L’agonie d’un mythe
« Ce qu’on donne aux méchants, toujours on le regrette. » (Jean de La Fontaine)
Grâce à Laurent Gbagbo et à son inénarrable dialogue direct, la Côte-d’Ivoire se trouve aujourd’hui dans une impasse totale. Le désarmement est devenu une chimère dont plus personne ne parle. Avec la bénédiction du chef de l’Etat, qui leur a de facto donné son blanc-seing en déclarant n’être « pas du tout dérangé par le phénomène de l’enrichissement », les hommes politiques de tous bords qui gouvernent le pays ne se partagent pas seulement le pouvoir, mais également - avec avidité - ses richesses. Au plus grand désarroi des populations, pantoises devant la sérénité affichée du président de la République, qui admet « voir beaucoup de vols », mais ne se sent nullement interpellé à réagir dans l’immédiat. C’est dans ce contexte que les rebelles des « Forces Nouvelles », personnages incultes et sanguinaires ayant à leur actif des milliers de vies saccagées, peuvent se proclamer « arbitres » du processus électoral et se poser en chantres de la neutralité et de la paix sans que cela ne fasse sursauter qui que soit en Eburnie. Il faut dire que les Ivoiriens ont vu pire. Ne sont-ils pas les témoins involontaires et impuissants de l’autodestruction de celui qui aurait pu entrer dans l’histoire comme l’homme qui a mis fin au néocolonialisme français en Afrique francophone mais qui a, in fine, préféré, une fois arrivé au pouvoir et confronté à la hargne française, renier le combat de toute sa vie ?
Le renoncement de Laurent Gbagbo s’explique assez simplement. Il est rentré dans les rangs. Francophile jusqu’au bout des doigts, n’ayant personnellement jamais connu rien d’autre qu’un univers francophone et trop âgé aujourd’hui pour sortir de ce cadre, l’homme est profondément convaincu que la solution à tous les problèmes auxquels est confronté son pays doit impérativement passer par le réchauffement de ses relations avec
Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, à Accra, le sacre des Pharaons d’Egypte, champions d’Afrique de football pour la sixième fois, est une gifle pour toutes les sélections nationales qui, comme Laurent Gbagbo, ne pensent trouver leur salut que sous l’aile « protectrice » des Occidentaux. Les joueurs de l’équipe qui a laminé entre autres les Eléphants de Côte-d’Ivoire et les Lions (in)domptables du Cameroun évoluent quasiment tous en Egypte, et pas dans les championnats anglais, italiens ou espagnols. Ils sont coachés par un entraîneur égyptien, et non par un Caucasien au patronyme gaulois ou teuton. La victoire des Egyptiens est un désaveu flagrant, une preuve d’échec univoque pour toutes les (non) politiques sportives (ou autres) pratiquées dans les pays d’Afrique noire. Chaque Ivoirien, chaque Camerounais devrait être fier de cette victoire. Avec l’Egypte, c’est l’Afrique digne qui a gagné.
Soundjata est mort. Vive les pharaons.
Alecto
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