis sont très nombreux, allant jusqu’à représenter près de 30% d’électeurs qui pourraient au dernier moment voter autrement qu’ils ne l’avaient décidé.

          D’une certaine façon, les sondages pourraient être fiable, dans une opinion publique stable, mais ne sont pour le moment, que le reflet des hésitations de notre société et de ces incertitudes.

          Bill


          • SERGIO (---.---.135.71) 22 février 2007 18:13

            Le monde politico-médiatique est atteint de sondinite aiguë... Quand on connaît la façon dont la plupart des sondages sont « rectifiés » avant publication, il est préférable au citoyen un peu sensé de ne pas trop s’en préoccuper.


            • Dedalus Dedalus 23 février 2007 16:47

              Opération « Les sondages nous mentent : mentons aux sondeurs ! » : c’est sur http://www.tousmenteurs.fr

              - déjà plus de 500 pages vues en une demi-journée et plus de cents votants au « sondage sur les sondages » : rejoignez le mouvement !


              • MyHyene (---.---.105.118) 26 février 2007 19:41

                avez-vous remarqué ? il y a un sondage sur la page d’accueuil d’agoravox . es-ce une mode ?

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