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Accueil du site > Actualités > Médias > Pour une démocratie libre et non faussée

Pour une démocratie libre et non faussée

Le combat pour une démocratie libre et non faussée est essentiel.

La démocratie doit être libre, parce que toutes les opinions doivent pouvoir effectivement s’exprimer.

Elle doit être non faussée, parce que le débat politique ne doit pas être confisqué par les sondages (qui ont l’avantage d’être rentables économiquement malgré leur coût pour les médias qui les achètent et de fournir de l’information « clés en main » aux médias), a fortiori lorsqu’ils sont techniquement et scientifiquement erronés.

Comme le disait Pierre Bourdieu, dont l’analyse reste pertinente, l’opinion publique n’existe pas, du moins pas comme on voudrait le faire croire. Les sondages fabriquent une opinion à partir de méthodes techniques qui ne sont pas infaillibles et qui peuvent même être contestées sur le fondement même de la science, ou du bon sens, dans certains cas.

C’est le cas des sondages sur les primaires au PS, qui sont fabriqués comme ceci : d’un échantillon représentatif d’environ 1000 personnes, sont extraites environ 250 personnes « proches du PS » que l’on appelle par convention « sympathisants ».

Problème : sur un échantillon de 250 personnes « proches du PS », les adhérents en droit de voter ne sont, au mieux, que sept...

Certains députés socialistes ont donc saisi (http://www.2007lagauche.fr/?q=node/547) le CSA, puis la Commission des sondages.

En effet, non seulement la taille très réduite de l’échantillon et la méthode utilisée pour constituer l’échantillon affectent les sondages d’une marge d’erreur très importante, mais l’échantillon est différent de la population qui votera en réalité !

Ces caractéristiques devraient être rédhibitoires : aux Etats-Unis, Gallup a refusé de réaliser des sondages sur les primaires américaines.

Il est donc choquant que les médias se contentent de reprendre en boucle les résultats chiffrés sans jamais rappeler le minimum : ces enquêtes sont faites auprès de gens qui ne vont pas voter aux primaires PS, à partir d’un échantillon trop retreint pour être fiable.

a) Le CSA a donné raison aux députés socialistes

Le CSA a donné raison aux députés socialistes qui l’ont saisi. Dans une lettre de son président, le CSA écrit :

"Il ressort effectivement [que] LCI a rendu compte des résultats du sondage IPSOS [en] accréditant l’hypothèse qu’ils pouvaient refléter l’opinion des seuls adhérents du Parti socialiste.

En conséquence, le Conseil a décidé d’adresser un courrier aux responsables de LCI leur rappelant la nécessité impérative de rendre compte des enquêtes d’opinion dans des conditions conformes au respect du principe d’honnêteté de l’information."

b) La réplique immédiate des sondeurs

Alors que Les Echos n’ont pas fait état de la lettre ouverte au CSA des quatre députés socialistes, Laurence Parisot s’est invitée dans ses colonnes pour publier une analyse qui répond explicitement à cette lettre ouverte, et défend les sondages.

Qui écrit cette tribune ? Laurence Parisot. Qui signe ? On ne sait pas : nulle mention, comme c’est pourtant l’usage, des qualités de la dame.

Laurence Parisot est surtout connue pour présider le Medef, mais ce qui est moins connu, c’est qu’elle est la patronne d’un institut de sondage, Ifop. Tout s’éclaire : C’est son « bifteck » qu’elle défend ! Elle aurait pu le faire au grand jour, mais son argumentation aurait paru pour ce qu’elle est : frelatée.

c) La commission des sondages a confirmé la pertinence des requêtes des députés socialistes

Elle a invité à «  relativiser la pertinence et la signification des sondages », demandé que les médias "insistent sur la prudence avec laquelle ils doivent être interprétés« et indiquent systématiquement qu’il convient de les  »interpréter en tenant compte de la marge d’incertitude importante qui les affecte".

d) Quand les sondages s’emmêlent...

Ca devait arriver : deux sondages publiés en même temps ou presque ont livré des résultats contradictoires, s’annihilant et se discréditant !

Selon les sondages donc, les Français préfèreraient voir Ségolène Royal présidente, mais donneraient leur voix à Sarkozy...

Autre exemple :

Sondage TNS/Sofres : Royal élue au 2e tour dans tous les cas de figure.

AFP - lundi 16 octobre 2006, 10h19

Ségolène Royal remporterait l’élection présidentielle de 2007 au deuxième tour, qu’elle soit opposée à Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin ou Michèle Alliot-Marie, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour Le Figaro, RTL et LCI et rendu public lundi.

Sondage Ifop : Sarkozy élu au 2e tour dans tous les cas de figure.

AFP - mardi 17 octobre 2006, 13h03

Nicolas Sarkozy remporterait l’élection présidentielle de 2007 au deuxième tour, qu’il soit opposé à Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius, selon un sondage Ifop réalisé pour Paris-Match rendu public mardi.

Comprenne qui pourra !

Cela confirme en tout cas que, non seulement les sondages peuvent être techniquement et scientifiquement infondés (ils le sont à propos des primaires du PS), mais qu’en outre ils n’ont aucun caractère prédictif et faussent la perception des enjeux et des rapports de force politiques, donc la démocratie !


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20 réactions à cet article    


  • T.B. (---.---.21.162) 23 octobre 2006 12:44

    Tout savoir, ou presque, sur la collusion grands groupes / grands médias / instituts de sondages (et j’ajouterai le 1er ministre de la RF) : Voir le site et les articles de Forest Ent et plein de commentaires avalisant et validant la collusion sus-dite dans AgoraVox ici-même.

    Cela dit, mieux vaut le savoir 1000 fois que pas du tout.


    • arturh (---.---.119.98) 23 octobre 2006 13:54

      Plus on a de démocratie, plus on a de sondages. Moins on a de démocratie, moins on a de sondages.

      C’est pas plus compliqué que ça.

      Exemple d’application concrète de ce théorème : montre moi quelqu’un qui n’a pas accès à des sondages et je te montrerai quelqu’un qui ne vit pas en démocratie.


      • nanou (---.---.37.185) 24 octobre 2006 08:39

        Associer la démocratie aux sondages en sous-entendant que le sondage est un mal obligatoire de la démocratie me parait non seulement absurde mais dangereux ! Je vous invite à consulter le dictionnaire pour relire la définition du mot « démocratie » ! Heureusement, la démocratie française ne s’exerce pas en ne faisant voter qu’un échantillon soit-disant représentatif de la population. La démocratie est l’expression de l’ENSEMBLE des citoyens. Tout le contraire des sondages...


      • Denis Gettliffe Denis Gettliffe 24 octobre 2006 09:47

        Cet argumentaire, assimilant sondage et démocratie, est celui des sondeurs. Laurence Parisot, patronne du Medef et de l’Ifop, l’a récemment réitéré dans Les Echos.

        C’est tout simplement fallacieux !

        Comment faisait-on AVANT l’invention des sondages (dans les années 30 aux Etats-Unis, lire notamment l’ouvrage de Blondiaux sur http://www.persee.fr/showPage.do?urn=rfsp_0035-2950_1991_num_41_6_394600) ? On n’était pas en démocratie ?

        Balivernes !

        En réalité, les sondages « politiques » représentent 5% environ du chiffre d’affaire des instituts de sondage. Le reste, c’est du marketing pur et dur. Les questions politiques sont d’ailleurs posées à la fin ou au milieu des questionnaires qui portent sur les bagnoles, les shampooings ou la bouffe pour animaux.

        Les sondages politiques sont la vitrine, mais comme toute vitrine, il faut savoir regarder derrière...

        En fait, effectivement, l’abus de sondage nuit à la démocratie.


      • faxtronic (---.---.127.45) 23 octobre 2006 16:00

        Mouais, les sondages devoient la democratie.... Les sondages devoient surtout les imbeciles indecis (il faut etre a la fois imbeciles ET indecis), et uniquement eux.

        D’ailleurs c’est tellement vrai que le sondages s’averent faux.

        Ok bon.... va t’on faire un fromage parce que les imbeciles indecissont manipules... ben non car ce sont des imbeciles indecis, donc imbeciles ET indecis. smiley


        • pipole1 (---.---.139.190) 23 octobre 2006 16:25

          Le problème n’est pas de savoir s’il y a des sondages ou pas, mais s’il y en a trop et s’ils sont scientifiquement et techniquement fiables ou pas.

          Or à l’évidence en ce moment, y’a de l’abus !

          L’abus de sondage nuit gravement à la démocratie.


          • pipole1 (---.---.5.158) 23 octobre 2006 16:33

            Dernière minute ! La palme du sondage le plus débile est remportée par celui-ci :

            Royal toujours candidate PS préférée des Français, +8 points après débat selon un sondage CSA pour i-Télé.

            Une appréciation à prendre avec extrême prudence et à relativiser, 75 personnes seulement, sur les 802 interrogées par CSA, ayant vu tout ou partie de l’émission.

            Enfin, ceux qui « n’ont pas entendu parler du débat », mais qui ont quand même un avis, placent Mme Royal en tête (21%), devant M. Strauss-Kahn (11%) et M. Fabius (7%). 61% ne se prononcent pas. Sondage réalisé par téléphone le 18 octobre auprès de 802 personnes âgées de plus de 18 ans (méthode des quotas). Interrogé par l’AFP, CSA a précisé que les sympathisants socialistes étaient 279.

            Donc même si l’on n’a pas d’avis, on en a un . C’est magique !


          • Denis Gettliffe Denis Gettliffe 24 octobre 2006 09:56

            Bonne formule ! Il faudrait l’inscrire sur les résultats de sondage, cerclée de noir...


          • Marina (---.---.67.92) 23 octobre 2006 16:29

            Cet article est intéressant car au delà du factuel qu’il présente il donne un sous jacent que l’on retrouvera de plus en plus et pour cause. Avec la généralisation de l’opinion qui va de pair avec la société de consommation, il se forme une nouvelle frontière « politique » entre l’acceptation et la contestation de ce nouvel ordre établi, c’est à dire la nouvelle frontière entre la droite et la gauche que tout le monde cherche ou presque. D’ailleurs on peut le vérifier tous les jours avec ce qui se passe au PS et l’influence de l’opinion sur les militants. La critique de l’opinion deviendra une nouvelle pratique démocratique bien loin de ce que l’on veut « nous vendre » justement actuellement.


            • Mandrake (---.---.240.68) 23 octobre 2006 16:37

              On vit de plus en plus dans un monde qui a quelque chose d’ « orwellien ». Si on ajoute bout à bout la désinformation dont ce bel article de Mr Gettlife nous fait comprendre les ressorts, la pipolisation et la marchandisation de tout ce qui devrait rester noble (culture, politique)et les penchants sécuritaires / pétainistes de Sarkozy et même de Royal, il y a vraiment de quoi s’inquièter pour notre avenir démocratique .


              • Le péripate Le péripate 23 octobre 2006 23:14

                Tout celà est bien vrai. Le hic, c’est que ce n’est pas nouveau, mais que malgré tout ça recommence, encore, et encore. Parce que certains sondages peuvent être instructif, certains sondages peuvent être utile, certains, mais lesquels ? Le sondage est un support à commentaires. Le sondage est une photographie de l’opinion.... du sondeur !


                • R . B (---.---.62.76) 24 octobre 2006 04:01

                  Une démocratie libre et non faussée suppose des citoyen-ne-s, vivant dans de bonnes conditions sociales et financières, formé-e-s -au meilleur niveau possible- dans un sens « participatif et critique », avec du temps à disposition et des moyens pour se former théoriquement et pratiquement au fil du temps, et ’tou-te-s assuré-e-s’ que leurs opinions, leurs expériences vécues et leur « savoir pratique et théorique » seront prix en compte et démultipliées en mille lieux de débats informés et ’respectueux des différences’ à tous les niveaux de pouvoir de la nation, jusqu’au ’vote éclairé et souverain de tous et de chacun’.

                  Cela demande, évidemment, du « temps dévolu en conscience », et des moyens financiers à la hauteur de cet objectif -démocratique en son essence même- et financé -par tous, et par chaque structure privée ou publique- au prorata de ses richesses réelles.

                  [J’ai bien évidemment ouvert ’mon espace-pas-sage et virtuel’ http://wwwlavie.over-blog.com/ à votre article critique et informé.]


                  • le vénérable du sommet (---.---.54.228) 24 octobre 2006 06:03

                    Exemple de sondage bidon : Les français sont les plus sales des européens car ils n’utilisent que trois savon par ans. Question que je vous pose maintenant : Combien d’entres vous se lavent encore avec du savon (vous savez le truc plus ou moins carré, qui glisse et qu’il faut arriver à attraper au fond de la baignoire ou de la douche) ??

                    Autre exemple plus grave : 60% des français sont contre l’entrée de la turquie en europe. Complétement faux, c’est même l’inverse. Mais pour s’en rendre compte, il aurait fallu que les médias donnent le résultat complet ainsi que la question réellement posé qui est la suivante : ëtes vous d’accord pour que la turquie entre dans la communauté européenne à la date du ... (je ne sais plus désolé) ?? et si non pensez vous que les pourparler doivent continuer ??? En substance, les français ont répondu non à 60%, mais 54% d’entres eux (des 60% donc) sont d’accord pour que les pourparlers continuent. Récapitulons : 40% déjà d’accord plus la moitié des 60%, ça fait, ça fait et oui bingo, ça fait l’inverse des chiffres cités par les médias. Je résume donc ma pensée : Que les médias soit malhonnêtes ou qu’ils soient incompétents, c’est dehors qu’ils devraient être !!! smiley


                    • Denis Gettliffe Denis Gettliffe 24 octobre 2006 09:25

                      Il serait intéressant de préciser, dans ce type de sondage sur le savon, qui le paye.

                      C’est sans doute une multinationale « lessivière » du type Procter et Gamble qui veut culpabiliser les Français.

                      Il serait sans doute souhaitable de prévoir dans la loi l’obligation de communiquer, en même temps que les résultats, le nom du commanditaire du sondage.

                      Cela permettrait sans doute de relativiser un peu...


                    • averoes55 (---.---.72.41) 24 octobre 2006 10:18

                      Bravo, enfin un texte qui énonce clairement la dictature et le mensonge que representent les sondages ! On commence a en parler, il était temps !


                      • MATTEO (---.---.139.190) 24 octobre 2006 10:59

                        Merci pour cet article salutaire. La démocratie d’opinion est sans doute le tombeau de la démocratie et les sondages ses clous. Quant à la proposition de jury citoyen faite par une candidate à la candidature socialiste c’est de la démagogie pure et simple. La meilleure façon de restaurer une citoyenneté active c’est d’alimenter la réflexion politique de nos concitoyens pas de les flatter. Les élus locaux pratiquent la démocratie participative au quotidien et n’ont pas de leçons à recevoir en la matière... Merci encore monsieur


                        • Arthur (---.---.147.234) 24 octobre 2006 19:04

                          Article qui fait réfléchir sur notre démocratie. Bravo !


                          • FLM (---.---.44.49) 25 octobre 2006 14:16

                            Vaste débat ! les sondages n’ont qu’un intérêt relatif, ils permettent aux médias qui les commandent de s’appuyer sur des données afin de développer des lignes éditoriales et d’en tisser le fil dramatique indispensable à la mise en scène d’une vie politique française lamentable et mise à mal par ses principaux acteurs, qui ne mériteraient en fait qu’une seule réplique : le dédain...ou l’abstention dans les urnes. Quand on voit qu’un grand parti n’en est plus réduit qu’à un jouet que se disputent des égos démesurés - à une exception près, peut-être...-, je pense que les instituts de sondages auraient en fait tort de ne pas en profiter pour tirer leur épingle du jeu et s’imposer dans le paysage médiatique, faisant ainsi débat, ce qui est bon pour la démocratie ; je veux croire qu’il reste dans ce pays une majorité de citoyens capables de prendre le recul nécessaire et je ne crois absolument pas à l’abrutissement des masses par les médias, malgré le grand pouvoir de ces derniers : au final, dans l’isoloir, que ce soit pour désigner le candidat d’un parti ou choisir le président de la République, chaque électeur se retrouve bel et bien seul face à sa conscience...et aucun institut de sondages ne peut venir perturber cet ultime instant de réflexion.


                            • www.jean-brice.fr (---.---.19.70) 29 octobre 2006 17:21

                              D’abord, il faudrait que les Français sachent que la Constitution a été dévoyée ! Pour cela, allez sur www.jean-brice.fr Ensuite, il faut savoir que « l’opinion se forme en fonction des données immédiates et des containtes qu’elle subit ». L’exemple le plus probant se trouve dans la période 40/44, mais il y en a d’autres ...

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