L’espoir en marche ?
Le "projet de pays" de François Bayrou veut rassembler sur la réforme des Institutions et quelques clés prioritaires. Mais l'ascension centriste de 2007 peut-elle se reproduire ?
La France a besoin d’institutions qui permettront de changer le pouvoir. C’est ce que préconise François Bayrou dans un entretien, ce jeudi 7 avril 2011, au journal Le Figaro. Le chef de file du « ni gauche ni droite » amorce ici sa campagne présidentielle. Mais là n’est pas le plus important.
Le président du Mouvement Démocrate (MoDem) énonce les clés d’un projet : « séparation des pouvoirs, loi électorale juste, représentation de tous les courants, par un système à l'allemande par exemple ». Les fédéralistes apprécieront la référence à nos voisins européens.
La voie parlementaire relancée, la décentralisation remise au cœur de la Nation, ce chemin ouvre une double perspective salutaire : la sortie du présidentialisme à outrance incarné par Nicolas Sarkozy, et l’abandon d’un centralisme des décisions outrancier qui freine l’économie et paralyse les compétences de la société française. Ce centralisme avait été pointé du doigt à l’occasion de la Semaine des Cafés Citoyens, en novembre 2010.
Les résultats des élections cantonales de mars 2011 montrent la progression des tensions et des contestations : abstention, poussée populiste, éclatement de l’électorat... Le dernier rapport du médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, révèle la lassitude des citoyens et leur incompréhension face à l’administration.
François Bayrou a l’ambition de répondre à l’urgence : modifier la représentation du peuple en profondeur.
Ce positionnement institutionnel, loin des petites phrases et des mesures choc, est un élément crucial du changement. Parfois jugé obscur par les citoyens, c’est aussi le cœur du centrisme depuis les origines. Une page d’histoire régionale à ce propos : c’est à Nancy, en 1865, qu’une vingtaine de personnalités de tous bords signent un Projet de Décentralisation préconisant la création d’une sorte de Sénat des régions et l’élection du chef du gouvernement par le Parlement.
François Bayrou réaffirme aussi le centrisme sur ses bases citoyennes : l’éducation est la priorité de son « projet de pays ». Le député Modem des Pyrénées-Atlantiques n’a sans doute pas oublié son passage dans ce Ministère stratégique qui ne lui valut pas que des bonheurs. Mais pour les centristes comme Bayrou, l’école est aujourd’hui plus que jamais en danger. Et à plusieurs titres, comme le rappelle l’ami Daniel Ruzé, sur son blog nancéien.
Pour finir, rappelons l’ancrage européen de la parole centriste. Sortir de l’euro ou laisser parler la France toute seule dans le monde serait suicidaire, rappelle le candidat démocrate. Sur l’idée d’une Europe à vocation fédérale, les amis de François Bayrou savent que le candidat peut rassembler à gauche et à droite, y compris chez les opposants à une Europe actuelle livrée au libre-échange sans vision commune. Les crises mondiales invitent, là aussi, à un projet du centre.
En 2007, François Bayrou avait rassemblé 7 millions de Français au premier tour de la présidentielle (18,57% des voix) en reconnaissant une « situation pré-insurrectionnelle » en France. Un an avant la prochaine élection suprême, les crispations sont encore plus fortes.
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