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Accueil du site > Actualités > Politique > L’horreur dans le jardin Canberra

L’horreur dans le jardin Canberra

Ils sont sympas les Australiens. Des sourires, toujours … et l’entraide (matesmanship), dont ils pensent à faire la devise nationale… ! Si on en arrive à mettre cette planète aux ordures, il faudrait bien d’abord en extraire soigneusement l’Australie.

Evidemment, c’est la bienveillante sollicitude des petites banlieues cossues où personne ne dort sous les ponts. Pas de chomage en Australie, une économie qui va comme si on avait oublié de lui parler de la crise globale, le confort douillet… mais il reste que l’on est gentil, ici, alors que j’en ai vu d’aussi riches ailleurs, en Floride avant la crise, par exemple, qui semblaient l’avant garde d’une armée de psychopathes en train de muter en fils de putes. Sympas, les Australiens

Les Australiens, comme les Canadiens, se sont fait une capitale – ici, c’est Canberra – qui n’a pas d’autre mission que d’en être une, sans importance économique ni symbolismes partisans qui prêtent à controverses. Bien proprette, un plan à la Niemeyer sans en avoir les extravagances, des musées, des galeries d’art… Des rues où l’on tourne en rond et se perd, mais en se disant qu’il n’y a vraiment pas de bonne raison de vouloir aller ailleurs.

Puis, en passant, au hasard d’une promenade dans ce jardin qu’est Canberra, on peut trouver l’horreur. Une excellente image de l’horreur. Dans ce pays heureux, qui apparaît l’épitome du paisible et qui n’a vraiment jamais eu de querelles avec personne depuis que ses bagnards d’ancêtres se sont transformés en éleveurs de moutons et en joueurs de tennis, on a élevé un temple à Mars : un memorial-musée gigantesque à la gloire des soldats australiens tombés au combat.

Le War Memorial de Canberra étonne par sa taille, par la place d’honneur qu’on lui a donnée, par le soin jaloux qu’on en prend. Pourquoi cet accent mis sur la vertu guerrière ? Oh, bien sûr, les Australiens ont vraiment donné au bureau dans les guerres de l’Empire – 410 000 conscrits en 1914, pour une population de cinq millions d’habitants ! – et ils ont été de toutes les noubas. Contre les Turcs a Gallipoli, contre les Boers au Transvaal, contre le Japonais dans tout le Pacifique, mais aussi au Vietnam, en Corée…

Les Australiens ont aussi eu souvent la veine/deveine d’être dans la première ou la dernière escarmouche de conflits qui se sont vraiment faits un nom. Ainsi la fameuse « Charge de la Brigade légère », la derniere fois dans l’histoire ou la cavalerie, sabres au clair, s’est follement lancée – et a emporté ! – une positon tenue par des types jouant de la mitrailleuse, c’était eux… Naturellement il y a eu des pertes… Les Australiens ont eu plus que leur quote-part de héros.

Héroïsme. Mais n’y a-t-il pas un petit quelque chose en plus à cet héroïsme qui explique la fascination qu’on trouve ici plus qu’ailleurs pour le devoir de mémoire ? Est-ce que ce ne serait pas sa totale gratuité ? Car ces dizaines de milliers d’Australiens morts au champ d’honneur ne protégeaient pas leurs terres envahies et leurs foyers menacés. Ils n’ont pas eu vraiment à se battre pour occuper leur ile-continent et ils n’ont eu à la défendre que quand on a fait d’eux des pions dans des parties que d’autres jouaient pour d’autres enjeux

L’expression latinoaméricaine qui parle de “suer la sueur pour l’autre” prend ici tout son sens. Des Australiens sont VRAIMENT morts pour « the Raj and the Queen », puis leurs fils sont devenus des héros pour la liberté, la démocratie… Ils ont versé du sang bien réel pour des causes bien abstraites qui ne concernaient l’Australie que quand elles concernaient tout le monde. Ça met l’horreur en évidence…

Tenez, moi, j’ai redécouvert l’horreur absolue de la guerre de 1914 -18 au War Memorial de Canberra. Des images, des photos, des maquettes, des tableaux de soldats de plomb… Ringard, mais efficace. Il FAUT se souvenir qu’en “14 on a envoyé des millions de pauvres types mourir dans la boue des tranchées en Picardie et aux alentours, qu’on en a forcé beaucoup, pistolet sur la nuque, à faire des sorties-suicides contre d’autres pauvres types qu’ils ne connaissaient pas…

En “14, on a pris prétexte de l’assasinat d’un prince autrichien par un anarchiste serbe pour que Russes, Allemands, Français, Anglais et d’autres, même des Australiens, aillent se faire trouer la peau pour rien.

Jaures ne voulait pas… on a tué Jaures. Et personne ne me fera croire que ce ne sont pas les autorités françaises qui l’ont fait abattre. Il était une épine au flanc du nationaliste bébête qui devait cavaler hardiment pour mener les hommes à leur trépas et le fric aux banquiers.

On sait, maintenant, que ce sont les mêmes marchands de canon qui opéraient dans la Ruhr allemande et la Lorraine encore française, permettant aux fritzs et aux poilus de se massacrer les uns les autres pour enrichir leurs profiteurs apatrides respectifs.

Ces derniers tous bien copains, bien sûr… Et les Australiens ? Comme les Canadiens, ils sont venus là en passant… Ils ont été là pour devenir des héros.

On ne retrouvera sans doute jamais la parfaite horreur, visuellement si expressive, de 14-18. Comme disait Brassens, c’est celle à préférer… Ensuite, on était trop pressé et on a tué trop vite ; on a rendu presque désuètes les lentes agonies, sauf pour quelques “manque-de-pots,” comme les enfants brulés au napalm du Vietnam, ou les civils de Hiroshima qui ont mis des années pour mourir.

Maintenant, en Iraq et en Libye, on a fait un pas de plus : des milliers d’irradiés à l’uranium appauvri. On ne voit presque rien, mais ce sont des peuples entiers qui vont désormais agoniser, durant des générations…

Les Australiens se souviennent. On devrait tous se souvenir. Chacun devrait avoir quelque part en mémoire une image de Verdun et la remémorer quand il rencontre un de ces salauds qui déclarent des guerres pour le bénéfice des enrichis de l’uranium appauvri.

Il faudra bien qu’un jour, face à un système complètement pourri, chacun interroge sa conscience et se demande s’il est bien ou mal de laisser vivre ceux qui tuent et font tuer. Ne faudrait-il pas tirer d’abord sur celui qui a la main sur son arme ? L’humanité ne doit elle pas avoir aussi un droit de légitime défense contre les assassins psychopathes qui la mènent à sa perte ?

Pierre JC Allard


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21 réactions à cet article    


  • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 9 janvier 2012 23:31

    L’homme est un animal prédateur, égoïste et donc dangereux. Il y a sans doute la même proportion de cons dans toute population ; la variable, c’est comment le groupe gère la connerie. C’est sa « culture » qui le détermine et ça se construit. 

     
    Je pense que les Australiens sont a développer une culture originale dont cette notion de « matesmanship » - qui est finalement le « tous pour un » des 3 mousquetaires ! - qui est prometteuse. Je ne crois pas que ce soit inné : les circonstances et le contexte les y aident.

    L’essentiel de cet article, cependant, c’est comment une propagande belliciste peut insidieusement se développer. Avec les derniers événements en Libye et ce que racontent les médias, il faut dire fermement non à toute guerre. Je crois qu’il serait urgent que chaque citoyen, toutes affaires cessantes, se déclare objecteur de conscience. 

    J’ai dit étant jeune - quand la possibilité n’en était pas à écarter - que quiconque voudrait me « conscrire » me verrait mourir chez moi les armes à la main. Je suis maintenant vieux, mais je pourrais encore donner un coup de main au voisin qui choisirait de le faire


    Pierre JC Allard

  • Politeia 10 janvier 2012 10:19

    Monsieur Allard,

    Je pensais être un extra-terrestre parmis les miens mais en lisant votre article je me sens beaucoup moins seul. Merci et j’espère que l’on est voisin smiley


  • SlipenFer 9 janvier 2012 18:32

    Pour ceux qui aime lire (du choix)

    Un bon bouquin

    Temoin :Jean Norton Cru, Presses universitaires de Nancy, 2007 (1929 pour l’édition originale)

    Véritable aubaine pour l’historien, cet ouvrage fait un état des lieux très exhaustif
     et méticuleux des carnets de route, souvenirs, romans, ... publiés avant sa sortie en 1929.
     Il déclencha une grande polémique qui n’est d’ailleurs pas tout à fait éteinte de nos jours encore.
     En effet, Jean Norton Cru, ancien combattant et citoyen américain, défend dans ’Témoins’
     une thèse très orthodoxe sur le témoignage. A cette aune, si les Genevoix,
    Delvert et Pézard ou autre Lintier (voir ci-dessous) passent haut la main son exigeante épreuve,
     tous ceux qui ont voulu forcer le trait pour condamner la guerre ainsi que les écrivains
     au souci artistique sont catalogués ’mauvais témoins’ au même titre que les véritables faussaires
     ou les propagandistes. Que vous soyez d’accord ou non avec cette position très dogmatique
    (voir aussi sur ma page « Les grands noms de la littérature ») ne vous empêchera pas
    de consulter cet ouvrage pour sa très riche bibliographie.


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 9 janvier 2012 23:36

      @ slipenfer


      Merci. Evidemment, il y a une volumineuse bibliographie sur le thème. Si on veut aller plus loin que Barbusse, toute bonne recommandation aide à débroussailler et à choisir

      PJCA

    • herbe herbe 9 janvier 2012 22:15


      Merci pour cet article !!!!!!!!!!!!!


      « ....pour enrichir leurs profiteurs apatrides respectifs..... »

      Limpide ....

      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 9 janvier 2012 23:39

        @ Herbe


        Soyez toute de même prudent de ne pas donner à mes mots un sens restrictif que je ne voudrais pas leur donner.

        PJCA

      • herbe herbe 10 janvier 2012 18:51

        @PJCA

        Lisez bien mon commentaire, je ne fais aucune interprétation et je vous cite simplement...
        Si vous allez sur le terrain de la prudence, alors veuillez utilisez d’autres mots, si ceux ci (dont vous êtes l’auteur je le rappelle encore) ne vous plaisent pas.

        Moi ma prudence naturelle au vu de votre réaction va m’inciter à être encore plus bref ,synthétique et factuel dans mes échanges ici ou ailleurs, mais ce n’est d’ailleurs pas une résolution, c’est une pratique de longue date....

      • pamtam 9 janvier 2012 22:20

        N’importe quoi cet article !!!


        • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 9 janvier 2012 23:41

          @ Pamtam


          Si vous répondez quoi que ce soit à mon n’importe quoi on pourra en faire un débat... 

          PJCA

        • aspic aspic 9 janvier 2012 22:52

          Tout à fait d’accord, il faut s’en souvenir !

          Ma ville natale, Bruges en Belgique fût libéré par des Canadiens, à leur mémoire se trouve encore un pont avec deux énormes bisons en bronze, cela m’a toujours impressionné en tant qu’enfant.
          http://www.flickr.com/photos/erfgoed/4166959171/

          Quand je dois me rendre dans mon pays et que je passe par Ieper (Ypres), j’essaye de visiter les cimétières du Commonwealth, lire les noms des Sikhs venu d’Inde, puis je rajoute une pierre sur les tombes juives (il y a toujours des petites pierres dessus !-voir le film de Spielberg).
          http://nl.wikipedia.org/wiki/Bestand:TyneCot.jpg.JPG
          http://nl.wikipedia.org/wiki/Bestand:Langemark.jpg
          http://www.ww1westernfront.gov.au/nl-be/essex-farm/private-thomas-barratt.html
          (images d’australiens txt en neerlandais)

          Mais j’ai aussi visité ceux des Allemands, car ma mère est Allemande, lire des noms de famille familères, s’étonner de la bêtise humaine.

          Puis visiter le musée d’Ypres, vraiment impressionnant
          http://www.inflandersfields.be/#gedicht

          Faut savoir que les anciens bunkers allemands étaien à 500 m de ma maison natale autour de Bruges, puis j’ai joué dans les bunkers sur la plage de la mer du nord.. 


          • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 10 janvier 2012 00:08

            Il faudrait vraiment faire la « guerre à la guerre » dont on parle depuis trop longtemps. Il serait intéressant que soient identifiés les grands pontes de la campagne actuelle pour une attaque contre la Syrie ou l’Iran ou la prochaine cible des Atlantistes, afin que la population - et surtout chaque individu, personnellement, car seuls les individus désormais feront le destin - puissent leur manifester leur déplaisir. Selon ce que leur conscience leur suggèrera.



          • Fergus Fergus 9 janvier 2012 23:26

            Bonsoir, Pierre.

            Je ne connais pas ce War Memorial de Canberra, mais je crois, pour m’être intéressé au sujet, qu’il est à la hauteur regard porté par les Australiens sur leurs combattants. A toutes fins utiles, j’aurais aimé mettre un lien sur l’un de mes articles intitulé « Waltzing Matilda » ou l’enfer des Dardanelles, mais il ne fonctionne pas pour un problème technique qui m’échappe. Dommage car on y entend la superbe et très émouvante chanson d’Eric Bogle « And the Band played Waltzing Matilda » qui relate l’expédition vers Gallipoli puis le retour vers l’Australie d’un « swagman », un ouvriers itinérant.

            Cordialement.


            • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 9 janvier 2012 23:58

              @ Fergus


               Vous entendriez Waltzing Matilda en sourdine au War Memorial... Je mets ici le lien vers votre excellent article... en espérant que ça marche.


              PJCA

            • Fergus Fergus 10 janvier 2012 08:23


              Bonjour, Pierre.

              Merci pour le lien.
              J’imagine que ce chant lors des cérémonies du war Memorial doit être effectivement très émouvant.

              Bonne journée.


            • COVADONGA722 COVADONGA722 10 janvier 2012 07:30

              yep , bonjour mr jc Allard, l’armée australienne d’aujourd’hui est en pleine expansion l’australie à intégrée le basculement des forces en Asie et Pacifique , se profile un resserement
              des limes yankees « tentation de l’isolationnisme vieil atavisme US » Aussi l’australie se muscle renforcement et amelioration du materiel terrestre decuplement de l’air force et surtout la marine australienne augmente de volume à marche forcée , un exemple face a son deficit de population elle se propose de recruter les techniciens et marin britanniques que Cameron s’apprette lui à licencier en masse.


              ps : mes voeux pour 2012 ;Asinus


              • paul 10 janvier 2012 10:34

                Très simple Pierre, les australiens, que je connais un peu, sont les sujets de sa gracieuse Majesté . Ils en ont épousé toutes les valeurs du monde anglo-saxon : ce sont des anglais au mode de vie américanisé, dans un cadre naturel style Far West du 18 ème siècle .
                Au son des tambours de guerre, ils doivent montrer leur bravoure et s’enrôler dans les machines à tuer . Les énormes monuments stupides comme à Canberra sont là pour perpétuer l’esprit de sacrifice, comme ailleurs .Je ne dis pas pour autant qu’il faut oublier les sacrifiés .


                • HerveM HerveM 10 janvier 2012 10:46

                  Une magnifique chanson des irlandais de « The Pogues » pour illustrer votre article et l’inepties des guerres fratricides : http://www.youtube.com/watch?v=cZqN1glz4JY


                  • cathy30 cathy30 10 janvier 2012 13:41

                    merci Hervé j’aime beaucoup les Pogues


                  • cathy30 cathy30 10 janvier 2012 13:30

                    Pierre JC Allard
                    L’empire britannique, vous connaissez ?


                    • LE CHAT LE CHAT 10 janvier 2012 13:46

                      bonjour Pierre ,
                      moi qui suis numismate , je suis étonné par le nombre de monnaies commémorant encore et toujours l’anzac ( australian and new zealand army corps ) , faudrait qu’ils tournent la page ....


                      • easy easy 10 janvier 2012 14:35



                         «  »«  »« Ainsi la fameuse « Charge de la Brigade légère », la derniere fois dans l’histoire ou la cavalerie, sabres au clair, s’est follement lancée – et a emporté ! – une positon tenue par des types jouant de la mitrailleuse, c’était eux…  »«  »« 

                        Je crois que vous confondez la charge de la brigade légère (composée d’Ecossais et d’Anglais) lors de la bataille de Balaklava le 25 octobre 1854 (guerre de Crimée) contre les Russes
                        et les diverses brigades légères australiennes ayant combattu en 1917 contre les Turcs-Allemands en Palestine et qui se sont particulièrement illustrées lors de la bataille de Beersheba mais avec des armes à feu.

                        Ainsi la charge héroïquement absurde qui a fait l’objet de milliers de commentaires et réflexions était celle de cavaliers Anglais qui s’étaient enfoncés dans le fond d’un U ennemi et qui se sont fait canarder de tous côtés en même temps.


                        Cela dit, en dépit des méfaits de certains Australiens en Australie commis selon la culture Occidentale, les Australiens d’aujourd’hui se dirigent de plus en plus vers une attitude isolationniste virant à un discours international en  »Ne nous impliquez plus dans vos conflits et nous deviendrons ainsi plus pacifistes"


                        Leur dureté face aux nouveaux immigrants -surtout occidentaux- tient à une sorte de refus de subir encore et toujours la culture occidentale dont ils renie les valeurs conduisant aux guerres


                        Je les ai connus les Australiens armés jusqu’aux dents qui opéraient autour de chez moi pendant la guerre du Vietnam.
                        Chaque fois qu’arrivaient des troupes fraîches autour des Américains, il courait une rumeur sur leurs caractéristiques ou réputations (Plus avant, en 1945, quand les Anglais étaient arrivés à Saigon en relais des Japonais sur le départ et dans l’attente des Français qui y revenaient, ils étaient accompagnés de Gurkhas trimballant eux aussi une forte transcendance)

                        Concernant donc les Australiens, je puis seulement en dire que devant leur défilé, la population répandait une rumeur selon laquelle ils étaient imprégnés de l’esprit de Baden Powell (qui n’a pourtant jamais mis les pieds en Australie).

                         A part ça, ils ont certainement été courageux au combat mais n’ont pas été spécialement remarqués




                        Quant au fond de votre religion, je vous préfère à croire ainsi en quelque solution respectant la vie qu’en rincé de toute illusion comme vous apparaissez trop souvent.


                        A ce titre, je vous fais remarquer qu’en 1859, en pleine bataille aux alentours de Solférino, avait surgi dans la tête d’un homme, en l’espace de quelques heures, un concept totalement inédit dans l’Histoire et qu’il a su, alors que ce concept n’était le fruit d’aucune sorte de religion ou culture, l’imposer en quelques semaines aux belligérants enragés.

                        De façon totalement inattendue, alors que pas un seul homme sur Terre n’avait pu le prévoir, pas même Henry Dunant lui-même, il est apparu à tous une paradoxale évidence : Il faut soigner les blessés, de quelque camp qu’ils soient.

                        J’insiste sur le côté archi imprévisible de cette révélation. Il est contraire à tous les raisonnements philosophiques et psycho culturels qu’il puisse surgir en quelques jours, un concept paradoxal, sans la moindre racine culturelle, et que cette idée nouvelle puisse s’imposer de façon universelle.

                        Plus on prend conscience de ce miracle, plus on se prend à croire qu’il puisse s’en produire d’autres.

                        Du reste, il suffirait désormais de creuser dans le sillon de Dunant pour renverser bien des valeurs.
                        Par exemple, nous devrions profiter que nous ne sommes pas spécialement en conflit entre’ Occidentaux pour poser l’idée que la Croix Rouge soit, en cas de mobilisation, la première Armée où tout le monde aurait le droit prioritaire de s’inscrire.
                        En clair, si une mobilisation est lancée, tous ceux qui s’inscriront dans la Croix Rouge, quelle que soit la date de leur inscription, seront désormais hors d’atteinte des militaires.
                        Le pouvoir neutraliste de la croix rouge ou du croissant rouge doit devenir supérieur au pouvoir des militaires.



                        Je ne suis pas en train de dire que nous sommes devenus pacifistes, nous le serions devenus, la Croix Rouge serait déjà multi milliardaire de dons et aurait un énorme puissance neutraliste.
                        Nous sommes majoritairement attachés au principe de la condamnation, nous sommes majoritairement enclins à sévir, à punir, à faire mal à des gens que nous jugeons mal.
                        Mais si Dunant avait attendu que la majorité des gens se mette à soigner les ennemis à terre pour installer sa croix rouge, elle n’existerait toujours pas.

                        La minorité neutraliste doit donc, sans plus attendre, greffer toutes sortes de branches sur le tronc de la croix rouge mais en le grandissant, pas en le dissimulant.
                        Je veux dire que si les milliers d’ONG sont bel et bien les fruits de la Croix Rouge et s’il étgait nécessaire d’élargir l’assise du principe de bienveillance universelle anti hystérique, elles ont tendance à renier leur filiation, donc la Croix Rouge.

                        Il me semble que les ONG auront plus de pouvoir apaisant, pourront intervenir dans toutes les prisons et faire cesser toutes les tortures si elles répétaient qu’elles étaient les filles de la Croix Rouge

                        L’incroyable Croix Rouge avait surgi de nos conflits internes. Elle avait mis sous notre nez nos propres folies que les guerres industrielles amplifiaient. Elle avait donc installé le doute sur nous-mêmes. Or les ONG ont eu plutôt tendance à protester contre les méchancetés des Autres, des Lointains. A quelques Greenpeace et WWF ou Armée du Salut près, nous ne nous sentons pas interpelés par les ONG. Nous n’avons pas la forte impression qu’Amnesty International nous concerne.

                        Alors que la Croix rouge a su surgir et s’imposer dans le champ des guerres, aucune organisation ne surgit dans le champ de la police. 

                        Or la police, dans tous les pays du monde, c’est une autre sorte de guerre mais permanente, civile et interne.

                        Le principe de la guerre a été interpelée par Dunant.
                        Personne n’a encore interpelé le principe de la police.

                        Vous avez dit qu’en cas de mobilisation, vous vous enfermerez en fort Chabrol. Très bien.
                        Mais ce sera la police qui vous en délogera et aucune ONG n’existe encore qui vous protègera des tortures que vous subires ensuite.

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