Anormalie mauritanienne
Donc reprenons le cours de l’histoire et des aventures de Pompimou en Afrique
Comme je ne souhaite pas être mal compris je voudrai d’abord préciser ma position sur cette aventure :
1/-il fallait bien y aller car la prise de Sévaré entraînait la chute de Mopti, où travaillent des ONG européennes, et ouvrait la route de Bamako, où vivent 6.000 français. Comme nous ne sommes pas capables de résoudre le problème de nos otages sans les faire tuer, voire les tuer nous-mêmes, nous risquions d’atteindre des chiffres calamiteux. Et comme nous refusons de faire payer les entreprises qui les employaient lorsqu’ils ont été enlevés, chose que font tous les pays civilisés mais eux n’ont pas une cellule de 100 personnes toutes spécialistes du terrorisme, affectées strictement à cette mission de récupération et de négociation, et accessoirement fonctionnaires de la DCRI.
2/-il fallait bien y aller seuls, puisque nous sommes la cause de la dégradation de la situation suite à notre extraordinaire clairvoyance en Libye. Je rappelle que l’UMP et le PS, dans un seul et magistral élan, avaient soutenu la campagne libyenne du hargneux. D’ailleurs quand on voit désormais que ces deux partis s’applaudissent à tour de bras pour le 3% de stabilité budgétaire, pour le modèle allemand, pour les retraites plus courtes et plus faibles, pour le MEDEF, etc ... on se demande si c’est bien sérieux qu’ils ne soient pas qu’un seul et même groupe à l’assemblée.
Sauf que cela se verrait trop et le bon peuple pourrait se réveiller pour soit se « mélenchonniser », soit se « bleu-marinifier »
Et maintenant que le cadre est mis, voici la suite de mes élucubrations, faute de vrais journalistes indépendants et de vrais correspondants sur place.
Donc la mégalopole Konna (voir la photo de cette immense ville) ayant été libérée et les terroristes mis en déroute, nous avons libéré Douentza, Gao, Tombouctou, Kidal en deux coups de cuillère à pot.
Mis en fuite, les guignols ; taillés en pièces, les froussards ; notre armée est sur les traces de Rommel le renard, avec nos « blaireaux du désert ». Cocorico !!!!
Heureusement qu’il y a des panneaux dans le désert (voir photo).
Konna est une petite bourgade, 5.000 habitants les jours de marché (en comptant les chèvres), qui a une réelle importance stratégique. De ce village, outre la nationale qui relie Bamako à Gao et le contourne, partent 3 pistes respectivement vers :
- Gourma Rarhous (414 km, piste très ensablée),
- Tombouctou (390 km, la piste Gossi - Tombouctou croise la précédente au km 370, au puits d’In Ahara),
- Niafounké (165 km, piste difficile en hiver car beaucoup de passages dans l’eau, à gué).
Donc à l’issue d’une lutte acharnée ce dimanche Konna était libre, et les konnassiens comme les konnassiennes pouvaient chanter et danser.
Patatras, ce mercredi nous recevons une vidéo qui semble prouver que Konna n’est toujours pas « nettoyée ». Et notre ministre de la guerre de se dire en loucedé : « font chier ces nègres, ils se ressemblent tous ! »
Entre temps l’armée djihadiste en déroute aurait réagi et pris une autre mégalopole stratégique, Diabaly, qui n’est pas même sur google, mais qui par contre est à 400 km de Mopti.
Nous avons donc l’effet de la défense élastique si chère à Pierre Dac, l’ennemi est à 700 km, nous le repoussons, il est désormais à 400 km. La mathématique militaire restera toujours un élément de base de la théorie de la relativité !
Maintenant revenons à la géographie du Mali avec ces superbes lignes brisées qui séparent ce pays de la Mauritanie. Plus de 1.000 km de frontière totalement inexistante, avec quelques points de passage « officiels », Nampala par exemple, et surtout beaucoup de villages sans autre ravitaillement que de l’essence et du gas-oil de contrebande. Dans la partie la plus peuplée (zone sahélienne et désertique entre Nampala et Nioro du Sahel), il est possible de se promener plusieurs heures avant de trouver un poste de police pour faire tamponner son visa d’entrée.
Du côté mauritanien les choses sont plus claires et plus simples. Il existe une route majeure, Nouakchott – Néma, 1.300 km, goudron et nids de poule. De cette magistrale on peut rejoindre Chinguetti, Tikjijdja, bref couvrir tout le pays.
Ce ne sont donc pas les éléments mis en déroute qui ont pu choisir de se lancer a la conquête de l’ouest via la piste la pire pour la saison (Konna – Niafounké) et prenant le risque de se faire prendre en traversant par les bacs (voir photo d’un passage à gué). Ce sont des éléments en provenance de Mauritanie. Diabaly est dans la région de Ségou, à 60 km de Niono. Et Niono est joignable par minimum 2 pistes en provenance de Mauritanie, celle de Nara à 168 km et celle de Nampala à 165 km.
Et voilà où le bât blesse et notre armée se contracte : l’attaque et la prise de Diabaly est une attaque à l’évidence en provenance du territoire mauritanien, et notre mandat ne semble pas permettre l’extension vers ce pays.
Cet avis que je donne est aussi lié à la présence d’un des porte-parole des djihadistes que l’on a vu a plusieurs reprises sur nos TV et qui se fait appeller Al Chinguetti. Cela signifie qu’il est de Chinguetti, une des 7 villes saintes de l’Islam, et donc que sa famille et probablement sa tribu se sont ralliées à la cause djihadiste.
Cela se complique ! Nous avions à mettre de l’ordre dans un bac à sable de 800.000 km², il vient de passer à 2 millions de km².
Bon courage monsieur le Président normal, surtout ne vous attaquez pas au cœur du problème, le Qatar et autres émirats préhistoriques, et bonne année en Anormalie mauritanienne !!!!
http://en.wikipedia.org/wiki/Diabaly
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