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Estrosi, l’homme qui a pour ordre de soigner l’image de l’industrie française

Parachuté il y a quelques mois en tant que ministre de l’industrie – ministère jusqu’alors peu médiatisé –, Christian Estrosi est sur tous les fronts : Total, Philips, Renault, Continental… A la moindre fermeture d’usine, Estrosi intervient et joue le sauveur. Mais les résultats sont décevants et remettent en question la fonction d’Estrosi : n’a-t-il pas, en réalité, pour objectif de soigner l’industrie française et de rassurer l’opinion ? Récit d’une politique de court terme sans grand intérêt. Parti pris.

 Lundi dernier, Libération publiait une interview de Patrick Pélata, Directeur Général de Renault, dans laquelle ce dernier était plus qu’alarmant : « Le scénario d’une reprise est de plus en plus repoussé dans le temps » ; « Chez Renault, nous aurons encore du chômage partiel en 2010 » ; « Une usine automobile qui arrête d’améliorer sa productivité ne rattrapera pas son retard ». Le lendemain matin, Estrosi débarque à France Inter en urgence pour « exprimer moins de pessimisme que [Pélata] », allant jusqu’à remettre en cause les résultats qu’avaient dévoilé le numéro 2 de Renault :

« J’essaie d’exprimer moins de pessimisme que lui. Moi, je regarde les chiffres de Renault ce [mardi] matin : […] là où on me disait que la chute progressive de la prime à la casse allait avoir des conséquences, on est à +43% sur PSA et +37% sur Renault entre janvier et février. »

Nicolas Demorand finit par l’appeler le « nouveau PDG de Renault »… il est vrai qu’on avait l’impression qu’Estrosi connaissait mieux le dossier Renault de Patrick Pélata.

Estrosi, ministre hyperactif

Renault, justement. Le Nouvel Observateur évoque une « semi victoire » : Renault avait laissé entendre que la nouvelle Clio 4 serait délocalisée en Turquie. Panique générale : la CGT proteste, Estrosi intervient. Il prend vite des engagements ambitieux en ordonnant à Renault de faire construire la Clio en France, autrefois entièrement confiée à l’usine de Flins. A force de mettre la pression, Renault finit par trouver un compromis : produire la Clio « en partie » en France. Ce qui est intéressant à noter, c’est la réaction d’Estrosi après :

"Vous avez vu le volontarisme du président de la République (...) sur la volonté de Renault de délocaliser la Clio 4 en Turquie, eh bien, lorsque, là aussi, le volontarisme du président et de l’Etat est au rendez-vous, on voit bien qu’on peut inverser, éviter, empêcher un certain nombre d’initiatives".

Pourtant, volontarisme ou pas, pas de quoi crier à la victoire lorsque Renault délocalise une bonne partie de la Clio 4 en Turquie.

Le cas Philips a été laborieusement géré. La direction de l’entreprise avait envoyé une lettre à aux salariés de l’usine de Dreux pour leur prévenir de sa fermeture. C’est alors qu’Estrosi revient, prenant le parti des salariés et leur assurant la sauvegarde de leur emploi. Mais, le ministre de l’industrie s’est rapidement calmé, en reconnaissant qu’il ne pouvait rien « exiger de la direction de Philips ». Et de nouveau, il a tenté de relativiser sur le sort des salariés en expliquant aux Français que Philips avait « contribué à créer plus d’emplois à Dreux qu’il n’en avait supprimé ». Au passage, les syndicats de l’usine étaient furieux d’entendre des propos pareils. 

Le dernier dossier en date : Total. Face aux grèves des salariés de la raffinerie des Flandres, Estrosi ne s’est pas gêné : « Je veux la réouverture de la raffinerie des Flandres si jamais il n’y a pas un vrai projet de substitution ». Après une convocation à Bercy, Christophe de Margerie, PDG de Total, s’est engagé à ne fermer aucune raffinerie du pays dans les cinq ans à venir… sauf celle des Flandres ! Mais, Estrosi, en bon élève, s’est de nouveau voulu rassurant en vantant les mérites de l’Etat à intervenir dans ce genre de dossiers : « Heureusement que le gouvernement est intervenu (dans le dossier Total) ».

Une politique de court terme, sans grand intérêt

Les résultats ne sont pas au rendez-vous. Pourtant, Estrosi se veut optimiste. Dans L’usine Nouvelle, le 24 février, Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, décrivait son utilité ainsi : « Estrosi n’a que des mots, pas de ministère ». Malgré le « volontarisme » d’Estrosi, il ne parvient ni à « sauver » l’industrie française, ni à mettre les syndicats de son côté.

Il semblerait qu’Estrosi ait pour mission de soigner l’image de notre industrie et de rassurer l’opinion : les fermetures d’usines étant trop nombreuses, il doit minimiser les dégâts et médiatiser le peu de son action. Mais cette politique de court terme ne semble satisfaire ni les ouvriers ni les syndicats qui veulent changer profondément l’état actuel des choses. Le ministre de l’Industrie veut même que les grands groupes français se tiennent à son jeu : ainsi, la semaine dernière, Estrosi a joint Margerie pour qu’il soit plus « rassurant ». C’est en étant « rassurant » qu’Estrosi espère regagner la confiance des salariés, des syndicats, et des français. Mais jusqu’à présent les chiffres sont mauvais et, à force de relativiser, on ne s’occupe pas du vrai problème : les licenciements intempestifs. 


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9 réactions à cet article    


  • Yvance77 4 mars 2010 10:46

    Salut,

    Estrosi le « motodidacte » c’est la caution prolo survitaminée dont Pipole 1er à besoin lors de coup de tabac dans les basses couches sociales. Alors que Chirstine Lagarde c’est l’inverse, ca soigne la ligne medef.

    Tous deux sont les bras gauche et droit de la gesticulation Elyséenne. De l’esbrouffe tout au plus. Sinon c’est le néant, rien de positif dans les prises de décision.

    En gros de l’inutile se pavanant devant les caméras et le micros.

    A peluche


    • Michel DROUET Michel DROUET 4 mars 2010 11:16

      C’est la méthode Sarkozy : on mobilise l’espace médiatique par des déclarations dont on sait pertinemment qu’il n’y a rien ou pas grand chose de concret derrière.

      On a juste mis au repos le communiquant suprême en perte de vitesse ces temps-ci et on fait monter au créneau des sous fifres qui essayent d’entretenir l’illusion que l’Etat peut faire quelque chose face au libéralisme et son cortège de délocalisation.

      Je crois que les élécteurs commencent à s’apercevoir des limites de la méthode, si l’on en juge par les intentions de vote sanction aux régionales


      • TSS 4 mars 2010 12:03


        Estrosi ,c’est l’ecole Medecin (l’intelligence en moins). la maffia niçoise !!

         sa nouvelle super copine Fadela Amara lui est redevable ! 2 de ses frères ont été embauché à la

         mairie de Nice... !!


        • Dzan 4 mars 2010 14:43

          Je viens de voir et d’entendre sur la 2, notre Zébulon, vitupérant contre le désert industriel de notre pays.

          Quand je suis entré en 1967 dans une grande firme automobile , filiale poids lourds, nous avions des tours Ernault Somua, Cazeneuve ,des fraiseuses Rouchaud, des machines transferts ( faisant plusieurs opérations à la fois)Renault.
          Il y avait des engins de chantier Poclain. Les objectifs des caméras de TV étaient des Angénieux.
          Les avions Françàis comme Caravelle ou militaires comme la série des Mirages III se vendaient comme des petits pains.
          Les tondeuses à gazon, avaient des moteurs Bernard ( filiale Renault ) ainsi que les scies circulaires, les bétonneuses ect...

          Nous avions des cyclos Motobécane , Peugeot, Tendilet...

          Et tout ça c’était "made in France.

          Qu’ont fait les gouvernement successifs, pour que nous en soyons là. ?
          En 52 ans la droite a été au pouvoir 38 ans, et Zebulon cherche d’où vient le bug !


          • Dzan 4 mars 2010 14:51

            Remoi.
            J’ai oublié.

            Quand je suis parti à la retraite-forcée- comme 25000 de mes collègues des entreprises travaillant pour l’automobile en France ( tous les gens nés de 43 à 48 ), les tours étaient Japs ou Allemands, les talleuses de pignons Allemandes, ainsi que les machines de contrôle. Les centres d’usinages CNC allemands où Japs ( Mistsui).

            A tous les bricoleurs : Trouvez moi un matériel électroportatif français !

            A si, une bonne nouvelle, j’ai remplacé ma vieille chaudière par une Dediétrich (française) dernier cri de la technologie.


            • tvargentine.com lerma 4 mars 2010 19:41

              Je pense qu’il est un très bon ministre qui comprend que la France doit se battre pour avoir encore une industrie

              Si je prend Mai 1981 comme référence (nationalisation des entreprises à l’époque) et que je regarde aujourd’hui ce qui en reste en terme d’industrie et d’emplois,nous pouvons affirmer que le courant de libéralisme qui a parcouru le Parti socialiste aura été destructeur car il n’a pas été capable de défendre autres choses que les « lois de respirations du secteur public » (Fabius 1984) ou la vente d’actif sous JOSPIN

              En fin de chaine,Nicolas Sarkozy se retrouve avec aucunes industrie mais que du services

              D’ailleurs,les socialistes ont tout misé sur une société de services au détriment de l’industrie,cela aussi il faut avoir le courage de le rappeler

              ESTROSI ne peut effectivement pas faire grand chose que d’être du coté des travailleurs


              http://www.tvargentine.com


              • Elsass Elsass 4 mars 2010 20:17

                N’est ce pas drôle d’avoir un ministre de l’industrie qui n’a même pas le bac et qui n’a apparemment jamais exercé d’autres fonctions que pilote de moto, de conseiller, d’élu etc.. et voilà qu’il est l’homme qui doit sauver l’industrie française...ou du moins représenter ce qu’il en reste !
                C’est quand même surprenant, ou pas tant que ca finalement...en fait !

                Bon, sinon je l’aime bien ce Estrosi, il a une bonne tête, hein.. ? Rien de personnel, mais bon tout de même..

                 A moins que ce soit la meilleure solution, quelqu’un de totalement étranger à ce sujet crucial est peut etre plus à même de faire quelque chose d’interessant qu’un type ayant pour copains de fac tous les patrons du Cac40 et/ou cotoyant régulierement divers « groupes de reflèxion » ...


                • curieux curieux 4 mars 2010 21:52

                  Il y avait du vent aujourd’hui. Zebulon en a provoqué avec ses petits bras. Il s’étonnait du sésert industriel que devenait la France. Mais pas une de ses carpettes ne lui a rappelé que la campagne des présidentielles était terminée depuis près de 3 ans et qu’il avait été élu.......... à moins que....il n’ait déjà commencé la campagne de 2012.


                  • Kristen Kristen 5 mars 2010 09:33

                    On ne peut pas reprocher à ce Mr son incompétence il est l image de ce gouvernement plus enclin à servir leur donneur d ’ ordres du club du Fouquet ’s que de s’ occuper de l avenir de notre pays....

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