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Accueil du site > Actualités > Politique > Conférence de presse de Hollande : contexte, forme et fond, une analyse (...)

Conférence de presse de Hollande : contexte, forme et fond, une analyse complète

Première intervention télévisuelle de l’année, cette conférence de presse et son contexte furent très différents de la dernière interview du président datant du 14 juillet. J’avais pointé « à l’époque » les éléments importants environnant cette interview : les affaires politico-financières, la hausse du FN, la hausse de chômage et la contestation croissante à l’égard de l’austérité. Hormis la hausse du chômage qui se poursuit, n’en déplaise à nos social-menteurs au pouvoir, ces éléments ont aujourd’hui changé.

Contexte

- Le pouvoir exécutif a réussi le tour de force de réduire à néant l’opposition interne à l’austérité (qu’est-il advenu de la fronde Montebourg, Duflot, Hamon ?) et à neutraliser momentanément le pouvoir de nuisance du FdG en montant les leaders du PG et du PC l’un contre l’autre.

- La dynamique du FN semble marquer le pas après avoir culminé entre septembre et novembre : 24% d’intentions de vote aux européennes selon un sondage IFOP, et même 42% de personnes qui n’excluent pas le vote Le Pen dans un récent sondage du Figaro. Les dernières estimations montrent que le FN est donné perdant dans son fief d’Hénin-Beaumont, et en baisse de manière générale.

- Les affaires politico-financières ont disparu…de la scène médiatique. Néanmoins,leur jus putride (Tapie, Guéant, Cahuzac) continue à abraser lentement mais sûrement la crédibilité du gouvernement (25% de confiance). 

On peut ajouter à ce tableau de nouvelles composantes ou un renforcement de tendances :

- La température d’ébullition de la cocotte minute sociale se rapproche de plus en plus : les mouvements de contestation échappant au contrôle politique se multiplient (les bonnets rouges, les Dieudonnistes, les anti-mariage pour tous…) et semblent se fédérer dans leur colère contre l’exécutif (jour de colère du 26 janvier), les plans sociaux se multiplient et génèrent des actions de résistance syndicale.

- Le pouvoir s’est claquemuré dans sa tour d’ivoire et refuse de plus en plus la réalité : souvenons-nous du mythe de l’inversion de la courbe du chômage réalisé à coups de manipulations informatiques (bug SFR) ou d’omissions sur les radiations et les autres catégories du chômage.

- L’anesthésiant médiatique désormais administré à doses quasi-palliatives avec successivement la banane de Taubira, la violence aux abords des stades, la mort de Mandela, l’affaire Dieudonné, Gayet…Tout cela résulte en un discrédit de la fonction de journaliste, voire en une haine de certains médias (particulièrement BFM TV hué à la fois dans les manifestations de droite et détesté par la gauche).

- Un pouvoir de plus en plus autoritaire avec un recul de la liberté d’expression dans le cas de l’affaire Dieudonné ou encore une surveillance accrue des citoyens.

 

Forme

- Un évènement international : d’aucuns pourront s’étonner de l’envergure de cette conférence : 600 journalistes dont plus de 200 internationaux, la quasi-totalité du gouvernement rassemblé et 2h30 d’intervention en comptant les questions, cette conférence de presse s’inscrit dans la même lignée que ses 2 précédentes en termes de longueur (2012 et 2013).

- Une communication ampoulée : la longueur de l’intervention (40 minutes) et des réponses aux questions (2h) a largement favorisé la rhétorique voire les sophismes, Hollande a mis jusqu’à 6 minutes pour répondre à des questions peu pertinentes (6 minutes sur le spectacle de Dieudonné, 5 sur le « désir d’ailleurs » des jeunes de 25 ans). Des techniques de communication politique ont été utilisées durant cette conférence de presse : les anaphores utilisées à 8 reprises  ! Notons pour exemple l’anaphore « quand on a 25 ans » qui aurait pu faire une bonne entrée au hit parade comme titre de musique. Parmi les outils de com de la dernière édition pour les nuls de la langue de bois, il y avait l’argumentation émotionnelle, les éléments de langage (« le rassemblement pour l’emploi », « la mobilisation de tous »...), la réponse en 2 temps qui consiste à se noyer dans une logorhée hors de propos visant à mieux faire passer la réponse (technique utilisée lors de la réponse à la question « disposez-vous d’une majorité à l’Assemblée pour soutenir cette politique ? »), les chiasmes (« L’avenir de la France, c’est l’Europe. L’avenir de l’Europe, c’est la France »), et encore bien d’autres techniques qui anesthésient, lassent et irritent le spectateur au point le conforter dans son sentiment qu’ils sont au fond tous pareils.

- Les thèmes du débat : 7 thèmes ont été abordés. Dans l’ordre, le pacte de responsabilité (1), la réduction de la dépense publique (2), la jeunesse et l’éducation (3), le racisme et l’antisémitisme (4), l’euthanasie (5), les interventions militaires en Afrique (6) et le l’Europe (7).

Si la l’agencement des thèmes paraît à peu près logique jusqu’au 3ème point, il devient par la suite très déroutant. Pourquoi les interventions en Afrique et surtout l’Europe se retrouvent aux dernières places de ce discours ? Pourquoi le thème du racisme et de l’antisémitisme se retrouve-t-il à la 4ème place alors qu’aucune annonce concrète sur le sujet n’a été faite ? L’Elysée aurait-il perdu le sens des priorités ?

 

Fond

Evacuons tout de suite la partie censée être la plus importante, les questions des « journalistes », par une petite analyse de leur question. 25 questions ont été posées au cours de cette conférence de presse. Savez-vous que sur ces 25 questions, le thème le plus présent était celui concernant la manière du chef de l'Etat de faire de la politique et de se définir avec 9 questions ? Des questions aussi intelligentes et précises que « Etes-vous social-libéral ? », « social-démocrate ? », « vos erreurs ont-elles contribué à la désaffection des Français à votre égard ? », « N’avez-vous pas l’impression d’avoir perdu 18 mois » ont été posés ?

Le 2ème thème revenant le plus souvent fut l’affaire Trierweiller avec 5 questions !

L’économie ne devait pas être un sujet si important que cela, puisque 4 questions seulement ont été posés à ce sujet. Quant au social, une seule question, très orientée par ailleurs, fut posée. Elle proposait une baisse des indemnisations de chômeurs. Les salariés de Goodyear et de Mory-Ducros seront contents…

Heureusement qu’aucune question n’a été posé sur les plans sociaux, le chômage, l’explosion des cambriolages, l’environnement (pas évoqué une seule fois durant ce simulacre de conférence de presse), l’euro, la réforme de la fiscalité, la fragilité des banques, la hausse des impôts, les suicides des gendarmes qui se multiplient. Heureusement pour les journalistes-courtisans qui risqueraient l’excommunication…Malheureusement pour nous, pauvres moutons stupides que nous sommes.

Peu d’annonces ont été faites hormis un renforcement de la politique d’austérité pour l’année 2014 avec le pacte de responsabilité qui ne créera pas plus d’activité économique (tout simplement parce que les investissements se font que lorsque les chefs d’entreprise anticipent un retour sur investissement passant en général par une hausse de la demande) alors que la contrepartie de la baisse des dépenses publiques détruira obligatoirement des emplois.

Principale proposition, le pacte de responsabilité qui s’appuie sur 5 axes : la fin des cotisations familiales d’ici à 2017 représentant 30 milliards d’euros, une modernisation de la fiscalité sur les sociétés, une réduction du nombre de normes que les entreprises doivent respecter et enfin, seule mesure sociale du « pacte », un engagement des entreprises sur des « objectifs chiffrés d’embauche » contrôlé par un « observatoire des contreparties ». Mis à part le premier point qui paraît clair, il faudra attendre des précisions sur les autres propositions extrêmement inquiétantes de ce pacte. En particulier s’agissant des normes s’imposant aux entreprises ; s’agit-il du droit social ? Du respect des conditions d’hygiène ? Des obligations en termes d’environnement ? Quant aux contreparties, le précédent de la baisse de la TVA dans la restauration démontre que ce système ne marche pas.

La réduction des dépenses publiques sera de 53 milliards d’euros (contrepartie au crédit impôt compétitivité emploi et à la suppression des cotisations familiales pour les entreprises) chiffre dépassant le budget de l’éducation et de la justice réunis ! Les pistes pour cette réduction des dépenses sont effrayantes : baisse des dépenses de la sécurité sociale, suppression de régions et de départements qui ne feront qu’éloigner un peu plus le citoyen du pouvoir et réduire le pouvoir de l’état. Enfin, il est à parier que ces mesures ne suffiront pas et que l’Etat devra tailler dans son budget de fonctionnement en revenant sur ses recrutements de professeurs par exemple et/ou se séparer de ses bijoux de famille et en lançant une ultime vague de privatisations.

Les autres propositions sont anecdotiques, elles concernent la jeunesse avec la volonté de faciliter son accès aux emplois par une hausse des contrats de génération (50000 en plus des 100000 prévus) alors que seulement 20000 de ceux-ci ont été signés en 9 mois, car le problème n’est pas un manque de savoir-faire des jeunes qui de toute façon auraient été formés si les entreprises avaient un réel besoin et l’augmentation de 15% des services civiques. Est-ce vraiment avec des jobs associatifs payés 467,34€ que l’on parviendra à sortir les jeunes de la dépendance parentale ? Autre proposition pour la « jeunesse » : la lutte contre le décrochage scolaire avec un remix des ZEP consistant à offrir de meilleurs rémunérations et conditions de travail aux professeurs.

Dernière annonce importante et peut-être seule mesure qui aurait été positive si elle ne semblait pas aussi triviale en ces temps de perdition, un nouveau texte de loi sur « la fin de vie ».

Inutile d’évoquer les propositions sur le couple franco-allemand, qui demeurent vagues et non négociés avec l’Allemagne ayant donc peu de chance d’aboutir sur des projets concrets.

 

Conclusion

Au-delà des mesures proposées essentiellement sur le plan économique, il est important de souligner que Hollande a désormais clairement adopté un point de vue capitaliste extrémiste sur la relation entre offre et demande. Selon lui, l’offre détermine la demande. Théoriquement rien n’est plus faux que cela, en effet pourquoi des personnes achèteraient des choses dont ils n’ont pas besoin ? Malheureusement, le capitalisme a réussi en partie à inverser cette relation en nous faisant acheter des biens et des services payants dont nous n’avons pas réellement besoin et qui se substituent à des choses qui n’étaient pas forcément dans la sphère marchande auparavant (ex : les sites de rencontre sur internet).

Hollande persiste dans les dogmes de la croissance et du productivisme qui ne feront que générer toujours plus de misère car le taux croissance baisse tendanciellement depuis maintenant 30 ans. Contrairement à ce que les journalistes prétendent, il n’y a pas ici de tournant. Hollande s’est engagé dans une fuite en avant suicidaire dans la récession qui mènera le pays dans le chaos. Il n’y a aucun retour possible car le pouvoir se coupe de plus en plus de la réalité (comme le prouve ses mensonges sur le chômage) et recourt de plus en plus à la violence et à la censure pour écraser toute contestation. Ainsi, le 15 janvier restera le jour où François Hollande scella son destin.


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19 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 17 janvier 2014 15:24

    Hollande...c’est notre Dante et sa divine comédie.. !


    • foufouille foufouille 17 janvier 2014 17:02

      « voire en une haine de certains médias (particulièrement BFM TV hué à la fois dans les manifestations de droite et détesté par la gauche). »

      pour le coté économie, on dirait une caricacuture du frère a crassus ( payé 15000€ quand même)


      • bernard29 bernard29 17 janvier 2014 18:16

        il est dommage que l’agriculteur qui a déposé 4 tonnes de fumier devant l’assemblée nationale, ne l’ait pas fait le jour de la conférence de presse de notre souverain ; Papotage 1er.


        • Raymundo007 Raymundo007 17 janvier 2014 22:07

          Très bon article.


          • zygzornifle zygzornifle 18 janvier 2014 11:03

            Conférence de presse contre conférence de fesses 


            • Mmarvinbear Mmarvinbear 20 janvier 2014 02:37

              Les affaires politico-financières ont disparu…de la scène médiatique. Néanmoins,leur jus putride (Tapie, Guéant, Cahuzac) continue à abraser lentement mais sûrement la crédibilité du gouvernement 


              Je ne vois pas en quoi les affaires Tapie et Guéant nuiraient au gouvernement Ayrault. Ces affaires sont à mettre sur le compte de l’ UMP, et de personne d’autre.

              • Ecodemos Ecodemos 20 janvier 2014 13:07

                Bonjour,

                Parce que la multiplication de ces affaires discréditent la figure du politique aux yeux du peuple de manière général.


              • Mmarvinbear Mmarvinbear 20 janvier 2014 13:28

                Je ne le pense pas. Cela irrite sur le moment, mais avec toutes les affaires qui se sont succédées ces deux dernier siècles, on est habitués.


                Ce ne sont d’ailleurs pas les affaires qui exagèrent le peuple, mais leur impunité.

                Avec Cahuzac débarqué à la seconde ou il a avoué, avec toutes les procédures en cours qui ne sont plus bloquées par les politiques pour protéger leurs petits copains, on peut dire que les choses changent vraiment désormais. C’est le plus important.

              • Ecodemos Ecodemos 20 janvier 2014 13:37

                Je vous rappelle que son interdiction de mandat ne durait que quelques mois et qu’il pourra bientôt retourner sur les bancs de l’assemblée, d’autre part il n’a pas encore été comdamné et ne le sera probablement pas.

                Vous trouvez qu’il a été puni ?


              • Mmarvinbear Mmarvinbear 21 janvier 2014 01:36

                Je vous rappelle que son interdiction de mandat ne durait que quelques mois et qu’il pourra bientôt retourner sur les bancs de l’assemblée, d’autre part il n’a pas encore été comdamné et ne le sera probablement pas.


                Quelle interdiction de mandat ? Ce genre de truc n’existe pas dans la législation française.

                Pour retourner à l’assemblée, il devra se représenter devant les électeurs. N’ayant pas encore été jugé, il en a le droit. Mais je doute sincèrement qu’il puisse réunir une majorité de suffrage maintenant que tout le monde sait quel menteur il est.

                Pour le condamner, il faudra attendre son jugement. Il a deux mises en examen sur sa tête en ce moment. Vu les délais habituels, ses procès devraient intervenir en 2015.

              • Mmarvinbear Mmarvinbear 20 janvier 2014 02:46

                Au-delà des mesures proposées essentiellement sur le plan économique, il est important de souligner que Hollande a désormais clairement adopté un point de vue capitaliste extrémiste sur la relation entre offre et demande. Selon lui, l’offre détermine la demande. Théoriquement rien n’est plus faux que cela, en effet pourquoi des personnes achèteraient des choses dont ils n’ont pas besoin ?


                Cette relation entre offre et demande n’est qu’indirecte. Les allemands par exemple ont une telle politique et leur économie se porte très bien, même si de gros efforts sont à faire niveau rémunération des travailleurs et stabilité de leurs emplois. Le SMIC allemand devrait améliorer un peu les choses.

                Le problème d’un politique de demande comme la France l’a pratiquée longtemps est qu’elle n’est que d’une efficacité à court terme et fragilise le tissu économique du pays sur le moyen et long terme :

                - une hausse des salaires retire aux entreprises les moyens d’investir et d’ouvrir de nouveaux marchés.

                - le versement d’un complément de salaire aux employés n’a que peu de résultats : soit l’argent est épargné, et quitte donc le circuit, soit il sert à l’achat massif de biens importés, ce qui creuse le déficit commercial, enrichit les sociétés étrangères et appauvrit les entreprises nationales.

                Une politique de l’offre en revanche offre aux entreprise les moyens de se développer, de créer de nouveaux produits, ce qui, si elles jouent le jeu, permettra l’embauche et donc de développer le marché intérieur.

                Ce n’est jamais satisfaisant de contenter en premier le patronat, mais il faut regarder les choses en face : ce sont eux, et pas les syndicats qui créent de l’emploi.

                • Ecodemos Ecodemos 20 janvier 2014 13:13

                  C’est que je dis dans la suite, les entreprises créent de l’emploi mais en créant de nouveaux désirs (je ne parle pas de besoin parce que ce n’est pas le cas). Alors est-ce qu’il faut encourager les entreprises à créer des produits inutiles ou qui n’étaient pas dans la sphère marchande ? Ça me semble être une question plus importante.

                  N’oublions pas non plus que ce sont les carnets de commande qui créent le reste des emplois et pas que « les entreprises ».

                  Le cas allemand : bon exemple mais parce que l’Allemagne est un pays essentiellement exportateur, le jour ou il n’y aura plus l’euro et il arrivera, il va bien falloir que l’Allemagne réequilibre offre et demande.


                • Mmarvinbear Mmarvinbear 20 janvier 2014 13:35

                   Alors est-ce qu’il faut encourager les entreprises à créer des produits inutiles ou qui n’étaient pas dans la sphère marchande ?


                  Mais c’est quoi, un produit inutile exactement ?

                  Prenons le cas des voitures françaises. Les modèles bas de gamme se vendent bien mais après 8 ans il faut songer à la changer. Avec une montée en gamme, on pourra avoir des voitures qui dureront plus de huit ans. Est-ce inutile ? Est-ce que cela créé un nouveau besoin ?

                  Une société qui met un nouveau produit sur le marché court un gros risque. Si son produit se vend, c’est qu’il existait une demande cachée et nous ne sommes pas dans l’inutile, loin de là.

                  La force de l’ entreprise est qu’elle sait parfois voir ce qui nous échappe, au commun des mortels. Ford l’avait bien compris : quand il demanda ce qu’il pouvait faire à ses clients pour les aider à se déplacer plus vite, ceux-ci lui répondaient « avoir un cheval plus rapide ». Il réfléchit sur la question et proposa la Ford T au grand public. Succès immédiat, même si ce n’était pas un cheval. Cela permettait d’aller plus vite.

                  Même chose pour Jobs : on a vécu des millénaires sans Ipads sans trop de difficulté, mais celui ou celle qui a gouté à la tablette ne peut plus s’en passer, car cet appareil se montre très pratique et facile d’utilisation, nous permettant de régler plus vite certaines questions. 

                  Ou de jeter des oiseaux sur des cochons...

                • Ecodemos Ecodemos 20 janvier 2014 14:22

                  « La force de l’ entreprise est qu’elle sait parfois voir ce qui nous échappe, au commun des mortels. »

                  On a pas la même vision des choses sur le sujet, je pense...

                  "Prenons le cas des voitures françaises. Les modèles bas de gamme se vendent bien mais après 8 ans il faut songer à la changer. Avec une montée en gamme, on pourra avoir des voitures qui dureront plus de huit ans. Est-ce inutile ? Est-ce que cela créé un nouveau besoin ?"

                  De manière général, c’est le contraire qui se passe, pour continuer à vendre des produits les entreprises utilisent l’obsolescence programmée, c’est le cas pour toute l’industrie électronique, voir à ce sujet le rapport des Amis de la terre sur l’obsolescence programmée.

                  I pad ect... Là j’ai un désaccord de fond, mais bon c’est une question de vision de la société. Je pense justement que le numérique a une emprise délétère sur nos vies et nous coupent des autres, le ipad, les réseaux sociaux ne font que se substituer à de vraies relations sociales et marchandisent celles-ci en plus confotant la vision capitaliste sur l’homo economicus qui ne poursuit que son intérêt...

                  Il faut s’interroger sur le sens de nos existences, est-ce que notre but est de consommer toujours plus les produits que pondent nos entreprises ? Quel vide cherche-t-on à combler ?



                  • Mmarvinbear Mmarvinbear 21 janvier 2014 01:28

                    De manière général, c’est le contraire qui se passe, pour continuer à vendre des produits les entreprises utilisent l’obsolescence programmée, c’est le cas pour toute l’industrie électronique, voir à ce sujet le rapport des Amis de la terre sur l’obsolescence programmée.


                    L’obsolescence programmé est pour une grande partie un mythe.

                    La réalité est que les entreprises fabriquent des objets avec des degrés divers de durabilité et de fonctionnalités afin de pouvoir toucher l’ensemble des ménages, y compris les plus modestes. Cela revient parfois ( souvent ? ) à user de matériaux de base de qualité plus faible, ce qui entraine un risque accru de panne.

                    Parfois, un zozo vient ici et nous met en exemple une ampoule qui brûle depuis plus d’un siècle, arguant qu’on peut toujours le faire mais que voila, c’est fait exprès pour que cela claque rapidement. Il oublie simplement le fait qu’à cause de son âge, cette ampoule ( qui est toujours active dans une caserne de pompiers aux USA ) s’est lentement dégradée et qu’elle brille désormais en majorité dans l’infrarouge, ne donnant plus que 4 watts de lumière visible.

                    On me cite encore le cas des frigos des années 50, au design imbattable certes, mais qui peinent désormais, à cause de l’usure, à donner un froid correct et qui font autant de bruit qu’une bande de motocycliste de la Courneuve un samedi soir après qu’ils aient appris à enlever leurs pots.

                    Je pense justement que le numérique a une emprise délétère sur nos vies et nous coupent des autres, le ipad, les réseaux sociaux ne font que se substituer à de vraies relations sociales

                    C’est, en réalité, le contraire qui se passe. Les réseaux sociaux développent les interactions sociales, et pas seulement au moment des apéros Facebook. En permettant de mettre en relation sur un territoire plus vaste des personnes qui ont le même centre d’intérêt ( que ce soit la peinture sur soie, la mécanique quantique ou le Toboggan Tibétain ), ils entrainent une plus grande multitude de contacts. Virtuels au début, certes, mais qui pour certains finissent par se concrétiser au réel. Et qui ne se seraient jamais produits autrement faute de moyen de rencontre adéquat.

                  • Ecodemos Ecodemos 21 janvier 2014 12:12

                    Sur les 2 points vous énoncez des contre-vérités :

                    - L’obsolescence programmée n’est pas un mythe, le phénomène a été étudié et beaucoup de chercheurs/reporters/auteurs ( reportage d’Arte, rapport ders Amis de la Terre, Serge Latouche...) en parlent, d’autre part ce n’est pas que l’obsolescence technique, il y a l’obsolescence psychologique (la mode, les portables) ou encore l’obsolescence fonctionnelle qui fait qu’on ne peut plus utiliser un produit car il dépend d’un autre produit (logiciels, informatique).
                    L’exemple que vous donnez n’est qu’une exemple pour dire qu’il y a 100 ans on pouvait déjà faire des produits qui duraient longtemps, mais il y a aussi le cartel Phoebus (sur les ampoules qui duraient 1000h), le nylon (le concepteur du nylon modifié qui durait beaucoup moins longtemps) a témoigné...

                    - Plus l’usage des réseaux sociaux augmente, moins on a des relations physiques avec les gens, là encore c’est plutôt étayé, d’ailleurs l’indice de la fondation de France montre que la solitude augmente en France malgré les « réseaux sociaux ». Comparez aussi l’Afrique noire et l’Occident et vous comprendrez que l’on a pas besoin de réseaux sociaux pour avoir une vie familiale développée. Encore une fois, je le dis la plupart des services qui sont inventés ne font que marchandiser notre relation à autrui et se substituent à ce qui existait déjà...

                     http://www.liberation.fr/societe/2013/06/26/la-solitude-s-etend-en-france_913806
                    Lire aussi à ce sujet : l’emprise du numérique de Cédric Biagini

                    Maintenant, je quitte encore le registre strictement économiciste pour vous reposer les questions suivantes qui me semblent plus importantes :

                    Quel est le sens de nos existences, est-ce que notre but est de consommer toujours plus les produits que pondent nos entreprises ? Quel vide cherche-t-on à combler ?


                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 21 janvier 2014 23:52

                      L’exemple que vous donnez n’est qu’une exemple pour dire qu’il y a 100 ans on pouvait déjà faire des produits qui duraient longtemps, mais il y a aussi le cartel Phoebus (sur les ampoules qui duraient 1000h), le nylon (le concepteur du nylon modifié qui durait beaucoup moins longtemps) a témoigné...


                      Un produit à grande longévité n’est pas forcément plus pratique. Un fer à repasser en fonte qui fonctionne aux braises est plus durable que son homologue en fer électrique à vapeur. Et pourtant c’est ce dernier qui est plus efficace et facile à utiliser.

                      En réalité, l’ objectif majeur du cartel Phoebus était pour les entreprises membre de se partager des zones d’influence sur la planète afin de se ménager des revenus confortables. Cet accord peu moral a eu pour but aussi d’unifier les technologies et les standards mécaniques afin que chaque lampe puisse recevoir des ampoules de toute marque, condition indispensable, à l’époque, pour inciter le grand public à réclamer l’électrification de leur domicile.

                      En ce qui concerne le nylon, il est étrange de ne trouver aucune source de première main à ce sujet. Même dans « prêt à jeter », aucun ingénieur ne témoigne directement. C’est toujours la fille, la voisine, le cousin de. Aucun ingénieur...

                      Je trouve cela étrange, oui. Et suspect quand à la véracité de cette information.


                      Plus l’usage des réseaux sociaux augmente, moins on a des relations physiques avec les gens, là encore c’est plutôt étayé, d’ailleurs l’indice de la fondation de France montre que la solitude augmente en France malgré les « réseaux sociaux ». 

                      La question de la solitude doit être nuancée. Cette augmentation ne se trouve en fait que chez les jeunes adultes ( handicapés par le manque d’emploi ) et les plus âgés ( qui ne sont pas de gros utilisateurs d’outils informatiques et qui peuvent avoir plus de mal à simplement se déplacer en raison de leur âge et leurs handicaps )

                      Comparez aussi l’Afrique noire et l’Occident et vous comprendrez que l’on a pas besoin de réseaux sociaux pour avoir une vie familiale développée.

                      Il faut comparer ce qui peut l’être. La norme sociale en Occident pousse à la fragmentation familiale alors qu’en Afrique, les traditions poussent à organiser les familles en clans.


                      Quel est le sens de nos existences, est-ce que notre but est de consommer toujours plus les produits que pondent nos entreprises ? 

                      Le sens de la vie ? Mais les Vrais Croyants le connait, enfin !


                      Quel vide cherche-t-on à combler ?

                      Aucun. Il faut je pense arrêter de croire qu’on achète ceci ou cela par dépit ou par frustration.

                      A part en ce qui concerne les malades mentaux qui ont l’excuse d’une pathologie médicale, quand on achète un objet c’est pour

                      - l’utiliser, car on en a besoin. J’ai acheté une mandoline dernièrement afin de couper mes légumes en tranches et en julienne afin de ne plus avoir à les acheter sous vide. Pas parce que à deux ans on m’a privé de mon doudou pendant trois mois.

                      - impressionner l’entourage et les faire crever de jalousie. Cela arrive aussi parfois. Pas à moi.

                      On pourrait penser que c’est un comportement futile, idiot et immature. C’est en partie vrai.

                      Mais quand on voit les animaux sociaux se comporter de la même façon, c’est à dire parer leur habitat pour impressionner de possibles partenaires sexuels et les attirer, je me dit que c’est un comportement plus profond qu’il n’y parait, même si de par notre maitrise et notre intelligence, nous pourrions nous passer de ce comportement archaïque.

                      ( Même si j’ai du mal à considérer Nabilla comme étant une personne réfléchie et profonde. En tout cas dans ce sens-là...)




                    • Ecodemos Ecodemos 22 janvier 2014 18:11

                      Bon d’accord les réseaux sociaux et acheter des téléphones tous les ans c’est fun et c’est utile...

                      Par contre, je constate que dans cette société dans laquelle les entreprises nous fournissent des biens et des services qui sont si « utiles », les besoins primaires et secondaires sont toujours aussi bafouées : nourriture, eau, chauffage, sécurité, toit.

                      Personnellement, je préfèrerai une société dans laquelle on passe moins de temps à acheter des bidules pour communiquer par internet ou autre (et à perdre du temps à travailler pour les acheter) et plus de temps à rencontrer les autres et créer de vrais liens...
                      Mais bon, chacun son rêve...

                      Vous pensez franchement que vous êtes totalement déconnecté de cette société de consommation ? Même les décroissants les plus farouches ont des contradictions, ne pas l’admettre, c’est être dans le déni...

                      Je vous laisse méditer tout cela en vous conseillant tout de même de lire des auteurs comme Ellul (sur le règne de la techno-science plus particulièrement), Anders, Biagini, Ariès, Meadows (celui qui a fait le rapport du club de Rome) ou encore Castoriadis qui je pense peuvent vous intéresser...


                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 22 janvier 2014 23:57

                      Par contre, je constate que dans cette société dans laquelle les entreprises nous fournissent des biens et des services qui sont si « utiles », les besoins primaires et secondaires sont toujours aussi bafouées : nourriture, eau, chauffage, sécurité, toit.

                      Cela a toujours été ainsi, mon gars. Cela ne date pas du capitalisme « triomphant ». Relisez Hugo, quand dans « Notre Dame de Paris » le ménestrel se retrouve sans argent, il est forcé de coucher dehors, la tête sur une marche ! Relisez les auteurs de l’ Antiquité, ils vous parleront de ceux qui n’ont pas de toit et qui dorment sous les ponts, qui volent des fruits sur les marchés et qui finissent le ventre ouvert dans la Claqua Maxima. 


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