L’ontologie du secret
Pour avoir rencontré, dans le secret d’un cabinet d’avocats, Jean-Louis Gergorin, le juge Renaud Van Ruymbeke se retrouve, à son tour, dans la tourmente.
Sa prochaine nomination comme président de chambre à la Cour d’appel de Paris a été bloquée par le CSM et Pascal Clément s’est empressé de saisir l’Inspection générale des services judiciaires tout en demandant une enquête sur la violation du secret de l’instruction, les procès-verbaux d’auditions et les pièces saisies, notamment les carnets du général Rondot, déployés dans tous les journaux.
Le Garde des Sceaux est dans son rôle. Mais la célérité de ses réactions tranche avec la mansuétude dont il fait toujours preuve vis-à-vis des magistrats d’Outreau. Contrairement à leur collègue parisien, Didier Beauvais, qui présida la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Douai, n’avait nullement été contrecarré dans sa promotion comme avocat général à la Cour de cassation, ni Fabrice Burgaud, promu au parquet de Paris.
L’USM, principal syndicat judiciaire, a soutenu bec et ongles ces derniers alors qu’il a lâché celui-là. Il est vrai qu’à la tour du Renard, il n’était pas question de mettre en cause les deux premiers personnages de l’Etat, mais de simples et pauvres citoyens.
Certes, il existe un « autre » corbeau qui se complaît à alimenter les rédactions et à manipuler, ainsi, l’opinion publique pour la convaincre du piège qui aurait dû se refermer sur Nicolas Sarkozy, avec une insistance qui, à terme, risque de devenir nuisible à ce dernier.
Cabinet noir, officines douteuses, utilisation clanique des services spéciaux, basse police ont existé de tout temps. Mais c’est la première fois que se dévoile, au grand jour, une réelle tentative de dénigrement d’un membre du gouvernement par l’un de ses collègues, qui deviendra Premier ministre, et par le président de la République.
Jusqu’à l’écoeurement, nous assistons à la déliquescence d’une droite se montrant plus motivée par ses haines fratricides et sa soif de pouvoir personnel que par la résolution des problèmes du pays.
Aussi, faire porter le chapeau à un juge d’instruction fait penser à ce proverbe chinois : « Lorsque la main du sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. »
Le 12 juillet 2004, Dominique de Villepin aurait dit au général Rondot : « Si nous apparaissons, le PR (président de la République, NDLR) et moi, nous sautons. » Cela va de soi !
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