2014 : le deuxième tournant libéral historique du Parti Socialiste
31 ans après le tournant de la rigueur du Parti Socialiste, entamé par François Mitterrand, nouvellement élu à la Présidence de la République, François Hollande entérine cette fois-ci la fin du "gauchisme".
Les bases historiques de ce nouveau tournant :
Le Parti Socialiste est-il toujours de gauche ? Déjà en 1983, la question se posait lorsque François Mitterrand décida d'abandonner le programme commun, signé avec le Parti Communiste. Parfois, les programmes des candidats socialistes promettaient de revenir à certaines valeurs, fondamentalement de gauche, comme "placer l'homme au cœur de l'économie" (Lionel Jospin pour la présidentielle de 1995 ). A l'époque encore, quelques mesures permettaient de différencier la gauche socialiste de la droite : la mise en place des 35H, du PACS, de la parité politique hommes/femmes, etc. Des mesures qui étaient des symboles marquants de la gauche. En revanche, elles témoignaient aussi de la dichotomie du Parti Socialiste qui ne savait pas comment réagir face à une mondialisation qui mettait le modèle social français à l'épreuve. Aux valeurs symboliques s'opposaient généralement ceux qui voulaient donc poursuivre le tournant de 1983. Dominique Strauss-Kahn, par exemple, fait partie de ceux qui refusent les 35H ou certaines valeurs historiques du "gauchisme." Depuis les années 80, le Parti Socialiste est ainsi tiraillé, il le sera jusqu'à aujourd'hui. Deux courants s'opposent, basés principalement sur une vision économique : une aile gauche, plutôt antilibérale et une aile droite, social-libérale. Une vision manichéenne qui a déjà provoqué quelques surprises. Ainsi lorsqu'en 1997, les électeurs ont choisi de refaire confiance au PS, lors des législatives, pour un mandat de 5 ans, le parti n'a pas su définir une ligne claire. Le Parti Socialiste va ainsi s'allier avec des formations antilibérales comme le Parti Communiste ou le Mouvement Des Citoyens mais il va aussi effectuer des privatisations comme France Télécom et Air France. Egalement, en mars 2002, avec le Président de la République, Jacques Chirac (RPR), le 1er ministre Lionel Jospin signera, à Barcelone, l'ouverture du marché au gaz et à l'électricité.
Les Années 2000 : Un Parti Socialiste qui ne tranche pas
Le Parti Socialiste ne saura plus forcément où se positionner face à la globalisation financière, et le Premier ministre fera en 2002, une confession lourde de sens au JT de France 2 : "Je suis socialiste d'inspiration mais le projet que je propose au pays n'est pas socialiste."
Il faudra 10 ans au Parti Socialiste pour qu'il puisse retrouver le pouvoir. 10 ans où certains de ses cadres perdront patience face au tiraillement aile gauche/aile droite, comme Jean-Luc Mélenchon qui créera ainsi son Parti de Gauche. D'autres alliés habituels comme Jean-Pierre Chevènement avec le MRC ou le Parti Communiste tenteront des rapports de force pour entraîner le PS sur son aile gauche. Malgré tout, ce sont les ailes droitières qui l'emporteront, parfois de façon insidieuse. Ainsi, pour la campagne présidentielle de 2012, François Hollande prend conscience du danger que peuvent représenter les leaders aux valeurs "gauchistes." Le discours de campagne du Bourget en 2012 vise à retrouver les électeurs qui ont fui le social-libéralisme du Parti Socialiste. Voici quelques extraits, devenus célèbres du candidat François Hollande : "Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire [...] Cet adversaire, c’est le monde de la finance. [...] La finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. [...] Je renégocierai le traité européen issu de l’accord du 9 décembre pour lui apporter la dimension qui lui manque, c’est-à-dire la coordination des politiques économiques, des projets industriels, la relance de grands travaux dans le domaine de l’énergie et puis les instruments pour dominer la spéculation..."
D'un mensonge au 2e tournant libéral :
Las des politiques d'austérité, espérant un changement de cap et de certaines promesses, les Français élisent François Hollande en 2012. Des espoirs qui vont petit à petit s'estomper. En 2012 déjà, François Hollande ratifie le pacte budgétaire européen avec la fameuse "règle d'or", poussant la France dans des politiques de rigueur et d'austérité. La fracture avec l'aile gauche se précise. Au sein du PS, certains arrivent encore à tirer leur épingle du jeu, au prix certainement de leur conviction. Le promoteur de la VIe république Arnaud Montebourg modère sa verve antilibérale compensée par un portefeuille ministériel, Benoit Hamon est lui aussi "casé" au gouvernement... Le nouveau 1er ministre Manuel Valls, nommé après la débâcle électorale des municipales, va poursuivre la réforme droitière social-libérale du PS, en conformité avec les exigences de l'Union Européenne. Le PS enterre évidemment toute politique keynésianiste de dépenses lourdes par la demande, et choisit l'économie de l'offre à travers le pacte de responsabilité. Ce dernier prévoit de nouveaux allègements de cotisations sociales et une baisse de la fiscalité des entreprises. Ce 29 avril, Manuel Valls a fait également voter à l'assemblée national le programme de stabilité. La relance économique par la hausse du pouvoir d'achat des français étant écarté du plan d'action, un projet de 50 milliards d'euros d'économie est ainsi définit en gelant le salaire des fonctionnaires, en baissant les aides aux collectivités locales et aux organismes publics comme le CNRS ou Météo France. Mais comme le Parti Socialiste est historiquement dans une logique de contradiction, le 1er ministre a décidé de maintenir la création de 60 000 postes dans l'éducation nationale. Nul doute, l'électorat de gauche risque de ne pas se laisser duper par cet effet de manche... En tout cas, le PS prend ses distances avec le programme "gauchiste" de 2012. Le PS officialise sa place dans la nouvelle droite française.
Article disponible sur http://pourquivoter.olympe.in
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