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L’immigration et la différence Ville-Campagne du score Front-National à Strasbourg

Cet article montre, d’un point de vue statistique, que l’importante différence des scores du FN entre ville et campagne, tient essentiellement au faible score du FN chez les immigrés.

C’est un fait connu de tous et on le revérifie régulièrement : le Front National réalise de meilleures performances dans les communes rurales que dans les grandes villes.

Le premier tour de la présidentielle 2017 ne fait pas exception à la règle.

Electeur dans le Bas-Rhin, j’ai eu envie de comprendre ces différences, en étudiant la composition des différents électorats qui sont en jeu. Tous les chiffres démographiques qui suivent sont ceux de l’INSEE (2014).

 

Une forte différence entre Strasbourg et le reste du Bas-Rhin

Dans le Bas-Rhin (où le FN a fait un score sensiblement plus élevé que la moyenne nationale : 24,69 %) la différence est surtout visible entre Strasbourg et sa banlieue, et le reste du département :

A Strasbourg, Marine Le Pen n’a obtenu que 12,17% des voix, alors que le reste du département a voté en moyenne à 27,37% pour la candidate du FN. A l'inverse Strasbourg a plébicité Jean-Luc Mélenchon alors que son score était bien plus bas à la campagne (il faut dire que son discours hostile au Concordat et aux langues régionales n'a probablement pas plu à la campagne).

Cet écart énorme est à l’origine de pas mal de jugements de la part des Strasbourgeois à l’encontre de leurs voisins des campagnes :

 

« en ville on est habitué à rencontrer des immigrés alors qu'à la campagne on craint ce(ux) qu'on ne connaît pas » disent les opposants au FN des villes les plus condescendants.

 

Partant du fait qu’on est « plus habitué à rencontrer des immigrés » en villes (ce qui n'est pas faux), je me suis mis à rechercher la part d’étrangers et d’immigrés de la population strasbourgeoise :

Strasbourg compte effectivement 14,78% d’étrangers quand le reste du Bas-Rhin n’en compte que 4,93%.

 

La part d'immigrés au sein des électeurs

Puis, parmi la population française (celle qui est amenée à voter aux présidentielles), on peut alors mesurer la part d’immigrés de 1ère génération, c'est-à-dire la population française qui n’est pas née française :

En faisant l’hypothèse qu’aucun immigré de 1ère génération n’a voté FN (ce qui est bien sur faux, mais pas loin de la réalité), on peut déduire le score du FN, chez les votants qui ne sont pas des immigrés de la 1ère génération.

Avec un score de 15,95% chez les "non-immigrés", l’écart Strasbourg-campagne se resserre, puisque les immigrés de la 1ère génération représentent 23,7% des électeurs de Strasbourg.

 

On peut évidement s’amuser à calculer la même chose en ajoutant les immigrés de la 2e génération, c'est-à-dire ceux qui sont nés étrangers ou dont au moins un des deux parents est né étranger (ils sont donc nés français, mais si un de leur parents est immigré, on peut immaginer qu'ils ne soient pas trop attirés par le vote FN) :

*Le nombre d'immigrés de la 2e génération n'étant pas directement disponible, j'ai multiplié les chiffres de la 1ère génération par 2,24 ce qui correspond au rapport qu'on obtient en comparant les chiffres au niveau national (toujours selon l'INSEE).

Quand le nombre d’immigrés considéré atteint 53,17% à Strasbourg, le score du FN chez les « non-immigrés » (qui comprennent toujours les voix des immigrés de 3e génération), commence à se rapprocher sensiblement de ce qu’on observe à la campagne avec 25,98% de voix.

 

Evidemment on pourrait chercher à connaitre le nombre d’immigrés de 3e génération, pour remarquer que l’écart se réduirait encore (il ne peut que se réduire à moins que cette génération là vote massivement FN).

 

Dans les autres grandes villes du Bas-Rhin

Voila ce que ça donne si on ajoute les autres villes de plus de 20 000 habitants à la comparaison :

On observe la même corrélation à Haguenau qui n’a que 19,6 % d’électeurs immigrés de 1ère et 2e génération, qu’à Schiltigheim qui en compte 47,1 %.

 

Comme quoi, « en ville on est habitué à rencontrer des immigrés alors qu'à la campagne on craint ce(ux) qu'on ne connaît pas » est avant tout le préjugé xénophobe d’un citadin à l’encontre d’une population rurale qu’il ne connaît pas, même s'il la croise tous les jours sans le savoir dans sa ville, et qui lui fait peur.

Alors que la différence de score s’explique avant tout par le fait que les électeurs issus de l’immigration votent peu ou pas (et ils ont bien raison) contre leur camp.


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6 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 29 avril 2017 10:54

    Il y aurait autant d’émigrés que ça à Paris intra-muros ?

    Et aussi peu dans les bouches du Rhône ?

    • Wirsher 29 avril 2017 15:08

      @Jeussey de Sourcesûre

      Effectivement ce raisonnement ne permettrait pas d’expliquer seul la différence de score entre le 75 et le 13. Je n’ai jamais dit que ça expliquait tout, beaucoup d’autres critères entrent en jeu.

      Le but de cette étude est de comparer le vote d’une ville avec le reste « rural » du département dans le quel elle se trouve. A l’échelle d’un département, je pense que les différentes raisons qui peuvent pousser à voter FN sont plus homogènnes qu’à l’échelle du pays.

      Il faudrait donc faire ces calculs pour comparer Marseille au reste des Bouches-du-Rhône.

      Pour Paris c’est plus compliqué, puisque tout l’urbanisme s’étant sur une zone immense difficilement comparable à quelque chose de « proche ».


    • Wirsher 29 avril 2017 11:40

      Immigrés de 1ère génération :

      24% des électeurs sur le département 75.
      10,8% des électeurs sur le département 13.

      C’est une différence comparable à ce que j’étudie dans le Bas-Rhin.


      • zygzornifle zygzornifle 29 avril 2017 13:10

        habitant proche de la frontière italienne c’est par centaines que chaque jour les migrants arrivent en France surtout la nuit , seul l’autoroute est surveillé par 4 flics , il y a des dizaines de chemins pédestres jonchés de bouteilles en plastic et autres immondices, la municipalité Estrosi-Ciotti le sait mais est totalement impuissante , ils espèrent simplement qu’il ne feront que traverser les alpes-Maritime pour aller s’installer ailleurs, les migrants sont bien au courant de toutes les manières de rentrer en France et ils prennent bien soin de contourner Monaco et Monté-Carlo ou la ils ne feraient même pas 10m sans êtres interpellés et rejetés ....  


        • Areole Areole 29 avril 2017 15:15

          Bon il serait temps enfin de mettre en pratique le « vivre ensemble » : Voisins indigènes construisons collectivement les clôtures de nos pavillons, organisons la veille citoyenne les jours de vacances, tissons nos réseaux au sein de nos réserves d’indiens francophones. Achetons quelques chiens, luttons m2 par m2. Prenons les points hauts, laissons leur la plaine. Toute civilisation possède ses valeurs respectables. Laissons leur les noires BMW, les chaises plastiques des Kebabs, la boîte de coke, le jet salivaire et les terrasses de leur café sans femme. Ces territoires sont maintenant pleinement les leurs. Coupons les ponts qui nous reliaient encore il y a quelques décennies : partageons mes frères, partageons...

          La guerre suivra. Pensons à survivre.

          • Wirsher 8 mai 2017 10:07

            Même calcul au second tour :

            En inscrits, le score du FN passe de :
            - 27,99 % à 33,54 % dans le reste du Bas-Rhin
            - 12,78 % à 27,30 % à Strasbourg.

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