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Accueil du site > Actualités > Politique > Campagne présidentielle ou le déni de démocratie

Campagne présidentielle ou le déni de démocratie

Voici un billet traitant de rumeurs, d’humeurs et d’horreurs ... Depuis quelques jours, la campagne électorale pour la présidence de la République prend une tournure qui rend difficile l’exercice du journalisme citoyen qui voudrait pour bien faire que les papiers publiés le soient sur le contenu des programmes politiques des douze candidats. Pour autant, près de 40% des électeurs seraient encore indécis. De l’absence de débats sur le fond aux questions de stratégie politicienne, les Français sont face à un déni de démocratie.

Au lieu de cela, l’actualité de cette campagne fait la part belle aux vadrouilles des uns et des autres (on comprend mieux le sens profond de l’expression « battre campagne » appliquée aux élections), aux invectives, aux provocations. On les voit serrant des mains, mangeant des merguez, faisant du tracteur ou invectivant tel ou tel autre candidat en réponse à une autre invective, mais au final l’analyse comparative des programmes est renvoyée quasiment aux oubliettes. L’essentiel est de se montrer mais surtout pas de démontrer.

Cette façon de faire de la politique, dont les Français ont pourtant chacun à leur manière exprimé qu’ils n’en voulaient pas ou plus, ressurgit de plus belle avec force et vigueur rendant, par exemple, impossible l’audition de la problématique d’un vrai débat avant le premier tour. José Bové a pourtant dénoncé cette situation, mais avec tout le respect que nous lui devons ici, il porte sur lui l’étiquette du petit candidat antilibéral défendant la ruralité crédité d’un faible pourcentage par les sondages. Dès lors, son discours en devient inaudible et n’est relié par les journalistes que de manière partielle (« les grands médias associés au processus se sont bornés à une attitude attentiste » - source) sans mesurer le fond du problème posé : il n’y a eu aucun débat de fond avant le premier tour entre les douze candidats et aucun journaliste professionnel n’a pris clairement la peine de s’insurger contre ce qui constitue un déni de démocratie ! La même remarque faite par Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal aurait eu plus d’impact. Seulement voilà, ce n’est pas le cas. C’est donc que cette situation d’évitement réciproque sur le fond des programmes arrange bien nos candidats (Sur la question du débat avant le premier tour qui n’aura pas lieu, je vous invite à lire l’article de Carlo Revelli sur le site d’Agoravox).

Les journalistes professionnels tels Arlette Chabot et Gilles Leclercq sur France 2 ce lundi 16 avril 2007, interrogeant François Bayrou, ou Jean-Jacques Bourdin sur RMC dans « Entretien d’embauche  » avec Ségolène Royal n’ont de cesse, par exemple, de leur poser des questions autour de la stratégie politicienne, notamment sur ce que François Bayrou compte faire pour rendre crédible aux yeux des Français ce qu’il a nommé « une utopie », à savoir rassembler les Français au Centre, ou ce qu’en pense Ségolène Royal. Il est vrai que cette perspective novatrice dans le paysage politique français mérite une analyse mais pourquoi passer plus des trois quarts du temps déjà restreint à interroger le candidat sur la forme de sa campagne et non sur le fond alors que cela aurait pu être traité "hors interview" ?

Ma réponse risque d’être peu appréciée - c’est un avis personnel - c’est à se demander si les grands médias n’ont pas d’autres stratégie que de faire de l’audience alors qu’une fois tous les cinq ils pourraient faire de l’éducation politique.

Or, quoi de plus pertinent que de traiter de la forme, le fond des questions politiques est on ne peut plus ardu, c’est vrai, et donc peu rentable pour capter l’audience, notamment à la télévision. Pour preuve, c’est encore sur la radio, média où l’on peut prendre plus de temps, que Jean-Jacques Bourdin passe du temps à analyser le programme de la candidate. Et pourtant, il n’échappe pas à l’envie de tirer le candidat sur sa personnalité, permettant à celui-ci de jouer sur le côté sentimental de l’élection.

C’est cela aussi la campagne électorale à la présidence de la République, obligeant Ségolène Royal à en rire jusqu’à la question fatale sur le manque de crédibilité de cette candidate en tant que femme. Le seul scoop peut-être : François Hollande ne s’installera peut-être pas à l’Elysée, en tout cas la réponse de Ségolène laisse planer bizarrement le doute : « Nous verrons ». Question : que signifie ce botté en touche ? Y aurait-il de l’eau dans le gaz du ménage en pleine campagne ? Non, ça fait désordre... Il est vrai que la rumeur veut que la candidate ne soit plus avec le secrétaire national du PS mais avec Louis Schweitzer, président de la Halde !

D’autres rumeurs circulent également sur Nicolas et Cécilia Sarkozy, et plus particulièrement sur l’absence médiatique de la femme du plus médiatique des candidats. Bonne question ! A vous de chercher et donnez-moi la réponse ...

Puisque c’est cela aussi la campagne présidentielle, on se demande bien pourquoi les journalistes en disent trop peu tant sur le fond que sur la forme. Qu’est-ce qui explique cette frilosité des médias français à l’égard des femmes et des hommes politiques ? Pour les questions personnelles, on nous explique que c’est le contexte français, pas d’attaque personnelle ! Certes... Mais alors, pourquoi les médias n’ont aucunement agi en faveur d’un vrai débat ? Ce n’est pas une question personnelle ! Et c’était porté par un collectif citoyen dont le seul défaut est peut-être d’avoir été un collectif !

Réponse : parce que ce n’est pas leur intérêt, aux médias classiques !

Entre-temps, la déception des Français grandit et risque de faire le lit ou la lie d’horizons dont on dira qu’on les avait pourtant bien prédits. Il n’est pas sûr que la stratégie de Nicolas Sarkozy soit suffisamment efficace pour endiguer une montée du candidat de l’extrême droite. Par ailleurs, son comportement manifestement opportuniste à traiter au vol tous les sujets susceptibles de lui ramener quelques voix de plus me faire craindre qu’il finisse sa course comme un papillon attiré par les lumières trop fortes. On finit par se brûler les ailes. Alors, madame Simone Veil a beau défendre "l’humanité" du candidat de l’UMP, cela ne me convainc pas. Le seul fait de devoir le faire conduirait au contraire à m’interroger.

D’absence de débat en débat tronqué, on en arrive à se faire les dents sur les rumeurs, sans taire pourtant les humeurs des Français, alors il faut craindre l’horreur ...


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21 réactions à cet article    


  • nasko 19 avril 2007 11:29

    Allez lire l’article : « la sécurité des machine n’est pas vérifiée : c’est prévu ». Puis lisez les commentaires. Ca peut valoir le coup.


  • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 19 avril 2007 11:55

    Le problème soulevé par l’auteur de cet excellent article est très grave !

    - 1°). Il y a trop de presse d’opinion du style « FIGARO », « LIBERATION »...

    - 2°). Deux grands groupes audiovisuels d’Etat : LE GROUPE FRANCE TELEVISION et RADIO FRANCE, se partagent les écrans et les ondes, avec les chaînes de télévision privées du câble, de la tnt et du réseau hertzien, ainsi qu’avec les radios privées et les radios libres...

    - 3°). Les journalistes subissent trop de pression...

    - 4°). D’autres semble être inféodés au régime, suivant le Gouvernement de l’époque ou le Chef de l’Etat de l’époque !

    De ce fait, les véritables questions ne sont pas posées aux candidats, constamment obligés de répondre à des questions sur leurs partis au lieu de répondre à des questions consacrées à la politique et à leur programme...

    Dans la presse écrite (payante ou gratuite), cela me semble plus clair ! Hier, j’ai lu l’interview de François Bayrou sur LE PARISIEN : cet entretien avec les lecteurs du journal, conduit par des journalistes, a permis au Candidat UDF de s’étendre sur son programme et d’évoquer les problèmes actuels subis par notre Pays...

    A vouloir s’attaquer à la presse écrite gratuite, on ne soulève aucun problème lié au médias : on se contente de jouer les autruches...

    Tant qu’on ne comprendra pas que la Télévision et la Radio ne sont que des compléments de la presse écrite, il n’y aura véritablement pas de journalisme (au sens propre du terme) dans l’audiovisuel (public ou privé) !

    Et le journalisme citoyen est entrain de bouleverser la donne... Et c’est un bien...


  • tvargentine.com lerma 19 avril 2007 09:09

    Avons nous l’impression de vivre la ferveur d’une campagne électorale avec des idées,des projets,des perspectives d’avenir ??????????????

    Franchement,non et devant le peu de passion que nos candidats ont à proposer des idées,il ne pas faudra pas s’étonner des résultats au soir du 22 avril 2007.

    5 ans perdus pour rien !


    • COLRE COLRE 19 avril 2007 09:11

      @chantecler, c’est encore plus simple que cela : pour parler du fond et des programmes de tous les partis et tous les candidats, il faut sacrément bosser, il faut devenir un véritable spécialiste sous peine de se retrouver à poser les mauvaises questions ou à dire n’importe quoi et à se faire ramasser par les interwievés : c’est les journalistes qui feraient bourdes sur bourdes !

      Faire du journalisme en ne parlant que des personnes, des petites phrases, des tactiques, c’est à la portée du premier venu (regardez ici, sur AV, tout le monde se croit journaliste !). Ceux qui se croient grands journalistes, grands éditorialistes, grands analystes, ne sont que de bons intellos, avec un minimum de mémoire, et une sorte de culture générale fondée sur la personnalisation des politiques et une immersion continuelle dans l’information (=l’écume de la réalité profonde).


      • Radix Radix 19 avril 2007 11:05

        Bonjour

        Entièrement d’accord avec votre analyse, j’ajouterais que parler des programmes ennuient fortement les candidats car les électeurs risqueraient de se rendre compte qu’ils ne sont pas si différents que cela.

        De plus la paresse, pour ne pas dire parfois l’incompétence, des journalismes des grands médias concourrent à cet état de fait.


      • COLRE COLRE 19 avril 2007 18:58

        @chantecler,

        Je suis complètement d’accord avec vous, et il me semble que l’un n’empêche pas l’autre. Les deux aspects s’additionnent. Je m’insurgeais seulement contre l’idée de l’intelligence machiavélique qui prévoit tout et construit une stratégie à ce point préméditée. Je crois qu’il y a bcp plus d’opportunisme et, en un mot, de bêtise dans le monde médiatique. Ou alors il y aurait une sorte de perversion consciente ? non je ne crois pas. Beaucoup d’inculture et d’incompétence, bcp de marchandisation du média, produit qui se vend comme un autre, au mépris de l’objectivité et de la vérité, mais aussi beaucoup d’adaptation au coup par coup, à la poursuite des événements, dans l’instantanéité de l’info, le journalisme de l’AFP, sans suivi, sans mémoire des choses importantes...

        Désolée, ça nous mène loin, mais je répète : je suis complètement d’accord sur la manipulation de la presse envers certains politiques qui n’a d’égal que leur soumission à l’égard de certains autres.


      • Citoyen ordinaire 19 avril 2007 10:06

        Le « déni de la démocratie » c’est aussi de tenter de conditionner et culpabiliser les électeurs en diabolisant un candidat par l’utilisation de mots à charge émotionelle diffamatoire tels que « l’horreur ».

        A force d’avaler depuis des années ce poison tout en étant confronté à la réalité fabriquée de toutes pièces par ceux là même qui l’administrent, les citoyens sont, à présent et fort heureusement, immunisés.


        • aigle80 aigle80 19 avril 2007 10:58

          SI il y a encore 40% d’indecis cela prouve que cette campagne n’est pas mieux que les precedentes et qu’a force de montrer les candidats au « contact » de leurs electeurs qui à la campagne,qui en banlieux ou dans les transports plus ou moins communs, n’est pas d’un interêt primordial et on lasse les français avec.On ferait mieux, effectivement, de décortiquer les programmes de chaqu’un, car 40% cela ferait plus de 20 millions d’electeurs...autant dire que rien n’est joué et que les sondages sont folkloriques il pourrait y avoir une surprise de taille Dimanche soir !


          • La Taverne des Poètes 19 avril 2007 12:02

            Bravo pour cette prise de position courageuse et lucide. Le débat est en effet escamoté. Carlo Revelli et les blogueurs l’ont déploré mais les medias ne favorisent pas non plus le débat. Même Agoravox. J’avais soumis un article pour un débat de fond en vue de comparer les propositions des candidats sur le thème du social. L’article a été refusé sur un motif mensonger et hypocrite. Du coup, je me refuse à élaborer d’autres articles pour le débat : je ne veux pas passer des heures à travailler pour rien.

            Je le dis sans ambages : Agoravox ne fait pas exception à cette attitude rejetante du débat. Les rédacteurs qui font des pronostics, colportent des rumeurs ou insèrent le nom d’un candidat dans le titre de l’article pour raccoler, sont largement favorisés parce qu’ils font de l’audience.

            A force de toujours ne toucher qu’à la forme, on finira par toucher le fond !


            • citoyen citoyen 19 avril 2007 21:10

              @ La taverne des poètes

              Eh bien là, je partage ton point de vue, nous sommes tous guidés à cette exigence, cet impératif que constitue l’audience ... moi-même sur mon blog, il m’arrive de regarder trop souvent mes statistiques et de me dire mais qu’est-ce que t’es con ! Et pourtant cela correspond au fait que si l’on écrit, c’est au final pour être lu ... Alors les médias ne peuvent pas s’en passer ...


            • non666 non666 19 avril 2007 12:37

              Vous ne vous posez pas les bonnes questions.

              Vous voyez les effets, vous ne comprenez pas la cause.

              Si les politicards candidats font des effets de manches, parlent de tout sauf du coeur du mandat presidentiel, ce n’est pas par poésie, mais bel et bien parce que sur le fond, leurs projets sont en opposition avec ce que veulent les français.

              Le president est celui qui signe les traités internationaux.

              Vous croyez que les « grands » candidats vont aborder le sujet du TCE, alors qu’il est un des sujets essentiels de la politique exterieure française alors qu’ils sont pour la plupard en opposition avec ce que veulent les français ?

              Vous croyez que les journalistes, qui soutiennent ces candidats vont devenir honnete, integre et s’etonner que l’on parle de sujet peripherique ?

              Non, ils sont complices sur cette affaire la comme ils l’ont été en 2005. Alors ils font du vent, de la stratégie, des pas de deux sur les tables des uns et des autres.

              Mais aucun n’assume le moindre discours, la moindre ideologie pour pouvoir coller au sondage du lendemain sans se desavouer.

              Se ne sont pas les electeurs qui sont desabusés par la politique, c’est le niveau de l’offre qui est très en dessous de la demande.

              Quand on commence a avoir affaire a des mercenaires, des professionels qui sont pret a epouser n’importe quelle cause si elle leur rapporte 0,5% de voix en plus, on n’est plus dans le domaine du politique, on est dans celui du marketing.

              La seule veritable question est : sommes nous si dupes, la propagande nous a t’elle deja si soumis que personne ne se revolte ?

              Mon sentiment est que le feu couve et que tout le monde attends l’etincelle.


              • R1 19 avril 2007 13:35

                Tout à fait d’accord avec ton analyse.... rien à ajouter


              • lorgnette 19 avril 2007 13:52

                l’entreprise d’infantilisation de la société étant en marche depuis des années, il semble à nos journalistes plus rentable de vendre la personnalité des candidats plutôt que leur programme.

                Etant admis que chaque programme a ses insuffisances et que mis à part ceux de l’extreme gauche, tous les programmes acceptent l’idée de mondialisation, il parait dangereux d’étaler ça sur la place publique - quelques trublions s’évertuant à se servir de leur temps de cerveau disponible pour réfléchir (quelques dangereux psychopathes allant même jusqu’à comprendre !!!)

                La démocratie est une utopie.


                • citoyen citoyen 19 avril 2007 14:27

                  Je souhaite réagir à tous ceux qui ont laissé un commentaire suite à ce billet d’humeur smiley

                  Tout d’abord, que nombre d’arguments avancés par les uns et les autres touchent au point critique posé indirectement dans mon titre et que reprend « Lorgnette » en postulant que la démocratie est une utopie.

                  Le coeur du problème n’est-il pas effectivement autour de cette question : qu’est-ce que la démocratie ?

                  Je ne veux pas revenir sur ce que j’ai écrit mais il convient tout de même de préciser que nous avons la chance en France d’avoir un Etat réellement démocratique, c’est-à-dire où la parole est libre. Nous avons la chance de pouvoir choisir entre de multiples candidats aux horizons divers, aux propositions divergentes, nous avons la chance de pouvoir se renseigner - dès lors qu’on le désire même si je dois reconnaître que l’accessibilité à l’information n’est pas le même pour tous - sur les programmes des différents candidats au travers de leur site Internet notamment (en cela ce nouveau média est un outil puissant)et nombre de journalistes tentent de faire leur travail d’analyse. Mais la société dans laquelle nous vivons est avant une société de l’image et en renonçant à un débat d’envergure avant le premier tour, les candidats, les journalistes et finalement aussi nous mêmes citoyens, nous restons confinés à cette image. C’est pourquoi il faut tirer les enseignements de ce qui se passe en exigeent que soit inscrites pour le futur des règles précises sur ces modalités de déroulement de la campagne éléctorale. On le voit bien, le principe édicté par le CSA sur les temps de parole à la télévision confine au ridicule. On nous montre un candidat dont on attend qu’il s’explique sur sa vision de la société pour les cinq ans à venir et dans le même temps, un chronomètre décompte les secondes qui lui restent pour parler ... l’accessoire prenant le dessus sur l’essentiel ...

                  L’excercice de la démocratie est donc complexe ... aussi je reprendrai vos arguments et tenterait d’y répondre smiley


                  • lorgnette 19 avril 2007 15:41

                    Vous posez la question : « qu’est ce que la démocratie ? »

                    Vous dites ensuite que notre état est démocratique dans le sens où la parole est libre.

                    Cela me rappelle un bon mot :

                    - la dictature c’est : Tais-toi !
                    - la démocratie c’est : Causes toujours.........


                  • citoyen citoyen 19 avril 2007 21:38

                    Bien sûr ... on peut toujours laisser croire aux gens que leur avis est important et s’en moquer par la suite, mais c’est toute la difficulté de la démocratie, car gouverner ce n’est pas satisfaire le désir de chacun, c’est rechercher le bien commun, or il est évident que ce bien commun puisse être contraire aux souhaits, aux intérêts de quelques uns, la question est de savoir ce qui fonde le choix de ce bien commun

                    Prenons l’exemple du sujet de « l’Europe » très symptomatique de ce que je veux démontrer puisque dans ce cas cette notion de « quelques uns » dépasse les 50% de la population si on prend la référence du vote sur le Traité Constitutionnel. A l’exception de Bayrou, tous les candidats on « tapait » plus ou moins fort sur l’Europe au prétexte qu’elle serait la cause de nos malheurs. Que penser de cette attitude ? Ma réponse est claire : c’est de l’opportunisme électoral alors que les deux prétendants que sont Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy savent qu’ils devront remettre en chantier les négociations sur l’Europe ! Résultat s’ils sont élus, nombre de gens se diront « ils nous ont bernés » et en ce sens ils auront raison. Mais ce qu’il faut dire c’est que le message était tronqué d’emblée. Il est plus facile de laisser croire aux gens que l’Europe est responsable (il y a évidemment des responsabilités au niveau européen aussi) que devoir se remettre en question. Comment voulez-vous expliquer cela ? alors que çà fait des années que nos responsables politiques français désertent l’Europe. Savez-vous que les britanniques qui pourtant des européens frileux sont nettement plus actifs nous français dans les institutions européennes ? pas étonnant alors que leurs idées prévalent ...

                    Nous sommes très forts pour critiquer, beaucoup moins pour argumenter et construire

                    J’en arrive à me demander si tout cela ne prend pas l’origine dans le mythe de la Révolution française de 1789. C’est par cette épisode sanglant que la France est parvenue à faire naître les principes démocratiques modernes. Relisez vos manuels d’histoire, la Grande Bretagne n’a pas connu d’épisode aussi sanglant où il fallait « faire tomber les têtes » (cette fameuse haine des élites !) et pourtant n’a-t-elle pas évolué vers une démocratie parlementaire ? Alexis de Tocqueville en parle beaucoup mieux que moi ...

                    Ces jours-ci, on voit souvent Besancenot, Laguiller poing levé chanter l’Internationale à la fin de leur meeting, des journalistes s’interrogeant sur ce qui signifie encore cet idéal révolutionnaire aujourd’hui.

                    Voilà pour le vrai problème de la démocratie actuelle du XXI, on nous fait vivre sur des mythes du passé sur le thème du « cause toujours » ... et là vous visez juste avec tous les candidats !!! smiley


                  • ExSam 19 avril 2007 17:05

                    c’est à se demander si les grands médias n’ont pas d’autres stratégie que de faire de l’audience alors qu’une fois tous les cinq ils pourraient faire de l’éducation politique.

                    C’est un des problèmes sans doute. Il faudrait également voir le poids des groupes dans la teneur de l’info.

                    Ainsi Lagardère, qui possède 11 télés et radios, 25 organes de presse écrite, 38 maisons d’édition, et plusieurs sociétés de diffusion/distribution, est favorable à Sarkozy, comme la plupart des grands groupes. Les liens vont on ne peut plus loin pour certains, puisque François Pinault (PPR)est le parrain du fils Sarkozy.

                    Lagardère, comme tous les patrons de ces groupes, dicte et influe très largement sur la ligne de toutes les sociétés de presse qu’il possède, dans l’optique majeure d’améliorer les résultats de son groupe.

                    Ainsi, les medias doivent apporter un plus de visibilité, mais aussi un plus d’influence, ce, en termes économiques, mais egalement politiques, au plan national et international. Un grand groupe génère de tels bénéfices, agrège de si forts et si nombreux acteurs financiers et autres qu’il est obligatoirement tenté de contrôler son devenir, non pas en passant sous les exigences démocratiques, mais en faisant passer la démocratie du côté de son vouloir. Volonté qui tend fondamentalement à la maximisation du profit, aujourd’hui en des mains de plus en plus restreintes. Malgré les assurances de « soutienn déterminé à la culture », « respect de la pluralité » et autres « mieux-disant cuturels ».

                    Le groupe médiatique Lagardère doit, donc, concourir à ce détournement, nolens volens, d’une démocratie dont l’essence est, il semble utile de le rappeler aujourd’hui, le pouvoir du peuple. Et de même pour les groupes en situation similaire.

                    Est-il déraisonnable de penser que la conduite déraisonnable de campagne par les médias soit donc imputable largement à Lagardère et autres groupes de presse/pression ?

                    Est-il déraisonnable de penser qu’il faudrait, par conséquent, modifier les termes de l’équation, et au lieu d’écrire « les grands médias n’ont pas d’autres stratégie que de faire de l’audience », plutôt dire « Les grands médias n’ont d’autre stratégie majeure que de satifaire Lagardère-Dassault-Seillères, en faisant des programmes audimatiques » ?..

                    L’audience, comme le note l’auteur, induit un traitement superficiel de la campagne, lequel traitement rejoint les volontés notamment de Sarkozy, qui ne souhaitait pas de débats de fond et qui n’appréciait pas non plus de voir son programme couteux - il fut déclaré ainsi par un panel de patrons, au moment où la mode était à examiner les coûts, laquelle mode passa rapidement - disséqué, pour ce coût. Entre autres casseroles qu’il trainait.

                    Coût qui aurait inévitablement amené des interrogations sur les résultats probables d’un programme prohibitif, en termes de niveau de vie et de libertés du pays, ce qui aurait sans doute conduit bcp à trouver la note exhorbitante pour un régime minceur.

                    Il faut donc voir une corrélation forte, me semble-t-il, entre l’audience et les attentes de la droite, notamment de son candidat. Quoique la gauche de gouvernement, avec Royal et ses 100 propositions plutôt floues, ne supporterait pas très bien, sans doute, l’examen rigoureux, même si la dérive en termes de niveau de vie et de liberté est minime, en regard du gouffre dans lequel Sarkozy semble nous amener.

                    Les médias classiques, l’auteur les oppose aux nouveaux. C’est aller un peu vite en besogne, aussi, je crois.

                    S’il est un domaine ou le Web est roi, c’est bien la rumeur. Ces rumeurs qui apparaissent aujourd’hui constituer le stade « caniveau final » de la presse « papier » et télé.

                    Je vois, donc, une convergence. Les médias classiques et cyber fonctionnent sur le même registre, avec un bel ensemble. le Web bruisse, buzze, pipolise autant que la presse classique, si ce n’est plus. Le caniveau y est large et fréquenté.

                    La différence étant que l’internet citoyen est, pour l’heure, plus développé que la presse citoyenne, étouffée par les contraintes financières et des clauses de parution bien faites pour la restreindre, sans doute, comme un récent article d’AV l’a démontré.

                    Donc, la rumeur trouve un terreau web fertile, mais se voit analysé, démystifié ou amplifié par le web citoyen. Donc l’article de fond, l’analyse percutante, différente et insoumise trouve sa terre de feu...Ils ne trouvent pas, bien souvent, les lecteurs à la mesure de la qualité, évidemment extraordinaire, qu’ils déploient...Mais qu’importe, ils fleurissent gratuitement

                    Fragile supériorité du Web, qui repose sur cette gratuité ou presque de création et diffusion, dans les blogs et autres sites persos. Ou encore sur des montages où la gratuité est au confluent de stratégies citoyennes et économiques complexes, qui imitent la situation de certains organes de presse papier...Par exemple, Marianne « descendant » Sarkozy, Marianne portée par JFKhan le dénonciateur, le liberto-libertaire-extrême-centriste, le hérault d’une presse engagée,Marianne financée par François Pinault, Marianne de plus en plus couverte de pubs.

                    Quoiqu’il en soit, la gratuité est donc un enjeu majeur. Les groupes de presse du PAF et de la presse écrite en sont conscients, tout autant que les blogeurs. Et, bien évidemment, les politiques.

                    Il faut donc s’attendre, me semble-t-il, à une attaque massive de cette gratuité/liberté sur les plans techniques, idéologiques et commerciaux du Web. Les dernières lois en matière de téléchargement me semble préfigurer une restriction générale de l’usage, dans l’optique de passer d’un modèle participatif, gratuit ou share, vers un modèle marchand généralisé ou nous retomberons dans les impasses « papier ».

                    Les reccommandations de l’OMC, les accords AGCS ne stipulent pas une marchandisation de la planète, marchandisation pouvant attaquer en justice un Etat pour non-respect de conccurence ?..On voit donc l’écart entre les préconisations des élites et la gratuité qui nous occupe. On mesure l’opposition à venir entre notre web outil démocratique espéré et le McWorldwideweb.

                    En jeu, pour l’heure fondamentalement, sur le terrain qui nous occupe, notre liberté de critiquer, de compenser l’inféodation de la quasi-totalité des médias classiques au pouvoirs politico-financiers.

                    La superficialité du traitement de la campagne présidentielle demeure, pour moi, un épiphéonème de cette captation des médias par des firmes en conglomérats constitués en monopoles dans leur secteur et qui veulent utiliser la démocratie, comme elles se découpent la planète : pour le profit, à leur profit.

                    Ceci ne peut se tenter, a fortiori se réaliser qu’avec la compréhension, la connivence de pouvoir sur les institutions de l’Etat et de la République, pouvoir essentiellement anti-démocratiques, adhérant par intérêt pratique et/ou idéologique aux visées des firmes transnationales basées en France, notamment.

                    Nous voyons le schéma, il se précise de jour en jour. Nous constatons les avancées, elles nous donnent sans cesse de nous exemples d’inféodations. Nous connaissons les hommes-clés, pour reconnaître leur immobilité devant la vague qui nous arrive dessus, pour constater leur adhésion à l’épiphénomène indiqué, ou leurs hypocrisies...

                    C’est à nous, dés aujourd’hui de ne pas donner les moyens à ceux qui pensent la société fondamentalement comme une hierarchisation impositive et la liberté comme un luxe à réserver à quelques mains naturellement désignées pour en jouir grandement.


                    • citoyen citoyen 19 avril 2007 23:39

                      Eh oui c’est cela le « french paradox » smiley on se plaint des déficiences de notre démocratie et par ailleurs, dimanche 22 avril à 20h00 on se demandera si on n’aurait quand pas dû voter « utile » ou comme le dit Ségolène Royale avec « conscience »


                    • zerby 20 avril 2007 07:48

                      Je voudrais revenir sur un point : l’équité.

                      Que penser de l’équité quand on constate que pour ce qui est du temps de parole à la télé, une heure de Sarkozy à 20h sur TF1 équivaut à une heure de Schivardi à 3h du matin sur la TNT. C’est un exemple imaginaire, mais qui me semble parfaitement coller avec ce qui se passe.

                      Que penser de l’équité quand on considère les budgets pharamineux alloués à cette « campagne ». J’ai appris que pour le « sacre » de Sarkozy, 300 000 euros ont été dépensés (cf Marianne). Combien d’autres candidats auraient pu se le permettre ? Autre exemple, j’ai appris qu’une fois les 500 signatures récoltées (et avec ô combien de mal pour certains ; la faute à qui..), une somme de 800 000 euros était donné à chacun. Mais certains, comme M. S..., ont beaucoup de facilité à rallonger ces sommes. Pour moi, l’équité, ça aurait été l’égalité de moyens pour promouvoir ses fins. Tant d’argent, pas un centime de plus ajouté par on ne sait quelle poche (peut-être la nôtre indirectement). Tant de publicité, tracts, programmes, affiches, pour tous le même nombre. Arrêtez le mattraquage d’informations qui tourne à la propagande. Tiens, ce matin j’ai reçu du courrier. Encore M. S... Un livret d’une quinzaine de pages. On remet une couche ! Je ne veux pas être lobotomisée par de « belles paroles » (selon certains). Je ne suis pas dupe. J’ai un cerveau, on n’en utilise même pas un quart,alors ne vous laissez pas envelopper par ses propos. Sa formation d’avocat lui ont bien appris le choix des mots. Employer des mots selon leur sens profond, étymologique, mots auxquels des gens donnent un autre sens. Là je dérive du sujet initial, mais j’avoue que plus le temps passe, plus M. S... me terrorise. Pour ceux qui ont un peu de temps pour déprimer, allez voir un autre article : « On ne dérange pas un meeting de Sarkozy ». Affligeant. J’ai même eu envie de pleurer...

                      Que penser de l’équité concernant l’affichage des « portraits ». vous savez, ces affiches montrant la tête de chacun, sur des lignes de panneaux. J’habite une petite ville des Deux-Sèvres, le maire est de droite (avocat à Paris..). Tous les jours je passe devant ces têtes quémandant mon vote. Le problème, c’est que seulement 3 « têtes » s’y côtoient : M. S..., Mme R., et M. JM LP arrivé le lendemain. Où sont les autres ??? 4 jours comme ça... Une belle preuve d’équité. De colère, j’avoue avoir arracher une affiche de M. S.... le lendemain une autre avait pris sa place. La même.

                      Je finirais par un conseil musical : le dernier album de Ridan « L’ange de mon démon ». Il aborde beaucoup de sujets, présents dans les discours politiques (pas de tous, c’est-à-dire pas dans ceux de la droite et de l’extrême-droite).


                    • etarcomed 20 avril 2007 17:46

                      J’ai une hypothèse simple : Les journalistes sont des êtres humains comme les autres avec leurs forces et faiblesses. Ils posent les questions qui les interessent eux, en ayant conscience ou non que ce ne sont pas forcément les questions qui interessent les français.

                      Qu’est-ce-qui les interessent ? Les programmes ? Soyons sérieux ce sont des journalistes, ils les connaissent, il ne doit plus rester beaucoup de journalistes indécis aujourd’hui ? Non ce qui les passionnent (et nous aussi avouons-le) c’est l’épisode suivant, le suspense la grande surprise ? Bayrou sera-t-il au deuxième tour ? Segolène et Bayrou vont-ils convoler ? Finalement les éléctions c’est comme la coupe du monde de football, l’interessant c’est de savoir si on va gagner le match, si Zidane jouera ou pas, les petites histoires.

                      Remarquez, ça marche hors élections, combien de temps ils n’ont posé que des questions pour savoir si Sarkozy s’engueule avec De Villepin. Qui serait candidat dans 2 ans c’était plus important que le texte de loi de demain.


                      • lyago2003 lyago2003 20 avril 2007 18:46

                        Bilan de cette 1ère campagne : ni vu ni connu, je t’embrouille, ou l’art et la manière de ne pas faire de propositions qui risquent de fâcher.

                        Continuer de dormir bon peuple les « suffisants » pensent pour vous.

                        Lyago

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