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L’agonie d’un mythe

« Ce qu’on donne aux méchants, toujours on le regrette. » (Jean de La Fontaine)

Grâce à Laurent Gbagbo et à son inénarrable dialogue direct, la Côte-d’Ivoire se trouve aujourd’hui dans une impasse totale. Le désarmement est devenu une chimère dont plus personne ne parle. Avec la bénédiction du chef de l’Etat, qui leur a de facto donné son blanc-seing en déclarant n’être « pas du tout dérangé par le phénomène de l’enrichissement  », les hommes politiques de tous bords qui gouvernent le pays ne se partagent pas seulement le pouvoir, mais également - avec avidité - ses richesses. Au plus grand désarroi des populations, pantoises devant la sérénité affichée du président de la République, qui admet « voir beaucoup de vols », mais ne se sent nullement interpellé à réagir dans l’immédiat. C’est dans ce contexte que les rebelles des « Forces Nouvelles », personnages incultes et sanguinaires ayant à leur actif des milliers de vies saccagées, peuvent se proclamer « arbitres  » du processus électoral et se poser en chantres de la neutralité et de la paix sans que cela ne fasse sursauter qui que soit en Eburnie. Il faut dire que les Ivoiriens ont vu pire. Ne sont-ils pas les témoins involontaires et impuissants de l’autodestruction de celui qui aurait pu entrer dans l’histoire comme l’homme qui a mis fin au néocolonialisme français en Afrique francophone mais qui a, in fine, préféré, une fois arrivé au pouvoir et confronté à la hargne française, renier le combat de toute sa vie ?

Le renoncement de Laurent Gbagbo s’explique assez simplement. Il est rentré dans les rangs. Francophile jusqu’au bout des doigts, n’ayant personnellement jamais connu rien d’autre qu’un univers francophone et trop âgé aujourd’hui pour sortir de ce cadre, l’homme est profondément convaincu que la solution à tous les problèmes auxquels est confronté son pays doit impérativement passer par le réchauffement de ses relations avec la France. Depuis le début de la crise qui secoue la Côte-d’Ivoire, afin de se ménager une opportunité de réconciliation avec Paris, Laurent Gbagbo a toujours pris soin de tenter de faire croire à ses concitoyens que la source de tous les problèmes était non pas l’Etat français mais un homme, Jacques Chirac. C’est faux. Le Pacte colonial existe et ce n’est pas Chirac qui l’a écrit. Il n’a fait que le perpétuer. Comme Nicolas Sarkozy aujourd’hui, l’africanophobie en plus. C’est la France qui a fait la guerre à la Côte-d’Ivoire. En dépit du bon sens et occultant la volonté de rupture de ses concitoyens, convaincu d’avoir réussi la tâche de « maintenir l’Etat debout  », obnubilé par la recherche d’une popularité extérieure et d’une acceptation par Paris, le président ivoirien fait totalement fi du fait que seuls entrent et demeurent dans l’Histoire ceux qui ont su se faire respecter. Laurent Gbagbo est bien loin du compte. Il a capitulé militairement en renonçant à exiger le départ de la force d’occupation Licorne et du 43e BIMA. Il a capitulé économiquement en cédant, avec enthousiasme, toute l’économie ivoirienne aux Français. Le port d’Abidjan hier, celui de San Pedro demain, la Sodeci, le 3e pont d’Abidjan, le tramway, le processus d’identification, les milliards mis à disposition pour la reconstruction des écoles françaises... Il a capitulé politiquement, en installant le rebelle-assassin Guillaume Soro à la Primature. Il a même capitulé protocolairement, en acceptant que la Côte-d’Ivoire soit de facto dirigée par le président de l’insignifiant Burkina Faso, Blaise Compaoré. L’assassin de Thomas Sankara décide, Gbagbo exécute.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, à Accra, le sacre des Pharaons d’Egypte, champions d’Afrique de football pour la sixième fois, est une gifle pour toutes les sélections nationales qui, comme Laurent Gbagbo, ne pensent trouver leur salut que sous l’aile «  protectrice  » des Occidentaux. Les joueurs de l’équipe qui a laminé entre autres les Eléphants de Côte-d’Ivoire et les Lions (in)domptables du Cameroun évoluent quasiment tous en Egypte, et pas dans les championnats anglais, italiens ou espagnols. Ils sont coachés par un entraîneur égyptien, et non par un Caucasien au patronyme gaulois ou teuton. La victoire des Egyptiens est un désaveu flagrant, une preuve d’échec univoque pour toutes les (non) politiques sportives (ou autres) pratiquées dans les pays d’Afrique noire. Chaque Ivoirien, chaque Camerounais devrait être fier de cette victoire. Avec l’Egypte, c’est l’Afrique digne qui a gagné.

Soundjata est mort. Vive les pharaons.

Alecto


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5 réactions à cet article    


  • Dejan 15 février 2008 13:56

    Bonjour

    "C’est la France qui a fait la guerre à la Côte-d’Ivoire." Vous avez bu quoi avant d’écrire votre article ?

    En fait je vous imagine plus proche de son épouse et de son gouroou de pasteur que du président Laurent me "tromp’je". C’est la relance de la résolution de l’affaire kieffer qui vous mets dans cet état. ? Vous travaillez dans le même bureau que le journaliste-directeur-rédacteur en chef et présentateur du journal de la RTI , le très servile Brou Amessan ? C’est vous même ? Je me disais aussi.

    Dejan 


    • Yves Rosenbaum Yves Rosenbaum 15 février 2008 20:26

      « C’est la France qui a fait la guerre à la Côte-d’Ivoire. »

      Non, je regrette, c’est la Côte d’Ivoire qui se l’est faite toute seule. La France n’a rien à voir avec cela. C’est l’ « ivoirité », concept né du président Bédié au début des années 1990 pour se débarrasser de son rival Alassan Ouattara, qui a conduit la Côte d’Ivoire où elle est aujourd’hui. De nombreux pays d’Afrique peuvent invoquer l’influence de puissances étrangères pour expliquer leur instabilité chronique. Pas la Côte d’Ivoire.


    • faxtronic faxtronic 15 février 2008 18:38

      Il n’y a qu’une pensée torchonne qui me vient en lisant ce torchon : Espece de bougnoule va !

       


      • jltisserand 16 février 2008 03:55

        @ l’auteur

        Alors on est derriere les lignes ennemies pour resister ou pour apprendre a jouer au foot a Bellefontaine ?

         


        • nostromo 19 février 2008 01:36

          Merci pour cet artile interessant.

           

           

          .....

          La france n’a rien a faire en afghanistan = levée de boulier ! ... mais elle doit continuer a s’ingerer en Afrique ? c’est ca ? au nom des colonies qui ont tant apportés a ces "sauvages", c’est ca ? ... les francais sont vraiment des "connards", ce "peuple" me degoute de plus en plus.Et faxtronix t’ es qu’une merde.

           

          ....

          Désolé, je suis énervé parceque je viens de lire

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