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Elections présidentielles au Gabon : chronique d’une défaite annoncée

Tout a commencé le mercredi 07 juillet 2009, date à laquelle le PDG, parti Démocratique Gabonais au pouvoir depuis le 04 décembre 1967 au Gabon a prévu annoncer au peuple le nom de son candidat pour succéder au défunt président Omar Bongo Ondimba. Il lui a fallu neuf jours de plus pour que le bureau politique communique enfin et sans surprise le nom de son candidat. Quelles peuvent-être les raisons d’un tel retard ?.

 
Rappelons que depuis 41 ans un seul homme trônait comme un pachyderme à la tête du parti et de ce pays dont la population avoisine à peu près la densité d’un quartier en chine soit un million deux cent deux mille et soixante trois habitants ou environ un arrondissement en France. De mémoire de militant ‘‘pédégiste’’, jamais cette structure politique n’a connu de turbulences et pressions de tous genres à la veille d’une élection. Tant le candidat dit « naturel » selon l’expression consacrée était là, « l’homme du présent et du futur » d’après les dithyrambes chansonnières élaborées à sa gloire.
Aujourd’hui, l’inamovible s’en est allé, laissant derrière lui un grand vide. Le parti de ‘‘Yaya Bongo’’ ne savait plus où mettre la tête et sur qui compter. Devrait-il regarder en direction de sa jeune garde, celle des rénovateurs où chez les caciques ? La question était épineuse, quoique sans intérêt. Elle brûlait tout de même les vielles méninges des membres du comité central du PDG qui essayaient de faire monter une pâte sans levain. En réalité ce parti n’avait jamais fonctionné comme un véritable parti politique, qui, comme ailleurs désignerait son représentant par le jeu des primaires, surtout lorsqu’ils étaient au nombre de dix. Le candidat PDG a été choisi par les membres du bureau politique, c’est le « sulfureux » fils du président défunt : Alain, pardon, Ali Bongo qui représentera son camp. Le Premier ministre Jean Eyéghé Ndong et un autre de ses ministres en la personne de Casimir Oyé Mba ont été vertement écartés de la magistrature suprême. On attend leur alignement derrière ABB ou leur démission du parti dans les prochains jours et se positionner en « Indépendant ».
De l’avis général, ce choix semblait connu d’avance, mais de nombreuses réticences non moins banales persistaient. D’abord l’étiquette de ‘‘fils du président’’ et l’image d’un « va-t’en-guerre » dont j’expliquerai ci-dessous gênent et le desservent énormément à l’instar d’un Karim Wade au sénégal. Sa candidature ne plaît pas. Ali Ben Bongo ne séduit pas les foules et n’est pas bon orateur. En bon opportuniste, il est moins aimé de la population jusqu’y compris dans le village de son père où certaines indiscrétions racontent qu’il ne saurait même pas parler le patois ou la langue locale. Monsieur Ali Ben Bongo aurait sans doute d’énormes qualités. J’attends qu’il les mette en exergue et me convaincre de voter pour lui. Mais l’image d’un homme, je veux dire « politicard » qu’il traîne pour avoir autoriser les Forces de sécurité et de Défense gabonaise d’attaquer le siège de l’Union du Peuple gabonais (UPG), le 21 mars 2006 et très récemment en postant à nouveau, un char de guerre devant le QG du redoutable opposant Pierre Mamboundou, font de lui un « va-t’en-guerre » et non une « bête » politique comme l’était son père. Bien plus, nous l’attendons voir accepter le verdict des urnes.
Pour ma part, ces manœuvres d’intimidations ne semblent pas honorer sa personne et plus encore la fonction qu’il veut convoiter. En plus de ce retard, il y a les dignitaires du parti qui ne veulent pas être dirigé par un ‘‘jeune’’ qu’ils ont vu grandir au palais des marbres sans compter les nombreuses casseroles qui pèseraient sur lui. Il semble n’avoir qu’un argument : la reconnaissance des services que leur à rendu son papa. Mais le dilemme était de taille ! Ne pas choisir ABB, c’est priver le parti du financement. Comme c’est bizarre, ce parti éléphant qui figure sur papier comme un véritable parti politique assortit d’un organigramme directionnel. Mais le trésorier du PDG par exemple, ne gère rien. A l’époque, seul OBO, unique cotisant, finançait le parti : une partie de l’argent du pays transitait par les caisses avant d’être redistribuée par le trésorier et une autre qu’il remettait à main propre à ses alliers, les bongoïstes, lesquels n’étaient liés qu’à l’homme et non affiliés au PDG dont il était le leader incontesté.
Ces griefs ne s’appliquent pas qu’à lui. Il y a également le lourd passif des quarante et une années sombres du régime bongoïste dont ils sont tous comptables. La tâche n’est donc pas facile à surmonter car le souvenir trop présent, peut-être qu’il aurait fallu un peu de temps à la population pour oublier. Comment convaincre une population animée de désir de changement, elle qui s’est fait voler à plusieurs reprise sa souveraineté, son droit le plus inaliénable ? La direction du parti ne sait plus de quel côté se pencher. Les deux autres candidats, peu ou prou moyens devant Ali Bongo exhibaient l’argument ethnique car appartenant à l’ethnie majoritaire au Gabon. Une raison suffisante pour pouvoir gagner dans une élection à un tour ! Mais la question ethnique n’est pas politiquement payante au Gabon. Le brassage ethnique issu des nombreux mariages inter-ethniques ramifie les familles du Nord à celles du Sud. Ces derniers font que les ressortissants d’un groupe linguistique ne s’aligneraient pas ipso-facto derrière un candidat qui plus est fangophone. La cinquantaine d’ethnies et dialectes du pays arrive jusqu’à présent à se fondre dans le moule de la nation. Mais ce melting-pot est sans cesse remis en question par des politiciens sans projets véritables, véreux et clanocrates. En plus de ces éléments qui ne sont pas les seuls, il y a le projet de société.
Jusqu’à ce jour, le PDG n’a pas de projet crédible depuis que l’idéologue du parti, Jean-françois Ntoutoume Emane a été mis sur le bord de la sellette. Depuis la mort de sa femme, ce dernier n’a plus rafistolé de projets aux titres parfois ‘‘pompeux’’ et souvent en contradiction flagrante tels « la rénovation rénovée, la nouvelle alliance, les actes pour le Gabon, la rupture dans la continuité ; la paix, … ». Tous les différents gouvernements qui se sont succédés ont été inactifs, voire comateux. L’avant dernier slogan, vous l’aurez compris, chercherait à attirer afin de nouer des liens avec un certain sarkosysme hexagonal qui proclame haut et fort ne soutenir aucun candidat. Quant à la paix, ce sempiternel et unique argument depuis 41+1 ans est, on ne peut plus dire malsonnant pour un pays comme le Gabon qui n’a jamais connu de guerre fratricide. La tasse sera-t-elle consommée au moment ou le parti au pouvoir ne mènerait pas un véritable travail politique pour gommer ces écueils largement répandus, secoué par une dissension de plus en plus béante, le parti de ‘‘Yaya’’ réfléchirait plutôt sur la stratégie habituelle d’une fraude massive et invisible. La IIIe République sera du peuple ou ne sera pas ! Le parti doit à présent changer de logiciel pour devenir un véritable appareil démocratique et non un instrument rodé à la fraude électorale, au pillage systématique des deniers publics, au bradage en règle des richesses naturelles d’un sous-sol exceptionnellement béni des Dieux olympiens ; à la concussion et au clientélisme curial car le disque est à présent rayé comme aime à le dire la Mama, qui, proche et lointaine, a su voir cette intuition dans une de ses chansons. D’ailleurs, il semble que le « parti » PDG a fait son temps et s’étiole de jour en jour depuis le départ du grand camarade. Aussi, « parti » n’est-ce pas le participe passé du verbe partir pour signifier sa sortie de la scène politique gabonaise ? Histoire à suivre.
Patrick MOUKOUATY
 

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3 réactions à cet article    


  • MOUKOUATY 19 juillet 2009 00:53

    Monsieur, votre article est intéressent, nous espérons que les concernés le lirons et améliorerons leur vie pour les fonctions qu’ils convoitent. Continuer dans cette réflexion. Merci. Jhon.


    • saiko 13 août 2009 04:54
      Bonjour cher M.Moundounga,
      je suis un compatriote qui, apres avoir lu sur la toile plusieurs de vos interventions, souhaiterai entrer en contact avec vous afin de partager quelques réflexions sur la situation du pays.
      Dans l’espoir que mon message suscite une petite curiosité de votre part,vous pouvez me contacter par mon mail [email protected].

      Cordialement,
      Gael Mombo

      • shaina 24 août 2009 02:43

        Bonjour mr Moukouaty votre article est tres interessant je ne suis pas ressortissante gabonnaise mais je m’interesse aux elections de votre pays. Nous savons tous que le Gabon ne veut plus du systeme Bongoiste mais en Afrique, ce sont les franccais qui choisissent nos dirigeants. C’est vrai tout le monde le sait meme si l’on refuse de l’admettre. J’ai une question pour vous Mr le journaliste pensez vous qu’a cette election le choix sera vraiment celui des gabonnais et non celui des dirigeants ? Deja qu’il ya des soupcons de fraude.

         J’attends impatiemment votre reponse mon adresse est la suivante : [email protected]

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