Le PCF se ralliera-t-il au PS pour les municipales ? Je parie que non !
Depuis la tenue de son 36ème congrès du PCF début février, les articles de presse sur le thème « Le PCF va rentrer dans le rang pour sauver ses maires » ont fleuri. La plupart des journalistes interrogent souvent les hiérarques du PS pour affirmer, parfois du PG pour infirmer, rarement du PCF pour botter en touche. Mais de l’avis des militants PCF, il n’en est jamais question. Alors, puisqu’on ne me pose pas la question, je vais y répondre quand même.
Petit détour par l’Assemblée Nationale et le Sénat.
Les mêmes journalistes avaient écrit les mêmes articles de presse au lendemain de l’élection de F. Hollande : pour sauver ses députés, le PCF se ralliera au PS, peut-être même entrera-t-il au gouvernement ? Il n’en a rien été. Le PCF n’est bien sûr pas entré au gouvernement, il est resté dans la dynamique et le programme du Front de Gauche, et il a en conséquence perdu environs la moitié de ses députés.
Les sénateurs PCF ont été élus, eux, sur des listes d’union de la gauche en 2011 – L’objectif était alors de faire basculer le Sénat à gauche pour la première fois de son histoire. Et leur élection est au suffrage indirect, donc par d’autres élus, eux-mêmes membre d’un parti politique et donc très sensibles aux consignes de vote. C’est l’élection où les accords électoraux ont le plus de poids. Ces sénateurs sont-ils donc bien sage, fidèles alliés du PS ? Chacun sait que non, ils ne se privent au contraire pas de leur rôle « charnière » pour faire trébucher la majorité socialiste au Sénat, et leur tête de file n’est autre que le 1er secrétaire du PCF, Pierre Laurent Autant dire que des accords avec le PS pour leurs ré-élections en 2014 semblent bien compromis.
Bref, les parlementaires communistes ne semblent pas du tout dans l’état d’esprit de faire des concessions au PS pour assurer leur ré-élection. Et pourtant, au-delà de leurs intérêts personnels, l’impact financier pour un parti politique et notamment le PCF d’un député est sans commune mesure avec celui d’un maire.
Petit détour en Assemblée de Section.
Sans prétendre à parler pour l’ensemble des militants communistes, je peux attester d’un très vif mécontentement vis-à-vis de la politique du PS à la base du parti.
Le refus d’aller au gouvernement a été très largement adopté par les militants communistes, de même qu’aucune motion présentée au congrès n’avait de sympathie pour la politique gouvernementale (celle de la direction, la plus soft vis-à-vis du PS l’analysant comme « social-libéral » et « conduisant le pays à l’échec »).
Et dans les débats en AG, les propos sont extrêmement durs envers le PS et les réformes gouvernementales.
Et dans les conseils municipaux ?
Je ne peux parler que pour celui où je siège, bien sûr ; une commune de 40 000 habitants de la région parisienne, avec un maire PCF, une majorité PCF / PS pratiquement à égalité, et une droite forte. Une commune où il y’a gros à perdre pour le PCF donc, avec un PS fort, une droite en embuscade.
Les discussions pour 2014 n’ont pas commencé, et je ne peux préjuger de rien. Néanmoins, je peux constater que les tensions s’avivent fortement au sein de la majorité municipale depuis quelques mois. Dès l’élection de F. Hollande, le PS s’est fait le héraut de sa politique en conseil municipal, vantant en toutes occasions les bienfaits de la politique gouvernementale, tandis que le PCF faisait état de quelques critiques, mais tout cela restait mesuré.
Les choses ont commencé à changer avec le débat d’orientation budgétaire 2013. Les élus socialistes ont défendu la nécessité d’une politique d’austérité, comme leur gouvernement ; tandis que les élus communistes l’ont très vivement critiqué ; se faisant localement le relais de la campagne nationale. Les interventions communistes étaient virulentes et nombre d’élus socialistes n’ont pas du tout apprécié.
Le débat actuel sur les rythmes scolaires est également très vif, et c’est un euphémisme. Même si tout cela se règle en bureau municipal, il ne faudrait pas laisser à la droite le soin de trancher des débats entre communistes et socialistes, l’affaire laissera des traces au sein de la majorité.
Et il reste encore un an à tenir … A ce rythme là, ça promet !
Alors, liste d’unions ou pas ?
Le PCF ayant pour tradition de laisser une large autonomie aux sections locales pour les élections municipales, il n’y aura vraisemblablement pas de consigne ferme de partir sur des listes autonomes ou au contraire sur des listes d’unions, et chaque ville fera ses choix selon la réalité locale.
Néanmoins, je serais tenté de parier que dans la plupart des villes où le PCF a une certaine influence locale, il fera le choix de l’autonomie au premier tour vis-à-vis du PS.
Comme je viens de le dire, c’est d’une part « l’humeur » des militants.
D’autres part, les élus locaux communistes et socialistes auront passé un an et demi de relation très tendues avec sans doute leurs moments de colères, de disputes, et de défaites mal acceptées (comme par exemple le refus de la ville à l’initiative du PCF de s’engager dans la réforme des rythmes scolaires en 2013, au grand regret des élus PS) ; et les habitants en seront les témoins. Cette « réalité locale » là, rendra à mon avis très difficile pour eux d’aller se présenter « bras-dessus, bras-dessous » devant les électeurs.
Et enfin, les élections législatives comme sénatoriales sont là pour prouver que le PCF sait privilégier son positionnement politique à la basse stratégie électorale.
Article originellement paru sur mon blog personnel : Pensées politiques et communistes.
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