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La Grogne des Officiers de Police

Décidément le Gouvernement et partant, le président de la République, collectionnent compulsivement des mécontents qu’on aurait pu croire a priori de fidèles suppôts.

" … la noblesse des origines de l'institution et ses grandes missions séculaires …", " un heaume, évocateur de la chevalerie et de son code d'honneur, une forte épée portée haute, symbolisant la force de frapper sous l'autorité du souverain d'hier, de l'Etat d'aujourd'hui ; et la grenade des unités d'élite des anciens grenadiers gendarmes chargés de protéger la représentation nationale …","… «  Etre militaire : c'est ne plus s'appartenir, ne plus appartenir à sa famille ; c'est appartenir à la nation  ».

Fermez le ban !

Ce dithyrambe martial se trouve dans un rapport parlementaire* remis au premier ministre le 4 août dernier ( la nuit ?), à la suite d’une lettre de mission adressée à deux parlementaires ( Alain Moyne-Bressand député UMP de l’Isère et Anne-Marie Escoffier, sénatrice RDSE de l’Aveyron dont elle fut Préfet ( ce détail aurait pu avoir son importance mais …, apparentée PRG (Radical de Gauche), elle a dû voir son influence fléchir).

Eloge suranné qui n’est pas du tout du goût du secrétaire général du syndicat National des Officiers de Police( SNOP), Dominique Achispon qui y voit « l’apologie de la Gendarmerie Nationale » au détriment de la Police Nationale, dont les membres n’auraient pas la « militarité »(sic) des gendarmes.

L‘enquête commandée aux deux parlementaires portait sur « l’évaluation des modalités concrètes du rattachement organique et budgétaire de la Gendarmerie au Ministère de l’Intérieur ». Beau sujet, de conflit sans doute, pour un groupe de 3° année de l’ENA et des élèves officiers de Saint-Cyr/ Coëtquidam. Rapport sans portée réelle vraisemblablement, comme très souvent, mais qui, néanmoins semble avoir vexé nos policiers et particulièrement les officiers.

Des griefs qui montrent une fois de plus la maladresse des réformes.

Dans la gendarmerie, les carrières sont comparables à celles de la police nationale surtout au bas de l’échelle.

On se doit désormais de rappeler que, dans ces deux services publics et peut-être de façon plus marquée dans la police, le recrutement n’est plus celui de l’après-guerre et même plus celui des « Trente Glorieuses ». Nombreuses sont les recrues de base largement sur-diplômées ( bac + n) au regard des qualifications requises pour participer aux concours.

C’est plus vrai encore pour ce qui concerne les officiers de police qui n’ont pas tous la vocation impérieuse. Souvent nombre d’entre eux ( bac + 5 et mieux encore) présentent de nombreux concours de l’Administration, comme celui de conservateur de musée ou de bibliothèque, de la Magistrature, des Douanes, de l’Education Nationale et bien sûr de la Police où, par exemple, les « recalés » de l’oral du concours de commissaire sont admis à l’école d’officier. On imagine alors les disparités de dispositions intellectuelles et politiques.

Du côté de l’armée, les écoles militaires offrent aussi des opportunités dans plusieurs disciplines mais le plus souvent, dès la fin des études secondaires, ce qui implique un choix plus déterminé. « Militarité » alors ?

 A-t-on oublié qu’au sein de la « Grande Muette », les gendarmes ont rompu la tradition en manifestant en tenue et armés en 2001, sous le gouvernement de Lionel Jospin.

Quelques données utiles  : 100 000 policiers pour 80 000 gendarmes mais les militaires ne traitent que 30% de la délinquance avec seulement 20% des gardes à vue mais sans doute plus de « garde-à-vous », militarité obligeant ! C’est à dire, au-delà de la blague, que les missions militaires seraient cause de cette disparité.

Bien sûr, on comprend alors, de l’autre côté, cette grogne des policiers qui accompagne une série de revendications appuyées sur l’exposé des avantages de la gendarmerie sur leur corps et aussi sur la dénonciation de certaines incohérences.

Les militaires veulent conserver leur statut tout en bénéficiant de celui des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Là encore la « fusion » mal préparée et sans doute bâclée, pose d’innombrables problèmes et les policiers acceptent mal cette double appartenance dans les conditions actuelles que le rapport parlementaire entend conserver.

 Ils justifient cette réticence par le peu de missions militaires qui incombent à la gendarmerie, soit 1,5% des missions en 2010 en prenant en compte la garde des palais de la nation.

Lettre au Premier Ministre.

Pour ces deux catégories d’agents de l’Etat, la fonction est strictement identique, mais le SNOP fait remarquer dans une lettre au 1°ministre, en date du 17 août dernier qu’un gendarme coûte globalement 30% de plus qu’un policier ; qu’un officier de gendarmerie, sur une carrière de 25 ans, bénéficie d’une rémunération de 152 000 euros supérieure à celle d’un officier de police et on ne tient pas compte de l’avantage logement et des dispositions très favorables pour la retraite. Remarquons en passant qu’on s’adresse directement au premier ministre. Mais quel autre ministre choisir ? Celui de l’Intérieur ou celui de la Défense ? Allez, copie aux deux et peut-être au président aussi.

Avec force, le secrétaire général s’indigne de cette absence d’équité. On avait parlé de parité et aujourd’hui même d’économies !.

Il en profite pour évoquer certains aspects « doublons », coûteux pour le contribuable, de la fusion incomplète des deux corps, à double chaine hiérarchique ( préfet et autorité militaire). 

Ainsi, on a maintenu dans certains services identiques, deux logiciels de rédaction de procédures différents ou encore, on a oublié de mettre en place un même outil statistique. Et on parlait toujours de parité et d’économies ! Et d’autres approximations hâtives de la même eau !

Dominique Achispon conclut sa missive par une menace à peine voilée : « Il serait regrettable que le rapport des deux parlementaires fragilise le dialogue social récemment rétabli et conduise les policiers en général et les officiers en particulier, à exprimer sous d’autres formes leur mécontentement ». Chiche !*

Dire que le ministre de l’Intérieur Sarkozy les a tant aimés et choyés, jadis !

Le président Sarkozy saura-t-il prévenir cette fronde possible et guérir nos flics de ce désamour qui ne fait que s’ajouter aux autres ? Il a peu de temps et encore moins d’argent .

Mais sait-on jamais ? Si comme pour les parcs à thème, quelque Raffarin frondeur intervenait vigoureusement pour soulager le déficit ? Et qui pour les enseignants en colère ? Qui encore pour tous ceux qui se sentent « surtaxés » ? Beaucoup d’anciens premiers ministres devraient trouver là des sujets de faire-valoir, le président étant si attentif à présent.

Antoine Spohr.

(article paru sur Médiapart)


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7 réactions à cet article    


  • rosa luxemburg 5 septembre 2011 12:19

     Les officiers des forces de l’ordre grognent ,mais ils seront les premiers à nous tirer dessus si on se révolte .Ce qui est d’ailleurs plutôt drôle vue qu’ils. sont payès avec de la fausse monnaie,ils sont donc complices de la mafia qui nous dirige

    Ce sont des gens qui aiment l’ordre dans le désordre dont ils se gavent !!!


    • hacheii 5 septembre 2011 12:21

      La plupart des officiers de police sont des francs-maçons, anti phrase pour dire qu’ils ne sont ni francs, ni maçon, mais fourbes et destructeurs, premier point.
      .
      Tous ces gens-là, qui ne tiennent leur autorité que de l’état, tous ces gens qui ne sont rien socialement et humainement en dehors de l’Etat, sont des inutiles.
      .
      Brecht a dit à propos des fascistes, qui sont aussi des gauchistes : quelque chose comme : « A vouloir être tout par l’Etat, ils ne seront rien sans l’Etat »
      .
      Et c’est bien ce que l’on constate, les militaires, les gendarmes, la flicaille, mais aussi toutes les personnes qui ne tirent leur autorité que de l’Etat, les profs, les services de flicage comme assedic, anpe, ect .... sont obligés d’obéir sans discuter à l’Etat, c’est-à-dire en réalité aux politiques. Ces gens-là ne sont rien, ne comptent pour rien, sauf pour nous casser les pieds, nous pomper l’air pour des bêtises, et nous faire bien sentir que nous ne sommes rien, nous les simples citoyens par rapport à eux qui détiennent le pouvoir. Ces fonctionnaires nous font bien comprendre qui détient le pouvoir, mais eux-mêmes, en dehors de leur métier, ne sont rien, juste des grandes gueules à la rigueur.
      .
      Chevènement a déshonoré la gendarmerie en envoyant une unité d’élite incendier la case chez Françis en pleine nuit par des plongeurs de combat, ce faisant ces gendarmes ont transgressé les lois de la république, les lois morales mais aussi leur propre code d’honneur, dont pourtant ils se vantent.
      .
      Politiquement tous ces gens sont inutiles, ils ne servent à rien, ils obéissent à l’Etat, point-barre, ils sont incapables d’avoir le moindre initiative personnelle, la moindre opinion, la moindre désapprobation vis-à-vis des politiques, ils laissent tout faire même les choses les plus déshonorantes, ils sont incapables de changer une situation politique même s’ils la désapprouvent totalement.
      .
      Quand on voit des militaires tout fier s’exprimer en se réhaussant et aller attaquer des pays comme la cote d’ivoire, la Lybie, l’Afghanistan, dans lesquels ils se battent sans aucun risque pour eux et pour des causes déshonorantes pour la France ; ils ne peuvent pas tirer gloire de leur métier comme ils le font, même chose pour gendarmerie et la flicaille en France. L’obéissance dont ils se glossent, dont ils font leur honneur, les oblige à faire des tâches déshonorante, enfin pour ceux ayant une notion juste de l’honneur, certains n’étant que des pervers jouissant à l’idée de « niquer leur prochain », et d’autres ayant une conception fausse de l’honneur.


      • hacheii 5 septembre 2011 12:32

        « Etre militaire : c’est ne plus s’appartenir, ne plus appartenir à sa famille ; c’est appartenir à la nation  ».

        Mon dieu quelle belle phrase, dommage que ça ne veuille rien dire si on ne définit pas ce qu’est la Nation. En dehors de cette condition c’est un discours pompeux.
        .
        Si la Nation c’est le peuple + ses institutions, la phrase est fausse, un militaire appartient à l’Etat, c’est un serviteur de l’Etat et il n’a pas à se vanter d’autre chose. Je veux dire par là qu’un militaire Français ne défend pas son propre peuple, sa propre nation, il obéit aux ordres qui lui viennent d’en haut, de l’état, des politiques, quelque soit ces ordres, quelques soient les gens qui les donnent.


        • J-J-R 5 septembre 2011 12:52

          Si une partie des officiers intègre la franc maçonnerie, c’est par déception pour la profession et leur attachement aux valeurs de la République et à la cohésion sociale. Ils espèrent, peut-être à tord, retrouver là un état d’esprit qu’ils ne retrouvent plus dans les réalités sociales du pays . Des injustices, des disparités criantes, une incohérences dans les politiques pénales, le délitement de l’ institution, etc... Mais la loge, le temple maçonnique ne sont pas le miroir de la société....


          • A. Spohr A. Spohr 5 septembre 2011 14:53

            Ce sujet est évidemment source de possures idéologiques diverses entre l’anar-théoricien, l’anar- artiste, l’anar libre mais vraiment, le godillot UMP et le gaulliste progressiste, le socialiste doucereux et le socialiste réaliste, la gauche extrême et la droite extrême qui ne s’expriment pas , et les francs-maçons qui à mon avis s’en « foutent »,etc...

            En présentant un fait politique et sociétal ( prononcer sociétâl ) qui m’a été rapporté, je veux montrer que ce n’est pas impunément que Sarkozy va et vient selon ses humeurs comme, par exemple pour la direction de Versailles entre autres parcs à thème, où prévaut le fait du prince et donc de son bon vouloir. Cela rappelle les « Placet »( Il plait) sous la monarchie absolue. Eh oui, tout fout le camp, sire-président !

            • frugeky 5 septembre 2011 18:11

              On est au moins sûr d’une chose, c’est que dès qu’il s’agira de nous foutre sur la gueule, quand nous irons tenter de défendre nos droits face à l’impéritie de nos gouvernants, flics et pandores se retrouveront copains comme cochons.


              • Dzan 6 septembre 2011 09:07

                Dans l’histoire riche de notre pays, un régiment, envoyé par Clémenceau pour mater une révolte des vignerons du midi, mis la crosse en l’air et refusa de tirer.

                Les mutins du 17e[modifier]
                Les soldats du 17e, sur les allées Paul Riquet à Béziers. Au premier plan, une femme en tablier contemple la scène. À l’arrière-plan, on distingue une foule de sympathisants

                Le 17e régiment d’infanterie de ligne composé de réservistes et de conscrits du pays, avait été muté de Béziers à Agde le 18 juin 1907. Le soir du 20 juin, apprenant la fusillade, environ 500 soldats de la 6e compagnie du 17e régiment se mutinent, ils pillent l’armurerie et prennent la direction de Béziers29.

                Ils parcourent une vingtaine de kilomètres en marche de nuit. Le 21 juin, en début de matinée, ils arrivent en ville. Accueillis chaleureusement par les Biterrois, « ils fraternisent avec les manifestants, occupent les allés Paul Riquet et s’opposent pacifiquement aux forces armées en place ». Les soldats s’installent alors sur les Allées Paul Riquet, mettent crosse en l’air. La population leur offre vin et nourriture21.

                CF Wikipédia

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