Croissance dans l’opposition, austérité au pouvoir : la mystification schizophrène du PS
La rumeur circule, tenace, rugueuse, rigoureuse, bref sérieuse : le smic augmentera de 2%, un point c’est tout. Il va donc péniblement gravir une petite marche d’escabeau pour personne de petite taille d’une hauteur de 27€. En net, cela représente 21€, deux places de cinéma sans les enfants. Sauf qu’une part énorme des salariés smicards travaille à temps partiel. Leur pouvoir d’achat va donc faire un bon phénoménal d’une place de cinéma par mois ! En définitive on organise le gel, la glaciation des petits salaires.
Parallèlement à cette formidable stagnation du smic qui s’apparente non pas à un coup de pouce mais à un véritable doigt d’honneur à l’adresse des catégories les plus précaires, le gouvernement cherche 10 milliards. Et lorsqu’un un gouvernement cherche les milliards par dizaine cela finit toujours par des plans d’économies drastiques. Et un plan d’économie drastique, dans le langage libéral cela signifie toujours moins de services publics.
Aussi, les ministères vont engager une réduction non seulement de leurs frais de fonctionnement, mais également une réduction de leurs investissements jusqu’à 40% ! Oui, vous avez bien lu, 40% de réduction budgétaire globale pour les ministères d’ici à 2017.
Alors le gouvernement reprend à son compte le concept du Ni…Ni si cher à la droite UMP. Mais cette reprise ne concerne nullement une consigne électorale. Elle constitue un “élément de langage” dans le seul but d’expliquer qu’il n’y aura Ni baisse du nombre de fonctionnaires, Ni hausse. En clair on peut traduire cette expression du Ni…Ni désormais très à la mode dans l’univers langagier libéral de la manière suivante : il y aura bien un gel de la masse salariale au sein de la fonction publique d’état.
En résumé, le gouvernement de François Hollande gèle les salaires, gèle le nombre de fonctionnaires, réduit les capacités d’action des services publics, parce qu’il faut trouver des milliards “disparus” et surtout respecter les désidératas de Madame la chancelière d’Allemagne. On ne sait pas pour vous, mais pour nous, A gauche pour de vrai ! on cherche activement les différences notoires, significatives, réelles entre l’orientation économique impulsée depuis le 6 mai et celle qui était à l’oeuvre avant le 6 mai ! Et on ne les trouve toujours pas ces différences d’orientation.
Aussi nous souvenons-nous la manière dont le PS qualifiait la politique économique de Sarkozy et Fillon du temps pas si lointain ou le Parti Social Libéral était dans l’opposition. Petit flashback :
- le gouvernement UMP cherchait lui aussi par dizaines des milliards égarés,
- il n’augmentait pas le smic,
- il cherchait à “maîtriser” la masse salariale de la fonction publique d’état,
- Sarkozy faisait allégence à Angela Merkel.
La Parti Social Libéral parlait alors “du train d’austérité qui allait frapper les Français” dissimulé derrière une véritable “MYSTIFICATION” ! Sa première secrétaire, Martine Aubry déclarait même :
Et vous savez quoi Madame la première secrétaire ? Vous aviez raison, totalement raison, mille fois raison, et plutôt deux fois qu’une ! A tel point que les syndicats de salariés ont supporté votre candidat lors de la campagne électorale en prenant clairement position contre l’adversaire de droite.
Sauf qu’en 50 jours de présidence Hollande beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’austérité. Tellement d’eau que Force Ouvrière évoque d’ores et déjà les faux pas du gouvernement, que la CGT passe de la bienveillance à la vigilence accrue à son égard. Tout cela en 50 jours !
Au PS il y a donc le discours de croissance et de soutien au salariat quand on est dans l’opposition, puis le discours “SERIEUX” de la rigueur et de l’austérité quand on gouverne. Etre à ce point dans la volte face, être à ce point dans la mystification que l’on dénonçait hier ce n’est vraiment pas SERIEUX ! Pire, c’est irresponsable de balader ainsi les corps intermédiaires, les services publics, les salariés de tout un pays.
Finalement, quand on est libéral, on ne se refait pas. On affaiblit l’état, ses services publics et les corps intermédiaires. On affaiblit le travail et les salaires au profit de la finance et des marchés en accédant à tous leurs désirs et toutes leurs volontés. Certes, quand on est de droite on ne s’embarrase pas avec les manières, on est brutal. Certes, quand on est social, on organise des conférences “bla bla “.
Sydne93
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