Nous sommes nombreux à n’avoir pas lu le rapport Gallois. Mais on en entend parler autant que d’un match de rugby. A croire même qu’il ne fut lancé que pour participer au cheminement d’un plan com qui, de fuites en exclusivités, nous habituerait doucement aux déplaisirs à venir, dont le plus visible nous découvrira payeurs du « nouveau modèle » dont Ayrault en annona ce matin les mérites.
Aujourd’hui était le lendemain de la remise du rapport… Autant dire que les causeries ne valent que pour ceux qui en supportent l’écho : l’affaire était pliée, et notre gouvernement n’avait besoin de personne pour touiller la seule recette de son menu : hausser les « taxes » des plus faibles. « La compétitivité » passerait par eux et les « économies » de l’État seraient « justes » et bénéfiques aux Français.
Pudique jusqu’au bout, ce gouvernement ne s’embarrasse pas de grandes finesses : il veut nous montrer que personne ne l’influence, mais on lit que la «
quasi-totalité » des «
préconisations » du commissaire général à l’Investissement a été reprise. Louis Gallois
s’en félicite.
En travelling arrière, avant que Gallois le remette, le Medef avait
salué le rapport, estimant qu’il s’agissait d’une «
étape décisive vers un big bang économique salvateur« . Dans un communiqué, Laurence Parisot avait estimé que le «
diagnostic posé par le rapport Gallois est juste« . «
La compétitivité équitable est notre cheval de bataille depuis plusieurs années« , a-t-elle ajouté, rappelant que la «
plupart des recommandations » du rapport «
sont issues des réunions de travail entre Louis Gallois et les chefs d’entreprise ».
La boucle est bouclée. La France avance vers son destin avec ses meilleurs défenseurs. Dans leur boîte aux bonnes nouvelles, le patronat et l’UMP ont trouvé ces dernières heures – même s’ils claironnent encore que
ce n’est pas assez – de quoi se réjouir. La baisse du pouvoir d’achat, le tout pour la finance à court terme seront au menu, même avec un différentiel partiel, un temps de latence que s’accorde le pouvoir pour ne pas en rajouter à sa déconfiture, déjà exceptionnelle. Mais la « compétitivité » fera choc, même étalée dans le temps.
De Parisot en Sarkozy, Hollande aura digéré et fait sien ce concept accommodé à la sauce libérale, dont même les moins politiques peuvent déjà penser que les décisions prises, et celles à venir, n’auront d’autre conséquence que de grossir le bas de laine du capital au détriment du travail.
Les produits français ne seraient pas compétitifs ? L’offre à l’étranger, veulent ils dire, dont ils font les choux gras au prix des droits sociaux et de l’environnement d’ici. Mais justement, et si on nous parlait plutôt de la demande interne, qui représente 80% des richesses produites ? Car c’est de l’état de notre marché intérieur que dépend le plus le chômage.
Mais non, ils veulent comprimer nos salaires et saper les protections sociales pour mieux vendre hors nos frontières. Ce faisant, hors nos frontières, les travailleurs verront leur conditions de vie s’affaisser pour répondre à cette facette de la mondialisation. C’est donc l’ensemble des travailleurs qui trinquera pour la santé retrouvée du capital mondialisé. La boucle est encore bouclée.
On aurait pu penser que François Hollande et son gouvernement, au lieu de s’intéresser avec tant de passion au « coût du travail », s’attachent à nous montrer que c’est le coût du capital - par dividendes explosés - qui grignote la marge des entreprises. Mais non, l’équipe issue du printemps suit sa pente et s’éloigne de ceux qui l’ont élue. Elle ne taxera pas ceux qui spéculent et s’enrichissent mais fera transférer les cotisations vers l’impôt.
Il fallait bien un gouvernement « de gauche » pour s’attaquer à ces « tabous ». Il en est qui se préparent déjà à la suite, qui verrait un «
pacte de confiance » naître, croître et embellir dans un «
dialogue social de qualité ».
Couvrons-nous, il va faire frais.
Léon
http://leonetpaulette.blogspot.fr/
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