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Crise institutionnelle

 Le diable se niche dans le détail. Les affrontements parfois caricaturaux survenus ces derniers jours à l’Assemblée Nationale, résultent de l’adoption le 2 juillet dernier, à deux voix de majorité, de la révision constitutionnelle. Bousculée par la pratique institutionnelle de Nicolas Sarkozy, la Véme république craque de partout. Face à un omniprésident, la démocratie nécessiterait, équilibre oblige, un parlement susceptible d’incarner un véritable contrepouvoir et donc de redéfinir son rôle et sa place. Loin de là, la question de la limitation de la possibilité d’amendement est ressentie comme une volonté de transformer le parlement en simple chambre d’enregistrement.

La crise de confiance des parlementaires est incontestablement liée à la personnalité de quelques hommes clés qui influent fortement sur le fonctionnement de nos institutions. Un hyperprésident de la république chef de parti déclaré, un premier ministre ectoplasmique et un président d’Assemblée nationale maladroit et sans épaisseur. La nature a horreur du vide et Nicolas Sarkozy, homme toujours pressé, essaye d’étendre son étreinte sur le parlement. Pas bien sûr pour museler directement l’opposition mais, pour fluidifier la machine législative qui peine à digérer les cohortes de réformes décidées par l’Elysée.

Pour gagner du temps, Nicolas Sarkozy veut supprimer stops, feux tricolores et limitations de vitesse. Toutes les statistiques pourtant le confirment. La vitesse est la première cause des accidents.

L’obstruction devrait donc devenir non grata. Pourtant les statistiques sont têtues. Le parlement français n’abuse pas de cette technique parlementaire. Les situations de blocage sont marginales et témoignent généralement d’un émoi dans l’opinion publique sur une question particulière. Faut-il prendre le risque du passage en force ? L’obstruction n’empêche pas in fine le vote d’un texte mais ralentit seulement, par l’allongement des débats, son adoption.

C’est donc la question du rôle du parlement et de sa façon de travailler qui est posée. Depuis de nombreuses années, l’inflation législative est unanimement décriée. Des lois, toujours plus, toujours plus vite, toujours plus mal ficelées et au bout de la chaîne des décrets d’application aléatoires.

“On ne transformera pas le parlement en chambre d’enregistrement des réformes sarkozystes” a clamé Arnaud Montebourg. C’est effectivement le risque d’une chambre des députés réduite à croiser le fer avec un premier ministre palot, simple exécutant, alors que le véritable adversaire, intouchable, est replié à l’Elysée.

On comprend que la situation froisse l’amour propre de la représentation nationale. Celle-ci pourtant porte une lourde responsabilité en étant devenue d’elle même un acteur politique passif. Non seulement la qualité de la production législative est mauvaise mais, 90% des lois proviennent de l’exécutif. Force est de reconnaître que le parlement a perdu sa force de proposition. La faute sans doute à des majorités trop dociles, de godillots, toujours à l’affût des faveurs du pouvoir. Arnaud Montebourg en est une belle illustration. Le sémillant jeune député, trublion à ses heures, s’est glissé dans les habits de vieux routier de la salle des colonnes. Malgré quelques effets de manche devant les caméras, il a perdu son insolence et ses projets de réformes : limitation du cumul des mandats et instauration d’une VIéme république.

L’autre danger du projet de loi organique, volontairement peu abordé, est incontestablement de réduire considérablement la liberté individuelle du parlementaire en le rendant prisonnier de son groupe et de son président. C’est certes plus confortable mais démocratiquement réducteur, avec un petit air du film de Franck Capra “Mr Smith au Sénat”.

Les français, après l’avoir appelé de leurs voeux, commencent à saturer du stakhanovisme réformiste d’un président qui tend à remplir l’espace politique à lui tout seul. A l’inverse des Etats-Unis, la société française peine à prendre une nouvelle respiration démocratique. Un manque d’air frais lié à son incapacité à assurer le renouvellement de sa classe politique et à faire émerger de nouvelles personnalités. Plus que jamais, il y a bien une vieille Europe et une jeune amérique.


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14 réactions à cet article    


  • bernard29 bernard29 24 janvier 2009 12:29

    Oui, vous avez raison.


    Malheureusement cette crise institutionnelle et démocratique passe actuellement au deuxième, voire troisième, dernier plan en raison des autres crises qui ne font que débuter. crise économique, sociale, écologique, morale. 
    Nous sommes dans le mur. 

    Et c’est pour cette raison que les manifestations des députés PS, mal ciblées en plus, paraissent tellement caricaturales et, si on les auscultent vraiment, dérisoires.


    • PapyJC_78 24 janvier 2009 18:33

      La critique est aisée mais l’art est difficile !

      De quel autre moyen légal de contestation disposaient les députés de l’opposition pour, au minimum, faire connaitre le refus absolu de la majorité d’un débat sur un sujet -modification de la Constitution - fondemental en démocratie ?



       


    • bernard29 bernard29 25 janvier 2009 12:58

      C’est pas compliqué. 

      la réforme des institutions de Sarko l’an dernier était l’occasion ou jamais d’ouvrir un grand débat public sur la constitution ( près de 45 articles modifié). or le PS, la Gauche, en général, n’a pas profité de ce moment pour lancer elle ^mme un gran débat avec , non pas les ciotyens c’aurait été trop beau, mais même avec leurs militants). 

      Résultat ; C’est ainsi qu’on a vu, jack lang voter la réforme et apporter la voix qui manquait. or c’est à ce moment là qu’il fallait porter l’estocade. A la limite , le PS aurait pu faitre trânier le débat jusqu’au renouvellement du Sénat. Et là, la droite n’avait plus le pouvoir des trois cinquième, pour reviser la constituion.

      j’en conclue que le PS ne voulait pas ouvrir le débat , car dans le fonds il est trés bien comme celà. ( exit le non cumul des mandats, la dose de proportionnelle, un vrai Référedndum d’initiative citoyenne. etc ..) le PS n’en veut pas . mais maintenant il fait son cinéma à l’assemblée.


    • Daniel Roux Daniel R 24 janvier 2009 12:37

      Les hommes politiques sont les principaux responsables de la déroute démocratique européenne et non pas les victimes, comme ils voudraient le faire croire.

      Les atteintes répétées de la Constitution par les exécutifs et la passivité des institutions face à ces atteintes sont les signes d’une faiblesse de l’idée démocratique chez nos "représentants élus".

      Sarko n’est que le digne successeur des de Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterand et Chirac. Il est simplement plus pressé et moins cultivé que ses prédécesseurs. Il ignore l’importance du respect des apparences. Bafouer, comme il le fait aussi ouvertement les institutions et les hommes, c’est montrer le mépris qu’il leur porte. Ce que nos élus de gôche lui reproche, c’est qui’l ne respecte même pas les apparences.

      Le vrai problème est que nos représentants ne représentent qu’eux mêmes. Leur carrière et leurs revenus sont les seuls intérêts qu’ils défendent. De droite comme de gauche, lorsqu’ils sont au pouvoir, c’est langue de bois et lois conservatrices de leurs privilèges.

      Le scandale de leur nombre pléthorique et de leurs rémunérations multiples et garanties, de leurs assurances tout risque qu’ils se sont à eux même octroyés, les 60 mois de salaires garantis aux parlementaires après leur future défaite en est l’exemple le plus criant.

      Cette société parasite nous tient bien serrés sous sa coupe avec la complicité du quatrième et dernier pouvoir, les médias.

      Je vois mal comment le peuple français peut échapper à ce piège sauf à reprendre le pouvoir à ceux à qui il a fait trop confiance.


      • deovox 26 janvier 2009 01:21

        Puissent vos paroles sortir des limites d’un simple forum tel que celui-ci. Quelques personnes en rèvent, mais le passage du rève à la réalité semble compromis ces temps-ci. 


      • JPS971 24 janvier 2009 13:44

        Oui, vous avez tous bien raison.
        Faillite du régime démocratique, image pathétique de nos "représentants", tout cela le jour où l’amérique anciennement bushiste et donc sinistrement autiste donne l’image de la plus grande dignité.
        Pauvres français que nous sommes, tristes français que nous sommes pour avoir le choix entre un nain politique et une opposition qui perfectionne impertublablement la machine à perdre, d’élection en élection.
        Le vieil adage disant que l’on a que ce que l’on mérite .........


        • PapyJC_78 24 janvier 2009 18:36

          C’est bien pour cette raison que l’examen objectif de la troisième voie proposée par F. Bayrou lors des présidentielles mériterait d’être au moins (re-) considérée à la lumière du temps présent.


        • JPS971 25 janvier 2009 12:44

          Ah la mythique 3° voie ........ Evoquée par une grande figure de notre histoire (Même si je n’ai jamais partagé sa manière de voir), Bayrou qui s’est nourri à la gamelle de la république bien longtemps fait pâle figure et manque singulièrement de moyens et de charisme !


        • Gabriel Gabriel 24 janvier 2009 17:04

          Bonjour,

          Ce que Culbuto veut mettre en place se nomme monarchie constitutionnelle. Son ego est incompatible avec une quelconque démocratie. Seule la rue pourra l’arrêter, malheureusement !.....


          • Yena-Marre Yena-Marre 24 janvier 2009 19:01

            Bonsoir ,
            Bien d’accord la rue ya plus que çà , alors le 29 , tous dehors !!! smiley


          • JPS971 25 janvier 2009 12:46

            il ne reste malheureusement plus que cela et le choix d’un vote protestataire aux prochaines européennes.


          • bob 25 janvier 2009 19:37

            Quelles reformes utiles a la France ont ete mises en place ?
            Beaucoup de poudre aux yeux et de graces vis a vis des copains ont vu le jour mais le reste de la France n’a recu qu’un grand coup de crise associe a des restrictions de pouvoir d’achat.
            Etes-vous pret a un second mandat ?


            • abersabil abersabil 28 janvier 2009 08:33

              Du décret Crémieux à la réhabilitation de Dreyfus, jusqu’à Léon Blum et à l’intronisation de Sarkozy Nagy Bocsa 1er, la France est elle véritablement française !  Une constitution à la mesure de certains lobbies, telle en est la tendance.


              • Peretz Peretz 2 février 2009 00:01

                La prochaîne constitution sera obligatoirement citoyenne, par réaction à l’actuelle qui est moribonde. Le tout est de savoir quand. En tout cas, les citoyens auront compris qu’il ne faudra plus que l’élection du Président de la République se fasse au suffrage universel direct. Nous sommes en plein régime présidentiel qui ne veut pas dire son nom.

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Henry Moreigne

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